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Inscription dans le contexte politique local et actions innovantes

Du fait de sa gouvernance intimement liée à la politique de Montpellier Méditerranée Métropole, le MIN inscrit ses actions dans la P2A menée par celle-ci. Les cinq finalités de la P2A sont les suivantes :

→ offrir une alimentation saine et locale au plus grand nombre ;

→ soutenir l’économie et l’emploi agricole et agroalimentaire ;

→ préserver le patrimoine paysager et les res- sources naturelles ;

→ limiter les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique ;

→ favoriser la cohésion sociale, en soignant le lien à la nature et les liens entre urbain et rural. Un exemple d’action mise en place dans ce cadre est l’initiative « Bocal, bon et local », à laquelle le MIN est associée. Elle vise à favoriser les produits locaux jugés de qualité.

L’équipe de pilotage du MIN s’est donné l’am- bition d’être le chaînon manquant dans les

échanges de gros volumes de produits issus de l‘agriculture biologique du territoire, s’inscrivant ainsi dans la P2A. Les objectifs sont les suivants : proposer un appui logistique, structurer l’offre de produits agricoles, fournir l’information de mar- ché (prix, quantité et qualité), élargir les publics touchés à tous les niveaux. Pour ce faire, depuis l’été dernier, un poste de « responsable de struc- turation de l’offre » a été créé. Dans la fiche de poste se trouvent également de nouvelles actions pour redynamiser le carreau des producteurs et lui redonner ses « force et vigueur » d’antan.

Le nouveau plan d’action du MIN a été validé lors du conseil d’administration, avec quatre mesures phares : l’implantation d’un box fermier, d’un carreau bio et local et d’un pôle de transfor- mation et un travail sur la transparence (Nithard, 2018). Ces mesures ont déjà été initiées, mais le détail est encore en partie à créer. À ces quatre mesures s’ajoutent des initiatives innovantes plus transversales. Le MIN souhaite ainsi développer son offre de logistique de distribution, grâce à l’entreprise de transport qu’il héberge. Il a aussi la volonté de créer une association de produc- teurs locaux à terme, sur la base du groupement de producteurs en cours de mise en place.

Le projet de groupement de producteurs locaux

Un groupe de travail composé du Centre d’ini- tiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (CIVAM) Bio 34, de la chambre d’agriculture de l’Hérault, de celle de l’Occitanie et de l’Insti- tut national de la recherche agronomique (Inra) cherche à réunir les producteurs autour de solu- tions logistiques et de valorisation communes pour mieux structurer l’offre. Cette recherche de structuration a pour objectif de rendre le MIN attrayant et simple d’utilisation pour les ache- teurs (stabilité de l’offre, diversité des produits locaux). Il s’agit de pouvoir faire face aux nou- velles formes de demandes et d’opportunités.

Les MIN : centralisateurs de flux ?

Pour atteindre les objectifs de réduction de l’em- preinte carbone du dernier kilomètre1 du trans- 1. En comptabilisant les impacts environnementaux de chaque étape du transport d’un produit alimentaire, il apparaît que la partie la plus néfaste est celle dite du « dernier kilomètre ». Elle se réfère à la somme des émissions liées à l’usage des voitures individuelles des particuliers pour aller faire les courses.

port des produits alimentaires, le MIN s’interroge sur la pertinence de développer un service de logistique / massification / distribution. Le MIN travaillant très souvent avec des petites struc- tures de production et de commercialisation, il est rare que les besoins et les moyens disponibles soient suffisants pour impliquer le transport de gros volumes. Or, plus on augmente le volume déplacé, moins l’impact environnemental pour un kg de marchandise transporté est impor- tant. Quelques MIN en France, comme le celui de Toulouse, sont en train de travailler avec La Poste pour mettre en place un service de livraison mutualisé des produits frais, Chronofresh. L’idée est de réutiliser les circuits de distribution de La Poste, dont l’activité est en déclin, pour proposer une livraison rapide, personnalisée et mutualisée aux commerçants. Sur le MIN de Montpellier, l’ins- tallation de transporteurs-distributeurs natio- naux ou internationaux et spécialistes du dernier km permet d’entrevoir de nouvelles perspectives logistiques. Les MIN ont donc une carte à jouer en organisant la distribution entre ces différents professionnels et en mutualisant, réduisant ainsi coûts et impacts.

Le box fermier

Ce sera un stand d’exposition permanent de l’ensemble de la diversité des produits bio et locaux, mais également transformés sur place, disponibles à l’achat au marché gare. Il permet- tra de faire la promotion des produits, mais aussi de favoriser la venue de nouveaux acheteurs. Il pourra également être une plateforme d’expédi- tion, complétant ainsi l’offre régionale actuelle- ment existante. Il tiendra le rôle de tremplin lors de l’introduction éventuelle de nouveaux produits tels que le vin, les fromages ou encore le poisson. Se faisant, il sera vecteur de l’augmentation de la variété de produits proposés et de la fréquen- tation du marché, tant chez les producteurs que chez les transformateurs.

Le carreau bio et local

Le carreau bio et local a l’ambition de permettre aux professionnels de l’alimentation de pou- voir proposer dans leur commerce des produits promus par la P2A, de permettre au plus grand nombre de producteurs de bénéficier de l’outil MIN et de promouvoir les produits bio et locaux du territoire [Figure 2]. Le marché gare Mercadis

est le premier MIN de France à incarner une poli- tique urbaine de durabilité agricole et alimen- taire et de ce fait à proposer un carreau de ce type. Pour y parvenir, il a monté un partenariat avec la chambre d’agriculture de l’Hérault et le CIVAM Bio 34. L’objectif est de se faire accompa- gner dans cette démarche et de bénéficier d’une compétence agricole en externe pour structurer les filières en agriculture biologique et locale et légitimer son action (voir plus loin).

Le pôle de transformation

Il s’inscrit dans la politique de diversification de l’offre et de lutte contre le gaspillage. Valorisant les invendus, il permet de sécuriser les ventes et donc l’emploi des petits producteurs et de créer des nouveaux postes, dont d’insertion, au sein même de ces entreprises hébergées sur place (voir plus loin).

FIGURE 2. CARTE DE PRODUITS LOCAUX PROPOSÉS AU MIN

(Source : guide d’accueil Mercadis, www.mercadis.net) Le travail sur la transparence

Le MIN va proposer un service de traçabilité, développé avec l’Inra. Il va également travailler avec une start-up montpelliéraine, Panjee, pour proposer la version virtuelle du catalogue de produits. Grâce à ces deux outils, l’information de marché sera disponible plus facilement et de manière plus renseignée que précédemment. Ce travail sur la transparence est particulière- ment important concernant les filières issues de

JOURNÉE DES INNOVATIONS POUR UNE ALIMENTATION DURABLE 2018

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l’agriculture biologique. En effet, la plupart des échanges ont lieu directement entre producteurs et commerçants, dans un contexte où la demande est très largement supérieure à l’offre. La concur- rence entre les acheteurs est donc forte, et ils sont peu enclins à communiquer les chiffres inhé- rents aux transactions. Si le MIN réussit à jouer le rôle de chaînon manquant et de centralisateur des échanges de produits labellisés AB, il pourra grâce à ces outils proposer une expertise agricole spécialisée par l’entrée filière, ce qui est assez inédit. En effet, l’expertise pratiquée la plupart du temps se focalise soit sur la production, soit sur la commercialisation. En étant capable d’appréhen- der l’ensemble de la chaîne de valeur, le MIN se dote ainsi d’une compétence innovante. Ce pilo- tage par l’aval pourra être précieux, par exemple pour les acteurs d’aide à l’installation en agricul- ture (CIVAM Bio, chambre d’agriculture, etc.).