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CHAPITRE 1 : ENJEUX THÉORIQUE ET PRATIQUE DE LA QUESTION DU RIZ

II. U N TRIPLE CADRE CONCEPTUEL

II.1 L’analyse de la compétitivité

II.1.1 Notion de compétitivité

Le concept de l’avantage comparatif (ou compétitivité) trouve son origine dans la théorie économique du commerce international. Selon Adam Smith (1776), chaque pays dispose d’un avantage absolu dans la production d’un ou de plusieurs biens (Smith , 1776). Adam Smith invite donc chaque pays à se spécialiser dans la production du bien dans lequel il a un avantage absolu, afin d’approfondir la division du travail et d’accroître ainsi le bien-être de l’ensemble des pays par le libre-échange. Pour le philosophe et économiste écossais des lumières, c’est l’avantage absolu dans la production d’un pays qui détermine la spécialisation de chaque pays. En 1817, on assiste à une nouvelle ère avec David Ricardo. Ce premier grand théoricien de l'économie va démontrer que ce n’est plus l’avantage absolu qui détermine la spécialisation d’un pays, mais plutôt l’avantage relatif. Pour lui, un pays qui est moins efficace que les autres dans la production de tous les biens qui peuvent être échangés, est relativement moins inefficace dans la production de ce bien. Il en conclut que le libre-échange est préférable à l’autarcie (Pichet, 2004). Wolfgang et al. (1941) développent en 1941 une théorie des échanges internationaux dans laquelle ils expliquent « le commerce entre pays » par l’abondance ou la rareté relative des divers facteurs de production dont les pays sont dotés (Wolfgang , et al., 1941). Ces deux chercheurs estiment que chaque pays a tendance à se spécialiser, d’abord dans les biens qui nécessitent des facteurs de production dont il dispose relativement en abondance par rapport aux autres pays, ensuite à exporter des biens qui renferment beaucoup de facteurs de production dont il dispose en abondance et enfin à importer des biens qui nécessitent des facteurs de production qui lui manquent.

Ces modèles libre-échangistes ci-dessus ne sont pas sans critiques. La principale critique formulée à l’encontre de ces modèles porte sur le rôle de la demande. Pour ces derniers, ils ne prennent pas en compte le rôle de la demande. Sur le plan empirique, d’autres facteurs tels que : la proximité des pays (la distance une variable pertinente et significative pour expliquer le commerce bilatéral) et l’appartenance des pays à une même association de libre-échange), peuvent expliquer le volume des échanges entre pays. Pour la théorie marxiste de l’échange

international, le commerce international est voulu et organisé par les nations. Il permet d’importer les biens nécessaires à l’entretien de la force de travail et d’exporter des biens manufacturés en surplus.

II.1.2 Fondements théoriques de l’étude de la compétitivité

Selon la théorie microéconomique, l’objectif principal du producteur est de maximiser son utilité sous un certain nombre de contraintes. L’utilité représente le profit ou le bénéfice financier que le producteur retire de son activité. Le profit est la différence entre le prix financier (ou le prix que perçoit le producteur) et la valeur de tous les intrants utilisés. Si l’on note 𝐵𝐹𝑖 le

profit financier réalisé dans la production du bien 𝑖, 𝑃𝑖 le prix financier du bien 𝑖, 𝑎𝑖𝑗 la quantité

d’intrants 𝑗 utilisée dans la fabrication du bien 𝑖 et 𝑃𝑗 le prix financier de l’intrant 𝑗, alors le

profit financier (ou le bénéfice financier) 𝐵𝐹𝑖 peut être défini par :

𝐵𝐹𝑖 = 𝑃𝑖 − ∑ 𝑃𝑗𝑎𝑖𝑗

La production du bien 𝑖 est rentable si 𝐵𝐹𝑖 ≥ 0. Donc, la valeur du bien 𝑖 est supérieure à

l’ensemble des coûts alloués pour sa fabrication. A l’opposé, la fabrication du bien 𝑖 n’est pas rentable si 𝐵𝐹𝑖 ≤ 0.

Généralement si 𝐵𝐹𝑖 ≥ 0, on cherche souvent à déterminer les causes de ce résultat. La théorie

économique explique un 𝐵𝐹𝑖 ≥ 0 par le travail du producteur lui-même et les transferts de

ressources d’une partie de la société vers l’activité de production du bien concerné. En ce qui concerne le travail du producteur, sa capacité à minimiser les coûts des différents intrants qu’il utilise et son ingéniosité dans la combinaison optimale des divers facteurs de production sont les facteurs clés de ce résultat. Quant aux transferts, les ressources que dégage le fonctionnement du système économique du pays et l’utilisation que le producteur fait de ces ressources sont les facteurs déterminants. Lorsque les transferts sont positifs, cela voudra dire que le système économique du pays fonctionne de manière à accorder des subventions au producteur du bien 𝑖. A contrario, si les transferts sont négatifs, cela veut simplement dire que le système économique du pays prélève des taxes sur l’activité de production du bien 𝑖. La fonction de profit (𝐵𝐹𝑖 = 𝑃𝑖 − ∑ 𝑃𝑗𝑎𝑖𝑗) permet de dériver d’autres fonctions telles que le

bénéfice économique obtenu dans la production du bien 𝑖 (𝐵𝐸𝑖) et les Coûts des Ressources

Intérieures 𝐶𝑅𝐼𝑖. Ces deux fonctions sont fondées sur le prix de référence (ou le prix social ou

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est rentable économiquement si son bénéfice économique ou son bénéfice social est positif. Le producteur du bien 𝑖 a un avantage comparatif à produire le bien 𝑖 lorsque le 𝐶𝑅𝐼𝑖 est compris

entre 0 et 1. A contrario, un bénéfice économique négatif signifie que le producteur perd en produisant le bien 𝑖.

Si on note 𝑚 les intrants importés ou biens échangeables importés, 𝑥 les biens non échangeables, 𝑃𝑟𝑚 le prix de référence des intrants importés, 𝑃𝑟𝑥 le prix de référence des biens

échangeables, 𝑃𝑟𝑖 le prix de référence du bien final 𝑖, 𝑎𝑚𝑖 la quantité d’intrants importés utilisée

dans la production du bien 𝑖, 𝑎𝑥𝑖 la quantité d’intrants ou de biens non échangeables utilisée

dans la production du bien 𝑖, 𝑄𝑖 la quantité de bien 𝑖 produite, le bénéfice économique 𝐵𝐸𝑖 et

le Coût des Ressources Intérieures 𝐶𝑅𝐼𝑖 s’écrivent de façon suivante :

𝐵𝐸𝑖 = 𝑃𝑖𝑄𝑖− [∑ 𝑃𝑚𝑎𝑚𝑖 + ∑ 𝑃𝑥𝑎𝑥𝑖] 𝐶𝑅𝐼𝑖 =

∑ 𝑃𝑟𝑥𝑎𝑥𝑖 𝑃𝑖𝑄𝑖− ∑ 𝑃𝑚𝑎𝑚𝑖

Le Coût des Ressources Intérieures (𝐶𝑅𝐼) permet de prendre en compte et de corriger quelques insuffisances du bénéfice économique : les problèmes liés à l’unité dans laquelle s’expriment les biens et les difficultés liées à la technologie ayant servi à la production de ces biens. Il se pose ainsi la difficile question de savoir comment faire les allocations. Le concept de 𝐶𝑅𝐼 s’attèle à résoudre ces différents problèmes par la neutralisation de l’effet des unités et des échelles de production.