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1 : Les destructions liées à la bêtise humaine

Chapitre VIII : La déconstruction d’une société

VIII- 1 : Les destructions liées à la bêtise humaine

Tout mouvement violent entraîne toujours avec lui, des pertes tant matérielles qu’humaines. Nous consacrerons dans ce sous-chapitre, des passages tirés des Mémoires où Chateaubriand décrit non sans regret, des événements ruineux qui ont débouché sur les délabrements. En faisant le récit de ces décadences dans les Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand ne fait pas seulement figure de montreur, mais il cherche aussi à critiquer les agissements ayant conduit aux ravages. Cela prouve qu’il n’a pas été seulement défenseur de la liberté, mais aussi du patrimoine public dont la destruction ne pouvait causer que peine et fureur du mémorialiste. La folie meurtrière et destructrice suscitait chez l’auteur des Mémoires, une réaction satirique à l’égard des coupables.

Chateaubriand décrit le début de la Révolution française de 1789, une Révolution qui l’avait trouvé au moment où il était dans les landes de la Bretagne. L’insurrection commençait à faire des dégâts dans les rues de Paris : « On recommande de dépaver les rues, de monter les pavés au cinquième étage, pour les jeter sur les satellites du tyran. »336 Chateaubriand dans sa satire, use d’un langage humoristique, car lorsqu’il parle des satellites du tyran, il fait certainement allusion à l’armée qui s’affrontait contre les insurgés. Il cite sans le dire clairement, et le contraste entre le langage des meneurs révolutionnaires et celui du mémorialiste constitue un acte comique. Chateaubriand dans sa satire d’ordre social n’épargne personne. C’est pourquoi, il fustige le comportement du poète breton en ces termes : « Un poète breton, nouvellement débarqué, m’avait prié de le mener à Versailles. Il y a des gens qui visitent des jardins et des jets d’eau, au milieu du renversement des empires : des barbouilleurs de papier ont surtout cette faculté de s’abstraire dans leur manie pendant les plus grands événements ; leur phrase ou leur strophe tient lieu de tout. » Ce passage est une satire dirigée contre les poètes apathiques qui se soucient fort peu des événements de la société.

Dans le livre V au chapitre 8, Chateaubriand parle du pillage de Saint-Lazare et de tous les désordres organisés par les insurgés. Le mémorialiste n’éprouve devant les destructions qu’un sentiment d’ennui et le dégoût de vivre. Dans sa lettre à M. Villemain, sa consternation est aussi manifeste : « Je vous ai dit que j’avais éprouvé d’abord de l’ennui au début de mon second voyage à Rome et que je finis par reprendre aux ruines et au soleil…Voilà toute ma vie, à un tombeau près que je n’ai pas encore eu le courage de visiter. On s’occupe beaucoup de monuments croulants ; on les appuie ; on les dégage de leurs plantes et de leurs fleurs ; les

femmes que j’avais laissées jeunes sont devenues vieilles, et les ruines se sont rajeunies. »337

Tout porte à croire que Chateaubriand ne supporte pas l’idée des destructions. Il manifeste d’ailleurs un sentiment nationaliste quand il décrit la journée militaire du 28 juillet. C’est une espèce de torrent révolutionnaire qu’il décrit en noyant ses lecteurs dans les moindres détails. Cela semble vétilleux, mais révèle chez l’auteur, un mécontentement et surtout une grande envie de condamner les actes barbares et ruineux : « Les souvenirs et les passions étaient descendus ; on abattait et l’on brûlait les armes de France ; on les attachait à la corde des lanternes cassées ; on arrachait les plaques fleurdelisées des conducteurs de diligences et des facteurs de la poste ; les notaires retiraient leurs panonceaux, les huissiers leurs rouelles, les voituriers leurs estampilles, les fournisseurs de la cour leurs écussons. »338 Nous pouvons déceler le sentiment nationaliste et la déconvenue de l’auteur dans l’expression « L’on brûlait les armes de France. » Cette phrase véhicule un amour patriotique et la douleur de voir le spectacle de la décadence. La destruction par la bêtise humaine se présente ici comme un champ poétique où le mémorialiste conçoit un discours descriptif empreint de satire, pour déplorer la voie du catastrophisme dont l’homme est le principal acteur. Les délabrements inhérents à sa violence révèlent sa nature quelquefois peu commode à la beauté de son environnement. C’est ce que nous nous permettrons d’appeler « l’esthéticide » c’est-à-dire le crime ou le meurtre de l’esthétique. Les tempêtes civiles orchestrées par les mouvements révolutionnaires ont contribué à cet « esthéticide », à la ruine du patrimoine défendu par Chateaubriand. Ces événements ruineux sont rapportés dans les Mémoires, dans l’optique de les condamner avec beaucoup de fermeté. « Dans la nuit du 28 au 29, le peuple dépava les rues de vingt pas en vingt pas… Un drapeau tricolore fut planté sur le pavillon de l’horloge, comme au temps de Bonaparte, apparemment en mémoire de la liberté. Des meubles furent déchirés, des tableaux hachés de coups de sabres…»339

Cette folie destructrice ne pouvait plaire à l’auteur des Mémoires d’outre-tombe. La description de ces actes dévastateurs véhicule semble-t-il, l’intention de les stigmatiser. Si Chateaubriand a prôné la liberté chère au christianisme, cette liberté ne s’arrogeait pas le droit de détruire les biens publics. Il serait donc paradoxal pour lui, de louer à tour de bras toutes initiatives vouées aux massacres. C’est ce qui traduit l’ambiguïté des Mémoires d’outre-tombe, texte où « Le pamphlet joint sans nuances l’invective au panégyrique »340

, mais où la critique prend souvent les devants chez le mémorialiste. On se rappellera que Chateaubriand a eu en horreur le côté destructeur et

337 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2003.

338 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2220.

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CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, pp. 2230-2232.

barbare des mouvements révolutionnaires. Le primat de la critique sur tout autre élément discursif des Mémoires d’outre-tombe peut se justifier par le mal du siècle dont l’auteur a souffert. Dans les pages précédentes, nous avions souligné que Chateaubriand se voulait satirique malgré lui. Contraint donc par les valeurs qu’il défendait à porter un regard critique sur ce qui pourrait heurter son éthique de conviction, Chateaubriand ne pouvait pas passer sous silence les faits marquants de sa société. Rendant l’honneur à qui le méritait, il ne pouvait s’empêcher de fustiger en revanche, ce qui participait de la ruine : «Il s’élevait ça et là des nuages de fumée blanche parmi des groupes de maisons… Il me sembla que je voyais tomber le vieux Louvre du haut du plateau désert destiné par Napoléon à l’emplacement du palais du roi de Rome. Le lieu de l’observation offrait une de ces consolations philosophiques qu’une ruine apporte à une autre ruine…Voilà le résultat immédiat sans parler du résultat définitif du parjure dont les ministres ont donné le tort, du moins apparent, à la couronne ! »341. Les ravages sont à coup sûr imputables à la bêtise humaine. Chateaubriand le prouve par son réquisitoire accablant qui semble traîner en correctionnelle leurs auteurs. Sans taire les noms par discrétion, il déclare que « Certainement M. de Polignac est bien coupable ; son incapacité est une mauvaise excuse ; l’ambition dont on n’a pas les talents est un crime. »342 Si évidemment c’est une ambition qui débouche sur les ruines, la violence destructrice et le manque de liberté, cela ne peut être qu’un crime à la vue des dégâts qui en découlent. On conçoit bien la colère de Chateaubriand qui ne ménage pas ceux par qui ces destructions arrivent et qui, par leurs entreprises, ouvrent le chemin aux massacres. Les valeurs que défend Chateaubriand semblent situées en équidistance entre sa vocation d’historien, par la portée historique de ses Mémoires et ses talents littéraires. Louvre que cite Chateaubriand dans la description des ruines, attire la convoitise des hommes de lettres et historiens. Le romantisme dans son programme visait à valoriser ce qui était de l’ordre monumental et historique. Lorsque Victor Hugo écrit Notre dame de Paris, il a en tête, l’idée de réhabiliter les monuments qui de nos jours semblent vieillis. Chateaubriand dans les

Mémoires d’outre tombe évoque les ruines de Louvre et cette évocation ne devait pas être perçue comme une description innocente quand bien même qu’une description n’est jamais innocente. En effet, il se cache derrière une description, un message significatif qui traduit le fond de la pensée d’un auteur. Il est fort probable que Chateaubriand éprouve, non seulement un sentiment nostalgique de ce qui pourrait être détruit, mais aussi un sentiment de colère

341 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, pp. 2206-2207.

contre le non-respect de biens publics. Sa méthode par excellence pour exprimer sa colère c’est bien évidemment un discours satirique qui attaque directement ceux qui heurtent la raison par leurs méfaits. Sachant que les destructions tiraient aussi leurs causes dans les bouleversements révolutionnaires, Bertrand Aureau traduit la pensée de Chateaubriand en ces termes : « Il nous est apparu que pour Chateaubriand la Révolution ne marque pas l’avènement de cette pure rationalité qu’elle prétendit parfois incarner. Tout au contraire, il peut y traquer les manquements à la raison, qu’il trouve dans le défaut de bon sens et de réalisme, et tout particulièrement dans la relation du révolutionnaire à la temporalité : il oublie son époque et néglige la médiation du temps. Dès lors, l’engrenage des maux est en place : l’irréalisme appelle à son secours la violence, laquelle à son tour fait appel au crime pour s’assurer. Cette mécanique folle et incontrôlable est une des sources de la dérive révolutionnaire, et il est revenu à Chateaubriand d’en démonter les ressorts, en montrant au passage combien elle suppose, à côté de la lâcheté collective, un art du maniement des foules lors des événements et l’encadrement des citoyens dans le cours ordinaire de la vie, c’est-à-dire au fond l’invention du totalitarisme. A travers cette réflexion, nous découvrons aussi l’ambiguïté de son regard sur le peuple, qui est à la fois ce trésor de sagesse plus sage que les philosophes… et cette canaille indigne surgie lors des journées… »343

Si « Les manquements à la raison » valent un regard satirique de la part de Chateaubriand, cela justifie la grande considération qu’il a pour les monuments, cibles parfois de quelques iconoclastes et vandales révolutionnaires. En évoquant les destructions dans ses Mémoires, Chateaubriand assume sa personnalité d’écrivain romantique, soucieux de tout ce qui convoque la notion de l’art. Dans le contexte de notre étude, les déconstructions sont beaucoup plus perçues comme tout objet livré au vandalisme révolutionnaire et aux massacres par la bêtise humaine. C’est pourquoi, nous associons les monuments évoqués par Chateaubriand et certains biens voués à la destruction. Pierre Bercegol a certainement remarqué le sentiment nostalgique et la déconvenue de Chateaubriand au sujet des destructions, quand il s’interroge dans

Chateaubriand une réaction au monde moderne en ces termes : « Qui pouvait en 1811 s’y tromper ? Le temple, les carmes, l’Abbaye ont été les catacombes des temps modernes. »344 Le saccage des monuments avait suscité une violente réaction de la part de Chateaubriand qui ne pouvait concevoir l’idée de la destruction de ce qui élève l’art national. C’est pourquoi, il se montre très caustique quand il décrit l’insurrection et la prise de la Bastille. Cette causticité est surtout liée aux ravages qui résultent de « Ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient

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AUREAU (Bertrand), ibidem, p. 171.

si beau… où des femmes élégamment parées, des jeunes gens à la mode, placés sur différents degrés des décombres gothiques, se mêlaient aux ouvriers demi-nus qui démolissaient les murs, aux acclamations de la foule. »345 Pour l’auteur, se livrer à des démolitions, c’est faire preuve d’absence de cœur, où siègent la raison et la vertu. Ici, la satire se déploie dans la dureté des termes qu’emploie Chateaubriand quand il décrit la foule lancée dans une entreprise ruineuse. Cependant, en dépit de la condamnation de ces agissements, Chateaubriand se console par l’idée d’entrevoir une lueur d’espoir faisant ainsi des ravages, la base de ce qui pourrait être la voie de la reconstruction : « La colère brutale faisait des ruines, et sous cette colère était cachée l’intelligence qui jetait parmi ces ruines les fondements du nouvel édifice. »346 Chateaubriand est loin d’encenser les acteurs des délabrements ; pour preuve, il ne leur reconnaît pas avoir du cœur. C’est ce qui fait qu’il soit perçu ici comme cet artiste qui veille sur la conservation des monuments qui participent de la beauté de son temps. Si Chateaubriand relate « la colère brutale qui faisait les ruines » tout en soupçonnant dans ces ravages « les fondements du nouvel édifice », doit-t-on croire en l’idée selon laquelle, les destructions produisent quelque chose de neuf ? Cette interrogation nous ouvre une autre piste de réflexion, mais pour rester fidèle au fil conducteur de notre sous-chapitre qui porte sur les destructions liées à la bêtise humaine, il nous importe de nous attacher au regard critique que porte Chateaubriand sur les destructions. Ce qui retient notre attention, c’est ce regard qui stigmatise des plus vigoureusement la barbarie gratuite des destructeurs des biens. Notre étude ne se dirige pas vers « la prise de conscience de la signification historique et morale des ruines ; la découverte de leur beauté jusque-là insoupçonnée », mais vers le regret qu’elles suscitent à la vue des circonstances qui en sont la cause. Comme nous l’avons dit et selon l’optique qui est la nôtre, c’est le côté regret qui nous intéresse, car le discours satirique que dresse Chateaubriand au sujet des destructions, traduit le regret et la stigmatisation des causes des ravages. Ce sentiment s’imprime dans la dureté de ses termes au moment où il s’attelle à décrire la société en général et l’aspect de Paris en particulier. Se voyant comme un peintre des démolitions qui lui inspirent une critique acerbe, il dit que « Je ne pourrais mieux peindre la société de 1789 et 1790 qu’en la comparant à l’architecture du temps de Louis XII et de François Ier, lorsque les ordres grecs se vinrent mêler au style gothique, ou plutôt en l’assimilant à la collection des ruines et des tombeaux de tous les siècles, entassés pêle-mêle après la terreur dans les cloîtres des Petits-Augustins…Du reste, force duels et amours, liaison de prison et fraternité de politique, rendez-vous mystérieux parmi des ruines, sous un ciel

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CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, p. 323.

serein, au milieu de la paix et de la poésie de la nature ; promenades écartées, silencieuses, solitaires, mêlées de serments éternels et de tendresses indéfinissables, au sourd fracas d’un monde qui fuyait, au bruit lointain d’une société croulante, qui menaçait de sa chute ces félicités placées au pied des événements.»347 Cette peinture des destructions qui met en exergue une société croulante est une voix de la satire que l’auteur des Mémoires d’outre-tombe nous fait entendre. Nous tenons à préciser encore une fois que l’idée des ruines ici n’est pas liée à l’habituel thème littéraire des ruines qui symbolisent le passé révolu, mais qui reste présent dans les Mémoires. Ce n’est pas au sens de l’attrait des décombres qui font l’objet d’une étude scientifique et artistique. Ce sous-chapitre se propose de ressortir dans les

Mémoires d’outre-tombe, la destruction de certaines structures, destruction qui s’origine de la bêtise humaine. Ce qui est fondamental dans cette démonstration, c’est le discours empreint de satire qu’utilise Chateaubriand pour montrer sa peine et son mécontentement devant les ravages causés par la bêtise humaine. Dans le Livre XXXV, au deuxième chapitre des

Mémoires d’outre-tombe, il parle avec véhémence du procès des ministres et du pillage de l’archevêché : « Après le procès des ministres est venu le scandale de Saint-Germain-l’auxerrois. Les royalistes, pleins d’excellentes qualités, mais quelquefois bêtes et souvent taquins, ne calculant jamais la portée de leurs démarches, croyant toujours qu’ils rétabliraient la légitimité en affectant de porter une couleur à leur cravate ou une fleur à leur boutonnière, ont amené des scènes déplorables. Il était évident que le parti révolutionnaire profiterait du service à l’occasion de la mort du duc de Berry pour faire du train ; or, les légitimistes n’étaient pas assez forts pour s’y opposer, et le gouvernement n’était pas assez établi pour maintenir l’ordre ; aussi l’église a-t-elle été pillée. »348

Des scènes déplorables dont parle Chateaubriand ici, qualifiant ainsi les royalistes de bêtes et taquins, sont des scènes ruineuses qui affectent l’auteur des Mémoires. Auteur du Génie du christianisme comme nous le savons, Chateaubriand éprouve un sentiment de colère mâtiné de peine à l’idée de la mise à sac de l’église. Il ne pouvait concevoir que l’église soit saccagée lors de violentes manifestations. C’est une bêtise humaine qui lui semble irrémissible d’autant plus que la religion est sacrée. Montalembert, témoin de ces dégoûtantes orgies écrit dans son Journal intime les propos suivants : « Le sacrilège s’est promené partout avec une audacieuse impudence ; il a régné impunément pendant toute cette journée de honte et de douleur. Partout les croix qui surmontaient les églises ont été arrachées, traînées dans la boue et jetées dans la rivière aux

347 CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. I, pp. 340-344.

acclamations de la hideuse multitude. Les profanations les plus atroces ont été commises partout. Jamais, pendant la révolution, on n’a rien vu de plus froidement impie, de plus systématiquement sacrilège. […] Non rien au monde ne peut égaler l’horreur de cette scène, tout pillé et dévasté, ornements, vases sacrés, livres, vitraux, chapiteaux, colonnes, meubles, etc., tout est détruit. Et la garde nationale a laissé faire ! Elle a été infâme en général, les propos qu’elle faisait entendre ont été de nature à révolter tout le monde. Elle s’est aussi déshonorée. »349 Montalembert, comme l’a fait Chateaubriand, stigmatise en des termes virulents la folie destructrice des révolutionnaires qui, au mépris de la religion, gage du sacré, ont saccagé l’église. C’est un véritable sacrilège pour le dire avec Montalembert, cette mise en ruine orchestrée dans une église qui est pourtant le lieu par excellence où la paix, la liberté, la justice et l’amour comptent au nombre des messages qui apaisent la conscience de l’homme. S’en prendre à une église au point de la réduire en sac, traduit le reflet de la bêtise humaine et l’absence d’une conscience religieuse. Ces violentes manifestations anticléricales et le pillage de l’archevêché de Paris n’auront jamais plu à Chateaubriand ; il en va de même à Montalembert qui d’ailleurs témoigne sa douleur et sa révolte face à ces iconoclastes doublés d’athées, qui n’ont eu aucune crainte de détruire un lieu de recueillement qui ne peut, par la sainteté qu’il incarne, attirer des hordes de pillards ou l’hostilité des vandales. Les destructions causées par la bêtise humaine président à une tension sociale ou un mouvement revendicatif qui prend une direction orageuse. Philippe Guérin se montre affirmatif quand il déclare que « La ruine est l’image de la résorption de toutes tensions. » Le pillage de l’église, évoqué aussi bien par Chateaubriand que par Montalembert est la conséquence destructrice de

ces tensions qui violent la raison au profit d’une fureur sans précédent.