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NOTRE RECHERCHE N’A PAS POUR FINALITE DE

3 TERRAIN ET MATERIAUX D’EXPÉRIMENTATION

3.1 Matériaux d’expérimentation

3.1.3 Des interviews croisées calibrées

3.1.3.4 Intervenants-chercheurs expérimentés

Nous appellerons « intervenants » les intervenants-chercheurs de l’ISEOR qui

participent à des interventions socio-économiques. Suivant leur ancienneté, leur maîtrise des processus d’implantation, ils peuvent soit être leaders de projet, soit formateurs aux outils ou interviewers lors des diagnostics.

Pourquoi des intervenants ?

Les personnes participant à l’implantation du management économique sont soient

des intervenants-chercheurs de l’ISEOR, soit des consultants franchisés. Nous

avons choisi d’interviewer des intervenants-chercheurs car historiquement ils étaient les seuls à intervenir ; le réseau de consultants franchisés a été développé plus tard.

Nous avons estimé que limiter les entretiens aux seuls dirigeants et managers pouvait restreindre le champ de vision de la recherche pour plusieurs raisons. Les dirigeants et managers ont été ou sont engagés fortement dans des projets et peuvent avoir une vision partiale. Le chercheur est aussi un ancien « dirigeant et manager » pratiquant le management socio-économique. Il y avait un risque de transfert et de contre-transfert. « Les dirigeants et managers parlent aux dirigeants et managers. » Les intervenants de l’ISEOR sont des experts de la problématique.

Les interviews des intervenants-chercheurs contribuent à l’intersubjectivité

contradictoire (H. Savall, V. Zardet, 2005). Elles permettent de confronter explicitement les différents acteurs dotés de leur point de vue et de les analyser pour en identifier les convergences et les divergences. Selon H. Savall et V. Zardet, l’appartenance socio-culturelle ou les affinités idéologiques et professionnelles du chercheur avec les acteurs risquent de se muer en un ethnocentrisme producteur de jugement de valeurs et idéologiques inconscients.

Choix des intervenants

Nous avons choisi des intervenants expérimentés, ayant plus de 10 ans (voire plus de 30 ans) de pratique en interventions. Nous en avons choisi cinq sur la quinzaine pratiquant à l’ISEOR, représentant, à eux cinq, des centaines d’interventions.

Nous rappelons que, pour ne pas introduire de biais méthodologique, H Savall, directeur de recherche, ne fait pas partie des intervenants interviewés.

81 Ces interviews font partie du calibrage (évaluation quantitative des données qualitatives) sur le logiciel expert SEGESE G et constituent des résultats bruts et structurés de la recherche.

Cependant, nous avons également procédé, postérieurement à ces interviews, à des entretiens d’intervenants juniors pour confirmer certaines hypothèses émises par les dirigeants et managers et les intervenants expérimentés.

Quelques données sur les intervenants-chercheurs interviewés :

Le tableau 9 ci-après récapitule quelques données sur les 5 intervenants choisis Durée entretien Niveau ISEOR depuis Ancienneté heures ans 1,5 Expert 1975 33 1,25 Expert 1990 18 1,5 Expert 1975 33 1,5 Expert 1999 9 1,25 Expert 1999 9

Tableau 9 Intervenants-chercheurs interviewés

Nous avons effectué plus de sept heures d’interviews d’une densité d’expression et d’un degré d’abstraction bien supérieurs à ceux des dirigeants et managers.

Les personnes interrogées représentent en tout plus de 100 ans de pratique de

management socio-économique ; et aucun n’a pu indiquer le nombre exact de

projets suivis, que nous pouvons considérer comme très important.

Difficultés rencontrées

Les intervenants ISEOR expérimentés ont un emploi du temps programmé plusieurs mois à l’avance (comme la méthode le préconise) et sont donc difficilement disponibles pour une interview d’une heure et demie. Mais persistance, patience et bonne volonté ont facilité la prise de rendez-vous pour ces entretiens. Nous nous sommes demandé si ces intervenants parleraient librement du management socio-économique, des points de progrès et de son avenir. La confidentialité des interviews a permis de lever ce problème.

82 3.1.3.5 Entretiens avec des collaborateurs

Nous avons pratiqué le management socio-économique, implanté avec l’ISEOR, dans trois entités (B, BP, LN). Les collaborateurs sont des personnes (cadres et employés) qui ont participé à des projets socio-économiques avec le chercheur entre 1984 et 1995.

Après 1995, nous avons pratiqué le management socio-économique dans d’autres

entreprises, sans l’ISEOR et sans que les collaborateurs le sachent. Il n’y avait donc aucune utilité à interviewer cette catégorie de collaborateurs.

Pourquoi des collaborateurs ?

L’apport des dirigeants et managers, d’une part, et des intervenants, d’autre part, nous a permis un premier aperçu de la problématique et de constituer des données de base.

Il nous a semblé important d’élargir ces données et d’avoir une triangulation

complète en prenant en considération les éléments provenant de personnes ayant travaillé avec le chercheur et ayant vécu des projets socio-économiques, en tant que praticiens en entreprise en même temps que le chercheur.

Pourquoi des collaborateurs ayant travaillé avec le chercheur ?

Il existait la possibilité d’interviewer des collaborateurs travaillant dans les entreprises des dirigeants et managers interviewés. Mais il nous a semblé que le lien hiérarchique, malgré l’anonymat, pouvait entraîner une certaine connivence, convenance, retenue ou distorsion dans l’expression de la vérité. De plus, cette approche ne ferait apparaître qu’une représentation du présent, du vécu actuel des interventions en cours et non la dynamique des acteurs dans le temps.

Nous avons préféré reprendre contact avec des collaborateurs avec qui nous avons

travaillé et que l’auteur a personnellement formé au management socio-

économique, il y a une quinzaine d’années. Cette approche nous a semblé présenter plusieurs avantages. D’abord, elle exclut tout effet du lien hiérarchique actuel entre collaborateurs et dirigeants et managers, elle permet de suivre les évolutions de ces acteurs au travers des changements de méthodes de management qu’ils ont subis et de s’exprimer avec recul sur ce qui s’est passé 15 ou 20 ans plus tôt.

Ces collaborateurs ont été retrouvés avec l’aide de deux associations (Amicale des Anciens B., AS des Professionnels) et des contacts personnels.

Quelques données sur les collaborateurs interviewés

Les 10 interviews ont été menées soit en tête-à-tête soit en sous-groupes de 3 à 8 personnes. Nous avons recueilli au total les témoignages de 31 personnes sur 3 interventions socio-économiques (B, BP, LN).

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Difficultés rencontrées

Notre première approche a été de faire s’exprimer ces collaborateurs par questionnaire. Nous avons donc établi un questionnaire que nous avons envoyé à 34 ex-collaborateurs, ciblés dans les annuaires des associations.

Taux de réponse : 1 sur 34 ! (à peine 3 %)

Nous avons donc entrepris d’en contacter certains au travers des réunions d’associations et des contacts directs, et de les interviewer. Ce fut un processus

long dans lequel il a fallu écouter l’historique de chacun, faire comprendre l’intérêt

d’un tel sujet de recherche et le changement de statut de l’auteur, avant de se focaliser sur le sujet de la recherche.

Passé ce moment, l’expression des interviewés a été fluide, abondante, riche, imagée, spontanée et révélatrice de ce qui s’est passé pour les acteurs (notamment avec leur hiérarchie). Avec le recul, nous considérons que c’est une chance que nous n’ayons pas eu plus de réponses aux questionnaires envoyés précédemment.