• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE LA COMPÉTITIVITÉ DES SYSTÈMES DE

II. R ÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

II.2. Interprétation des résultats

II.2.5. Analyse du Taux de Subvention (TS) et Équivalent de la Subvention (ES)

Le taux de subvention (TS) et l’Équivalent de la subvention (ES) sont respectivement égaux à (−0,147) et à (−0,169). Le TS et l’ES sont strictement négatifs. Cela signifie que la filière riz à Malanville au Nord-Est du Bénin subit des taxations de la part des différents agents économiques. Par conséquent, il existe des distorsions et imperfections du marché à l’intérieur de la filière riz. En effet, dans la plupart des zones de production rizicoles malanvilloises, les producteurs sont confrontés à un certain nombre de difficultés telles que l’accès aux intrants et la pénibilité d’évacuation du riz paddy des champs de riz. Pour se procurer par exemple des intrants agricoles, les riziculteurs de la commune de Malanville parcourent de grandes distances. Il est aussi très difficile d’évacuer le riz paddy. Le mauvais état des routes et l’enclavement de certaines zones de production sont les principales causes de ce problème. Tout

cela entraîne une augmentation des coûts de production affectant ainsi leur marge bénéficiaire. Ce qui rend la production rizicole peu rentable. Les riziculteurs de Malanville ne reçoivent pas en amont de subventions de la part de l’État béninois. Dans le même temps, les commerçants qui leur achètent le riz paddy baissent les prix d’achat pour compenser les charges fiscales qu’ils subissent lors du transport de leurs produits de Malanville vers les centres urbains de Cotonou et dans les pays limitrophes le Nigéria en particulier. En effet, les producteurs de riz de Malanville contrairement aux commerçants ne sont pas organisés et sont contraints de livrer le riz aux commerçants qui imposent ou décident du prix d’achat. Cette analyse indique que les riziculteurs malanvillois sont taxés par les autres acteurs de la filière. Eu égard ce qui précède, la question fondamentale est de savoir : Quelle est la meilleure stratégie qu’il faudrait mettre en place pour améliorer la rentabilité du riz produit localement à Malanville afin de le rendre plus compétitive ? Les nouvelles mesures de politiques rizicoles du Bénin doivent donner la priorité à l’intensification de la production de la petite paysannerie qui contribue de plus en plus à l’offre alimentaire. Pour favoriser cette intensification, l’État doit assurer aux riziculteurs de Malanville l’accès aux intrants agricoles à moindre coût et contrôler les importations de riz en s’appuyant sur les taxes douanières. En conclusion, le riz produit localement dans la commune de Malanville est compétitif et contribuerait de manière significative à relever le défi de sécurité alimentaire durable au Bénin et ailleurs. De réels progrès ont été accomplis ces dernières décennies par l’État béninois et les institutions internationales de recherches agronomiques pour améliorer la productivité rizicole de ce petit pays de l’Afrique de l’ouest. Cependant, la compétitivité du riz malanvillois est atténuée par des contraintes biotiques, abiotiques et socioéconomiques qui sont structurelles et par une concurrence accrue du riz importé. Dans le cadre de la formulation des mesures de politiques de souveraineté alimentaire en matière de riz, les pouvoirs publics devraient apporter des solutions concrètes aux différentes contraintes liées à la riziculture malanvilloise. La faible compétitivité du riz local n’est pas seulement liée à son coût de production élevé mais aussi à sa qualité commerciale (présence de cailloux et de débris dans le riz local). La mauvaise qualité du riz local par rapport au riz importé la rend aussi peu attractif sur les marchés domestiques. Par conséquent, la faiblesse du tarif douanier pour le riz (10% dans la zone CEDEAO) et les importations massives de riz n’expliquent pas à elles-seules les difficultés de commercialisation du riz produit localement sur les marchés domestiques. Des efforts devraient être accomplis pour améliorer le rapport qualité/prix du riz produit localement à Malanville afin de le rendre plus attractif par rapport au riz importé. Le Bénin dispose d’importantes ressources en matière de production du riz pour parvenir à une sécurité

138

alimentaire durable en matière de riz. Ces potentialités rizicoles sont largement sous-exploitées faute d’aménagements et d’appuis financiers permettant de les mettre en valeur. Pour améliorer la compétitivité du riz malanvillois, les pouvoirs publics doivent agir sur les principaux déterminants de la compétitivité de cette céréale que sont : la baisse significative des taxes sur les intrants, l’adoption des variétés améliorées de riz à haut rendement, l’amélioration du taux de décorticage, la bonne présentation du riz local sur les marchés, la mise en place d’une taxe variable sur le riz importé selon son cours international et l’organisation des opérateurs en vue des approvisionnements importants et réguliers. La souveraineté alimentaire en matière de riz serait donc une réalité si les pouvoirs publics :

- renforcent les mesures d’ordre fiscal et réglementaire (une politique d’exonération des intrants et les machines agricoles, la protection de la filière riz en cas de concurrence déloyale avérée, la réforme du foncier), afin de créer les conditions sécurisantes de garantie des droits aux exploitants agricoles.

- mettent en place les mesures politiques de soutien à la production qui doivent inclure une meilleure fourniture des services de vulgarisation aux producteurs de riz (ces derniers ne sont pas toujours informés des technologies améliorées existantes), un meilleur accès aux ressources de production de riz telles que le capital, la terre et la main-d’œuvre, l’amélioration de l’accès aux intrants et l’amélioration des infrastructures rurales (aussi bien les routes que l’énergie).

L’ensemble de ces dispositions d’ordre institutionnel et réglementaire doit être soutenu par une volonté politique basée sur la promotion et le développement de la filière riz local. La bataille pour la souveraineté alimentaire en matière de riz sera remportée si des actions concrètes de développement de la filière sont menées à la fois au niveau national et régional. Une politique commerciale adaptée, transparente et responsable au niveau régional pour le riz devrait permettre de lever les contraintes qui freinent la compétitivité du riz local. Pour protéger les populations des pays membres de la CEDEAO des chocs relatifs aux cours mondiaux du riz et garantir une sécurité alimentaire durable en matière de riz, ne serait-il pas judicieux de mettre en place des mécanismes de protection des marchés domestiques et une vraie politique de souveraineté alimentaire en matière de cette céréale dont la demande ne cesse de croître d’une année à une autre ?

CHAPITRE 5 : ÉTUDE DES DÉTERMINANTS DE

L’ADOPTION DES TECHNOLOGIES UTILISÉES EN

RIZICULTURE À MALANVILLE

La production béninoise de riz reste encore insuffisante pour satisfaire une demande domestique sans cesse croissante (Adégbola, et al., 2011). Pour satisfaire ses besoins nationaux de riz, ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest fait recourt aux importations et dons de riz. « Les importations de riz font perdre des devises à l’économie nationale et entraînent sur le marché local des distorsions telles que la perte de parts de marché par les producteurs nationaux et l’accroissement du déficit de la balance commerciale. Pourtant moins de 8% des énormes potentialités rizicoles nationales sont exploités. En effet, le Bénin a un potentiel de plus de 322.000 ha de terres propices à la riziculture, dont 205 000 ha de bas-fonds et 117.000 ha de plaines inondables » (Abiassi, et al., 2006). Comme nous l’avons rappelé dans les chapitres précédents, différentes contraintes (biotiques, abiotiques et socioéconomiques) limitent la production rizicole au Bénin. Parmi celles-ci, citions entre autres, les mauvaises herbes, les oiseaux, les insectes, les termites, la baisse de fertilité des sols, la perte physique des grains au champ avant la récolte, la faible capacité de gestion de l’eau, la difficulté d’accès au crédit et d’écoulement de la production rizicole, la cherté de la main-d’œuvre salariée, la difficulté d’acquisition des matériels (pour la production, la récolte et la transformation), la faible capacité de gestion de l’eau, etc. C’est pour apporter une réponse à ces contraintes liées à la riziculture que le Ministère béninois de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP) ainsi que les différents centres de recherche agronomique tels que : AfricaRice, IITA, INRAB, ADRAO, etc., qui interviennent dans la filière riz ont développé et introduit dans les milieux de production du riz des variétés améliorées de semences de riz, des engrais spécifiques au riz, des itinéraires techniques innovants et des matériels de transformation du riz paddy. Malheureusement, le taux d’adoption de ces technologies rizicoles demeure encore très faible (CCRB, 2011; Konnon , et al., 2014; MAEP, 2017). Pour comprendre les raisons de la faiblesse de l’adoption de ces technologies agricoles, plusieurs travaux de recherches ont évalué les déterminants de l’adoption des semences améliorées, des engrais chimiques et des herbicides. Cependant, aucun de ces travaux n’ont fait le lien entre l’adoption de ces technologies rizicoles et la mise en place des mesures de souveraineté alimentaire dans une perspective de sécurité alimentaire durable en matière de riz. Dans le but de remédier à toutes ces insuffisances et

140

d’analyser les mesures de politique de souveraineté alimentaire en matière de riz au Bénin, nécessaire à l’identification des changements institutionnels et politiques indispensables à la création d’un environnement propice au développement de la riziculture pour parvenir à la sécurité alimentaire durable, il est donc opportun d’identifier les déterminants de l’adoption simultanée des innovations technologiques (les semences améliorées, les engrais chimiques et les herbicides) en riziculture dans la première commune productrice de riz du Bénin. La connaissance de ces déterminants permettrait de formuler des politiques de souveraineté alimentaire susceptibles d’améliorer ou d’atteindre la sécurité alimentaire durable concernant le riz au Bénin.

Ce chapitre est subdivisé en deux grandes parties. La première partie porte sur la méthodologie et les technologies innovantes en pratique dans la commune de Malanville au Nord-Est du Bénin. Dans la deuxième partie, il sera présenté et discuté les différents résultats obtenus.