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L’épiscopat et le spectre de la « Terreur »

GENÈSE D’UN RÉSEAU

ANNÉE 1836 1840 1841 1842 MOIS ET

B. L’épiscopat et le spectre de la « Terreur »

Le bref du pape

Tenu au courant de cette lettre du 15 mars par Mgr Fornari, le pape vient sanctionner la politique de son nonce apostolique à Paris par la publication le 18 mars d’un bref qui s’oppose très nettement « à ces écrivains qui, voulant défendre la liberté de l'Église sous le régime nouveau de la France, auraient désiré discuter dans les feuilles publiques de très-graves questions qui appartiennent uniquement à Notre suprême autorité et au jugement de ce Siège apostolique »337. Pie IX, qui ne cache pas la « médiocre consolation » que lui a apporté le bon traitement réservé aux catholiques durant les « événements de la dernière Révolution », affirme sa suprématie et sa seule légitimité à décider pour les affaires de l’Église de France. Que ce soit la discipline canonique dans les églises de France ou l’organisation des choses ecclésiastiques du pays, le pape rappelle que rien ne peut être changé sans son accord, « car nul autre que lui n’a une autorité universelle sur toutes les églises épiscopales et métropolitaines de cette nation française ». Sur la question des revenus destinés au culte catholique, Pie IX souligne qu’il serait dangereux de vouloir priver la religion de telles ressources qui lui sont « indispensables pour exister et se nourrir ». C’est d’ailleurs le manque de ressources suffisantes, renchérit le pape, qui explique que le clergé des États-Unis d’Amérique ne soit pas très nombreux proportionnellement à la population. Le bref du pape n’apporte pas pour autant de directions précises à suivre. La politique à suivre face aux républicains reste encore à définir comme le suggère la conclusion du bref : « Nous ne manquerons point, selon le temps et l’état des choses, de prendre toutes les mesures que nous reconnaîtrons devant Dieu devoir être les plus utiles à la sûreté de l'Église et au salut spirituel de cette nation ». De mars à avril 1848, le bref du pape, envoyé aux évêques par le nonce apostolique, déclenche une véritable réaction en chaîne des évêques de la France entière qui en très grande majorité manifestent leur soutien au pape contre le clergé parisien338. Le contenu de ces lettres révèle la fragilité du clergé, rempli de craintes et de doutes dès le début de la Seconde République. L’euphorie du clergé bénissant les arbres de la Liberté et s’alliant fraternellement aux insurgés sur les barricades semble apparente, comme le révèlent les archives secrètes vaticanes qui mettent au

337L’Ami de la religion et du Roi, « Bref de Sa Sainteté le pape Pie IX », dimanche 9 avril 1848, n°4521, T.137, pp.

85-89.

338 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n° 72, 74-75. Bref du pape, adressé à l’épiscopat par le nonce apostolique.

jour un réel état de tension et de suspicion dans l'Église de France, chez les évêques en premier lieu dès février 1848. Le dossier 73 des archives de la nonciature de Paris contient 43 réponses d’évêques au bref du pape. Ces réponses nous permettent de bien comprendre la position de l'Église de France au début de la Révolution et de la Seconde République339. Les évêques d’Arras, de Chartres, de Bayeux, de Langres et l’archevêque de Bourges critiquent vivement le gallicanisme de Mgr Affre et ses prétentions à se poser en chef de l’épiscopat dans ce contexte de crise politique où l’avenir de l'Église de France semble incertain. L’évêque de Beauvais propose de rendre public le bref du pape « pour que des hommes à tendances généreuses mais irréfléchis et inconsidérés fussent arrêtés dans leurs démarches »340. Dans une lettre confidentielle adressée au nonce, l’évêque d’Arras écrivait quant à lui : « J’ai lieu de me défier du chef du diocèse de Paris. Toujours en opposition avec l’ancien gouvernement, il tient une conduite différente. Qu’on y prenne garde. Nous n’avons aucun besoin d’un chef de l'Église gallicane »341. Dans une autre lettre non datée, il remerciait le nonce pour lui avoir envoyé le bref du pape : « C’est une pièce bien précieuse pour moi qui ai eu à combattre des ignorants du Concordat de 1801, amis des idées d’indépendance »342.

L’évêque de Chartres démontre le même antigallicanisme : « Il est bien évident, écrit-il, que nous devons attendre, pour toute chose, la direction suprême du chef de l'Église ». Surtout quand il s’agit de changer la forme d’élection des évêques : « il serait même criminel de le dépouiller des droits qu’il a acquis par le Concordat de Léon X ». Mgr Clausel de Montals n’hésite pas à dire son mécontentement quant à la position que cherche à prendre l’archevêque de Paris au sein de l'Église de France : « je regarde comme très désirable qu’il ne se donne pas, avec deux ou trois de ses suffragants, comme l’organe de tout l’épiscopat français. Nous ne sommes plus au temps où un seul homme, tel qu’un St Augustin, un St Bernard, ou d’autres docteurs aussi grands

339 Il s’agit des représentants des archevêchés suivant : Bourges, Cambrai, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Avignon. Les évêques des diocèses suivants sont également représentés : Blois, Evreux, Arras, Paris, Tours, Chartres, Beauvais, Carcassonne, Aix, Saint-Brieuc, Le Mans, Vannes, Meaux, Bayeux, Fréjus, Langres, St-Flour, Montauban, Pamiers, Le Puy, Mende, Perpignan, Limoges, Angers, Saint-Claude, Metz, Saint-Dié, Orléans, Strasbourg, Ajaccio, Tarbes, Cahors, Soissons, Nantes, Nîmes, Belley, Alger.

340 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°83. Mgr l’évêque de Beauvais au nonce apostolique, 9 avril 1848.

341 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n° 58. Mgr l’évêque d’Arras au nonce apostolique, 8 avril 1848.

342 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n° 55. Mgr l’évêque d’Arras au nonce apostolique, sans date.

par leur sainteté que par leurs génies pouvaient, dans quelque occasion, se produire comme les représentants avoués de toute une Église »343.

L’évêque de Langres, Mgr Parisis, n’est pas moins incisif dans sa lettre du 11 avril 1848, estimant qu’il est temps de rappeler « qu’il n’y a pas d’Église gallicane, mais des Églises de France, (gallicanis Ecclesiis), que ces Églises n’ont ni primat, ni patriarche particulier, qu’elles n’ont de chef commun que le Chef même de l'Église universelle ». Pour Mgr Parisis, la suprématie spirituelle de Paris serait le plus grand danger pour l'Église en France, sous république unitaire ou sous monarchie constitutionnelle. Or le clergé de la capitale tend à cette suprématie funeste, convaincu qu’il est le premier de France. Il lui semble donc nécessaire de combattre cette tendance en toute occasion, comme le pape l’a fait dans ce bref en donnant à l'archevêque de Paris un éclatant démenti. Ainsi si un concile national devait avoir lieu, ce serait sous présidence du nonce du pape et non sous celle de l'archevêque de Paris344. La réponse de Mgr Parisis montre à quel point la Révolution a exacerbé la rivalité entre les diocèses, aucun évêque n’ayant une autorité suffisamment large pour rallier l’ensemble de l’épiscopat.

L’historien Jacques-Olivier Boudon dans son étude sur L’Épiscopat français à l’époque

concordatairea montré l’implication des évêques dans les affaires publiques sous les trois régimes du XIXesiècle. L’épiscopat forme en effet une des principales élites de la société du XIXe siècle. Sous l’Ancien Régime, ils font partie des hautes personnalités du régime. Après le 18 Brumaire, des privilèges comparables à ceux des hauts fonctionnaires leur sont accordés avec la constitution de la noblesse d’Empire, les évêques reçoivent le titre de chevalier et les archevêques celui de baron. Lors de la Restauration, les principaux dignitaires de l'Église sont nommés pairs de France. Sous le Second Empire, les cardinaux entrent de droit au Sénat, rejoints par tel ou tel évêque nommé par le pouvoir. Les évêques participent en outre à l’Académie française tout au long du siècle. Sous la Seconde République, l’épiscopat connaît de grands changements. Un premier changement s’opère au niveau numérique. Au nombre de 68 sous le Ier Empire, ils sont 99 sous la Restauration, 78 sous la monarchie de Juillet et 19 sous la IIe République, contre 75 sous le Second Empire et 176 sous la IIIe République. On constate également une croissante d’évêques ultramontains et proches du « parti catholique »345.

343 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n° 81. Mgr l’évêque de Chartres au nonce apostolique, 9 avril 1848.

344 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n° 103-104. Mgr l’évêque de Langres au nonce apostolique, 11 avril 1848.

345 Jacques-Olivier Boudon, L’Épiscopat français à l’époque concordataire (1802-1905), Origines, formation,

Dans ce contexte troublé, l’autorité morale du pape apparaît comme un point de repère pour certains évêques qui lui reconnaissent les pleins pouvoirs sur l'Église de France. Le pontife romain est ici présenté sous une figure paternelle et bienveillante. Le 10 avril, l’évêque de Saint-Brieuc s’explique lui aussi sur la lettre apostolique du pape « relative à la situation de l'Église en France dans les graves circonstances où nous nous trouvons maintenant ». Il remercie le pape d’avoir « les yeux ouverts sur ses enfants de France, pasteurs et fidèles », « de tracer des règles de conduite si admirables par rapport à de hautes questions sur lesquelles des esprits ardents voulaient amener la discussion »346. L’évêque de Bayeux manifeste une plus vive émotion : « Et comment ne serions-nous pas profondément touchés, s’exclame-t-il, en voyant le Pontife souverain de toute l'Église s’oublier en quelque sorte lui-même, pour ne s’occuper que nos intérêts, nous témoigner la plus tendre bienveillance, nous entourer de toute sa sollicitude ». Et après avoir cité un passage du bref dans lequel le pape affirme ses droits exclusifs, l’évêque de Bayeux termine en ces termes : « J’ai l’intime confiance, Monseigneur, que tout l'épiscopat français sera sur ce point capital dans un parfait accord »347. L’épisode des vœux du clergé et la Révolution de 1848 en général vient ainsi renforcer l’ultramontanisme au sein de l’épiscopat français.

Un ultramontanisme renforcé

Cet ultramontanisme est particulièrement renforcé dans les lettres qui parviennent alors au nonce. L’évêque de Mende n’hésite pas à parler du « bonheur d’une aveugle soumission » au Bref348, tout comme l’évêque de Nîmes qui l’accueille « avec un pieux enthousiasme et une obéissance aveugle »349. L’évêque de Nantes reçoit « avec reconnaissance et vénération le bref du pape »350. Si l’archevêque de Bourges, Mgr du Pont, manifeste la même soumission envers le bref du pape, il désire néanmoins avoir plus de précisions car beaucoup de questions restent en suspens. « Que Rome parle, ses seuls désirs seront autant d’ordres. [...] Avec une boussole si sûre, je

346 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°89. Mgr l’évêque de Saint-Brieuc au nonce apostolique, 10 avril 1848.

347 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°99. Mgr l’évêque de Bayeux au nonce apostolique, 10 avril 1848.

348 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°114. Mgr l’évêque de Mende au nonce apostolique, 14 avril 1848.

349 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°168-169. Mgr l’évêque de Nîmes au nonce apostolique, 11 mai 1848.

350 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°160. Mgr l’évêque de Nantes au nonce apostolique, 2 mai 1848.

voguerai avec sécurité sur cet océan, malgré l’irritation des flots et le bruit de la tempête ». D’ailleurs Mgr du Pont envoie également une copie de sa lettre à l’archevêque de Paris, dans laquelle il affirme nettement son désir de voir l’épiscopat consulter préalablement le Saint-Siège. L’épiscopat ne pourra agir qu’en fonction de la réponse de celui-ci. C’est alors qu’un exposé court et substantiel pourrait être adressé à chaque évêque qui le transmettrait, écrit et signé de sa main, à l’Assemblée nationale. L’archevêque de Bourges propose aussi un autre scénario : chaque évêque pourrait formuler son mémoire comme il l’entendrait en le concluant par la reproduction du texte des articles arrêtés de concert, sans modification quelconque351. Le 8 avril, Mgr du Pont, écrivait à nouveau au nonce pour exprimer la soumission de l’épiscopat aux décisions suprêmes du pape, soulignant que « dans toutes les démarches de l'épiscopat, démarches qui doivent toujours être entièrement subordonnées à la ligne tracée par le Souverain Pontife, il y ait unité parfaite. Car c’est cette unité qui fait la force ». C’est à ce manque d’unité que l’archevêque de Bourges attribue en grande partie le peu de succès de tout ce qui a été fait jusqu’à présent352.

Le pape est présenté comme une potentielle source d’unité, un point de repères, dans ce contexte de bouleversements institutionnels. C’est ce que semble indiquer l’archevêque de Tours quand il exprime sa joie et sa reconnaissance face à la lettre apostolique du pape : “Je crois pouvoir dire que tous les évêques désiraient qu’il vint d’en haut une parole puissante et toujours révérée qui prévint toute témérités de pensées, de désirs, de projets ; toute entreprise dangereuse ou prématurée … pour moi, je vois dans cet acte de Sa Sainteté un précieux gage de sécurité et de douce confiance que je reçois avec bonheur, auquel je m’attache du fond de l’âme »353. Les mêmes sentiments se retrouvent chez l’évêque de Carcassonne qui manifeste sa « vive reconnaissance » pour « la pieuse sollicitude dont Sa Sainteté est animée pour les intérêts de la religion et de l'Église en France ». Une sollicitude qui est le plus solide fondement de sa confiance et de son espérance « au milieu des circonstances si graves et si difficiles qui nous environnent »354. Le cardinal Pierre Giraud, archevêque de Cambrai, est admiratif devant la « charité paternelle du Chef de l'Église, qui au milieu des graves sollicitudes dont il est plus que jamais assiégé, daigne étendre sa vigilance sur nos églises pour leur procurer la paix, les maintenir dans l’ordre, les préserver des périls où

351 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n° 68-69. Mgr l’archevêque de Bourges au nonce apostolique, 5 avril 1848.

352 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n° 79. Mgr l’archevêque de Bourges au nonce apostolique, 8 avril 1848.

353 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n°77. Mgr l’évêque de Tours au nonce apostolique, 8 avril 1848.

354 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n°85. Mgr l’évêque de Carcassonne au nonce apostolique, 9 avril 1848.

pourrait les précipiter un zèle irréfléchi et trop ardent »355. Il félicite également le nonce qui en prévenant aussitôt le pape a réussi à tempérer l’impétuosité de certains ecclésiastiques et à obtenir du Saint-Siège une règle de conduite pour tout le clergé. Pour l’évêque de Montauban, il est par ailleurs « presque impossible de former un vrai concert, un concert unanime et réfléchi, par voie de correspondance épistolaire », mieux vaut dès lors s’en tenir aux décisions de Rome356. L’évêque de Cahors propose au nonce et au pape la tenue d’un Concile national sous l’autorité de ce dernier357.

La popularité de Pie IX depuis son élection sur le trône papal en juin 1846 semble constituer pour l'Église de France un gage de sûreté et d’autorité comme rappelle l’archevêque d’Aix : « Je bénis Sa Sainteté du bien qu’elle nous a fait en prévenant par la manifestation de ses hautes pensées les divergences d’opinion et peut-être les imprudences dont nous étions menacés ». Il poursuit : « nous devons laisser notre bien-aimé Souverain Pontife prendre l’initiative de toutes les mesures, de toutes les dispositions que le nouvel ordre de choses pourra rendre utiles ou nécessaires. [...] Les vœux d’un Pontife que toutes les bouches célèbrent, que tous les cœurs bénissent et dont la glorieuse popularité est en ce moment une de nos sûres espérances, seront mieux accueillis que ceux que nous aurions émis ». Les propositions du Projet auraient certainement suscité l’opposition du clergé du second ordre358. L’évêque de Langres exprime la même confiance dans « l’Autorité apostolique jointe à la popularité prodigieuse dont jouit le Nom vénéré du St Père »359.

Selon les évêques français, le pape dispose, en tant que chef des catholiques, d’un droit de regard légitime sur les affaires françaises. Selon l’évêque du Mans, « dans les circonstances extraordinaires et si difficiles où nous sommes, rien de plus précieux pour nous que de recevoir une direction du chef suprême de l'Église. [...] Combien nous devons bénir la Providence de nous avoir donné pour chef, dans des temps comme ceux où nous vivons, un Pontife d’une si éminente sagesse »360. L’évêque de Vannes développe la même idée d’une nécessaire soumission du clergé

355 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n°97. Mgr l’archevêque de Tours au nonce apostolique, 10 avril 1848.

356 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n°108. Mgr l’évêque de Montauban au nonce apostolique, 12 avril 1848.

357 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 “Cardinali Archivescovi e Vescovi”, 1848, n°154. Mgr l’évêque de Cahors au nonce apostolique, 29 avril 1848.

358 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°87. Mgr l’archevêque d’Aix au nonce apostolique, 10 avril 1848.

359 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°103-104. Mgr l’évêque de Langres au nonce apostolique, 11 avril 1848.

360 Archives secrètes vaticanes, archives de la nonciature de Paris, Dossier 73, sous-dossier 1 « Cardinali Archivescovi e Vescovi », 1848, n°91. Mgr l’évêque du Mans au nonce apostolique,10 avril 1848.

à Rome : « Même avant de connaître ses intentions, j’étais fermement résolu à remplir très rigoureusement mon devoir de prendre ses ordres avant que d’agir […] relativement à des questions auxquelles se rattache le bien-être, pour ne rien dire de plus, de l'Église en France »361. L’évêque de Perpignan, reconnaît lui aussi les droits du pape dans les graves questions qui préoccupent aujourd’hui le clergé de France362. Des droits qui reviennent légitimement à « celui qui a mission pour veiller sur l'Église universelle »363, rappellent l’évêque d’Angers ou encore l’évêque de Metz364. Si les évêques insistent si lourdement sur l’autorité du pape sur les affaires politiques et religieuses françaises, c’est bien parce qu’elle n’est pas évidente pour tous, comme le suggère la lettre de l’évêque de Saint-Claude qui espère que la « voix du chef suprême ne sera point méconnue » et que son autorité suffira à sauvegarder les privilèges du clergé dont l’indemnité qui lui est reversée par le gouvernement365. L’archevêque de Rouen appelle lui aussi à une « grande déférence et docilité » de l’épiscopat vis-à-vis du pape366. L’évêque de Belley se montre plus modéré quant à une adhésion inconditionnelle aux intentions du pape. Il est même d’accord avec le clergé de Paris sur le fait de se prononcer sur la question du budget qui se présente pour lui comme une nécessité pour le maintien de la Religion en France367.

Pour protéger ses privilèges et par crainte d’une évolution préjudiciable de ses relations