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Guide historique du Vieux Sherbrooke, Sherbrooke, La Société d'histoire des Cantons de-l'Est, 985, p 32.

LA TRADITION DES MARCHÉS PUBLICS AU QUÉBEC

1 Guide historique du Vieux Sherbrooke, Sherbrooke, La Société d'histoire des Cantons de-l'Est, 985, p 32.

2 II y aurait une étude intéressante à mener sur lerôle économique et social du magasin général enmilieu rural au Québec. Voirà ce propos Claude Desrosiers, «La clientèle d'un marchand général en milieu rural à la tin du XVIIIe siècle : analyse des comportements de consommation».

Sociétés villageoises et rapports ville-campagne au Québec et dans la France de l'ouest XVIIe -XXe siècles, Trois-Rivières, Centre de recherche en études québécoises, université du Québec à Trois-Rivières avec la collaboration des Presses universitaires de Rennes 2, 1987,p.p. 151-158; Yvan Fortier, Marchands et magasins généraux au Québec, Québec,

Parcs Canada, 1986, 55 p.; et Lise Cyr, «Les magasins généraux dans les habitudes alimentaires et sociales en gaspésie», Alimentation et régions, Nancy, les Presses universitaires de Nancy, 1987, pp. 141-156.

Ce qui est remarquable, c'est que la place a conservé son aspect du début du siècle. On peut encore y voir les bâtiments qui entouraient le Square.

2.4- Les marchés en milieu rural

Quant au monde rural, on y retrouve peu de marchés publics. En fait, les magasins généraux y remplacèrent en quelque sorte le marché urbain. Le marchand général offrait tous les produits nécessaires aux villageois. Il achetait également des agriculteurs des environs et revendait ces produits. De plus, le marchand général agissait parfois comme intermédiaire entre les grossistes et les producteurs.2

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les marchés publics se multiplient à la grandeur de la province. C'est ainsi que certains villages réclamaient, au même titre que les villes, la construction d'un marché. Malgré un bassin de population peu élevé, des municipalités de village comme celle de Yamachiche se lancèrent dans l'aventure du commerce des produits agricoles:

était un bien petit état à cette époque. Elle comprenait un territoire d'une superficie d'environ 136 arpents, où l'on ne comptait pas plus d'une quarantaine de maisons habitées, en moyenne, par huit

personnes chacune. Mais dix ans plus tard, la population avait presque triplé pour compter en 1896, 850 résidents urbains sur une population totale de 2873 âmes.1

1 J.-Alide Pellerin, Yamachiche et son histoire 1672-1978, Trois-Rivières, Éditions du Bien public, 1980, p. 412.

C'était bien peu de monde pour justifier l’établissement d’un marché. Cependant, il faut souligner le fait que depuis 1878, l’arrivée du chemin de fer avait donné un élan nouveau au commerce et à l'industrie. Quoi qu’il en soit, la Corporation municipale de Yamachiche décidait d’acheter un terrain sur la rue Nérée-Beauchemin à l’endroit où on retrouve aujourd'hui l'hôtel de ville. Après une vingtaine d'années, le conseil municipal décida de fermer le marché.On ne connaît pas les raisons qui ont contribué à la fermeture du marché. On peut cependant supposer qu'il n'était pas assez rentable. De plus, n'oublions pas qu'à cette époque, la population locale se rend régulièrement à Trois-Rivières. Plusieurs personnes prennent le train pour se rendre à l'un des trois marchés de la ville.

Cet exemple nous semble probant de la nouvelle conception qu'on se fait du marché public dans la seconde moitié du XIXe siècle. En fait, on n'y voit pas uniquement un moyen de faciliter la distribution des produits agricoles, on y voit aussi le symbole d'un développement communautaire. Réclamer un marché, c'est aussi réclamer un hôtel de ville, une salle publique et des services communautaires.

Comme on ne retrouvait pas toujours de marchés en milieu rural, on adopta au Québec ce qu'on appelait la «salle des habitants» ou «hangar des habitants». C'était en quelque sorte une salle paroissiale destinée à la tenue des assemblées publiques. Montréal vit apparaître sa première salle publique dès le Régime français :

Cette salle, où l'on vit naître notre vie municipale, c'était le Hangar des Habitants, devenu, après plus de trois siècles, le palais de Concordia.

Le Hangar des habitants, en 1644, était une cabane en bois située angle des rues Saint-Paul et du Marché - aujourd'hui Place Royale

- époque où l'administration municipale était entre les mains du procureur Syndic.

Ce centre communautaire était le seul endroit où les contribuables ou corvéables pouvaient discuter en commun leurs problèmes respectifs et rencontrer leurs mandataires.1

1 Léon Trépanier, «Nos Hôtels de ville», Les Cahiers des Dix, Montréal, n°25, 1960, pp. 219- 220.

2 Léon Trépanier, «Nos Hôtels de ville». Les Cahiers des Dix. Montréal, n°25, 1960, pp. 219- 237.

3 Ernestine Charland Rajotte, Drummondville, 150 ans de vie quotidienne au cœur du Québec, Drummondville, Editions des Cantons, p. 31.

Sous le Régime anglais, les «salles d'habitants» apparurent surtout vers 1845 alors que le Parlement adopta une loi régissant l'établissement d'autorités locales dans le Bas Canada.2 Il existait à Drummondville au siècle dernier la salle de la Société d'Agriculture que l'on appelait aussi « le Hall » qui servait en quelque sorte de place publique et qui tenait lieu de salle des habitants. Comme dans bien d'autres marchés de la province, le conseil municipal y tenait ses assemblées :

La salle de la Société d'Agriculture appelée familièrement «le Hall», était située au coin Hériot et St-Georges, du côté nord-est. C'était un vaste édifice en bois, de lignes très classiques, formé d'un corps central et de deux ailes. La façade était décorée par un fronton triangulaire supporté par six colonnes. D'après un document de l'époque, il aurait été construit en 1841. Dans son étude sur les commencements de Drummondville, le R. F. Côme reproduit une lettre de l'abbé Ferland, historien, qui décrit Drummondville en 1848 et note l'existence d'une «maison de ville», sans doute une traduction de «town hall». Il s'agirait peut-être de cet édifice qui était employé pour toutes sortes de réunions: conseil municipal, conseil de comté, société d'Agriculture, concerts, conférences, même des réunions mondaines et des danses. Nous devons de nombreux récits de ces activités à d'anciennes citoyennes, dont Mme Marie Comtois Dussault et Mme Leight

Moisan Hébert.

Le Hall devait être un édifice remarquable pour le temps, car sur le rôle d'évaluation de 1864, il est estimé au double de la valeur de l'église St-Frédéric. Devenu vétuste, il fut démoli vers 1895.3

Le Hall ou la Salle d'agriculture de Drummondville construit en 18419 Situé surla rue Heriot, cet édifice tenait lieu de salle publique.

Dans certaines municipalités rurales du Québec, on a conservé ces «salles des habitants» qui jouèrent un rôle tout aussi important que les marchés dans l'histoire sociale et culturelle.

La salle des habitants de Deschambault.12

1 Dessin tiré de Drummondville d'antan en photos, p. 57. Coll, de Mme Marie-Paule Labrèque.

2 Deschambault Historique et touristique, Deschambault, Société du Vieux presbytère,