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LA POPULATION DU BASSIN DANS LE TEMPS ET L’ESPACE

CHAPITRE 3 : HABITAT ET INFRASTRUCTURES VILLAGEOISES

5. Les infrastructures commerciales

Des infrastructures commerciales (boutiques, gargotes, rizeries, services divers…) sont présentes dans tous les villages, plus ou moins nombreuses selon le nombre d’habitants et la situation du village [Tableau 17].

Dans le contexte urbain, Sengsavang, situé en plein centre touristique de la ville, dispose d’un grand nombre de restaurants, d’hôtels et d’autres commerces destinés aux touristes. Par ailleurs, de petits étalages de légumes et de fruits sont installés par les riverains en fin d’après-midi le long de la rue qui longe la Nam Xong. Le marché le plus gros du district se tenait autrefois à Sengsavang mais a été déplacé en 2005 à la périphérie nord de la ville, dans le village de Houay Sa Ngao.

Dans les villages-centre (Phatang), villages périurbains (Houay Ngam) et gros villages (Phathao et Phoudindeng), les boutiques de proximité sont nombreuses et il existe quelques gargotes, rizeries et garages [photo 9]. Phatang compte en plus un marché mais qui ne fonctionne pas encore. Le marché de Houay Sa Ngao, ouvert en 2005 est donc le seul marché accessible aux villageois du nord du district33. Le village de Houay Ngam n’a pas de marché, les habitants peuvent acheter des produits frais dans les multiples petites boutiques du village qui revendent également des plats préparés achetés au marché de Vang Vieng quotidiennement. Le marché de Houay Sa Ngao se situe à environ 6 Km, celui de Muang Xong à 4 Km et celui de Khan Mak à 3 Km. Contrairement aux villages situés au nord du district comme Somsavath ou Phatang, on ne rencontre pas à Houay Ngam de vendeurs ambulants de viande, de glace ou de pain. Houay Ngam comme Phoudindeng étant proches de l’agglomération, leurs habitants se rendent plus régulièrement, voire quotidiennement au marché de Vang Vieng, à pieds, à vélo ou en moto. Les transports comme le tuc-tuc ou le taxi collectif ne passent pas non plus au village (sauf en direction de Vientiane) car les villageois possèdent en général leurs propres moyens de locomotion. Enfin, dans les villages moyens ou petits, éloignés du centre urbain (Somsavath), il n’y a que très peu de commerces, limités aux besoins de base (quelques boutiques de proximité).

33 Plusieurs notables ou chefs de village de Phatang ont essayé, à plusieurs reprises, de créer un marché pour les habitants et les villages voisins. Jusqu’à aujourd’hui et malgré la construction, en 2007, d’une halle couverte située au centre du village, aucune vendeuse ne vient s’y installer. Les villageois sont pourtant les premiers à se plaindre de l’absence de marché où à réclamer de nouvelles activités économiques. Cependant ils continuent de se rendre au marché de Houay sa Ngao situé à 16 Km.

84 Village Boutique Gargote Restaurant

destiné aux touristes Hôtel ou guest house Commerce ou service destiné aux touristes

Pharmacie Garage Rizerie mécanique Marché Sengsavang 14 2 16 8 16 1 2 1 0 Phatang 16 8 0 1 0 1 2 6 1 Houay Ngam 19 1 1 0 0 0 3 6 0 Phathao ND ND ND ND ND ND ND ND 0 Phoudindeng 11 3 1 2 0 0 2 3 0 Somsavath 8 4 0 0 0 1 1 3 0

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Le développement traditionnel des villages taï, de l’amont vers l’aval, de la tête vers les pieds, à été observé à Houay Ngam et pour l’agglomération de Vang Vieng. Parmi les différentes formes prises par les villages, l’une d’elles s’impose dans le bassin : l’habitat groupé et allongé en bordure de la route nationale, aussi appelé « village-rue ». Cette forme d’habitat est liée à la configuration du bassin, étroit et traversé par la route nationale depuis les années 1930, qui longe la rivière - aussi plusieurs villages qui se développaient en bordure de la rivière sont devenus naturellement des villages-rue - et à l’augmentation du trafic routier, en lien avec le développement économique (commerce, tourisme) des provinces du nord du pays et des relations avec la Chine. Elle est également liée aux mouvements des réfugiés, ayant été dirigés durant les années 1960-70, vers les plus gros villages situés en bordure de l’axe routier, mieux protégés que les autres par l’armée neutraliste. Mais aussi enfin, à la relocalisation par l’Etat des villages montagnards déplacés, le long de l’axe majeur de développement social et économique du bassin. La structure des villages de Somsavath et Phoudindeng, déplacés et constitués chacun de plusieurs anciens villages ou groupes ethniques, reproduit ces différences d’origines par une séparation en quartiers : deux quartiers, nord et sud, correspondent aux deux anciens villages à Somsavath et trois quartiers, correspondent aux trois groupes ethniques à Phoudindeng. Dans le village urbain, la pression foncière ne permet pas de séparation des habitations en quartiers ni d’évolution géographique mais produit un peuplement dense et ordonné par le maillage orthogonal des rues.

Si une même organisation politique domine tous les villages, ayant à leur tête un chef, représentant à la fois de la population villageoise et du Parti au niveau du district, les villages se différencient selon leur localisation, leur ancienneté et l’étendue de leurs relations économiques à Vientiane et à l’étranger, qui expliquent en partie les écarts observés au niveau des infrastructures publiques et de la richesse des monastères en particulier, dans les villages taï. D’un côté, les villages urbains, périurbains et les villages-centres sont dotés de tous les équipements publics et d’un nombre important de commerçants. De l’autre, les villages ruraux, éloignés du centre urbain, dont les habitants sont obligés de se déplacer pour accéder aux services de base (école, santé, commerces).

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CHAPITRE 4 : L’ÉMERGENCE D’UNE VILLE A LA TÊTE DU BASSIN

Le terme muang signifie à la fois « pays » et « ville ». Il s’applique aussi bien au territoire d’un Etat (Muang Lao = Laos) qu’à une subdivision de celui-ci (Muang Vientiane = ville de Vientiane). Cependant, au sens administratif, le muang correspond aujourd’hui au district, subdivision de la province dite khouang. Autrefois, le muang correspondait à une principauté composante du royaume. Le chao muang qui la dirigeait était le maître du territoire. C’est le titre porté aujourd’hui par les Gouverneurs de districts. Le chao muang est le représentant, autrefois du souverain et aujourd’hui de l’Etat auprès de la population. Il réside avec ses adjoints au chef-lieu où se trouvent leurs bureaux et où se règlent toutes les affaires. C’est également là que se tient habituellement le principal marché du district (Condominas G. et Gaudillot Cl., 1959 p. 102; Papet, 1997). Le Muang Vang Vieng définit donc à la fois l’ensemble des villages contrôlés par les autorités du muang et la bourgade, plus ou moins urbanisée, qui abrite le chao muang, ses adjoints et le principal marché du territoire.

Vang Vieng, longtemps considérée comme un gros bourg de campagne, a connu ces dernières années des transformations majeures sur le plan des infrastructures publiques et des caractéristiques de sa population, faisant d’elle une petite ville au contact de la capitale nationale et des pays étrangers.