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Les Juifs et les francs-maçons, responsables de la défaite et de l’affaiblisse ment de la France

Dans le document Vichy et les juifs (Page 85-89)

Les Juifs dans La Croix Méridionale

2. Les Juifs et les francs-maçons, responsables de la défaite et de l’affaiblisse ment de la France

a) La responsabilité des Juifs et des francs-maçons

« La France en souffrance» (15 septembre), est un long article d’où nous ex-

trayons : « La France est en souffrance et ce sujet seul doit retenir notre atten- tion aujourd’hui. Imaginons un médecin des Nations disant à la France : “De quoi souffrez-vous ? Qu’est-ce qui vous fait mal” - “M. le docteur, répondrait la France, je souffre de ce que mes enfants prisonniers, au nombre d’un mil- lion-huit-cent-mille, sont détenus je ne sais où […] Je souffre encore, M. le docteur, d’un emprisonnement intolérable et d’un manque d’alimentation. Il me manque de l’air ou de l’espace vital ! Je veux parler de mes routes mariti- mes avec mes colonies et des ressources que celles-ci m’apportaient réguliè- rement. Ajoutez à cela la douleur d’avoir été vendue et trahie ; la douleur de mes familles en deuil, de mes foyers séparés ou ruinés, des carrières et des avenirs brisés. Je voudrais refaire mes forces, car je veux encore vivre, mais je ne peux pas ! Mon sang ne circule plus. La paralysie me gagne, voisine de la mort !” Le médecin qui demanderait à Madame la France si c’est tout, serait cruellement ironique. Et pourtant ce n’est pas tout ! Ne parlons pas de la souffrance des politiciens, Francs-Maçons ou Juifs, mis à pied et dans l’im- possibilité de nuire. Ces mécontentements, châtiments mérités, n’excitent en nous, leurs victimes, aucune pitié. Leur sort est encore bien doux en regard de ce qu’ils mériteraient ». Nous sommes en présence de l’un des thèmes récur- rents les plus exploités par La Croix Méridionale : la responsabilité des Juifs et des francs-maçons dans la défaite française en particulier, et de tous les maux dont souffre la France en général.

Dans « L’Erreur sanglante » (13 octobre), P. Jalbert-Gastal stigmatise les principes fondateurs du régime républicain - “Liberté, Fraternité, Egalité”… (le nouveau gouvernement a adopté la devise “Travail-Famille-Patrie”) et s’attaque aux Juifs et aux francs-maçons, responsables de la ruine du pays : « … Retour à l’erreur, en 1789 : L’égalité du vote à la base du pouvoir politique. L’égalité du partage dans l’héritage paternel. Résultat : dénatalité, l’enfant unique pour éviter le partage. L’État avec un budget de plus en plus formida- ble désorganisé par le pillage. Des politiciens. Ceux-ci sont poussés par des comités. Les membres des comités reçoivent à leur tour des satisfactions pour leurs intérêts personnels. Bientôt l’État va de déficit en déficit, de guerre en guerre. Il laisse échapper la proie de la Victoire pour l’ombre de la Société des Nations. Incapable de prévoir, de savoir, de s’organiser, soumis à toutes les

influences de l’étranger, ruiné par les Juifs et les sociétés secrètes, en dévalua- tion, de vol, en pillerie, l’Etat dégringole d’un seul coup […] . Quarante Rois firent la France, en mille ans. Cent cinquante ans de Révolution dont soixante- cinq de IIIe République avec la sarabande des cent cinq ministères ont suffi

pour l’abattre. […] Seul un retour aux valeurs catholiques peut permettre un redressement : « Dieu a fait les nations guérissables ; mais la première condi- tion du rétablissement c’est de reconnaître l’erreur. Or l’erreur de l’égalité ? On a vidé les tabernacles et les berceaux pour remplir les caisses d’épargne, en attendant que messieurs les Juifs vident la monnaie de toute substance maintenant que les idoles de l’argent et de l’égalité sont en morceaux, il faut que les Chefs de l’État retournent à la Vérité. La France est comme un arbre avec deux sortes de racines constituant la civilisation, les racines latine et ca- tholique. Il faut les revivifier. La culture catholique pour tout le monde, avec le respect nécessaire de la liberté de conscience. Il faut donc qu’une fois pour toutes on nous débarrasse de la logomachie maçonnique dont on abêtit la France, depuis 200 ans ; de tous ces vocables à lettre majuscule, de toutes ces abstractions irréelles, de toute cette mythologie cocasse, de toutes ces vieilles lunes : « Le Peuple souverain. La Démocratie. Le Suffrage Universel. L’Urne. Le droit. La Conscience Universelle. La liberté, etc.».

Si ça pouvait durer (17 novembre) met en avant quelques idées chères au

régime de Vichy : négation de la démocratie, haine de la franc-maçonnerie et des Juifs, valorisation du catholicisme, de la famille, du travail… Dans les nu- méros précédents, on attaquait et on critiquait les Juifs ; à présent on se réjouit du sort qui est le leur. D’ailleurs aucune mention n’est faite du statut antijuif promulgué un mois auparavant : « … - Si ça pouvait durer que les Sociétés Secrètes ne soient plus un Etat tout-puissant dans un semblant d’Etat Répu- blicain ! Si ça pouvait durer que les Juifs et les nations étrangères ne raflent plus impudemment les économies des épargnants Français ! Si ça pouvait durer que les économies communales ne soient plus des instituts de déchris- tianisation : des contre-pieds de l’église paroissiale ! Si ça pouvait durer que le cinéma, le théâtre et la radio soient convenables, que la mauvaise presse, immorale, menteuse ou partisane, soit jugulée ! Si ça pouvait durer que la natalité soit encouragée ; et que les familles nombreuses soient favorisées, que les divorces soient raréfiés ! Si ça pouvait durer que l’Eglise Catholique de France soit honorée, soit soutenue dans son action bienfaisante et soit aidée! Oh ! alors, quel bonheur ce serait pour le peuple de France !»

b) La responsabilité des hommes politiques juifs : Léon Blum, Jean Zay…

« Le châtiment des responsables» (25 août), est l’un des quatre écrits de la

rubrique « Actualité », et le seul qui traite des Juifs : « Le gouvernement du Maréchal Pétain a parfaitement compris qu’on ne pouvait pas reconstruire la nation sans rechercher les causes de sa destruction. Les causes nous les connaissons bien : elles s’appellent : Blum (exécuteur de la politique du Front Populaire), Pierre Cot (destructeur de notre aviation), Paul Raynaud, le pré-

sompteur, Jeroboam Rothschild dit Georges Mandel (le plus actif et le plus dangereux des agents des services d’espionnage britannique et l’homme du comité juif de New York), Yvon Delbos (le secrétaire promoteur des sanctions contre l’Italie), Cesar Campinchi (bruyant belliciste), les distributeurs de la cause juive, d’excitation à la guerre comme MM. E. de Rothschild et Ray- mond Philippe, les journalistes à gage de Kerillis, Buré, Pertinax, Geneviève Tabouis, etc. La cour suprême de justice qui vient de s’installer à Riom va donc avoir à instruire le procès du Parti de la Guerre, qui a des responsabili- tés capitales aussi bien dans le passage de l’état de paix à l’état de guerre, que dans la conduite d’hostilités».

Le thème de cet article est couramment exploité par l’hebdomadaire : quels sont les responsables de la guerre ? Parmi les personnalités citées dans cette liste, on remarque la présence de nombreux Juifs. Le premier, Léon Blum (bien qu’ici on ne mentionne pas son appartenance religieuse), va être un des boucs émissaires de La Croix Méridionale. Georges Mandel fut minis- tre du gouvernement de Paul Raynaud, après avoir été chef de cabinet de Clemenceau. Il fut traduit devant la cour de Riom, déporté par les Allemands puis ramené en France et assassiné par la Milice en 1944. E. de Rothschild fait partie de la grande famille de banquiers Rothschild, depuis longtemps installée et intégrée à la France. L’auteur dénonce « la cause juive d’excitation à la guerre», il cherche des responsables de la défaite et ceux-ci sont dési- gnés parmi les membres de l’ancien gouvernement, et tout particulièrement les Juifs… Contentons-nous de signaler que cet article fut publié deux jours avant l’abolition (le 27 août par le ministre de la Justice Raphaël Alibert) du décret Marchandeau de 1939 qui interdisait la propagande antisémite par voie de presse… De tels propos annoncent l’orientation antisémite du nou- veau régime. En effet, près de trois mois séparent cet article du précédent, daté du 2 juin 1940, le contexte est totalement différent depuis le 22 juin, date de la signature, de l’armistice franco-allemand. La France a connu une terri- ble défaite, la Troisième République n’existe plus, désormais remplacée par “l’Etat français”.

« Les actes et les paroles se ressemblent » (20 octobre) est une diatribe à l’en-

contre de Jean Zay, “Juif franc-maçon” : « On dit parfois qu’il y a loin des paroles aux actes. Ce n’est pas le cas chez Jean Zay qui fut pour la honte de la France. Ministre de l’éducation nationale pendant plusieurs années, Jean Zay avait écrit un pamphlet ordurier sur le drapeau et le moment venu, il a traité le drapeau comme une ordure mettant ainsi ses actes en parfaite corrélation avec ses écrits. Ce Juif franc-maçon voulut étonner ses compatriotes au début de la guerre en se démettant de ses fonctions pour suivre, disait-il, le sort des hommes de même âge que lui. Une première déception attendant les admi- rateurs peu nombreux de l’ex-ministre. Incorporé dans un régiment de cava- lerie, il réussit, alors que toutes les mutations pour convenances personnelles étaient impitoyablement refusées, à se faire verser dans le train des équipa-

ges ». Jean Zay fut ministre de l’éducation nationale de juin 1936 à septembre 1939, et au début de la guerre, demanda sa mobilisation. Au moment de la défaite française de juin 40, alors que Pétain allait signer l’armistice, il s’em- barqua sur le paquebot Massilia en compagnie de Daladier, Mandel, Mendès France, afin de se rendre en Afrique du Nord pour y transférer l’autorité fran- çaise et pouvoir continuer la guerre. Le gouvernement de Vichy fit débarquer le bateau au Maroc le 24 juin 1940, et rapatria les parlementaires en France en les présentant comme des fuyards. Jean Zay fut détenu à Marseille puis à Riom jusqu’en 1944, date à laquelle il fut assassiné par la Milice.

L’auteur anonyme qui signe H. G., s’en prend dans « Ne nous plaignons pas» (27 octobre) au célèbre homme politique juif Léon Blum, le ”faux prophète”, ”un juif errant” qui ”n’aimait ni la France, ni les Français” », responsable de la

défaite, ”avec son cortège de maux” : « Pourquoi ? [il ne faut pas se plaindre] Pour deux raisons. Parce que nous ne l’avons pas volé. Parce que dans le Midi, nous sommes encore des privilégiés et des gâtés. […] Les Français, en majorité, n’ont pas travaillé, n’ont pas économisé, n’ont pas prévu, n’ont pas été vigilants, en face de leurs adversaires, comme ils auraient dû le faire. Ils ont préféré les boniments des politiciens prometteurs de lunes et les utopies des internationalistes aux cris d’alarme et aux avertissements des nationalis- tes clairvoyants ; ils ont accordé leur confiance, imprudemment et bêtement, à des hommes politiques dont le passé louche ou d’incompétence, dont la qualité de Juif ou de Franc-maçon, dont les principes faux et la vie de men- songe auraient dû les rendre méfiants. La défaite déconcertante s’en est suivie avec son cortège de maux et de conséquences de misères que nous subissons. Français, nous ne l’avons pas volé ! Le point épineux, c’est que, dans les mal- heurs publics, les innocents payent pour les coupables. Il en est ainsi dans toute histoire de rédemption. Le Christ a été le plus bel exemple de cette loi mystérieuse. […] Si le faux-prophète, Blum, comme Jonas aux habitants de Ninive, nous avait prêché la pénitence du travail et des économies, il aurait épargné les désastres de la défaite et tous les malheurs de la Patrie. Mais il n’aimait ni la France, ni les Français. Il se moquait d’eux et les exploitait ! Son seul livre immoral sur le mariage aurait dû le faire expulser d’un pays qu’il n’aurait pas plus regretté qu’un autre, en qualité de Juif errant, sinon parce que le nombre des benêts à le croire y était peut-être plus considérable qu’en aucun autre. Donc, nous subissons tout sans nous plaindre ; mais jamais nous n’avions senti comme ces temps-ci la nécessité de bien dire le Notre Père… donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien». En s’attaquant à l’homme politique Léon Blum, au vainqueur des élections de 1936, cet article, comme bien d’autres, met en cause insidieusement sa judéité, non pas la confession israélite, mais « la race » à laquelle il appartient. En d’autre termes, dans une dérive antisémite et raciste : l’homme n’est pas jugé pour ses idées et ses ac- tions, mais pour le fait d’être Juif.

Dans le document Vichy et les juifs (Page 85-89)