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Liste des sigles

C. E Communication Environnementale

1.1 Développement durable

1.1.4 L’émergence du développement durable: les sphères

Le développement durable remet en question l’inadéquation des modèles de production. Le principe de base du développement durable est schématisé par l’intégration de trois sphères (ARPP, 2009). Chacune d’entre elles est un pilier déterminant; cette illustration s’intitule le « tripple bottom line » (Elkington, 2004). Ce schéma met en corrélation les « trois P » : « planet » qui fait référence à la sphère environnementale, « people » qui considère la sphère sociale et « profit » qui estime la sphère économique. La notion du développement durable s’inscrit à la jonction des « trois P » (voir annexe B, C et D ). C’est sous cet angle que s’articule le souhait de conciliation.

SOCIÉTÉ ENVIRONNE- MENT ÉCONOMIE VIABLE VIABLE ÉQUITABLE DÉVELOPPEMENT DURABLE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE ENVIRONNEMENT OBJECTIF MOYEN CONDITION

Chacun des piliers joue un rôle précis : (Gouvernement du Québec, 2015) : Sphère sociale (objectif) :

« assurer l’équité sociale pour permettre le plein d’épanouissement de toutes les femmes et de tous les hommes, l’essor des communautés et le respect de la diversité ».

Sphère environnementale (condition) :

« maintenir l’intégrité de l’environnement, assurer la santé et la sécurité des communautés humaines et préserver les écosystèmes qui entretiennent la vie ». Sphère économique (moyen) :

« viser l’efficience économique pour créer une économie innovante et prospère, écologiquement et socialement responsable ».

1.1.4.1 Naissance de la sphère de la gouvernance

Une quatrième sphère fait surface, celle de la gouvernance; elle estime le besoin de réadaptation des rôles ‘d’acteurs sociaux’ et des gouvernements (Meadowcroft, 1999 cité dans Gouvernement Canada, 2013). Elle convoite une implication élargie des « trois P » lors des prises de décision de ces parties prenantes. Bénéficiant d’une latitude permissive, ces derniers sont en mesure de modifier les conventions. Les principes de gouvernance constituent « la capacité de coordonner des activités interdépendantes et d’enclencher le changement sans l’autorité légale de l’exiger » (Le Prestre et al, 2000 cité dans Lapaige, 2008:126). Une saine gouvernance peut même s’appliquer au coeur des pratiques des entreprises, par rapport aux actes et aux prises de décision à l’interne; faisant ainsi directement référence à la responsabilité sociale des entreprises.

1.1.4.2 L’importance de chacune des sphères

« Le succès rhétorique du développement durable tient à ses ambiguïtés et à sa prétention de tout concilier » (Dionne, 2009:8). Il considère à parts égales l’importance des piliers, lesquels sont indissociables et considérés de manière inhérente. En aucun cas, l’un ne doit être priorisé au détriment de l’autre (Desgroseiliers et Samak, 2014). Nonobstant ce qui précède, l’aspect social a souvent été négligé. Selon Brunel (2005 cité dans Boutaud, 2011:46), le développement durable « est une machine à exclure les pauvres […] Tout se passe comme si le devenir de la planète avait occulté celui de l’humanité ». La situation actuelle exclut les aspects sociaux, « [ils] ne sont abordés que du

bout des lèvres, ou dans un désordre inextricable » (Sébastien et Brodhag, 2004 cité dans Boutaud, 2011:46). Le texte fondateur de Brundtland avance certaines « divergences idéologiques » (Boutaud, 2011). Souhaitant rehausser la sphère délaissée, le « principe de solidarité intergénérationnelle » accorde une importance centrale aux besoins sociaux pour tenter de contrer les inégalités collectives et de remettre les aspects humanistes à l’avant-plan. La dimension sociale est privilégiée, en dépit des autres sphères; ce qui laisse place à deux écoles de pensée débattant de la question de la « durabilité ». La «  durabilité forte  » soutient radicalement la ‘sphère économique’ au détriment de la ‘sphère écologique’ pour rehausser la ‘sphère sociale’. L’espoir du bien-être des générations futures sera grandement soutenu par les avancées technologiques qui prétendent élucider les problèmes environnementaux ultérieurs. Le Boucher (s.d. cité dans Boutaud, 2011:49) souligne qu’il est acceptable de mettre à l’épreuve la capacité de la nature à contrer le chômage pour qu’ainsi perdure un « équilibre social ». L’avènement de la technologie a la possibilité de nourrir le rythme de productivité, préservant ainsi la création d’emploi. La sphère environnementale joue un rôle négligeable, dû au fait que le « capital naturel » (biosphère) est exploité dans l’intention de générer des « capitaux artificiels » (financier, technique, humain, etc.) (p.48). Favorisant l’efficience, l’approche «  productiviste et orthodoxe » encourage ‘l’agrandissement du gâteau’, métaphore qui vise à « améliorer la productivité des services rendus par la nature » (p.49). Pour contrer la pauvreté, certains économistes classiques, tel Smith (s.d. cité dans Boutaud, 2011:49), partagent le modèle du « ruissellement ». Cette notion avance que les personnes démunies finissent par bénéficier de l’activité économique des plus nantis. Par opposition, la «  durabilité faible  » priorise quant à elle la ‘sphère environnementale’, sans tenir compte de la ‘sphère économique’, pour faire valoir la ‘sphère sociale’. Selon cette théorie, l’environnement n’est pas exploitable sans limites; l’écosystème ne doit en aucun cas générer des « actifs artificiels » à ses dépens. « Les capacités limitées de l’environnement doivent guider l’action humaine » (Boutaud, 2011:49). C’est le rôle de la société actuelle de léguer aux générations futures un écosystème minimalement plus sain. L’approche « antiproductiviste et hétérodoxe » soutient ‘le partage du gâteau’, métaphore qui remet en question la taille du gâteau qui n’est pas en mesure de croître indéfiniment; il est donc nécessaire de s’assurer une répartition équitable. Les militants d’une telle approche témoignent que la dégradation des écosystèmes est le fruit de la cupidité humaine, le moyen le plus efficace pour contrer les dégâts est d’encourager la responsabilisation des différentes classes sociales. Cela sous-tend que, selon Kempf 2007 (cité dans Boutaud, 2011:50), les perspectives d’avenir sont dans « [l’]agencement des relations sociales ». Concernant la technologie, Morin (s.d. cité dans Vallejo-Gomez, 2008) semble indiquer que la science oscille en considérant pas les enjeux moraux. Reconnus pour leur rythme de vie effréné, les riches doivent modérer leur consommation.