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Chapitre VI : La politique extérieure et la désillusion

VI- 1 : La diplomatie étrangère

Au-delà de sa vie d’écrivain, une des carrières que nous avons citées avec Jean Mourot, Chateaubriand fut un homme politique ayant servi dans différentes ambassades. Ce qui nous servira d’éléments exploitables dans ce sous-chapitre, serait a priori, les opinions de l’homme qui marque son désaccord face à la réalité que lui impose sa société. Sa satire dirigée contre certaines réalités constatées et même sa démission, témoignent d’une certaine liberté d’esprit malgré l’obéissance que peut lui imposer sa fonction d’homme d’État. Dans ses fonctions d’ambassadeur à Rome, il ne rate pas un seul détail qui lui semble critiquable. Dans sa dépêche adressée à M. le comte Portalis, au sujet des obsèques de Léon XII, il pense que « Trois choses ne font plus les papes : les intrigues de femmes, les menées des ambassadeurs, la puissance des cours. Ce n’est pas non plus de l’intérêt général de la société qu’ils sortent, mais de l’intérêt particulier des individus et des familles qui cherchent dans l’élection du chef de l’Église des places et de l’argent…Un pape qui rentrerait dans l’esprit du siècle, et qui se placerait à la tête des générations éclairées, pourrait rajeunir la papauté ; mais ces idées ne peuvent point pénétrer dans les vieilles têtes du Sacré Collège ; les cardinaux arrivés au bout de la vie se transmettent une royauté élective qui expire avec eux : assis sur les doubles ruines de Rome, les papes ont l’air de n’être frappés que de la puissance de la mort. »234 Ce regard satirique pointé sur les papes, mieux encore, sur la communauté religieuse catholique, explique les leçons tirées par Chateaubriand du haut de ses fonctions diplomatiques. C’est une sorte de plaidoyer contre la vieille classe sociale qui piétine la jeunesse pour la sauvegarde de ses intérêts. C’est aussi un réquisitoire accablant contre ceux qui se voilent derrière le rideau sacerdotal pour s’enrichir. Quand Chateaubriand parle de « vieilles têtes du sacré collège », il s’insurge assurément contre ces hommes du passé et antipathiques à la jeunesse ; partant, à l’avenir. Il se dessine dans les propos de Chateaubriand, une certaine transparence qui ressemblerait à ce que l’on peut nommer, la tactique sécuritaire. Cela se vérifie dans les dépêches qu’il envoie au comte Portalis, dépêches dans lesquelles, il fait preuve de prudence et de mise en garde. Le tout est bien évidemment orchestré par un ton satirique qui donne lieu à une méfiance. Cette attitude de méfiance que nous vérifierons à travers les propos de Chateaubriand, vise directement les cardinaux français qu’il est censé recevoir en tant qu’ambassadeur à Rome, en raison du conclave : « Je rendrai à MM. les cardinaux tous les services qui dépendront de moi. S’ils m’interrogent sur des choses

qu’il sera bon de connaître, je leur dirais ce que je sais ; si vous me transmettez pour eux les ordres du Roi, je leur en ferai part ; mais s’ils arrivaient ici dans un esprit hostile aux vues du gouvernement de sa majesté, si l’on s’apercevait qu’ils ne marchent pas d’accord avec l’ambassadeur du Roi, s’ils tenaient un langage contraire du mien… s’ils étaient même divisés entre eux, rien ne serait plus funeste. Mieux vaudrait pour le service du Roi que je donnasse à l’instant ma démission que d’offrir ce spectacle public de nos discordes. »235

A première vue, ce message ne montre pas les flèches d’une satire dressée contre les éventuels hôtes de l’ambassadeur. Cependant, il faut reconnaître que Chateaubriand, en raison de son expérience politique et connaissant bien sa société, avait la possibilité d’imaginer ce qui pouvait poindre à l’horizon. Toute sa carrière, même dans sa dimension triptyque pour emprunter les termes de Jean Mourot, a été jalonnée d’oppositions et de discordes. Sa dépêche donc envoyée à M. le comte Portalis, bien qu’ayant une allure de mise en garde, revêt tout de même, une réelle volonté de dire le mauvais côté des cardinaux. Chateaubriand paraît d’ailleurs un peu plus clair par la suite quand il déclare : « J’espère, monsieur le comte, qu’aucune division n’aura lieu, que MM. les cardinaux auront l’ordre de se soumettre aux instructions que je ne tarderai pas à recevoir de vous ; que je saurai celui d’entre eux qui sera chargé d’exercer l’exclusion, en cas de besoin, et quelles têtes cette exclusion doit frapper. »236 Soucieux d’exercer son autorité en tant que représentant de son Pays à Rome, Chateaubriand annonce ici les éventualités de ce qui pourrait arriver. Cette annonce n’est pas fortuite et comme nous l’avons dit précédemment, sa personnalité tridimensionnelle lui donne l’avantage de prévoir certains événements. S’il va jusqu’au point de dire qu’ « A tort ou à raison, on croit ces cardinaux ennemis du système actuel du gouvernement du Roi… », cela confirme ce que nous avons appelé par l’attitude de méfiance. Chateaubriand a ceci de particulier, la franchise dans ses propos. Les dépêches qu’il ne cesse d’envoyer au comte de Portalis noient le lecteur dans les détails les plus profonds. Ce qui nous paraît intéressant, ce sont des propos foudroyants qu’il se permet toujours d’affubler à ceux qui semblent ne pas avoir en partage avec lui, la même opinion. Surtout, ceux qui se montrent inintelligents et médiocres à ses yeux. Pour s’en convaincre, la déclaration suivante nous en sera illustrative : « Les conclavistes qui accompagnent nos cardinaux m’ont paru des hommes raisonnables : le seul abbé Coudrin, dont vous m’avez parlé, est un de ces esprits compacts et rétrécis dans lesquels rien ne peut entrer, un de ces hommes qui se sont trompés de profession. Vous n’ignorez pas qu’il est

235 CHATEAUBRIAND (François-René), op.cit., t. II, p. 2093.

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moine, chef d’ordre, et qu’il a même des bulles d’institutions : cela ne s’accorde guère avec nos lois civiles et nos institutions politiques. »237 Ces propos presque injurieux que Chateaubriand répand sur l’abbé Coudrin, homme aux « Esprits compacts et rétrécis », révèlent le côté foudroyant de la satire chateaubrianesque. Son langage très direct vers les principales cibles de sa satire, dénote d’une certaine rigueur dans l’exercice de son pouvoir diplomatique. S’appuyant toujours sur l’idée selon laquelle « L’ambition dont on a pas les talents est un crime », Chateaubriand mène une guerre sans merci contre tous ceux qui font preuve d’une étroitesse d’esprit. C’est une allure qui semble prétentieuse, mais son regard sur la société est très différent de celui de la plupart des acteurs politiques de son époque. Il cultive une liberté d’expression au mépris de toute prudence pour condamner avec ténacité tout ce qui s’opposerait, non seulement à son éthique de conviction, mais aussi à ce qui tordrait le cou à la politique diplomatique dont il est le garant. On se souviendra de ses dépêches où la méfiance à l’égard des cardinaux éclatait de page en page ; et voire ses mises en garde qui témoignaient d’un manque de confiance. La crudité des termes qu’il emploie à propos de l’abbé Coudrin, « Un de ses hommes qui se sont trompés de profession » atteste sa verve satirique. Les dires résolument critiques de l’auteur confortent l’idée de la dimension satirique de son discours dans les Mémoires d’outre-tombe. Au regard de ses dépêches qui noient les destinataires dans les moindres détails, cette dimension semble prendre une place importante. A titre d’exemple, examinons sa profonde préoccupation, sa vision pessimiste portée sur les cardinaux, un regard dans sa version satirique portée d’un rivage à l’autre sur les cardinaux qui n’éveillent pas en lui, une once de confiance. C’est toujours dans ses dépêches à M. Portalis où il déclare que « Je me suis jadis, monsieur le comte, trouvé dans les circonstances difficiles, soit comme ambassadeur à Londres, soit comme membre de la Chambre des pairs, soit comme chef de l’opposition ; mais rien ne m’a donné autant d’inquiétude et de souci que ma position actuelle au milieu de tous les genres d’intrigues. Il faut que j’agisse sur un corps invisible renfermé dans une prison dont les abords sont strictement gardés. Je n’ai ni argent à donner, ni place à promettre ; les passions caduques d’une cinquantaine de vieillards ne m’offrent aucune prise sur elles. J’ai à combattre la bêtise dans les uns, l’ignorance du siècle dans les autres ; le fanatisme dans ceux-ci, l’astuce et la duplicité dans ceux-là ; dans presque tous l’ambition, les intérêts, les haines politiques, et je suis séparé par des murs et par des mystères de l’assemblée où fermentent tant d’éléments de division. »238 Cette longue satire témoigne des difficultés auxquelles Chateaubriand fut

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CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2096.

confronté en sa qualité d’ambassadeur à Rome. Son langage presque insultant et récriminatoire envers les cardinaux donne à ses Mémoires, une vocation critique. Dans sa triple postulation d’homme politique, soldat voyageur et écrivain, il semble être un représentant de la bonne conscience morale de sa société ; et n’hésite guère à dénoncer en des termes violents, tout ce qui heurterait la bienséance. La diversité de comportements qu’il décèle en chacun des cardinaux, comportements non reluisants, constitue pour lui une préoccupation de grand intérêt parce qu’il redoute ce qui, pour emprunter ses termes « fermentent tant d’éléments de division. » Cette vision critique vise à mettre à nu ce qui pourrait compromettre sa mission diplomatique. Comme écrivain et lecteur averti, Chateaubriand se sert de la correspondance pour faire étalage de tout ce qui alimente son univers politique et social. La correspondance constitue, nous le voyons dans ses diverses dépêches, un moyen privilégié pour véhiculer son opinion dans sa vision satirique. Dans le cas du passage précité, la satire de Chateaubriand se montre d’une virulence à douter de la bienveillance des cardinaux. Toute la causticité qui s’installe dans son système discursif, est un faisceau d’indices qui marque l’écart différentiel entre son éthique de conviction et la médiocrité qu’il tire de certaines personnes de son époque ; à l’instar des cardinaux. Sa double postulation d’être à la fois un homme politique et un écrivain, constitue pour l’essentiel un atout majeur pour l’auteur des Mémoires qui baigne dans une facilité et liberté d’expression, mettant ainsi la satire au cœur de son engagement. Un engagement politique et littéraire qui élève l’auteur, le mémorialiste au rang des grands esprits du XIXe

siècle. Sa grandeur se mesure au degré de sa conscience aiguë portée vers les intérêts de sa nation dont il est le représentant extérieur ; et particulièrement à Rome. Le souci de bien faire, la volonté manifeste d’accorder le primat de l’intérêt national sur tout ce qui est de l’ordre individualiste, le pousse à s’interroger sur le genre de pape qui sera élu, car cela va aussi de l’intérêt de sa nation. « Un pape à faire ; que sera-t-il ?… Qui conduira nos affaires ? y a-t-il une tête capable d’apercevoir tout ce qui se trouve là-dedans pour la France et d’en profiter selon les événements ? Je suis persuadé qu’on n’y pense seulement pas à Paris, et qu’entre les salons et les Chambres, les plaisirs et les lois, les joies du monde et les inquiétudes ministérielles, on se soucie de l’Europe comme de rien du tout. Il n’y a que moi qui, dans mon exil, ai le temps de songer creux et de regarder autour de moi. »239 Ces propos sont une espèce de mise en question du sentiment national et voire une critique acerbe portée contre l’indifférence de ses compatriotes qui se soucieraient fort peu des questions qui sont censées engager l’avenir de la nation. Ce souci essentiellement nationaliste l’entraîne dans une forme de narcissisme où il

étale son ego au point de dire qu’«Il n y a que moi qui, dans mon exil, ai le temps de songer creux et de regarder autour de moi. » Ce moi très ostentatoire qui pense séjourner dans ses retranchements, communique dans la subtilité possible, une opinion satirique contre l’apathie des autres. Le marqueur de subjectivité « Je » qui abonde dans certains passages, affiche avec outrecuidance, ce moi qui revendique sa liberté d’expression faisant ainsi l’éloge de ses opinions. Les propos suivants en sont illustratifs : « Je laisse chacun penser ce qu’il veut, pourvu qu’on m’accorde la même liberté ; je tâche seulement que mon opinion ait la majorité, parce que je la trouve, comme de raison, meilleure que les autres. C’est à cette sincérité que j’attribue le penchant qu’ont les opinions les plus divergentes à se rapprocher de moi. J’exerce envers elles le droit d’asile : on ne peut les saisir sous mon toit. »240

Cette vision narcissique a un arrière-plan satirique parce qu’elle dénie la valeur des autres opinions et fait valoir les siennes. Ceci témoigne d’une contestation pure et dure des idées politiques contraires à celles de ce diplomate, qui pense être en exil. Sa liberté, il l’exporte d’un rivage à l’autre, aussi bien dans sa nation qu’à l’extérieur. Autrement dit, il dénonce en toute liberté la médiocrité de ses compatriotes comme celle qu’il rencontre en terre étrangère. Dans sa dépêche du 2 avril 1829 adressée au Comte Portalis, il met à nu les vices du cardinal Albani, nommé secrétaire d’État. Cette propension à critiquer par des propos violents ceux dont le comportement s’offre à sa réflexion, dévoile l’autre versant du langage chateaubrianesque ; un langage où la satire éclate de chapitre en chapitre. Pour le cas du cardinal Albani, la satire se déploie dans sa violence en ces termes : « Le nouveau ministre ne plaît ni à la faction sarde, ni à la majorité du sacré Collège, ni même à l’Autriche, parce qu’il est violent, anti jésuite, rude dans son abord, et Italien avant tout. Riche et excessivement avare, le cardinal Albani se trouve mêlé dans toutes sortes d’entreprises et de spéculations… Le cardinal Albani est un homme d’esprit, faux par caractère et franc par humeur ; sa violence déjoue sa ruse ; on peut en tirer parti en flattant son orgueil et satisfaisant son avarice. »241 Ce procès aux mots crus et sans une once d’atténuation, fait porter aux Mémoires d’outre-tombe dans sa version satirique, le statut d’une œuvre qui retrace une relative vérité. Jean-Paul Clément qui a consacré toute une œuvre sur la biographie morale et intellectuelle de Chateaubriand nous livre quelques détails qui corroborent le sentiment d’hostilité que Chateaubriand témoignait au cardinal Albani : « Dans le cours du conclave, Chateaubriand recourut à un usage qui permettait aux trois grandes puissances catholiques (Autriche, Espagne, France) de s’opposer à l’élection d’un candidat considéré comme non grata. Chateaubriand l’utilisa contre le cardinal Albani ; âme damnée

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CHATEAUBRIAND (François-René de), op.cit., t. II, p. 2104.

des Autrichiens, et s’en glorifia, non sans excès… La préférence de Chateaubriand allait au cardinal De Gregorio, candidat sérieux et pour lequel l’ambassadeur s’était employé avant l’arrivée des cardinaux français dont il se méfiait. Si le succès de Chateaubriand ne fut qu’un demi-succès, la nomination ultérieure du cardinal Albani, qui accabla l’ambassadeur de protestations et de bons offices, ne fut pas, au fond, une si mauvaise chose. »242 Étant chantre de la liberté, Chateaubriand étend sa liberté jusqu’au point d’extérioriser toute sa pensée. Le mal comme le bien qu’il pense de quelqu’un, pour rien au monde il ne le cacherait. Au regard de ses dépêches, il noie le destinataire dans les détails qui alimentent sa vie diplomatique. Détails qui souvent vacillent dans les réquisitoires et les dénonciations que nous mettrons au crédit de la dimension satirique du mémorialiste. En dépouillant le caractère peu glorieux du cardinal Albani, il montre son mécompte face à l’homme dont la conduite s’éloignerait de la bienséance. Usant de son pouvoir, sa détermination s’en est allée jusqu’au point d’exclure le cardinal Albani. Cette autorité diplomatique où la critique côtoie la rigueur, explique le souci de Chateaubriand de vouloir s’entourer de bonnes personnes aussi bien dans son terroir qu’à l’extérieur où il est investi d’une influence tout au moins, d’un pouvoir considérable. Dans sa lettre à Mgr le cardinal de Clermont-Tonnerre, Chateaubriand n’habille pas ce qu’il pense dans des images qui ménagent certaines personnalités. Livrant vertement son opinion, il donne l’occasion au lecteur de mesurer la portée de son indignation et de comprendre le prix qu’il attache à la liberté d’expression. Une liberté qui se révèle ici comme la clé explicative de sa témérité et son audace. Pour s’en convaincre, la lecture d’un extrait de sa lettre nous paraîtra nécessaire : « Bien que M. le cardinal Albani ne paraisse avoir aucune chance, il n’en est pas moins un homme de capacité sur lequel, dans une lutte prolongée, on pourrait jeter les yeux…Il est impossible de laisser porter au souverain pontificat un cardinal appartenant ouvertement à une couronne, pas plus à la couronne de France qu’à toute autre. En conséquence, monseigneur, je vous charge, en vertu de mes pleins pouvoirs, comme ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne et prenant sur moi seul toute la responsabilité, de donner l’exclusion à M. le cardinal Albani, si d’un côté par une rencontre fortuite, et de l’autre par une combinaison secrète, il venait à obtenir la majorité des suffrages… Cette lettre d’exclusion, confiée à un cardinal par un ambassadeur qui n’y est pas autorisé formellement, est une témérité en diplomatie. »243 C’est sans doute cette conscience aiguë de la liberté qui entraîne Chateaubriand sur le terrain de la témérité. Ce caractère téméraire, il l’exhibe en toutes occasions au moyen d’un langage qui emprunte l’arme de la satire. De la remise en

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CLÉMENT (Jean-Paul), ibidem, p. 333.

cause de la capacité du cardinal Albani à la volonté de lui donner une exclusion, se dessine pour l’auteur des Mémoires, autorité diplomatique, un véritable projet de se distancer de tout ce qui tordrait le cou à l’excellence. Son discours satirique que nous avons exploité dans différents enjeux de sa politique interne, celle de sa nation, nous le voyons exporter vers un autre univers qu’est celui de la politique extérieure. La correspondance constitue pour ce cas, un véhicule approprié pour faire aboutir l’essentiel de ses idées politiques, en rapport avec sa vie diplomatique. Au centre de ses idées, se situe l’élément fondamental de son éthique de conviction c’est-à-dire la liberté d’expression qui lui donne l’occasion de fustiger quand cela est nécessaire. Cette liberté débordante se transmue en « style de combat » et « Expressions qui déclassent l’adversaire »244

pour le dire avec Jean Mourot. La particularité de ce style, c’est la violence linguistique qui accable ses adversaires. Sainte-Beuve l’a d’ailleurs reconnu quand il déclarait, parlant bien évidemment du style de Chateaubriand que « Tous ses écrits politiques sont semés de vues brillantes, d’aperçus historiques supérieurs, de pages d’éclat ; mais regardez-y bien, comme on y regardait tout naturellement alors, dans le temps même : c’est toujours agressif, blessant, irritant d’intention et d’application »245

. Nous évoquons l’agressivité de ce style par rapport aux propos virulents que Chateaubriand, prenant prétexte