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CHAPITRE 4 : ANALYSE DE LA COMPÉTITIVITÉ DES SYSTÈMES DE

I. T ECHNOLOGIES INNOVANTS UTILISÉES À M ALANVILLE ET MÉTHODOLOGIE DE L ’ ÉTUDE

DE L

ÉTUDE

Dans cette section, nous présenterons d’une part, les différents types de technologies innovants en pratique dans la commune de Malanville et d’autre part, la méthodologie de l’étude.

I.1. Différents types de technologies innovants en pratique dans la commune de Malanville

Dans la commune de Malanville (première commune productrice du riz au Bénin) située dans le département de l’Alibori au Nord-Est de ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest, les technologies agricoles innovantes utilisées en riziculture par les producteurs sont surtout l’engrais, les herbicides et les semences améliorées de riz. Deux catégories d’engrais sont utilisées pour la fumure du riz. Il s’agit du NPK et de l’Urée. En ce qui concerne l’Urée et le NPK, les riziculteurs se fournissent auprès du CeRPA, du CARDER, des commerçants, de la SCDA, de la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA), du marché noir, du Projet d'Appui à la Diversification Agricole (PADA).

Le désherbage chimique du champ de riz s’effectue à l’aide d’herbicides. Les riziculteurs enquêtés utilisent plusieurs types d’herbicides à savoir à savoir le Butaforce, le Kal riz, le Kalach, le Kalifor G, le Pacha, la Tête rouge, le NSP, le Garile, l’Orizo et le Trirro. Selon les

riziculteurs enquêtés, les raisons du choix de ces herbicides sont liées au fait que ces herbicides sont accessibles. Pour acheter ces herbicides, ils se fournissent au Nigéria et, auprès du CARDER, du CeRPA, des commerçants et de la SCDA.

Deux types de variétés de riz (traditionnelles et améliorées) sont introduits et cultivés dans la commune de Malanville. Les variétés de riz disponibles et cultivées par les producteurs enquêtés au cours de la campagne rizicole 2016-2017 sont les variétés améliorées (IR841, NERICA 6 et 7) et la variété traditionnelle BERIS21. Toutes ces variétés de riz sont introduites depuis plusieurs années dans le milieu par les services de vulgarisation ou de la recherche agronomique.

Compte tenu des variabilités dans l’application de ces différentes innovations technologiques, dans la commune de Malanville, les deux catégories de riziculteurs suivantes sont rencontrées : les non adoptants qui sont ceux qui n’appliquent aucune de ces nouvelles technologies et les adoptants, ceux qui pratiquent l’une quelconque des technologies introduites. Plusieurs types d’adoptants sont distingués en fonction des technologies adoptées.

I.2. Méthodologie

Il sera présenté dans cette section le modèle théorique et la description des variables. Le milieu d’étude et la source des données sont présentés dans le chapitre 1 et le chapitre 4 de cette thèse. I.2.1. Modèle théorique

Plusieurs modèles économétriques sont utilisés pour identifier les facteurs qui influencent l’adoption des nouvelles technologies agricoles. Les modèles économétriques les plus utilisés sont les régressions Logit et Probit. Ces modèles sont pratiques lorsque les producteurs font face à une seule innovation mais lorsqu’il s’agit de l’adoption d’au moins deux innovations technologiques, les modèles binaires logit et probit ne conviennent plus. C’est ainsi que, lorsque les agriculteurs sont confrontés à de nombreuses innovations, ils considèrent la manière dont ces différentes technologies interagissent et prennent leur décision en tenant compte des interdépendances entre les technologies (Velandia, et al., 2009). Ignorer ces interdépendances peut conduire à des conclusion et recommandations incohérentes (Sodjinou, et al., 2012). Cependant, pour tenir compte de ces interdépendances entre les décisions d’adoption de plusieurs technologies agricoles, Sodjinou et Henningsen (2012) recommandent l’utilisation du probit multivarié. Ainsi, il a été procédé à l’estimation d’un modèle probit multivarié à trois

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équations (nombre de technologies étudiées) plutôt que trois modèles probit indépendants, afin de prendre en compte l’interdépendance du choix des technologies dans notre étude. Par contre, en l’absence d’effets marginaux au niveau de l’une des variables dépendante (l’utilisation de NPK en l’occurrence), il a été procédé à l’estimation d’un modèle probit bivarié à deux équations. En effet, la quasi-totalité des producteurs enquêtés ont déjà adopté le NPK comme fumure du riz. Deux variables dépendantes ont été considérées. Il s’agit de : Y = adoption du désherbage chimique (utilisation de l’herbicide), Y= adoption des variétés améliorées. Pour ces deux technologies retenues, nous avons deux variables dichotomiques. Ces variables dichotomiques Yij sont associées à des variables latentes Y*ij telles que : Y*ij= 𝛽𝑗𝑋ij+ 𝜀i𝑗 et

𝑌ij = 1 si 𝑌*ij>0 et 0 sinon avec : Y*ij variables latentes inobservables, Xij vecteur de variables

explicatives, 𝛽𝑗 vecteur de paramètres associés et 𝜀i𝑗 termes d’erreurs distribués selon une loi

normale multivariée. Ce système à deux équations simultanées est estimé suivant une méthode de simulation du maximum de vraisemblance.

Dans notre analyse, nous supposons que l’adoption des innovations technologiques de riz dépend de certaines caractéristiques démographiques et socio-économiques des exploitants rizicoles et aussi de certains facteurs institutionnels. Ces caractéristiques sont : l’âge, le sexe, le niveau d’instruction, les membres actifs, le nombre d’années d’expériences en riziculture, le niveau, le statut social, la taille de l’exploitation, la superficie de terre possédée, l’accès au crédit (en espèce ou intrant).

I.2.2. Description des variables du modèle

Deux types de variables sont utilisés dans le modèle. Il s’agit des variables endogènes (l’adoption du désherbage chimique et celle des semences améliorées) et des variables exogènes (l’âge, le sexe, le niveau d’instruction, les membres actifs, le nombre d’années d’expérience en riziculture, le niveau, le statut social, la taille de l’exploitation, la superficie de terre possédée et l’accès au crédit).

Les variables endogènes

Deux variables endogènes (ou dépendantes) ont été prises en compte dans le cadre de cette analyse, à savoir l’adoption du désherbage chimique c’est-à-dire l’utilisation de l’herbicide (Y1) et l’adoption des variétés améliorées (Y2). Toutes ces variables sont binaires, avec la valeur 1 pour celui qui utilise la technologie et 0 lorsque la personne ne l’utilise pas.

Les variables exogènes

L’âge (AGE) est une variable continue. La relation entre l’âge et l’adoption de l’innovation technologique varie d’un chercheur à un autre et selon le milieu d’étude. En effet, les résultats de certaines études montrent que les producteurs les plus âgés sont plus enclins à adopter les innovations technologiques (Sall, et al., 2000; Vodouhe, 1996). A contrario, d’autres chercheurs ont affirmé que les jeunes sont plus favorables à l’adoption des nouvelles technologies (Zegeye, et al., 2001). Dans le cadre de cette analyse, il est supposé que la variable AGE peut avoir un effet positif sur l’adoption des différentes technologies, jusqu’à un certain âge où l’effet de l’âge peut être négatif, ce qui est pris en compte par la variable AGE² (au carré).

Le sexe du producteur (SEXE) est une variable binaire qui prend la valeur 1 si le producteur est de sexe masculin et 0 s’il est de sexe féminin. Les études précédemment citées ont démontré que les hommes sont plus au contact des innovations que les femmes. Ainsi, ils sont les premiers à être au courant des innovations et parfois c’est leur décision d’adopter qui incite les femmes également à le faire. Partant de ces résultats, nous supposons dans le cadre de cette étude que les hommes sont mieux préparés pour adopter les technologies de production de riz que les femmes.

STATUT est la variable qui se rapporte au statut social du riziculteur enquêté. Le producteur enquêté a un statut social particulier lorsqu'il est membre du conseil de village, membre de l’association des parents d’élèves, membre d’une organisation de producteurs agricoles, responsable d'un groupe ou association quelconque, membre d'un cercle religieux ou bien lorsqu’il occupe un poste de responsabilité sur le plan administratif. Si c’est le cas, la variable STATUT prend la valeur 1. Si le producteur enquêté a un statut non particulier, alors la variable STATUT prend la valeur 0. Dans la plupart des cas, les groupes organisés sont des milieux d’intenses échanges au sein desquels l’on s’informe et l’on se fait une idée des nouvelles manières d’agir. De ce fait une personne qui milite est souvent plus informée et a plus de chance d’adopter les nouvelles technologies.

NIVEAU est la variable niveau d’instruction du producteur enquêté. NIVEAU prend valeur 1 si le riziculteur enquêté a été scolarisé et 0 si non. Selon Ouédraogo (2003), l’instruction accroît l’habileté du producteur à rechercher des informations sur les technologies nouvelles et à en évaluer leur pertinence (Ouédraogo, 2003). Ainsi, nous supposons dans le cadre de notre étude

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que la variable NIVEAU est positivement corrélée avec l’adoption des différentes technologies en riziculture dans la commune de Malanville au Nord-Bénin.

La variable TAILLE désigne le nombre d’actifs agricoles qui travaillent avec le producteur enquêté. Cette variable est supposée positivement corrélée avec la variable dépendante. La disponibilité de main-d’œuvre réduit la pénibilité d’adoption de nouvelles technologies en riziculture qui sont le plus souvent contraignantes sur le plan de l’utilisation de la main d’œuvre. La variable SUPERFICIE désigne la taille de l’exploitation du riziculteur enquêté. SUPERFICIE est une variable quantitative. Nous supposons que SUPERFICIE est positivement corrélée avec l’adoption des différentes technologies étudiées à Malanville. Plus les producteurs possèdent de grandes superficies de terre, plus ils sont disposés à prendre des risques et à sacrifier une portion de leur superficie pour essayer les nouvelles technologies. La variable EXPERIENCE désigne l’ancienneté du producteur enquêté dans la riziculture. EXPERIENCE est une variable quantitative et dans le cadre de cette étude, nous supposons qu’elle est positivement corrélée avec l’adoption des différentes technologies utilisées ou non par les riziculteurs enquêtés. Les producteurs les plus expérimentés en matière de culture du riz sont capables de juger rapidement de la valeur d’une innovation et de décider d’adopter ou non une technologie qui leur est proposée.

La variable ACCES désigne l’accès du riziculteur enquêté au crédit. Les innovations en riziculture comme les engrais, semences améliorées et les herbicides introduites dans un milieu exigent des investissements supplémentaires pour l’achat d’intrants et l’adoption des meilleures pratiques rizicoles. Le capital est très important dans l’adoption des innovations agricoles. Un meilleur accès aux services financiers peut améliorer de manière significative le revenu des producteurs agricoles et la sécurité alimentaire des ménages paysans pauvres. Dans le domaine agricole, Zeller et Sharma (2002) ont montré que « l`accès au crédit peut permettre, par exemple, un usage accru d`engrais et des semences améliorées, remplaçant les cultures des variétés locales à faible rendement, qui va se traduire par une augmentation de la production par unité de main-d`œuvre et de surface. Le microcrédit peut également réduire le volume des crédits consentis à des taux élevés par des prêteurs du secteur informel et réduire la vente à bas prix des biens productifs dans les cas d`urgence. Il permet ainsi d`éviter d`entamer des biens productifs tels que les terres, les semences, le bétail » (Zeller, et al., 2002).

Le tableau 21 récapitule l’ensemble des variables exogènes du modèle et les signes attendus dans le cadre de cette modélisation.

Tableau 21 : Noms, types, codes, modalités et signes attendus des coefficients des variables explicatives

Noms des variables Type Code Modalités attendus Signes

Sexe Binaire SEX 1 si homme ; 0 si femme +

Age Continue Age - +

Age2 Continue Age2 - -

Niveau d’instruction Binaire Niveau 1 si scolarisé, 0 si non +

Nombre d’actifs agricoles Continue actifs - +

Superficie de terre emblavée Continue Sup - +

Membre d’une association/coopérative de

producteur Binaire Statut +

Nombre d’années d’expérience dans la

production du riz Continue Expérience - +

Accès au crédit Binaire Crédit 1 si oui ; 0 si non +