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LA POPULATION DU BASSIN DANS LE TEMPS ET L’ESPACE

CHAPITRE 3 : HABITAT ET INFRASTRUCTURES VILLAGEOISES

4. Les infrastructures villageoises

Sont présentées ici, de manière comparative, les principales infrastructures non religieuses qui peuvent se trouver dans les villages : l’école, le centre de santé, le réseau d’adduction d’eau, la ligne électrique et le cimetière.

L’école

Les autres infrastructures villageoises sont nombreuses, au premier rang desquelles vient l’école, primaire ou secondaire. On la retrouve pratiquement dans tous les villages (les enfants de Sengsavang et Phoudindeng sont scolarisés dans un village voisin) [Tableau 15]. Si elle se tenait par le passé dans les monastères, elle possède aujourd’hui ses propres bâtiments, plus ou moins confortables : des classes faites de bois et de bambou comme à Houay Ngam ou, de plus en plus, des bâtiments de briques aux murs blancs et toits rouges. L’école secondaire de Phatang, bâtie en 2001, est l’une des seules du district à avoir été financée par l’Etat alors que beaucoup d’autres sont bâties grâce à l’aide internationale.

La scolarisation des enfants est très forte à l’école primaire. Elle l’est moins à l’école secondaire, surtout dans les villages les plus éloignés de l’école comme Somsavath, situé à 7 Km de l’école secondaire de Phatang, qui ne compte que 4 élèves dont 3 garçons scolarisés en secondaire. Nous remarquons également que l’école primaire de Somsavath possède le moins d’instituteur par élève (1 pour 45 élèves) alors que les autres écoles comptent un instituteur pour 12 (Phatang) à 22 élèves (Houay Ngam), 18 à Phathao [Tableau 15]. Ces différences importantes sont liées au nombre d’instituteurs disponibles dans le village d’une part, et au nombre de volontaires venant de l’extérieur pour enseigner dans ces villages. A Somsavath, un seul des quatre instituteurs est yao, les autres sont des volontaires taï originaires du district. Comme le mentionne l’étude sur les déplacements de villages au Laos publié en 1997, les enseignants, généralement lao loum, sont réticents à aller travailler dans les villages de montagnards où le métier est réputé être plus difficile, le lao n’étant pas leur première langue (Goudineau, 1997 p. 27).

La création de la première école à Vang Vieng date du début du vingtième siècle. Elle a d’abord attiré les fils des familles les plus riches du bassin et donc plus ouvertes à ce nouveau type d’enseignement, alors que d’autres, tout aussi riches, n’en voyaient pas l’utilité. L’école de Phatang fut créée en 1937 à l’initiative du chef de village ayant été l’un des premiers à étudier à Vang Vieng [Tableau 16]. Ces deux écoles forgèrent les

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Ces personnes sont notamment hauts fonctionnaires dans différents ministères ou militaires de haut rang.

79 élites locales actuelles dont de nombreux instituteurs, prenant le relai des anciens. Ban Phatang, avec ses deux écoles : la première école primaire et la seule école secondaire du nord du district, est depuis longtemps un village-centre. Il compte d’ailleurs parmi ses habitants 46 instituteurs, fonction des plus prestigieuses en zone rurale. L’école, institution qui regroupe les enfants de plusieurs villages et qui influence les destinées individuelles, tient une place de première importance dans la vie villageoise.

Les centres de santé

Les centres de santé sont répartis dans le district et travaillent en collaboration avec l’hôpital de Vang Vieng. Celui de Phatang, qui ajoute une fonction supplémentaire à celle du village-centre, dessert les 18 villages du nord du district. Il est dirigé par un infirmier dont l’équipe se compose de deux autres infirmiers-accoucheurs, d’un médecin et d’un pharmacien. Ce centre de santé, ainsi que ceux de Namone et de Nammouang, deux autres village-centres du bassin, ont été bâtis et dotés d’équipements neufs en 2005 par la Coopération technique belge (CTB) qui a également rénové l’hôpital de Vang Vieng, créé en 1972 par l’USAID pour faciliter le soin des soldats blessés évacués de Long Cheng. Avant la création de l’hôpital américain, appelé couramment hôpital OBI (Organization Brotherhood International), la ville ne comptait qu’un dispensaire construit par les colons Français. Les villageois prennent actuellement l’habitude de se rendre à l’hôpital ou dans les centres de santé en cas de maladie, d’accouchement ou de blessure. Les centres assurent le suivi quotidien des malades, l’information sanitaire, la contraception et des tournées de vaccination. Certains villages ont un infirmier volontaire, simple villageois formé aux premiers soins (Houay Ngam, Phathao), ou encore une accoucheuse rurale, diplômée de l’hôpital de district, qui peut venir aider les femmes en cas d’accouchement à la maison.

La médecine moderne n’a pas complètement remplacé les médecines traditionnelles comme en témoigne l’existence dans presque tous les villages de guérisseurs-herbalistes (mo ya) ou de chamanes (mo môn). Les villageois font appel à eux pour certains, en priorité et dans ce cas ne se tournent vers la médecine moderne qu’en dernier recours. Mais ils sont de moins en moins nombreux. D’autres font appel aux deux médecines en parallèle.

80 Tableau 15 : Les infrastructures villageoises

Villages Ecole primaire Ecole secondaire Monastère Autel du génie tutélaire

Centre de santé Bâtiment administratif

Cimetière instituteurs nbre élèves nbre classes nbre instituteurs nbre élèves nbre classes nbre bâtiment infirmiers nbre

Phatang 13 157 6 (6 nivx) + maternelle 26 504 12 (6 nivx) 1 1 1 4 1 1 Somsavath 4 181 4 (3 nivx) 1 1 1

Phathao 17 +maternelle 375 13 (6 nivx) 1 1 1

Sengsavang 1

1 1 clinique

privée

1 Houay Ngam 5 ? 5 (5 nivx) 5 ? 3 (3

nivx) 1

2 1 1

81 Alimentation en eau

Les six villages étudiés possèdent différents types d’alimentation en eau. Les points d’eau publics (à partir d’un captage de source) présents à Somsavath, Phathao et Phoudindeng, sont la forme la plus répandue d’alimentation en eau courante dans les villages du bassin. Ils constituent par nécessité des lieux de rassemblement et des pôles de la vie communautaire. A toutes heures du jour, les villageois remplissent des seaux, font leur toilette, la lessive ou lavent la vaisselle autour de ces points d’eau. Dans d’autres villages, les habitants bénéficient de puits ou de forages privés ou détenus par un petit groupe de maisonnées, équipés de pompes électriques (Houay Ngam). A Phatang, l’eau d’une source est captée et stockée dans un bassin en amont du village puis distribuée dans les maisons au moyen d’un réseau de tuyaux enterrés. Une cotisation de 1000 kips par mois et par maisonnée est destinée à dédommager le responsable de l’entretien du captage. Les maisons les plus éloignées du bassin, non desservies, captent l’eau dans d’autres sources. A Sengsavang, village urbain, chaque maison possède son arrivée et son compteur d’eau potable distribuée par la société des eaux.

La situation sanitaire des villages est liée à la distribution de l’eau. Ainsi, dans les villages où l’eau arrive dans chaque maison (Phatang, Sengsavang) il y a presque toujours des latrines alors que dans les villages ne disposant que de robinets publics, les maisons en possèdent rarement (Somsavath, Phathao, Phoudindeng, Houay Ngam).

Electrification

L’électrification des villages du bassin à commencé à la fin des années 1990. Tous les villages de l’agglomération de Vang Vieng sont électrifiés depuis 1996. Les autres villages du bassin longeant la route 13 l’ont été à partir de 1997 (Phatang, Somsavath, Houay Ngam et Phoudindeng) et Phathao en 2004. Presque toutes les maisons se sont raccordées et possèdent normalement leur propre compteur mais il existe aussi des cas, aussi dangereux que difficiles à gérer sur le plan financier, de raccordement électrique directement de maisons à d’autres. L’électrification du district est aujourd’hui achevée, avec en dernier lieu les villages des vallées de Tin One et Muang Noy raccordés en 2007.

Cimetières

Les cimetières sont, à la différence des grandes villes, à l’extérieur du village, le plus souvent à demi cachés par une végétation dense. Les installations crématoires des bouddhistes se trouvent au centre du cimetière où s’élèvent les stupas (petits édifices élevés à la mémoire du défunt et contenant la jarre de cendres). Les Yao, Hmong, Khmou, Taï Deng et Taï Dam du district enterrent leurs morts selon des rituels bien précis et le site peut varier d’un défunt à l’autre en fonction de rituels divinatoires. Deux villages n’ont pas de cimetières propres : Sengsavang et Phoudindeng. Les habitants de Sengsavang choisissent les cimetières des villages voisins tels que Houay Sa Ngao ou Muang Xong. Ceux de Phoudindeng agissent selon leur tradition : les Taï choisissent les cimetières des villages voisins, Houay Sa Ngao ou Pakpo, les Hmong et les Khmou ont chacun leurs cimetières, reculés dans la forêt à l’est du village. L’absence de cimetière collectif dans ce village révèle une fois de plus le manque de cohésion entre les trois groupes qui le composent. Ce qui n’est pas le cas par exemple à Phatang où les Khmou entèrent leurs morts dans le cimetière des Taï.

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Année Phatang Somsavath Phathao Sengsavang Houay Ngam Phoudindeng 1860 fondation

1890 fondation

1920 première école à

Vang Vieng

1932 Création de la route nationale

1937 création de l'école primaire 1945 création d'un nouveau monastère au nord du village création du premier dispensaire ? 1957 création du premier dispensaire création de la piste d’aviation ? 1960 nouveau cimetière (crémation) 1972 création de l’hôpital OBI 1976 création de l'école secondaire 1986 installation de l'eau courante, réseau téléphonique 1988 création du village, création de l'école 1990 premiers occupants du lieu 1991 usine de ciment

à Ban Khan mak

1992 Route nationale asphaltée

1994 fondation

1995 installation des

robinets (UNICEF) école électrification

1996 installation de l'eau courante

Canal

d'irrigation (EU) électrification

1997 électrification fondation 2000 construction du nouveau monastère 2001 construction du nouveau monastère Installation des robinets publics 2004 installation du réseau de téléphonie

mobile électrification Création des bâtiments publics 2005 création du nouveau dispensaire (CTB) déplacement du marché rénovation de l'hôpital 2006 création du bureau administratif, création du marché création du bureau administratif assainissement et route principale asphaltée (ADB) 2007 restauration du siim (temple) routes intérieures asphaltées (ADB), création du bureau administratif début de la construction du monastère 2008 rattachement administratif de Sanam fusion administrative de Sengsavang avec Sisavang

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