• Aucun résultat trouvé

Avant d’étudier la transition énergétique allemande actuelle, il nous semble incontournable de proposer une rétrospective historique de l’évolution des régimes énergétiques allemands de la révolution industrielle à nos jours. Ceci nous permettra de comprendre le contexte politique, culturel et économique et les enjeux qui ont structuré cette évolution et d’envisager des parallèles possibles avec le passé. Puis, nous proposons de traiter l’actuel Energiewende, en présentant ses racines, ses caractéristiques, ses limites et ses défis.

1. Une perspective historique

Cette rétrospective s’appuie sur l’analyse d’un historien allemand, David Blackbourn (2013). Il s’intéresse particulièrement à l’apparition successive du charbon, de l’énergie hydroélectrique ou de l’énergie nucléaire qui vient transformer durablement le paysage énergétique allemand. Au regard du caractère éminemment politique de la question énergétique, cette fresque historique révèle les conflits et les luttes de pouvoir, qui ont jalonné l’apparition successive de nouvelles sources d’énergie. Elle permet également d’identifier les perceptions culturelles contrastées de la société, un mélange d’enthousiasme et d’espoir, de peurs et d’effrois.

C’est à la fin du XVIII siècle, que s’opère une transition fondamentale : le passage d’un ‘régime solaire’ à un régime fossile. Le ‘régime solaire’ se caractérise par l’exploitation des ressources issues du vent, de l’eau, de la biomasse ou de l’énergie humaine et animale. Vient ensuite le changement historique avec l’extraction des énergies fossiles, d’abord avec le charbon, qui alimente l’industrialisation et fournit encore plus de 90 pour cent des besoins énergétiques dans les années 1930, et, ensuite, avec le pétrole qui est devenu essentiel à l’économie industrielle mature du XX siècle.

Selon Blackbourn, la plupart des historiens tend à la fois à exagérer la vitesse de développement des procédés industriels alimentés par le moteur à vapeur et l’énergie issue du charbon, et à trop souligner les pénuries de bois au XVIII siècle, qui pourraient justifier une transition rapide vers le charbon. Selon lui, deux éléments viennent nuancer cette première hypothèse : la force humaine demeura cruciale tout au long du XIX siècle dans le secteur de la construction ; l’énergie issue des moulins à eau alimenta une importante partie

des activités humaines jusqu’à la fin du XIX siècle dans le Württemberg ou dans la Saxe. La seconde hypothèse, quant à elle, est remise en cause notamment par les travaux de Joachim Radkau. A l’époque, il existait une forte demande en bois très diversifiée, avec des pénuries localisées. La raison sous-jacente à une transition vers le charbon ne consistait pas en une crise écologique mais elle avait pour origine une crise institutionnelle, se traduisant par des pénuries instrumentalisées : d’un côté, des paysans revendiquant des droits traditionnels d’usufruits de la forêt, et, de l’autre, des officiels en faveur d’un contrôle public plus ferme d’une ressource, au nom de la foresterie scientifique. Ces conflits relatifs aux codes de la forêt et au contrôle du bois ont conduit à un effondrement du système d’allocation des ressources. Le passage à la machine à vapeur, alimentée au charbon, et l’extraction du lignite et du charbon, bien que technologiquement complexe, était institutionnellement plus simple à gérer pour la bureaucratie de l’époque. A travers cette crise institutionnelle se cristallise un renversement, caractérisé par un transfert du contrôle des ressources : depuis le bois géré par la population et les paysans (bottom-up) vers la machine à vapeur et le charbon, contrôlés par les pouvoirs publics en relation avec les entreprises minières (top-down). Ainsi, à travers cette lutte du pouvoir pour le contrôle des ressources, le système énergétique, originellement distribué et alimenté par les ressources en bois gérées par la population, va progressivement se centraliser, avec l’extraction du charbon et de la lignite par des entreprises minières, avec l’entremise des pouvoirs publics. Les centrales à charbon de l’Allemagne industrielle suscitaient un sentiment de respect mêlé d’effroi d’après Blackbourn, Les cheminées d’usine, crachant de la fumée, et le moteur à vapeur demeuraient des marqueurs de productivité et des symboles du progrès du XIX et du XX siècle. Le moteur à vapeur, rendu possible par le charbon, est devenu populaire et mieux accepté, car source de mobilité (bateau et train). La puissance de la vapeur était associée à l’émancipation, démontrant la capacité humaine à se soustraire aux contraintes de la nature. Pour les libéraux politiques, la locomotive à vapeur était la force qui allait renverser l’aristocratie et bannir le ‘sous-développement’.

Pourtant, malgré l’enthousiasme suscité, les centrales à charbon sont accueillies avec de nombreuses critiques, transformant dramatiquement le paysage et apportant de nouveaux dangers : accidents dans les mines, explosions, pollution de l’air, pluies acides et dégâts sur la faune et la flore. Les répercussions négatives de l’industrialisation capitaliste sont devenues un sujet brûlant chez les historiens et économistes (Marx et Engels), nourrissant les débats sur le ‘niveau de vie’ et l’exploitation de l’être humain. Puis, les premières inquiétudes quant à la raréfaction des ressources apparaissent au début du XIX siècle, bien avant le boom du charbon entre 1880 et 1913, où la production tripla, l’Allemagne extrayant

un quart du charbon mondial. Dès 1865, l’économiste britannique William Stanley Jevons mettait en garde quant à la finitude des réserves en charbon. Cette question devint un sujet sérieux de discussion en 1900 en Allemagne. A ce titre, Max Weber, lors d’un congrès aux Etats-Unis en 1904 souligne l’avantage compétitif des Etats-Unis du fait de l’abondance de leurs ressources et ne manque pas d’anticiper son caractère fugace. Ces propos restent d’ailleurs d’actualité : “Nous ne devons pas oublier que l'effervescence de la culture moderne capitalistique est connectée à une consommation de ressources naturelles inconsidérée, pour lesquels il n’existe pas de substituts“. Il met, d’ailleurs, en garde quant à la difficulté d’évaluer la durée potentielle d’extraction des réserves de charbon et de minerai. Wilhelm Ostwald, lauréat du prix Nobel de chimie, au début du siècle, va plus loin : alerté quant au risque de raréfaction des ressources fossiles, il propose un argumentaire détaillé en faveur de l’énergie solaire. C’est à la fin du XIX siècle, selon Mathias Heymann, que débute également l’histoire de l’énergie éolienne telle qu’on la connaît aujourd’hui,.

L’anxiété suscitée par la raréfaction des ressources en charbon est donc à l’origine de l’émergence des premiers travaux sur les énergies renouvelables et conduit également à un fort enthousiasme pour la ‘houille blanche’42 au début du XX siècle. Les arguments pour puiser dans cette source d’énergie renouvelable ne manquent pas, notamment celui d’ordre géopolitique, qui va jouer un rôle prédominant : l’Allemagne ne pouvait se permettre d’être à la traîne dans l’exploitation de cet atout national alors que ses voisins le faisaient avec succès (Suisse, Italie, Scandinavie, Etats-Unis, avec la Californie pionnière en la matière). Les eaux des Alpes pouvaient devenir l’Eldorado de l’énergie hydroélectrique européen. Le potentiel allemand se trouve donc dans le Sud du pays, pauvre en charbon, en Bavière et dans le Bade-Wurttemberg, où le Parti du Peuple était son plus fervent partisan. A l’époque, l’hydroélectricité constitue une source d’énergie propre, soutenue par une caste technocratique convaincue qu’il s’agissait une source moderne et ‘libérale’, bien supérieure à l’énergie prussienne ‘conservatrice’ des barons du charbon du Nord. Une césure symbolique a lieu avec la création d’une nouvelle mesure de l’énergie le kilowattheure, qui vient remplacer l’ancienne force cheval. Un commentateur suggère que l’énergie hydroélectrique offrait une ‘forme d’énergie continue, bon marché, indépendante des grèves, des syndicats du charbon et du secteur pétrolier’. Tandis que d’autres proclament, plein d’enthousiasme, qu’elle sera ‘la principale source d’énergie du futur’.

Beaucoup de ces espoirs seront déçus. La tentative par les partis libéraux de rivaliser avec le monopole charbonnier qui assoit le pouvoir des partis conservateurs se soldera par un

échec – le rachat et le contrôle de l’ensemble des ressources d’énergie hydroélectrique du Sud à la fin des années 1920 par des compagnies comme Rhenish-Westphalian Electricity (RWE) de Essen et de grands conglomérats puissants dont les sièges se situent dans le Nord, à Berlin ou dans la Ruhr. Plus que cela, les retombées économiques n’ont jamais atteint les prévisions envisagées, car la prévention des risques d’inondation était la fonction première des barrages, et compte tenu également que les niveaux d’eau devaient être maintenus pour le transport fluvial. Le coût de l’électricité était donc plus élevé que prévu et la part de l’hydroélectricité dans le mix énergétique allemand était bien plus faible que l’avait envisagé la plupart des ingénieurs de l’époque.

On n’évoque que rarement l’opposition initiale à la construction de barrages et l’inquiétude populaire à l’égard de la sécurité des barrages. La construction des premiers barrages allemands a eu lieu dans les années 1890. A l’époque, de nombreuses catastrophes spectaculaires d’effondrement se succédèrent en Europe et aux Etats-Unis. A ce titre, l’histoire des barrages a d’ailleurs souvent été celle de leurs défaillances.

Les impacts sur le paysage et l’environnement des barrages sont importants, une analogie peut être faite avec les centrales nucléaires cinquante ans plus tard ou les éoliennes aujourd’hui. Les nouvelles installations, sont perçues comme intrusives et destructrices : perte en terres cultivables, en zones forestières et en villages. Des inquiétudes concernant la pêche, la faune et la flore apparaissent. Les critiques des sociétés de conservation de la nature ont été persistantes pendant des décennies, notamment sur la dégradation des paysages et l’impact esthétique. L’ironie de l’histoire, comme le rappelle Blackbourn, c’est que les sociétés de conservation de la nature, dans les années 1950, ont accueilli favorablement les centrales nucléaires car causant moins de dégâts sur le paysage que les barrages.

Il existe de nombreux parallèles entre l’énergie hydroélectrique et, cinquante ans plus tard, l’énergie nucléaire. A travers les faiseurs d’opinions – politiciens, journalistes, scientifiques, et ingénieurs – un consensus puissant a été développé valorisant l’énergie nucléaire civile comme l’énergie du futur, bon marché et inépuisable, face au risque de pénurie de charbon sur le long terme. La promesse d’une utilisation pacifique du nucléaire a séduit un grand nombre d’intellectuels libéraux et de gauche, comme Karl Jaspers et Ernst Bloch. Une fois de plus, les libéraux y voient un moyen potentiel de défier le monopole charbonnier. En effet, le Parti Social Démocrate allemand (SPD) était un fervent partisan de l’énergie nucléaire civile et discuta d’un ‘Atomplan’ lors de sa conférence de 1956. Dans ce sens, le SPD

soutenait que si le pouvoir du lobby charbonnier pouvait être cassé, de plus grands investissements pourraient être dédiés à l’énergie nucléaire.

Beaucoup de déclarations étaient faites en faveur des secondes générations de surgénérateurs à venir et le développement providentiel et éventuel de la fusion nucléaire. Cependant, l’enthousiasme à l’égard du nucléaire a décru avec le temps. Le coût global était plus élevé qu’envisagé, le coût de construction sous-estimé et le coefficient d’utilisation en pleine charge ainsi que la durée de vie des centrales surestimés. A la fin des années 1980, de nombreux projets ont été abandonnés. Selon Hermann Sheer (2007), l’ensemble des subventions dédiées au nucléaire depuis 1950 correspond à 63 milliards d’euros. Sans compter l’une des critiques les plus vives assénées à l’énergie nucléaire, qu’avance Klaus Trabe, responsable du programme allemand de réacteurs à neutrons rapides des années 1970 : le coût caché de l’Etat assumant le risque financier d’un accident nucléaire que les compagnies d’assurance sont peu enclines à prendre en charge.

2. Les racines de la transition énergétique allemande

2.1 Mouvement antinucléaire et création du Parti des Verts

Le mouvement antinucléaire allemand s’est structuré et s’est consolidé, par vagues successives, au rythme des catastrophes nucléaires - Three Mile Island (1979), Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011) - et en réaction aux projets d’implantation de centrales nucléaires et au transport de déchets nucléaires.

Des mouvements locaux de contestation émergent au début des années 1960. C’est dans le village de Whyl que les mobilisations s’intensifient lorsqu’un projet d’implantation de centrale nucléaire est prévu en 1973. Face à la multiplication des manifestations, le gouverneur du Land de Baden-Wüttemberg abandonne le projet en 1983 (Craig, Pehnt, 2014 : 52). C’est une victoire pour le mouvement antinucléaire qui conduira à la création d’un mouvement de résistance durable et renforcera une vague d’opposition au nucléaire dans toute l’Allemagne, en Europe et en Amérique du Nord. Cet exemple cristallise la lutte d’une communauté locale défiant l’industrie nucléaire au travers d’une stratégie d’action directe et de désobéissance civile. Ce mouvement anti-nucléaire a été l’un des principaux facteurs qui a conduit à la création du Parti des Verts, qui va, par la suite, refaçonner le paysage politique allemand. En effet, les Verts gagnèrent en popularité, collectant plus de 5% des votes, le minimum requis pour entrer au Parlement en 1983 (Craig, Pehnt, 2014 : 53).

Dans les années 1980, deux sites ont été la cible de vives mobilisations antinucléaires conduisant à des conflits violents entre la population et les forces de l’ordre : à Brokdorf près

d’Hambourg et Wackersdorf en Bavière. En effet, en 1981, à Brokdorf a lieu l’une des plus importantes manifestations antinucléaires, mobilisant plus de 100 000 personnes, pour protester contre la construction de la centrale nucléaire. Elle sera finalement construite et mise en activité en octobre 1986 (fermeture prévue en 2018). A Wackerdorf, les velléités d’implanter une centrale de retraitement des déchets au début des années 1980, a conduit à d’importantes manifestations, dont certaines très violentes, comme celle de mai 1986 où plus de 400 personnes ont été blessées. Le projet a été finalement abandonné en 1988 et les raisons de son abandon restent floues et ne semblent pas être en lien direct avec les mobilisations (Morris, Pehnt, 2014 : 53).

En 1986, la catastrophe de Tchernobyl a été un événement pivot du mouvement antinucléaire allemand. Le nuage radioactif et les pluies qui ont suivi ont contaminé de vastes parties du pays. D’importants efforts sont déployés pour décontaminer les zones en question, toutes les récoltes sont détruites. Le mouvement antinucléaire appelle à un renforcement des efforts de décontamination. Le Parti des Verts fait pression pour une fermeture immédiate de toutes les centrales nucléaires. Le SPD appelle, quant à lui, à une sortie progressive du nucléaire sur 10 ans. Les gouvernements des Länder, les municipalités, les partis politiques et les syndicats ont longuement débattu la question. Cinq semaines après l’accident, le Ministère Fédéral de l’Environnement, de la Conservation de la Nature et de la Sureté Nucléaire est fondé (Craig, Pehnt, 2014 : 53). La position antinucléaire de l’Allemagne et le mouvement antinucléaire se renforcent et se consolident. Dans les années 1990, les mobilisations se dirigent principalement contre les transports de déchets radioactifs.

2.2 Les conséquences des chocs pétroliers de 1973 et 1979

La transition énergétique actuelle s’appuie également sur les politiques et les initiatives qui ont suivi les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Plusieurs éléments marquants viennent creuser un sillon favorable au développement à la fois des politiques d’économies d’énergie et des énergies renouvelables. Les deux chocs pétroliers en Allemagne ont conduit à réfléchir à la dépendance énergétique du pays et à la diversification de ses sources d’approvisionnement ainsi qu’au risque économique lié à la hausse des prix de l’énergie. Les économies d’énergie constituaient le premier levier pour réduire la dépendance aux importations de matières premières. Le Ministre de l’économie de l’époque lança la première campagne d’économies d’énergie en direction de la population : “Conservation – notre meilleure source d’énergie“. La première loi sur ce sujet, en 1976, intègre la première

réglementation thermique des bâtiments avec des critères d’isolation. Pour ce qui concerne les énergies renouvelables, l’Etat lance en 1974 ses premières politiques de soutien à travers des programmes de recherche. Il est important de souligner que la principale réponse du gouvernement allemand aux chocs pétroliers consistait à promouvoir la filière nucléaire et le charbon (Lauber & Mez, 2014).

C’est en 1980 qu’a lieu la première requête de la Commission du Bundestag sur la politique énergétique future, voulant prioriser les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables (Lauber & Mez, 2014). En matière de transport, l’Etat se tourne principalement vers la population pour qu’elle effectue des efforts à travers la généralisation des limitations de vitesse, sur la plupart des autoroutes, l’instauration de mesures sur les consommations de carburants des véhicules et l’interdiction de circuler en voiture le dimanche. Ces mesures conduisent à des débats de plus en plus controversés au sein de la population au début des années 1980. Après avoir incité celle-ci à modifier son comportement avec des mesures contraignantes, le gouvernement se tourne vers l’industrie automobile. Sa réponse se traduit par la généralisation de pots catalytiques, qui permet de limiter la pollution, mais ne permet toutefois pas de réduire les consommations. Et il est déploré que l’Etat n’ait que peu incité le secteur industriel et énergétique à déployer des mesures d’efficacité énergétique durable.

En 1980, la publication d’un rapport43 de l’Öko-Institute44 pose les jalons de la transition énergétique actuelle qui reprendra d’ailleurs son titre “Energiewende“. Cette étude pionnière et visionnaire avance qu’un découplage entre la croissance économique et la consommation d’énergie est possible (Morris, Pehnt, 2014 : 51). C’était l’une des premières tentatives proposant une solution holistique, prenant en considération chaque source d’énergie aussi bien que chaque secteur d’utilisation d’énergie. A la suite notamment des chocs pétroliers des années 1970, les questions de l’approvisionnement en pétrole et du transport étaient explicitement abordées, en intégrant comme élément constituant la transition énergétique

43 Les trois auteurs faisaient partie des militants contre le nucléaire dans les années 1970 et sont issus du monde universitaire. Deux d’entre eux ont soutenu une thèse à l’Université de Berkeley en Californie - Florentin Krause en chimie, également l’un des cofondateurs de l’Öko-Institut, et Hartmut Bossel en philosophie de l’Ingénierie. Le troisième Friedrich Müller-Reissmann est théologiste et informaticien à l’institut Pestel à Hanovre, très renommé aujourd’hui. Il est intéressant de pouvoir effectuer des liens entre une région pionnière – la Californie – en matière d’innovation énergétique, berceau des énergies renouvelables et la réalisation de cette étude pionnière.

44 The ÖkoInstitut est un institut de recherche privé, basé à Freiburg im Breisgau. Il a été créé en 1977

allemande45. La stratégie s’appuyait également sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Publié en 1982, le livre issu de l’étude avait comme sous-titre “Growth and Prosperity Without Oil and Uranium“ (Morris, Pehnt, 2014 : 51), mais il ne fait pas mention du charbon, les questions du changement climatique ne seront posées qu’à la fin des années 1980.

Un second rapport, en 1985, met davantage l’accent sur la possibilité d’une transition énergétique à l’échelle locale. L’argument en faveur d’une municipalisation de la question énergétique a permis aux municipalités d’être placées au cœur du tournant énergétique : l’autonomie municipale était considérée comme le seul moyen susceptible de conduire à une politique écologique de l’énergie et de casser la structure monopolistique, à travers des processus de diversification de la production et des producteurs (Hennicke et al., 1985 in Gamberini 2009). En réaction à la catastrophe de Tchernobyl et, pour faire suite à ce rapport, un réseau, animé par l’ÖkoInstitute, composé de plus de 300 comités énergie, s’est développé dans de nombreuses municipalités. Leurs efforts et leurs initiatives n’ont pas été directement évalués, mais au moins ils ont permis la politisation du débat énergétique au niveau municipal, ce qui n’était pas le cas auparavant (Müschen, 1994, in Gamberini 2009).

2.3 La décennie 1990 : modernisation des infrastructures énergétiques et soutien aux énergies renouvelables.

Après les chocs pétroliers, la prise de conscience des enjeux énergétiques conduit aux déploiements de politiques raisonnées de l’usage de l’énergie. A la fin des années 1980, la catastrophe de Tchernobyl réveille les consciences sur les dangers de l’énergie nucléaire et