ENTREPRISE X arrêt MANAGEMENT SOIO-ECNOMIQUE
7.3 L’évolution à moyen terme du management socio-économique
7.3.2 L’émergence d’un courant de pensée
L’avenir de l’ISEOR évoqué par les acteurs a un aspect court terme et anxiogène, une inquiétude sur ce qui peut se passer à court terme (moins de 5 ans).
L’émergence d’un courant de pensée évoqué par les acteurs a un aspect expectatif et prospectif. Cela correspond à une attente fondée sur des promesses, des probabilités ; espoirs qui ne consistent pas à prévoir l'avenir. Elles servent à élaborer des scénarios possibles sur la base de l'analyse de leurs vécus en tenant
compte de l’état des lieux, des tendances lourdes et des phénomènes
d'émergence.
Le rattachement à un courant de pensée permettrait au management socio- économique d’accroître sa notoriété, de faire masse critique et d’accroître la durabilité de la méthode dans les entreprises.
Ce sont les dirigeants et managers qui ont été les plus prolixes sur le sujet, comme nous l’avons analysé dans les paragraphes suivants.
7.3.2.1 Le management socio-économique comme un courant patronal ou politique
Le prolongement des valeurs comme base de reconnaissance d’une méthode de management n’est pas seulement un artefact physique mais aussi une représentation sociale. Les dirigeants et managers ne souhaitent pas seulement une méthode efficiente pour gérer des entreprises, ils revendiquent une vision différente de la place de l’homme dans l’entreprise.
« Plus d'implication dans la vie politique et économique. »
« Vendre la notion d'élément fédérateur, nécessaire en cette période. » « Pour réussir à travailler ensemble, il faut passer par l'individu. »
« C'est un management humaniste à opposer à un management technique. » « Il faut expliquer que c'est un courant de pensée, et parlons d'évangélisation des patrons. »
« C'est un mouvement pouvant influencer les gouvernements. » « Ça correspond à l'esprit gaullien, participations, 3e voix… » « C'est un outil utile pour fédérer les PME et les associations. »
195 Mais ils se méfient du risque de servir de faire-valoir, de l’image humaniste du management socio-économique pour mieux accentuer la finalité économique.
« Ils peuvent seulement se servir du management socio-économique comme prétexte. »
Cette approche nécessite de passer par un certain lobbying et une communication spécifique. Cela nécessite aussi de prendre parti pour le dirigeant de l’ISEOR et
donc « un risque de perdre son âme,» comme l’a dit un intervenant.
Nous avons rencontré des responsables de la CGPME (syndicat patronal), des responsables syndicaux de la CFDT intéressés par cette approche à titre personnel, mais nous ne connaissons pas de démarche organisée de ces entités vers l’ISEOR, ni l’inverse.
7.3.2.2 Le management socio-économique est un vecteur du développement durable et de la RSE
Le Développement Durable (DD) et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) sont à la mode, car ils correspondent à une prise de conscience des entreprises vis-à-vis des dérives actuelles du capitalisme néolibéral et à la nécessité d’engager des actions de fond. La RSE vise la « triple bottom line » dans
l’entreprise, symbolisée par les 3P : Profit, People, Planet (M Capron, 2005)262
.
Figure M RSE et management socio-économique
Le management socio-économique semble être en droite ligne sur cette tendance en agissant sur 2 des 3 P : le développement des Profits (économique) et des Personnes (social), comme le montre la figure M.
Les dirigeants et managers estiment qu’un engagement marqué dans ce
mouvement pourrait contribuer à sa notoriété :
262
CAPRON, M., Les nouvelles responsabilités sociétales des entreprises : De quelles « nouveautés » s'agit-il ?, Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion, Numéro 211-212, Avril 2005.
Ecobiz Grenoble 26/10/12 27
Personnes
Planète Profit
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« Le Développement Durable peut être un bon vecteur de communication du management socio-économique. »
« Le management socio-économique, support du Développement Durable. »
« Le Développement Durable est concurrent et à la mode, mais le management socio-économique est une réponse innovante pour y parvenir. »
Depuis 2005, Savall H. et Zardet V. 263 parlent de Responsabilité Sociale
Durablement Supportable (RSDS), en démontrant que les organisations et les entreprises peuvent générer les ressources nécessaires pour autofinancer une part raisonnable, efficace et efficiente de leur responsabilité sociétale. Plusieurs chercheurs de l’ISEOR sont très actifs au sein de l’Association pour le Développement de l’enseignement de la RSE. Mais il n’y a pas de démarche volontaire vers des mouvements d’entrepreneurs impliqués dans la RSE.
7.3.2.3 Le management socio-économique est un courant de pensée réconciliant le capitalisme et l'humain
L’ensemble des acteurs sont au moins d’accord sur cette idée-clé. C’est une des motivations pour choisir cette méthode, mais les dirigeants et managers vont plus loin et voudraient en faire un courant de pensée dépassant l’entreprise.
« La notion d'équilibre entre économique et humain est porteur d'avenir. » « C'est du capitalisme à finalité humaniste. »
« On ouvre l'horizon des gens, on leur donne un sens à leur travail. »
« C'est presque une philosophie, ça part de l’humain pour une finalité économique. »
« Les entreprises, est-ce le bon étage ? Plutôt les Valeurs.. »
« Le management socio-économique, c'est aussi un projet de société. »
Les intervenants-chercheurs de l’ISEOR sont du même avis.
« Le management socio-économique c'est une certaine idée du capitalisme et de l'humain. »
« Ce n'est pas une méthode philosophique humaniste, mais la vraie raison de la durabilité, c'est que ça apporte aux organisations pour les rendre plus durablement performantes. »
« Cela concerne tous ceux qui acceptent de gagner de l'argent (économique) en faisant accroître le potentiel humain (socio). »
Les collaborateurs utilisent essentiellement les outils du management socio- économique sans en connaître la théorie. Cependant, ils ressentent que ce type de management accorde une part substantielle à l’humain.
263
197 Ils y voient une méthode appréciée alliant performance et motivation :
« On était très bons et on se marrait. »
« Le CAP264 était un plus en termes financiers, ça motivait à être performant et être Tremplin.»
« On était en avance sur ce qui se passait à l'époque. »
« Cela a apporté l’apprentissage d’une nouvelle culture commune. »
« Les sardines du banc de sardines se mettent à nager dans le même sens, et se télescopent de moins en moins. »
« Une ambiance extraordinaire, très conviviale, mais on était bons, sérieux, pro, impliqués. »
C’est une méthode qui crée du lien entre les acteurs.
« Davantage de vrais dialogues avec mon n+1, pas de contraintes à les appliquer. » « Le 3C265 ça a vraiment existé et c’était authentique. »
« Tu me donnais la trouille lors de nos entretiens, mais je les attendais pour qu'on s'explique.»
« Je n'ai jamais pu retrouver cette ambiance de travail. »
« J'ai le souvenir de liens profonds, de collègues devenant des amis. »
« Si on continue à être amis, c'est qu'il s'est passé quelque chose de fort entre nous. Mais est-ce grâce à Tremplin ? »
Diverses possibilités existent donc pour faire du management socio-économique un courant de pensée plus politique que managériale.
7.3.2.4 La crise économique favorise cette émergence
Nos interviews ont été effectuées en 2010, au cœur d’une crise économique dont tous les acteurs ressentaient les effets. Ce fut l’occasion de s’exprimer sur le lien entre crise économique et cette méthode de management.
Les dirigeants et managers y voient une raison supplémentaire de faire connaître la méthode. Pour eux, c’est un moyen préventif et non curatif à une crise économique, qui anticipe les causes et amoindrit les effets. Alors qu’en cas de crise, on demande à une nouvelle méthode de management de réparer les dégâts.
« La crise actuelle va inciter les entreprises à s'orienter vers le management socio- économique, celles qui l'ont déjà vont s'en sortir. »
« C'est une réponse pertinente à la situation économique actuelle. »
« Il faudrait communiquer que le management socio-économique correspond au contexte actuel de crise : management global, stable, stratégique, durable. »
Il y a une convergence entre dirigeants et managers, intervenants et collaborateurs pour estimer que le management socio-économique est ressenti comme un courant de pensée émergeant.
264 CAP = CAPN : Contrat d’Actions Périodiquement Négociables (voir lexique). 265
198 Ces éléments pourraient servir de base à une nouvelle forme de présentation et de communication du management socio-économique. Ils renforcent la pérennité de la méthode auprès du monde des entreprises et donc des projets socio-économiques dans les organisations.
199