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LES MARCHÉS DE LA RÉGION

1 Lévis 25 ans d'histoire 86-986, p

2 Lévis 125 ans d'histoire 1861-1986, p. 13.

3 Jacques Robert, «La gare du Canadien national», Lévis, ministère des Affaires culturelles, Division, Reconnaissance et classement, ms, 1979, p. 1.

En 1876, la ville de Lévis vend la Halle Lauzon à la compagnie du chemin de fer Intercolonial. À compter de cette date, le marché servit de gare de train. Ce n'est qu'en 1885 que le Conseil de ville s'installe dans le nouvel hôtel de ville. Cet édifice abrita le Conseil qu'en 1964 alors que le feu détruisit l'hôtel de ville. De 1964 à 1969, le Conseil de ville siégea au troisième étage du bureau de poste situé à proximité de la traverse. Ce n'est qu'en 1970 qu'on inaugura l'hôtel de ville actuel situé sur la côte du Passage.2

1.2.2- La gare du chemin de fer Intercolonial

Selon un rapport produit par l'inventaire des bâtiments historiques du Canada, l'actuel édifice de la gare intermodale aurait été construit en 1901. Au cours des années, le bâtiment connut diverses modifications architecturales :

«En 1903-1904, l'entrepôt des bagages et des marchandises fut annexé au bâtiment principal; cette annexe fut incendiée en 1914. Une aile temporaire remplaça cette structure en 1919. Un second incendie détruisit cette aile et endommagea le bâtiment principal en 1930. Un an plus tard, ce dernier fut remis en état et une nouvelle aile en brique fut ajoutée.

Depuis sa construction en 1901, le bâtiment principal a aussi connu quelques modifications : il fut repris en sous-œuvre (les fondations furent rehaussées) et son toit fut remplacé. Ce dernierétait autrefois à croupes et surmonté d'un belvédère; en outre, aucune lucarne ne le perçait.»3

Voici la description architecturale de l'édifice qu'en faisait Jacques Robert en 1979 :

«La gare de Lévis est un édifice de dimension assez importantes en bois, d'un étage sur rez-de-chaussée avec un étage sous les combles. Son plan est rectangulaire. Les murs, recouverts d'un enduit de béton, sont percés de nombreuses ouvertures à arc

surbaissé. Du côté de la voie, le rez-de-chaussée est percé de quatre entrées, dont trois d'une certaine largeur. Une avancée marque le centre de la façade. À l'étage, onze fenêtres sont alignées à intervalles réguliers. L'autre façade est percée de baies semblables, mais de dimensions variables et à des intervalles moins réguliers. Des chaînes d'angle agrémentent la surface du mur. La toiture, autrefois à croupes, est maintenant à pignon avec coupe-feu du côté sud-ouest, mais a conservé sa croupe à l'autre extrémité. Neuf lucarnes la percent, soit quatre sur chacun des longs pans et une sur la croupe. Elles sont à croupe et trapues; leurs versants sont retroussés.

À l'intérieur, l'espace est divisé entre la salle d'attente générale, où se trouvent également les guichets, et la salle d'attente des dames. Une rangée de piliers à plan carré supporte l'édifice au centre de sa largeur. L'espace intérieur est de dimensions imposantes; la hauteur est notamment remarquable. La configuration intérieure pourrait dater de l'époque où l'on a repris le bâtiment en sous- œuvre.

L'aile construite au sud-ouest de la gare, l'entrepôt des bagages et des marchandises, est en brique et de même largeur que la bâtiment principal. Elle comporte un étage sur rez-de-chaussée et est couverte d'un toit plat. Ses ouvertures, tant à l'étage qu'au rez- de-chaussée, sont regroupées par paires. Ces dernières sont séparées entre elles par des contreforts faisant faible saillie. Un large portique, composé de piliers métalliques supportant la toiture recouverte de tôle, prolonge le bâtiment du côté de la voie et le ceinture du côté nord-est. Un hangar en brique est construit de l'autre côté de la voie. Comportant un rez-de-chaussée seulement, il est couvert d'un toit en appentis.»1

1 Jacques Robert, «La gare du Canadien national», Lévis, ministère des Affaires culturelles. Division, Reconnaissance et classement, ms, 1979, pp. 1-2.

Cette description nous incite à croire, comme nous l'avons signalé au départ, que cet édifice serait en réalité le premier hôtel de ville de Lévis, connu sous le

nom de «Halle Lauzon».

Ces dernières années, la gare de Lévis connut plusieurs transformations. Les travaux de rénovation entrepris en 1983 ont permis de redonner au bâtiment l'aspect extérieur qu'il avait à l'origine.

Vue de la gare VIA Rail à Lévis en 1987 après les rénovations. On remarquera la rampe qui donne accès auxtraversiez1

1.2.3- Évaluation patrimoniale

La gare intermodale de Lévis apparaît intéressante sous plusieurs aspects. Cette gare serait en fait le premier hôtel de ville de Lévis. Connue aussi à l'époque sous le nom de Halle Lauzon , parce que construite à proximité du quai du même nom, ce bâtiment n'abrita le marché que pendant une très courte période (1864-1876). Transformée en gare, l'édifice connaîtra diverses modifications. Des ailes et des annexes diverses s'ajoutent au bâtiment principal et disparaissent au fil des années.

Sur le plan de l'environnement, la halle était situé sur un site exceptionnel en bordure du fleuve. À l'époque, les activités commerciales de Lévis étaient concentrées en basse ville. Aujourd'hui, ce quartier de la ville est plus ou moins délaissé. Cependant, la gare constitue le point vital du quartier.

L'ancienneté de l'édifice et du site comme place de marché lui confère une valeur historique et architecturale remarquable. Dans son rapport d'évaluation, rédigé en 1979, c'est-à-dire avant les travaux de restauration, Jacques Robert soulignait :

«Malgré le fait qu'elle ait été construite en bois, ses dimensions importantes et l'alignement serré de ses fenêtres la rapprochent des édifices commerciaux de la fin du XIXe siècle. Son académisme est souligné par la forme des baies et les chaînes d'angle et était accentué par la présence du belvédère la surmontant. Sa disposition parallèle à la voie est cependant typique des petites gares rurales, alors que les gares plus importantes adoptent le plan en "T", à l'extrémité de la voie.

Au point de vue stylistique, la gare de Lévis se rapproche de quelques gares construites par la "Canadian Northern Railway" sensiblement à la même époque, notamment celles de Joliette et Lachute. Elle partage avec celles-ci une allure et des proportions semblables; ces dernières s'en distinguent cependant par le matériau, l'absence d'étage de comble, leurs nombreux pignons au-dessus des fenêtres de l'étage et un portique enveloppant d'importance réduite.

Le bâtiment est en soi intéressant. Malgré la simplicité de son volume et la stricte ordonnance des ouvertures, il projette une image pittoresque, grâce à la présence des lucarnes, nettement

inspirées de l'architecture traditionnelle, et du portique; la structure portante de celui-ci est en effet remarquable par sa finesse et sa richesse décorative. L'espace intérieur est traité dans l'esprit Beaux-Arts; la simple ordonnance et la hauteur des pièces, la définition des volumes et les détails décoratifs sont caractéristiques de cet esprit.

Est également d'esprit Beaux-Arts l'aile affectée à l'entreposage des bagages et des marchandises. Les ouvertures sont espacées régulièrement et sont séparées par de minces contreforts. Le mur reste très présent. L'entablement, peu articulé, couronne la composition. Cette annexe, associée au bâtiment principal plus par collage que par véritable intégration - étant de style et de matériau différents - , est néanmoins intéressante, par la qualité de sa construction et la rigueur de sa composition. Le hangar en brique de l'autre côté de la voie répond à cette aile; il possède des caractéristiques semblables.

Le groupement des édifices - la gare proprement dite, l'entrepôt des marchandises, le portique qui se prolonge très loin vers le sud- ouest le long de la plate-forme d'embarquement, le hangar et de part et d'autre de la voie ferrée, les immeubles sont mis en valeur par cette ordonnance et par la proximité du fleuve.» 1

1 Jacques Robert, «La gare du Canadiennational», Lévis, ministère des Affaires culturelles, Division, Reconnaissance et classement, ms, 1979, pp. 1-2.

2 Jacques Robert, «La gare du Canadiennational», Lévis, ministère des Affaires culturelles, Division, Reconnaissance et classement, ms, 1979, p. 3.

3Voiràce proposla plaque commémorative.

D'ailleurs, en conclusion de ce rapport, on soulignait que cet ensemble, formé par la gare, l'entrepôt des marchandises et le portique, méritait d'être «préservé».2 Cette conclusion était justifiée par la valeur remarquable de l'architecture de l'édifice et sa situation.

Depuis ce rapport, de nombreuses transformations furent apportées à l'édifice. L'intervention la plus importante fut sans aucun doute, la restauration et le réaménagement de l'édifice, entre 1983 et 1984, par la Société VIA Rail Canada Inc. et la Société des traversiers du Québec.3 Quoi qu'il ne subsiste aucune trace de l'aménagement intérieur, l'édifice a conservé son allure extérieure. De plus, il faut souligner qu'il s'agit du seul édifice datant du XIXe siècle ayant abrité un marché public dans la région 03. À notre avis, cet édifice présente plus d'intérêt que la Halle Notre-Dame, construite à la fin du siècle dernier, qui a subi des transformations importantes. Enfin, il faut ajouter que la

place du marché (place de la gare) a conservé son statut de place publique depuis plus de 120 ans.

1.3- Halle Notre-Dame, Lévis

La Halle Notre-Dame est localisée au numéro 2 de la rue Larochelle à Lévis.1 Les propriétaires au moment de l'inventaire étaient Messieurs André Turgeon et Gérard Cadorette. Ces derniers avaient acheté l'édifice, en 1987, de Madame Irène Labbé-Couture.

1 (Lot 706- 2).

2 La brochure intitulée Lévis 1912, publiée par la Chambre de commerce de Lévis, laisse entendre qu'il existait à l'époque deux halles aux viandes (p. 55). Il faudrait poursuivre les recherches de ce côté pourvérifier de quelle halle il s'agit. Certains informateurs m'ont laissé entendre qu'ilexistait un édificeadjacent à la halle Notre-Dame qui servait aussi de marché. Il s'agit peut-être de l'édificeque l'on peut voir derrière la manufacture Rock City Tobacco à lapage 55 de

Industrial District of Levis.

En 1988, l'édifice était loué pour entreposage. Le rez-de-chaussée était occupé par la Fédération des Caisses populaires Desjardins alors que les premier, deuxième et troisième étages servaient d'entrepôts de meubles pour la compagnie Ameublements Tanguay Inc. En 1989, la Halle Notre-Dame fut vendue aux Immeubles C.J.R. Inc pour être transformé en C.L.S.C.

Le marché et la place du marché se situaient à l'origine dans le quadrilatère formé des rues Saint-Louis, Larochelle, de l'Arsenal et Desjardins. Le marché se situait alors au cœur de la haute-ville de Lévis.2 On y accédait à l'époque par la rue Saint-Louis. Il ne subsiste aujourd'hui que quelques commerces sur la rue Saint-Louis.

On retrouve encore aujourd'hui quelques commerces sur la rue Saint-Louis. Jusque dans les années cinquante, cette artère principale regroupait plusieurs commerces de détail. Aujourd'hui, entre l'ancienne halle et la rue Saint-Louis, on retrouve la SAQ qui demeure le principal commerce. Sur la rue de l'Arsenal en biais avec la halle, se trouve le manège militaire. Au coin des rues Larochelle et de l'Arsenal, on retrouve le garage des Forces armées canadiennes. Enfin, sur la rue Desjardins, se trouve la Taverne Lévisienne.

La Halle Notre-Dame en 1912.}

De style néo-classique, la Halle Notre-Dame de Lévis construite en 1885. À cette époque, la halle n'a que deux niveaux d'occupation. Tout comme la Halle Lauzon, construite en 1865, le nouveau marché est terminé par un toit à pavillon. Les deux façades principales étaient surmontées d'un fronton percé d'une fenêtre en œil-de-boeuf.

1.3.1- La Halle Notre-Dame (1885-1914)

La Halle Notre-Dame fut inaugurée par la municipalité le 4 avril 1885. La halle fut construite par l'entrepreneur Napoléon Lavoie au coût de 13 875 dollars. Le terrain actuel mesure 210 pieds de front par 110 pieds de profondeur. À l'origine, la place du marché devait être ouverte jusqu'aux abords de la rue Saint-Louis puisque la façade du marché donnait sur la rue Saint-Louis. Il devait alors se tenir un marché extérieur sur la place entre la halle et la rue Saint-Louis comme c'était la coutume.

Au moment de son inauguration, la Halle Notre-Dame ne présentait que deux étages, c'est-à-dire un rez-de-chaussée réservé aux bouchers et un premier plancher servant de salle publique. Lorsque la halle fut cédée à la compagnie de cigares Rock City, on réaménagea l'édifice. On construisit un troisième étage et on rabaissa les planchers du premier et du deuxième pour obtenir quatre planchers d'occupation. C'est à ce moment que l'on aménagea un escalier de secours à l'angle sud-ouest de l'édifice.

Les murs portants sont en briques rouges disposées en «appareil américain», d'au moins 2 épaisseurs. Quant à l'ossature de l'édifice, elle est constituée de poutres et de poteaux.

La halle de 1885 avait été construite dans le style néo-classique. Le corps central du marché était surmonté d'un fronton percé d'un œil-de-boeuf. «Le décor est inspiré de la Renaissance italienne: chaînes d'angle harpées, encadrement des ouvertures.»1 L'édifice présentait alors un toit pavillon, à la suite des travaux de réfection de l'édifice et de l'ajout d'un troisième étage, on construisit un toit plat avec recouvrement de goudron et de gravier.2 Le revêtement extérieur est en brique bichrome. Comme pour la Halle Lauzon, on retrouvait une porte centrale de chaque côté du marché.

1 Halle Notre-Dame. Dossier d'accompagnement de la demandede classement, Lauzon, GIRAM,

1987, p. 2.

La Halle Notre-Dame réaménagée pour accueillir la Rock City Cigar Tobacco vers 1928. On remarquera qu'on a ajouté un étage supplémentaire à l'édifice.1

1 Photographie tirée de Industrial District ot Levis, Lévis, la Chambre de commerce du district de Lévis, 1928, p. 55.

CS AND PLANT

1.3.2- Reconversion de la Halle Notre-Dame (1914)

En 1914, la halle fut cédée par la municipalité à la manufacture de cigares Rock City suite à l'incendie qui détruisit la manufacture de la compagnie.

22 novembre 1914 - La manufacture de cigares Rock City, établie dans la vaste boutique de menuiserie de feu Napoléon Lavoie, rue Shaw, est complètement réduite en cendres. C'est un rude coup, non seulement pour Arcadius Blais, le fondateur de cette manufacture, qui subit une perte presque totale, et pour sa famille, qui a bien failli périr dans le désastre, mais aussi pour la ville de Lévis : les 125 personnes qui gagnent leur vie dans les ateliers de la Rock City se trouvent aujourd'hui sans travail, et peut-être pour longtemps. Pour comble de malheur, la manufacture ne sera probablement pas reconstruite. 1

1 Pierre-Georges Roy, Dates Lévisiennes, Lévis, 1933, sixième volume (1909-1914),pp. 280- 281.

2 Pierre-Georges Roy, Dates Lévisiennes, Lévis, 1933, sixième volume (1909-1914),pp. 281. 3 Pierre-Georges Roy, Dates Lévisiennes, Lévis, 1933, sixième volume (1909-1914),pp. 286. 4 Pierre-Georges Roy, Dates Lévisiennes, Lévis, 1933, sixième volume (1909-1914),pp. 286- 287.

24 novembre 1914 - une nombreuse délégation se rend à l'hôtel de ville pour discuter avec le maire Bernier et les échevins des moyens à prendre pour garder la manufacture de cigares Rock City à Lévis. Joseph Picard, directeur de la Rock City Co, et Arcadius Blais, gérant de la manufacture de Lévis, sont présents. On croit que la ville pourrait donner la halle Notre-Dame à la Rock City Co à certaines conditions. 2

21 décembre 1914 - Le maire Bernier fixe le vote des électeurs municipaux au sujet du règlement donnant la halle Notre-Dame à la Rock City Cigar Co à certaines conditions, aux lundi et mardi, les 28 et 29 décembre courant.3

27 décembre 1914 - Assemblée publique à la salle Notre-Dame pour discuter le règlement relatif au don de la halle Notre-Dame et des terrains avoisinants à la Rock City Cigar Co. L'assemblée est présidée par le maire Bernier. Joseph Gosselin, Cléophas Auger, Noël Belleau, Alfred Blouin, le docteur Alfred Roy, etc., expliquent le règlement en question. Les opinions dans l'auditoire sont partagées.4

29 décembre 1914 - Fin de la votation sur le règlement adopté par le conseil donnant la halle Notre-Dame à la Rock City Cigar Co. Le

jours de votation, 511 votes ont été enregistrés, dont 272 en faveur du règlement et 239 contre.1

1 Pierre-Georges Roy, Dates Lévisiennes, Lévis, 1933, sixième volume (1909-1914),pp. 287. 2 Voir photo 87-07-15.

Le bâtiment se situe actuellement au coin des rues Larochelle et de l'Arsenal. À l'origine, la halle faisait face à la rue Saint-Louis avec sa place de marché devant. On retrouve actuellement un stationnement du côté est de l'édifice. Ce stationnement communique avec le stationnement adjacent de la Société des alcools du Québec.

Malgré les transformations apportées à l'édifice, on a conservé les chaînes d'angle harpées. 2

Au moment où a été réalisé cet inventaire, la forme et les dimensions du plancher intérieur de la halle se présentaient comme suit :