• Aucun résultat trouvé

4.1 Réflexivité visée par le MELS selon le référentiel de compétences

4.1.2 Analyse du référentiel de compétences : 2 axes

4.1.2.1 L’adaptation

En 2007, le MELS faisait une synthèse des différents écrits officiels liés à la mise en place de la réforme de la formation initiale à l’enseignement avec l’introduction des compétences professionnelles et reconnaissait que « la réforme en cours implique un

élargissement important de la sphère de compétence du personnel enseignant » (2007, p. 35) et que cet élargissement se manifeste tant dans la classe qu’en dehors de la classe. Nous l’avons interprété comme requérant une adaptation des enseignantes et des enseignants sous deux formes : l’adaptation de l’enseignement et l’adaptation du rôle de l’enseignant en dehors de la classe. Ces deux formes d’adaptation étant interdépendantes.

4.1.2.1.1

L’adaptation de l’enseignement

La première forme d’adaptation tient au fait que la vie de la classe n’est plus dictée par la somme de connaissances à acquérir mais bien par le souci de la prise en compte de l’individualité de l’élève et de son rythme de développement. En ce sens, selon le référentiel :

« La nouvelle conception de l’apprentissage qui fait de l’élève le principal artisan dans le processus d’apprentissage exige de nouvelles approches pédagogiques et façons de faire auprès des élèves. Le maître doit adapter son enseignement en fonction de la progression de chacun des élèves; il doit se centrer sur l’élève apprenant. » (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001, p. 23)

L’hétérogénéité de la classe conduit l’enseignante ou l’enseignant à repenser ses stratégies pédagogiques afin de mieux répondre à sa mission éducative dans le respect des différences entre les élèves. L’enseignante ou l’enseignant doit donc tenir compte non seulement des connaissances à acquérir par les élèves mais il doit reconnaître les caractéristiques individuelles des élèves, identifier les difficultés d’apprentissage et la progression de chacun, etc., pour construire ses situations d’enseignement (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001).

Ainsi, que l’élève soit placé au cœur des préoccupations de l’enseignante ou de l’enseignant exige une adaptation, non seulement de l’enseignement, en ce qu’il doit se décentrer des seules connaissances à transmettre pour tenir compte de chaque élève et de son développement propre, mais aussi « une adaptation significative des séquences en fonction des ordres d’enseignement, des populations scolaires et des groupes ou des personnes présentant des caractéristiques particulières » (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001, p. 27) puisque l’enseignante ou l’enseignant doit comprendre la réalité de chacun des ses élève pour « accueillir des élèves aux cultures premières diversifiées et de saisir leurs points de repère en vue de mieux leur faciliter le passage à une culture seconde » (p. 5).

Ajoutons qu’en 2007, le Comité-conseil sur les programmes d’études réaffirmait que la professionnalisation de l’enseignement ouvrait la voix à l’innovation pédagogique et que « l’ajustement de la pratique enseignante représente l’un des plus importants changements engendrés par la mise en place du renouveau pédagogique » (2007, p. 7).

4.1.2.1.2

L’adaptation en dehors de la classe

La première forme d’adaptation nous conduit inévitablement vers la deuxième forme qui relève de la conception que se font les enseignantes et les enseignants de leur profession. En effet, l’enseignante ou l’enseignant doit passer du rôle de maître centré sur les connaissances à celui de guide centré sur l’intérêt et le développement de l’élève à l’aide de connaissances. Ainsi, le MELS (2001) reconnaît que le nouveau contexte scolaire complexifie la tâche des enseignantes et des enseignants et les amène à « assumer certaines tâches de façon différente et à développer de nouvelles compétences » (p. 24). Ce changement le conduit à élargir leur champ d’action à l’extérieur de l’enceinte de sa classe par l’interaction avec l’équipe pédagogique et les parents afin de mieux comprendre l’individualité de ses élèves :

« Faire équipe avec les collègues qui interviennent auprès des élèves d’un même cycle ou avec des collègues qui enseignent d’autres disciplines prend une importance particulière dans le développement et l’évaluation de compétences s’étalant sur plus d’une année scolaire. » (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001, p. 24)

Dans un tel contexte d’interactions, l’enseignante ou l’enseignant est amené à une auto-analyse de ses actes pédagogiques et de son propre parcours professionnel afin de partager ses savoirs et d’accepter ceux de ses collègues mais aussi de discerner, derrière les savoirs, comment chacun s’y est pris pour les acquérir et les ressources à mettre à la disposition des membres de l’équipe pédagogique et celles dont chacun a besoin.

Cette deuxième forme d’adaptation redonne également toute son importance à la formation continue du personnel enseignant qui peut prendre différentes avenues. En effet, l’interaction entre les enseignantes et les enseignants qui les conduit sur le chemin de cette auto-analyse qui, d’après le référentiel :

« devrait aussi permettre de préciser les mises à jour à faire dans sa discipline, de distinguer entre les mises à jour de

connaissances requises pour saisir la réforme et conduire des projets pédagogiques à plus long terme qui demandent une variété de moyens (formation d’équipes de travail, visite d’autres écoles, collaboration de personnes-ressources externes, consultation de banques de données, mise en place de moyens techniques et électroniques, mise en réseau, soutien financier) et qui doivent être étalés sur plusieurs étapes. » (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001, p. 126)

De plus, cette ouverture au travail en équipe vient ajouter une autre dimension à l’adaptation du rôle de l’enseignante ou de l’enseignant : la justification et l’argumentation. En effet, la mise en commun de connaissances et l’établissement de liens nouveaux avec les différents intervenants (direction, élèves, parents, collègues) impliquent le développement de compétences argumentatives permettant de justifier ses choix et actions pédagogiques, comme le montre bien le passage suivant :

« Les enseignantes et les enseignants seront sollicités pour expliquer et justifier les actions qu’ils font dans leur classe et dans l’école. Ils doivent être capables d’argumenter quant au sens et à la pertinence de leurs choix devant les élèves, devant leurs pairs, devant la direction, devant les parents et devant les partenaires engagés dans les projets de l’école ou les services aux élèves. » (Ministère de l'Éducation du Québec, 2001, p. 71)

Comme le montre ce dernier extrait, l’axe de l’adaptation est intimement lié à celui de la coopération.