• Aucun résultat trouvé

1 : L’écriture du déchaînement populaire

Chapitre VII : La poétique d’une violence révolutionnaire

VII- 1 : L’écriture du déchaînement populaire

Dans le Livre V, au septième chapitre du premier tome, Chateaubriand raconte l’insurrection de 1789, la bataille entre le peuple et la noblesse des États généraux de Bretagne en 1789 : « Les 25, 26, 27 et 28 furent des jours malheureux »275 Chateaubriand parle des affrontements sanglants entre l’école de droit de Rennes soutenue par les jeunes gens de Nantes et les gentilshommes. Dans son langage ironique et humoristique qui prête à la satire, Chateaubriand parle d’un assez beau spectacle et leur passage sur le ventre des assiégeants. Ces violences firent de nombreuses victimes. C’est pourquoi, Chateaubriand parle à son lecteur : « Lecteur je t’arrête : regarde couler les premières gouttes du sang que la révolution devait répandre »276

Toujours en 1789, Chateaubriand part de Bretagne à Paris et rencontre le mouvement sur la route : insurrection générale, prise de la Bastille. Le mémorialiste évoque la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et des violents affrontements entre le peuple et les gardes-françaises. Ces affrontements avaient fait plusieurs victimes. Pour manifester son désaccord par rapport à une catégorie des hommes qui tiraient leur plaisir dans un climat de forte violence, Chateaubriand emploie des propos satiriques à l’encontre de ces hommes : « C’est ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. »277 Dans son discours satirique, Chateaubriand ne se défend pas de faire usage des différentes formes de la satire, notamment l’humour et l’ironie. Découvrons dans le passage suivant, un langage humoristique et ironique qui agrémente son discours : « Les passants se découvraient, avec le respect de la peur, devant ces héros dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clés de la Bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d’importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j’ai manqué ma fortune ! si, moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j’aurais une pension aujourd’hui. »278

La prise de la Bastille était d’une violence sans précédent. Nous pouvons analyser davantage les éléments de l’ironie dans les propos du mémorialiste. En effet, lorsqu’il parle de la mort symbolique de certains héros de la révolution « morts de fatigue au milieu de leur triomphe », Chateaubriand montre le côté dérisoire de la violence révolutionnaire. Il tourne en dérision

275 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, p. 315.

276 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, p. 317

.

277

CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, p. 323.

ceux qui pensent triompher par la terreur destructrice. En les traitant de « niais d’importance», il fait porter à son discours deux charges : le mépris et l’ironie. Il va même plus loin, dans un processus d’auto ironie lorsqu’il semble regretter avoir manqué sa fortune : « J’ai manqué ma fortune ! si, moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs… »

Le peuple voulait s’émanciper de cet acte violent ; il aspirait au changement de tout ordre : changement idéologique, politique etc. Comme le dit Chateaubriand, « Une révolution de l’espèce humaine, dont la prise de la Bastille ouvrait l’ère, comme un sanglant jubilé. La colère brutale faisait des ruines, et sous cette colère était cachée l’intelligence qui jetait parmi ces ruines les fondements du nouvel édifice. »279 Le déchaînement du peuple est un acte qui traduit son mécontentement. Chateaubriand compte les mouvements sociaux, mouvements par lesquels le peuple investit la rue pour dire non aux lois injustes et aux décisions qui font violence aux libertés publiques. La révolution se présente pour ce peuple, comme la voie de recours pour exprimer son désaccord. Les détails que nous donne Chateaubriand sur la journée du 26 juillet témoignent de cette tempête populaire qui s’abattait sur les prévenus coupables de l’aliénation des principes et libertés du peuple. Une des victimes de la colère du peuple qu’évoque Chateaubriand fut M. de Polignac. Cette évocation ne nous semble pas fortuite puisque Chateaubriand a dénoncé son impopularité et sa politique liberticide dans la deuxième partie de notre travail. Ainsi dit-il, « Dans la soirée, il se forma des rassemblements au Palais-Royal ; on jeta des pierres à la voiture de M. de Polignac. »280 L’action du peuple, comme nous le constatons, était ciblée contre ses ennemis c’est-à-dire, ceux qui privilégiaient leurs intérêts politiques au détriment de ceux du peuple. Le jet des pierres sur la voiture de M. de Polignac comme nous le rapporte Chateaubriand, est un acte critique qui dénonce les abus du pouvoir. A titre de rappel, ce déchaînement est consubstantiel aux ordonnances qui constituent pour le peuple, un acte offensant contre sa liberté. Chateaubriand, bien que homme politique et fidèle au Roi, auteur des ordonnances, ne pouvait pas s’empêcher de prendre le parti de la liberté en tant que fervent défenseur de celle-ci. D’ailleurs, en racontant la réaction agressive du peuple, il entend aussi critiquer ceux qui s’opposent à la liberté du peuple. Défendre la liberté de la presse est pour lui aussi une façon de défendre le peuple qui est protégé par la presse. Ce même peuple qui fourmille dans les rues pour manifester son mécontentement n’exprime autre chose qu’une violente satire contre un système politique liberticide. Ce qui donne lieu aux affrontements orageux tels que le décrit Chateaubriand en ces termes : « La gendarmerie de Paris, appuyée de quelques détachements de la Garde,

279

CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, p. 324.

essaya de rétablir la circulation dans la rue Richelieu et Saint-Honoré. Un de ces détachements fut assailli dans la rue du Duc-de-Bordeaux d’une grêle de pierres. »281 La grêle dans son sens figuré signifiant la chute abondante et violente, Chateaubriand par cette image a voulu certainement montrer la gravité de la réaction populaire. Le jet des pierres est ici le langage de la violence, mais une violence populaire qui signale la contestation et le mécontentement des plus nombreux. A défaut de vaincre par la force de l’argument puisqu’il se verrait incompris, le peuple comme le témoigne sa violente réaction, s’est résolu de vaincre par l’argument de la force. Cette émeute constitue dans une large mesure une satire qui s’énonce sous la plume de Chateaubriand. En décrivant le déchaînement populaire, Chateaubriand véhicule implicitement son parti pris pour le peuple, le peuple à qui il doit les ovations, le peuple qu’il a souvent défendu contre ceux qui heurtent son droit le plus absolu c’est-à-dire la liberté. La liberté se montre chère aux yeux du peuple au point d’en faire tout un slogan au cours de sa tempête civile : « Les groupes s’étaient reformés le 28 plus nombreux ; au cri de ’’Vive la Charte !’’ qui se faisait encore entendre, se mêlait déjà le cri de ’’Vive la liberté ! à bas les Bourbons !’’ On criait aussi : Vive l’empereur ! vive le prince noir ! mystérieux prince des ténèbres qui apparaît dans toutes les révolutions. Les souvenirs et les passions étaient descendus ; on abattait et l’on brûlait les armes de France ; on les attachait à la corde des lanternes cassées ; on arrachait les plaques fleurdelisées des conducteurs de diligences… »282

Cette descente orageuse du peuple au cri de ’’ Vive la liberté’’ etc., nous emmène à déceler le paradigme commun entre Chateaubriand et le peuple. Ce paradigme n’est rien d’autre que la défense de la liberté. C’est pourquoi, nous soupçonnons derrière l’écriture et la description des émeutes, la voix satirique de Chateaubriand, homme de lettres et acteur politique qui s’est toujours montré comme fervent défenseur des libertés populaires. Sa fidélité au Roi n’était certainement pas exclusive à son éthique de conviction dont la règle de base était la défense de la liberté. Les troubles que Chateaubriand décrit, en nous noyant dans plus de détails possibles, témoignent donc de la colère du peuple qui se voit obligé de recourir à la violence pour se faire entendre. Ce qui n’est malheureusement pas sans conséquence à la vue des dégâts énumérés ci-dessous. La description du déchaînement populaire semble être le véhicule d’un message qui serait propre à Chateaubriand. Un message qui rendrait raisonnable la tempête civile orchestrée par le peuple au nom de la liberté. Autre façon, semble-t-il de contester les méfaits d’une société politique en décrivant la descente orageuse d’un peuple, décidé à faire valoir ses droits. Pour montrer la gravité d’une

281

CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2218.

action populaire difficilement maîtrisable, parlant de la journée militaire du 28 juillet, Chateaubriand signale que « M. le duc de Raguse, homme d’esprit et de mérite, brave soldat, savant, mais malheureux général, prouva pour la millième fois qu’un génie militaire est insuffisant aux troubles civils. »283 Chateaubriand nous présente ici la suprématie de l’action populaire aux dépens de toute entreprise politique ou militaire visant à réduire le peuple dans la prison de la passivité. Affirmant l’insuffisance d’un génie militaire aux troubles civils, Chateaubriand prend implicitement le parti du peuple en colère et en lutte contre un pouvoir liberticide.

La littérature trouve souvent dans les réalités sociales un champ d’investigation pour construire son univers littéraire à travers des œuvres mémorables. C’est fort bien pour cette raison qu’elle est pour emprunter les termes de Bonald, « l’expression de la société. » Chateaubriand fait de cette littérature, «l’outre-tombe » où l’on peut prendre connaissance de la voix menaçante d’un peuple qui proteste avec véhémence contre ce qui est inique. Assumant cette responsabilité de mettre à nu les troubles civils dans ses Mémoires, l’auteur semble contester par son écriture le mode de gestion politique que lui impose le pouvoir. Les termes qu’il emploie pour décrire le peuple et les violentes actions du peuple trahissent, semble-t-il son opinion contre la souffrance du peuple meurtri par un affrontement troublant. C’est une tout autre manière de produire la satire par l’étalage des faits historiques qui ont douloureusement marqué son époque. On en vient aux illustrations tirées des Mémoires pour montrer la furie du peuple résolu à faire entendre sa contestation par la violence : « A mesure qu’on avançait, les postes de communication laissés sur la route, trop faibles et trop éloignés les uns des autres, étaient coupés par le peuple et séparés les uns des autres par des abattis d’arbres et des barricades… On se battit au passage de la Seine sur le pont Notre-Dame. Le peuple, tambour en tête, aborda bravement la garde. L’officier qui commandait l’artillerie royale fit observer à la masse populaire qu’elle s’exposait inutilement, et que n’ayant pas de canons elle serait foudroyée sans aucune chance de succès. La plèbe s’obstina ; l’artillerie fit feu. »284 Chateaubriand emploie le mot vieilli et péjoratif « plèbe » du latin plebs, plebis qui désigne le bas peuple. Loin de jeter un regard méprisant pour le peuple, il veut certainement montrer à quoi ce peuple est réduit par le pouvoir. Cette masse populaire qui encaisse toute une décharge balistique pour le seul péché d’avoir contesté une loi qui l’enchaîne. L’évocation de la « plèbe », en butte d'une sujétion primaire, révèle le désenchantement d'un auteur qui se veut défenseur des libertés populaires. L'usage donc d'un discours satirique

283

CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2221.

constitue une arme par excellence au service de cette « plèbe » pour laquelle Chateaubriand se bat. Il décrit à dessein ces scènes violentes pour prouver à quel point le pouvoir se départit de son rôle qui consiste à garantir la sécurité du peuple. Il se montre au contraire un monstre pour cette « plèbe » qui assiste fragilement à son extermination par celui qui est censé la protéger. Chateaubriand n’entend pas admettre cette terreur et s’avise à la décrire pour mieux la condamner. La remise en question du pouvoir dans son rôle de protecteur de l’ordre social, remise en question faite par Chateaubriand nous est confirmée par Jean-Paul Clément qui affirme que « Contrairement aux idées reçues, le pouvoir, bien loin d’être le protecteur de l’ordre social, en est l’agresseur. Chateaubriand le montre naturellement voué à renverser, à dépouiller les autorités sociales, les aristocraties naturelles qui sont pourtant ses assistantes mais qui sont en même temps des obstacles sur son passage. »285 C’est bien évidemment cette agression du peuple que nous montre Chateaubriand à travers ses Mémoires. Un écrasement du peuple par le pouvoir qui lutte pour se maintenir au prix d’une action sacrificielle et dont le peuple est la principale et malheureuse victime. Le projet de Chateaubriand qui tient à remettre sur le tapis le drame historique du passé, est une récupération littéraire d’autant plus que la littérature se propose elle aussi, de porter un intérêt particulier sur le cours de l’histoire humaine. Ce projet littéraire enveloppe dans une large mesure, les aspirations de l’auteur. Cela nous emmène à dire que dans les Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand fait glisser ses idées contestataires en mettant en exergue les troubles civils. Les mots qu’il utilise pour décrire le déchaînement du peuple en témoignent : « Dans tous ces quartiers pauvres et populaires on combattit instantanément, sans arrière-pensée : l’étourderie française, moqueuse, insouciante, intrépide, était montée au cerveau de tous… Dans les quartiers riches régnait un autre esprit. Les gardes nationaux, ayant repris les uniformes dont on les avait dépouillés, se rassemblait en grand nombre à la mairie du 1er arrondissement pour maintenir l’ordre. Dans ces combats, la garde souffrait plus que le peuple, parce qu’elle était exposée au feu des ennemis invisibles enfermés dans les maisons. »286 Le parallèle que nous montre Chateaubriand quand il nous parle des « quartiers pauvres et populaires et des quartiers riches », soulève la question de la différence des classes sociales. Au-delà de cette différence, il se plaît à relever la victoire du peuple sur le pouvoir. L’intérêt qu’il porte sur cette précision peut nous emmener à croire à la conscience aiguë qu’il a pour ce même peuple qui l’a souvent ovationné, lui reconnaissant la valeur d’être le défenseur des libertés populaires. L’émeute

285 CLÉMENT (Jean-Paul), « L’Anti-Machiavel », in Chateaubriand Le tremblement du temps, actes du

Colloque de Cerisy, textes rassemblés par Jean-Claude BERCHET, Presses Universitaires du Mirail, 1994, p. 249.

qu’il décrit n’a pas exclusivement une portée historique, c’est aussi la rencontre d’une sensibilité littéraire avec la réalité sociale et cette rencontre débouche sur une création qui se veut les Mémoires d’outre-tombe. Le récit de cette réalité sous l’angle conflictuel peut paraître justifiable si l’on reconnaît le réel sentiment que Chateaubriand a pour le peuple. En d’autres termes, Chateaubriand a en partage avec le peuple, la défense des libertés populaires. La mise en écriture du déchaînement populaire peut paraître comme la légitimation d’un acte contestataire. Cela se justifie, comme nous l’avons dit précédemment, par l’intérêt qu’il porte sur la liberté et le peuple. Dans son ouvrage intitulé Chateaubriand Penseur de la Révolution, Bertrand Aureau pense que « L’ouvrage romanesque comme les textes proprement historiques de Chateaubriand montrent la France révolutionnaire livrée aux passions déchaînées par Satan. »287 Prenant le parti des vertus chrétiennes, le déchaînement des passions est ici imputable aux manipulations sataniques. Cela peut se justifier par l’antique faute ou le péché originel ou l’origine du mal qui est imputable à Satan. Si une loi entraîne la force du mal par l’insurrection, le déchaînement des passions ne peut être attribué par l’auteur du Génie du christianisme, qu’à la force satanique.

Si, à titre d’exemple, l’une des causes de sa démission après la nomination de Polignac était imputable aux mesures impopulaires de son ministère, force nous est de croire qu’il y a chez Chateaubriand, une grande considération pour le peuple. C’est ce qui nous permet de mettre derrière le déchaînement populaire, le discours satirique de Chateaubriand qui d’ailleurs ne condamne nulle part, les raisons de cette tempête civile. Si lui-même a beaucoup œuvré pour la défense des libertés populaires, la mise en écriture des troubles civils dont les principales raisons résident en la défense des mêmes principes, peut être une forme de satire voilée. Ce qui lie Chateaubriand à la république et au peuple c’est cette passion de la liberté qu’il affiche dans ses discours. Ceci semble corroborer la pensée de Camille Desmoulins qui estime que « L’âme des républiques, leur pouls, leur respiration, et, si l’on peut parler ainsi, le souffle auquel on reconnaît que la liberté vit encore, c’est la franchise du discours288

». C’est dans la franchise du discours littéraire et particulièrement satirique que Chateaubriand fait vivre la liberté en la défendant avec beaucoup de témérité. C’est cette même témérité que témoigne le peuple qui verse dans une tempête civile au nom de la liberté. Chateaubriand a qualifié la presse comme « la parole à l’état de foudre » ou comme « l’électricité sociale » et qu’en la comprimant, son « explosion sera violente ». Nous nous rappelons par ailleurs qu’il a été un fervent défenseur de la liberté de presse ; ce qu’il affirme d’ailleurs en ces termes : « J’ai du

287

AUREAU (Bertrand), ibidem, P. 212.

moins aidé à conquérir celle de nos libertés qui les vaut toutes, la liberté de la presse »289. Si la proclamation des ordonnances est l’une des raisons du déchaînement populaire, il va de soi que l’on se rappelle aussi qu’un des éléments de ces ordonnances portait sur la suppression de la liberté de la presse. Nous ne pouvons soustraire la presse des troubles civils décrits par Chateaubriand parce que la presse est acquise à la cause du peuple. Ainsi, reconnaissant sa forte propension pour la défense de la liberté de la presse, nous ne pouvons lire l’écriture du déchaînement populaire sans soupçonner la satire intentionnelle de l’auteur, lequel auteur qui a toujours pris le parti de la liberté et de tous ses défenseurs à l’instar du public de la presse. Le peuple et la presse sont unis au nom de la liberté qui leur est chère. C’est donc pour la sauvegarde de cette liberté que le déchaînement populaire a pris une direction belliqueuse au point d’être plus violent que le bataillon du pouvoir contre lequel il s’opposait. Le récit qu’en fait Chateaubriand nous révèle la force populaire, engagée dans une lutte acharnée : « Les parisiens, voyant cette colonnade déserte, se rapprochèrent des murs et entrèrent, par les fausses portes qui conduisent du jardin de l’Infante dans l’intérieur ; ils gagnèrent les croisées et firent feu sur le bataillon arrêté dans la cour… Le peuple qui, du Louvre avait atteint la galerie du Musée, commença de tirer du milieu des chefs-d’œuvre sur les lanciers alignés au Carrousel.»290 C’est une véritable « électricité sociale » qui se donne à lire sous la plume de Chateaubriand. Cette peinture qui expose le déchaînement populaire trace, il nous semble, le tableau d’un message satirique adressé au pouvoir liberticide qui récolte la tempête du vent qu’il a lui-même semé. Le vent que nous assimilons à des lois dignes d’un casus belli. Le