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Chapitre 5. Les concepts primordiaux de la recherche

5.2. L’éthique professionnelle en enseignement

5.2.2. Les trois principales approches des questions éthiques aujourd’hui

5.2.2.3. L’éthique des vertus

Pour dire ce qu’est l’éthique des vertus, il nous semble opportun de rappeler ce qu’est la vertu et les vertus. Il est important de commencer par dénoncer la traduction malheureuse de l’arétê grec en virtus latine. La pertinence d’un tel exercice repose sur le fait que l’on se demande encore si la vertu est un concept sine qua non de la réflexion morale ou une simple « coquetterie retro » (Blondel, 2000). C’est une préoccupation qui pourrait prendre sa source dans ce que Durand (2011) appelle ambigüité des traductions. L’idée dominante que l’on se fait aujourd’hui de la vertu est qu’elle est retenue, contrainte, négation, défense (Blondel, 2000, p. 163). On y perçoit beaucoup plus un comportement exemplaire vis-à-vis de la société. Une conception qui n’est pas nécessairement erronée. L’on a hérité de l’arétê grec l’idée de la vie bonne que l’on confond avec une vie rangée : être socialement et moralement irréprochable par rapport à une certaine éthique du social. Or si arétê et virtus ont en commun les notions de force, vaillance, virilité, excellence, courage et caractère, apparemment, ils ne désignent plus nécessairement les mêmes réalités, au-delà d’être effectivement des dispositions dans un cas comme dans l’autre.

L’enseignement moral chrétien (notamment catholique) semble en avoir fait une appropriation moins dynamique du vir (homme) de la virtus. L’intuition géniale de traduire le concept grec d’arétê par virtus dans la Rome antique est perceptible. La notion de virtus semble avoir conservé quelque chose de l’arétê : sa probable parenté étymologique avec le mâle, ainsi que nous le rappelle Yvon Brès (cité par Blondel, 2000, p. 165). Sauf que ce qui s’est vulgarisé et que l’on a retenu par- dessus l’arétê, c’est la réception chrétienne de la virtus. La morale chrétienne enseigne que la vertu est une ferme disposition à faire le bien ou à éviter le mal123. Il est possible à ce stade de la

définition de retrouver un certain rapport à l’héritage grec du mot. Effectivement, chez Aristote124,

123 Dans le cadre de l’enseignement, on peut citer en exemple les douze vertus du maître chrétien selon Agathon, le Frère Agathon des Écoles chrétiennes, de son vrai nom Joseph Gonlieu (1731-1798) : la gravité, le silence, l’humilité, la sagesse, la patience, la retenue, la douceur, le zèle, la vigilance, la piété, la générosité (Jacquet-Francillon, 2005, p. 18).

124 L’expression est de Blondel (2000, p. 160). Il nous semble ici qu’il veut ressortir la distinction fondamentale qui pourrait essentiellement exister entre la vertu telle que nous l’avons héritée de la Grèce Antique et l’appropriation latine à l’effet de la traduction du concept qui s’en est suivi par la suite. C’est important à notre sens de le relever systématiquement lorsque l’on parle de la vertu, le comportement dit vertueux n’ayant plus bonne presse aujourd’hui. Nous soutenons que si l’éthique des vertus est décriée aujourd’hui, c’est surtout parce que l’Église catholique s’est approprié le concept de vertu en lui ôtant tout le dynamisme possible qu’incarne l’excellence grecque. Il ne s’agit guère de se conformer à une quelconque

les vertus ne sont ni des états affectifs (l’appétit, la colère, la crainte, etc.) ni des facultés (capacité d’éprouver de la colère par exemple). Ce sont des dispositions, notre comportement bon ou mauvais (Aristote, 1972, p. 100-101). On peut s’accorder à ce niveau du rapprochement entre arétê et virtus et admettre que la vertu est notre attitude telle qu’elle apparaît aux yeux de tous. C’est une disposition permanente, notre caractère ou habitus. Elle est l’ensemble constitué de tous nos actes dits vertueux en ce que ceux-ci se distinguent principalement du vice comme pôle contraire.

Ce que nous ressentons ou vivons intérieurement ne permettant pas nécessairement à la société de nous juger, de connaître quels sont nos différents caractères par habitude : ce sont nos vertus et nos vices qui nous font louer ou blâmer. C’est parce que nous avons posé tel acte ou tel autre que nous sommes dits vertueux ou vicieux. Ce n’est pas par exemple parce que nous avions été en colère que nous serons taxés de vertueux ou de vicieux. La vertu ou le vice, ce n’est pas le seul fait d’avoir été en colère. La colère n’est qu’un sentiment intérieur né d’une frustration ou pas. À l’opposé, la vertu ou le vice se dessinent dans l’action que nous accomplissons à la suite de ce qui est vécu subjectivement. C’est l’acte que nous posons extérieurement c’est-à-dire au vu et au su de tout le monde. La vertu devient alors, dans le cas de la colère, la capacité à gérer sa colère dans des situations troubles. Le vice, simplement s’emporter ou cette incapacité à se contrôler, à maîtriser sa propre colère. On perçoit nettement les traces de la lutte dans la notion de vertu comme combat et résistance. Essayer de ne pas s’emporter est un défi majeur à relever par rapport à soi-même et face aux autres. Pour Aristote (1972, p. 440), en effet, notre devoir est de ne pas être un amateur de vice, et de ne pas ressembler à ce qui est vil.

On peut certainement ne pas du tout s’accorder sur la définition du vice ou sur ce qui est vil. Mais nous avons le devoir d’être chacun un être politique. C’est notre essence. C’est toute la richesse de l’éthique des vertus : cette nécessité de prendre toujours en compte le rapport à l’autre. La vertu est une disposition unique qui permet d’avoir des vertus. C’est un travail de soi à soi et sur soi en vue du plus beau et divin bien : le bien de la cité. Elle ne se résume pas à : tenir ses promesses, ne pas trahir la confiance qu’on lui, porter secours à ceux qui sont dans le besoin, ne pas mentir, obéir aux lois (Droit, 2009). Ce sont des attitudes vertueuses en ce qu’elles participent à la vie de la cité. Toutefois, la vertu demeure excellence, tension vers le bien et non le bien lui-même. Une acception qui pourrait tout de même et relativement mettre côte à côte arétê et virtus et satisfaire à l’exigence de la traduction et d’une définition commune. On désigne souvent par vertus : L’ensemble des

volonté divine c’est-à-dire de se plier à un Bien conçu d’avance par les seuls soins du « Très-Haut ». Voyons dans l’arétê non pas la virtus au sens de capacité à résister aux tentations et aux passions de la chaire, mais plutôt capacité à être soi-même auteur de ses propres actions dans cette tension vers le bien.

qualités qu’un homme peut posséder pour être dit vertueux. On fait traditionnellement référence aux vertus cardinales (le courage ou force de l’âme, la prudence, la tempérance et la Justice) et aux vertus théologales (la foi, l’espérance et la charité). À ces sept principales vertus de l’Église catholique, on ajouterait les vertus morales (la générosité ; l’humilité et la gratitude) et les vertus intellectuelles (la science, l’art, la prudence, l’intelligence et la sagesse) (Aristote, 1972).

Il est donc possible de reconnaître a priori que la virtus de la Rome antique est quelque peu restée proche de l’arétê grec. La question commune est : comment vivre ? Sinon, comment vivre heureux? puisque pour être heureux, le maître mot, c’est la vertu (Droit, 2009, p. 65). Ou alors : quel style de vie faut-il adopter en vue de parvenir au bonheur ?

La réponse à ces interrogations a naturellement divisé les philosophes depuis la Grèce antique. Un ensemble des doctrines au sujet de la nature du bonheur et la manière d’y accéder sont nées. Kant (1997, p. 78) évoque le cynisme, l’épicurisme et le stoïcisme. On y ajouterait le scepticisme.

1) Le stoïcisme

Incarné par l’école de Zénon, le stoïcisme soutient que c’est dans la bonne conduite que se trouve le souverain Bien. Le bonheur résulte de la moralité et de la dignité, principales caractéristiques de la bonne conduite. Un homme heureux est un être moral qui se conduit dignement. C’est l’Idéal de la sagesse : être vertueux en tous points.

2) L’épicurisme

Pour Épicure, la bonne conduite constitue un moyen permettant l’accès au bonheur dans lequel réside le souverain Bien. Un homme heureux est un être qui a atteint le souverain bien grâce à un comportement vertueux. C’est parce que l’on est un être heureux que l’on est un être moral.

3) Le cynisme

Diogène considère que le souverain Bien devrait être recherché dans la simplicité et la jouissance sobre du bonheur. Une manière de mettre en garde contre l’extravagance dans la quête du bonheur. Un homme heureux n’est pas un homme vertueux au sens de quelqu’un qui adopte une bonne conduite. C’est celui qui sait être en harmonie avec ce que seule recommande la nature.

Le souverain Bien se trouve dans la suspension de tout jugement. L’accès à la connaissance étant incertain, il faut arrêter de troubler l’âme en la recherchant. Pour être heureuse, une mise entre parenthèses de tout ce que l’on sait devient nécessaire. La vertu consiste en la mise en épochè. On retient que la vertu coïncide avec le souci d’adopter un certain comportement. Mais, le rapprochement entre l’arétê et la virtus reste précaire. Surtout si l’on souhaite rompre avec une considération négative de l’éthique des vertus. C’est un rapprochement qui s’arrête au stade des concepts : vertu comme force, courage, vaillance, virilité, caractère, etc. Être vertueux, c’est agir de la meilleure façon possible. Ce qui exige un effort de soi sur soi par rapport aux autres : « Il n’y a pas de vertu sans combat » (Blondel, 2000, p. 163). Si cela est vrai autant dans la perspective aristotélicienne de l’arétê grec que dans celle de la virtus romaine, la nature du combat doit être précisée. Être vertueux, ce n’est pas accomplir un devoir divin en combattant contre un certain mal incarné. La vertu consiste en une activité libre du sujet et non en une tâche à simplement réaliser. Aristote (1972) le dit : « La bonne pratique est elle-même sa propre fin » (p. 286).

Il n’existe pas une fin particulière en vue de laquelle la vertu est cultivée. La seule fin est celle que l’homme lui-même en tant qu’être raisonnable poursuit : le bien. La vertu ne vise pas un quelconque don gratuit de Dieu ou vie éternelle. Alors que la force ou le courage des chrétiens consistent à résister au mal par la seule volonté de Dieu; chez Aristote, ce n’est pas surtout fuir le mal qui compte en tant que tel. C’est la capacité à agir de manière opportune qui est nécessaire. L’archer ne vise pas une cible qu’il ne maîtrise pas. Il ne partage pas nécessairement la soumission. C’est un homme prudent qui ne s’engage dans une action qu’en connaissance de cause. Son activité propre déborde le fétichisme de la règle. Les choses peuvent être autrement que ce qu’elles sont. La prudence est une faculté d’opiner (Aristote, 1972). Tout homme prudent devrait pouvoir faire preuve de rationalité en toutes circonstances et dans tous ses choix au quotidien. Il ne s’agit pas de fuir le mal parce que cela est dit mal, mais parce que cela est mal après délibération.

La vertu est une activité dynamique qui ne consiste pas à se soumettre à une distinction tranchée entre le bien et le mal telle que pensée par la morale chrétienne. Aristote (1972, p. 287) soutient : La prudence est une excellence et non un art. Le principal, ce n’est pas se conformer à la norme sociétale ou aux prescriptions et préceptes de Dieu. Ce n’est pas se comporter bien pour être heureux. Il s’agit d’être heureux, donc vertueux. Si la vertu est une lutte contre un ennemi intérieur, c’est parce qu’elle est tension vers le bien. C’est une affaire du sujet lui-même. Elle ne saurait se confondre à une exigence quelconque de conformisme. En tant qu’œuvre propre, elle ne peut provenir en réalité que du sujet lui-même et non d’un quelconque principe métaphysique législateur

voire de la religion ou de Dieu par exemple. Être vertueux, ce n’est pas obéir, suivre un chemin tout déjà tracé. Si la cible est l’horizon de l’archer, ce n’est pas pour autant que ce dernier est dispensé de rechercher le meilleur angle possible à l’effet d’atteindre effectivement sa cible.

L’acte qui enfante la pratique de la vertu est un acte fondamentalement personnel. Il est le résultat d’un choix rationnel, délibéré et réfléchi. Ce n’est pas l’œuvre de la foi ou d’une quelconque croyance en une entité métaphysique supérieure. C’est une œuvre propre, donc non imposée à l’origine. C’est une réalisation effective du bien. Ce qui suppose que le sujet se pro-jette. C’est le travail d’une subjectivité en mouvement. Le bien n’est plus pensé en amont comme quelque chose de déjà là. L’archer a certainement une cible en vue. Toutefois, cette cible, si elle est connue, ne signifie pas que l’attitude à adopter est celle de la contemplation ou celle du conformisme irréfléchi. Pour atteindre cette cible, l’archer (l’agent moral) doit se mettre lui-même au travail afin de viser le centre (le souverain Bien ou le bonheur). L’agent moral n’est plus seulement heureux. Les vertus morales qui participent du souverain bien ne sont pas naturellement engendrées en nous. Elles ne sont des dispositions qu’en tant que c’est nous qui les faisons individuellement être en nous. C’est un exercice antérieur pour reprendre Aristote (1990).

Les vertus morales sont le fruit d’un travail personnel, précédent. Un homme vertueux est un homme capable en tant qu’homme prudent. C’est un homme qui sait (Aristote, 1972, p. 284) :

1) Délibérer correctement sur ce qui est bon et avantageux pour lui-même; 2) Calculer avec justesse en vue d’atteindre une fin particulière digne de prix.

Les notions pour lui-même et digne de prix nous rassurent quant à l’idée que la vertu est fondamentalement œuvre propre en tant qu’arétê. C’est le sujet lui-même auteur de ses propres actions. Le vertueux aristotélicien est acteur majeur dans la pratique de la vertu. Par ailleurs, pour lui-même, c’est aussi pour les autres. Pour être heureux, il faut des amis (Aristote, 1972, p. 462). Le bonheur d’un homme solitaire cesse d’être un bonheur parce que le bonheur n’est jamais définitivement acquis une bonne fois pour toutes comme quelque chose qu’on a en sa possession. Il faut régulièrement y travailler. C’est dans la vie et avec les autres que l’on est heureux. Le bonheur est une activité et non un état de satisfaction accomplie. C’est une fin particulière digne de prix et non quelque chose d’achevé que l’on poursuit. Il faut travailler à être heureux et pour être heureux. Un homme vertueux n’est pas qu’heureux. Il est surtout digne d’être heureux pour paraphraser Kant (1997) parce qu’il accomplit une œuvre propre. La vertu est le résultat de la rationalité humaine en œuvre dans la société. Elle est fille de la délibération. Elle consiste à agir au moment qu’il faut et de la façon qu’il faut. Être vertueux, c’est se détourner du vice ou agir à un moment où il ne faut pas,

de la façon qu’il ne faut pas. C’est un comportement adéquat et non une obéissance aveugle à une quelconque autorité d’où qu’elle vienne.

Être vertueux, c’est agir de manière opportune, de la façon qu’il faut et au moment où il faut. Le vice résulte donc d’un comportement inapproprié. C’est une attitude inadéquate vis-à-vis des plaisirs et des peines. Être vertueux, c’est savoir choisir le bon moment : ni trop tôt ni trop tard. La vertu réside dans le juste milieu. Ce que Tricot (1990) traduit par médiété : ni lâche ni téméraire, mais courageux. Entre l’excès et le défaut, il faut bien trouver le comportement qui convienne. C’est là l’actualité même de l’héritage aristotélicien de l’éthique. Le comportement n’est pas simple acceptation de la norme comme bonne par principe. Il est surtout acte de délibération éthique où l’agent fait lui-même l’expérience de la vie bonne et du choix comme œuvre propre. Aussi, pour qu’un acte soit dit vertueux, l’agent moral doit (Aristote, 1972, p. 99) :

1) Savoir ce qu’il fait

Un acte non conscient, voire inconscient, ne saurait à bon droit constituer un acte vertueux. C’est la pleine conscience d’un acte humain qui donne à celui-ci son caractère moral. Un enseignant dont la conscience est altérée par un psychotrope manque de vertu. Non pas nécessairement parce qu’il en consomme souvent, mais parce qu’il peut ne plus savoir ce qu’il fait en situation-classe.

2) Choisir librement l’acte en question et le choisir en vue de cet acte lui-même

Nous retrouvons ici le socle même des problématiques kantiennes de la liberté et celle des fins et des moyens. Être vertueux, c’est soi-même décider de ce qui est bon à accomplir ou pas c’est-à-dire sans être nécessairement influencé de l’extérieur. C’est être pleinement responsable de ses actes. C’est poser un acte non pas pour quelque gain possible que ce soit, mais pour « la vertu pour la vertu ». Il revient à un enseignant de décider de faire passer une évaluation dite de rattrapage à un élève absent qui n’a aucune justification officielle d’absence. La vertu consiste à choisir ce qui est bien pour l’élève et non le Règlement Intérieur d’un collège ou d’un lycée.

3) Accomplir l’acte en question dans une disposition d’esprit ferme et inébranlable

Un acte vertueux ne devrait pas être le reflet d’un sentiment passager. Il n’est pas une affaire d’humeur. Celui-ci engage le sujet qui fait l’action, exprime son intention réelle. Ce n’est pas un mixte de plusieurs volontés. C’est un acte du sujet. Un enseignant n’accepte pas un retardataire en classe parce qu’il est disposé à le faire. Il l’accepte parce qu’il sait ce qui est bon pour ce dernier.

Ainsi qu’on peut le noter, c’est l’agent moral qui est la priorité de l’éthique des vertus. C’est le sens même de la notion de vertu telle que préconisée par Aristote : une activité propre du sujet plutôt qu’une œuvre imposée du dehors. C’est ce qu’il faut certainement comprendre lorsqu’il écrit : « Le bonheur est une activité ; et l’activité est évidemment un devenir et non une chose qui existe une fois pour toutes comme quelque chose qu’on a en possession » (Aristote, 1972, p. 463). Le bonheur n’est pas quelque chose qui est déjà là et qu’il suffit de posséder. Il faut travailler à être heureux et pour être heureux. C’est l’exigence d’être vertueux. L’homme n’est pas heureux par un décret quelconque. C’est le fruit d’une activité propre du sujet. La vertu consiste à passer sa vie avec soi- même et à sympathiser par-dessus tout avec ses propres joies et ses propres peines. Il s’agit de se mettre soi-même en activité. C’est en s’exerçant soi-même à la justice, en posant habituellement des actes justes que l’on parvient à la justice. Il n’existe pas une justice prédéfinie. C’est en menant des actions justes que l’on devient juste (Aristote, 1972, p. 98). La justice est le juste en situation et non l’application d’un principe de justice. On ne naît pas juste. On n’apprend pas non plus la justice. On devient juste par la pratique du juste.

Ce n’est pas le principe de justice qui nous rend juste. C’est comment nous nous en servons pour