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Ainsi, l’adaptation cinématographique n’est pas sans influer sur la réception de Tolkien en France. Dès 2001, l’annonce saisit l’intérêt des non-lecteurs et des médias qui se mettent à offrir une nouvelle couverture médiatique de l’auteur. Des journaux comme Le Courrier

international, Les Inrockuptibles, Le Monde ou bien encore Télérama se mettent soudain à

consacrer d’importants articles à Tolkien et son œuvre572. Faute d’archives détaillées ou d’ouvrages de référence sur lesquels s’appuyer cependant, ils font reposer leurs informations sur les sites francophones consacrés à l’auteur et sur la communauté des fans.

Du côté des réseaux francophones, les associations déjà mentionnées ont continué leur travail d’exégèse, aidées en cela par le développement de l’Internet dans les années 1997- 1999. jrrvf.com, Hiswelókë, tolkiendil.com et la liste de diffusion Ardalie573 continuent d’offrir forums de discussion, articles de fond et échanges de pointe ; de nouveaux groupes se sont également constitués autour des films en préparation, comme numenoreen.com ou bien encore Elbakin.net574 (qui va diversifier peu à peu son activité, se mettre à traiter du genre tout entier et créer une base de donnée critique ainsi qu’une série de prix, devenant de fait une référence francophone sur le genre), ainsi qu’une myriade de pages isolées, le tout constituant une vaste communauté en réseaux dans laquelle le fan évolue en fonction de ses envies575. L’implication des fans se voie, de plus, renforcée par la communication qu’adopte le réalisateur Peter Jackson autour des films : celui-ci se présente en effet comme « un des leurs » et leur confie des informations inédites, répond à leurs questions ou semble tenir compte de leurs remarques (les associations pouvant alors se faire le relai des préoccupations des fans, et renforcer leur influence au passage).

572 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 187.

573 Hiswelókë, https://www.tolkiendil.com/essais/hisweloke, consulté le 29 mai 2019. 574 ELBAKIN.NET, Présentation, op. cit. ;

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Paradoxalement, les films remplacent moins les livres qu’ils n’en encouragent la lecture. Ferré dresse un portrait élogieux de la période post-adaptation en s’appuyant sur des chiffres de ventes qui laissent rêveur : si la France est moins « touchée » que d’autres pays comme l’Angleterre et l’Allemagne (Klett-Cotta, qui vendait déjà six à huit fois plus que Bourgois, aurait triplé son chiffre d’affaire576), il n’en demeure pas moins que :

plus d’exemplaires se sont vendus au cours de la seule année 2001 que pendant les sept années précédentes (1994-2000) ou les vingt premières années (1972-1992). […] L’année suivante n’a pas été moins faste, avec 45 000 exemplaires en grand format, tandis que Vivendi Universal Publishing écoulait 1 million d’exemplaires577.

En se basant sur les questionnaires que contiennent les ouvrages et que lui renvoient les lecteurs, Christian Bourgois constate en 2004 l’arrivée d’un lectorat nouveau, qui s’éloigne non seulement de son public habituel mais aussi de celui, plus spécifique, des éditions grand format de Tolkien : des lycéens, collégiens, adultes d’âges et de niveaux socio-culturel variés (« il y a des pompiers, des ouvriers, des infirmiers578… »). De leur côté, Gallimard et Gallimard Jeunesse vendent, entre 2001 et 2002, « dans deux collections différentes (SF et

Best) des centaines de milliers de volumes, 500 000 et 750 000579 » du même roman. Pour Bourgois, c’est là un cas rare où, en segmentarisant les publics, le livre a réussi à atteindre pour chaque lectorat potentiel le maximum de ventes possible, preuve encore une fois que le récit de Tolkien touche des groupes très divers. Avec le cycle des Harry Potter, Le Seigneur

des anneaux domine ainsi de loin les ventes des littératures de l’imaginaire mais occupe

également, fait rare, une position confortable dans les ventes générales580.

Si la version de Peter Jackson est globalement saluée par les admirateurs de l’œuvre originale, et tolérée dans la mesure où les images mèneraient in fine nombre de jeunes spectateurs à la lecture, la deuxième trilogie du Hobbit va faire en revanche l’unanimité

576 Vincent FERRE et Christian BOURGOIS, « Christian Bourgois : entretien avec l’éditeur français de J.R.R.

Tolkien », op. cit., p. 43.

577 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 189.

578 Vincent FERRE et Christian BOURGOIS, « Christian Bourgois : entretien avec l’éditeur français de J.R.R.

Tolkien », op. cit., p. 42.

579 Ibid.

580 Le premier tome en poche atteint notamment la 21ème place des ventes toutes catégories, avec 239 600

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contre elle pour de multiples raisons (celle-ci se verra accusée de soumission à la finance, au marketing, aux jeux de construction ou aux jeux vidéo581) ; la communauté des amateurs de fantasy ou l’élite des lecteurs de Tolkien sont prompts à faire preuve de méfiance à l’égard d’un nouveau lectorat, hâtivement jugé trop paresseux ou trop peu éduqué pour pouvoir apprécier la supériorité de l’original.

La nouvelle popularité de Tolkien annonce également un tournant dans sa réception académique, qui décolle principalement dans les années 2003-2004 : pour Ferré, cela peut s’expliquer par l’envie des chercheurs de profiter de ce soudain engouement du public afin de justifier leurs propres recherches, ou bien au contraire par le désir d’empêcher l’adaptation de dénaturer définitivement l’œuvre de l’écrivain582.

Au milieu de quelques ouvrages « de circonstance, souvent contestables et mal informés »583, on notera la publication de Et si on parlait… du Seigneur des anneaux par Irène Fernandez584 (spécialiste par ailleurs de l’écrivain C.S. Lewis) et D’Asimov à Tolkien,

cycles et séries en littérature de genre de Besson585 (le livre s’appuie sur sa thèse sur les cycles romanesques en paralittérature, soutenue en 2001), suivis de Tolkien, Le Chant du

monde de Charles Ridoux586. Deux journées de conférences sont organisées, une en 2003 à Rennes 2 (qui donnera naissance au recueil Tolkien, trente ans après587), l’autre en 2004 à la Bibliothèque nationale de France, avant un premier colloque international en 2008. Leo Carruthers, éminent « professeur d’une université comme la Sorbonne, reconnu pour ses travaux sur la littérature médiévale et avocat de longue date de la cause tolkienienne588 », propose un séminaire à Paris IV dès 2003 et édite à son tour un ouvrage collectif, Tolkien et

le Moyen Âge589, pour le CNRS ; le même institut publie peu après Isabelle Pantin, « professeur de l’École normale supérieure, spécialiste de littérature de la Renaissance et

581 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 161‑162. 582 Ibid., p. 194‑195.

583 Ibid., p. 191.

584 Irène FERNANDEZ, Et si on parlait... du Seigneur des Anneaux, Paris, Presses de la Renaissance, 2002.

585 Anne BESSON, D’Asimov à Tolkien : cycles et séries dans la littérature de genre, Paris, CNRS, coll. « CNRS

littérature », 2004.

586 Charles RIDOUX, Tolkien. Le chant du monde, Amiens, Encrage, coll. « Travaux bis », n˚ 7, 2004.

587 Vincent FERRE et Paul AIRIAU (dirs.), Tolkien, trente ans après (1973-2003), Paris, Christian Bourgois, 2004. 588 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 196.

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des relations entre littérature et philosophie590 », et son Tolkien et ses légendes. Une

expérience en fiction591.

Au même moment, les travaux sur l’auteur continuent de croître : Ferré relevait en juin 2008 27 maîtrises, 17 DEA et 23 thèses592 (soit le double des années 1981-2003) ; en 2018, ce nombre s’élève à 177 maîtrises et licences, 37 DEA, 34 thèses et 1 habilitation à diriger des recherches593. Si plusieurs travaux s’appuient sur les genres de l’imaginaire (que l’on parle de fantasy ou même de fantastique et de science-fiction) pour asseoir leurs arguments, la grande majorité d’entre eux porte exclusivement sur Tolkien, laissant totalement de côté le reste de la production ou évaluant cette dernière à l’aune du parangon du genre (on trouve ainsi des titres comme La dimension mythologique dans la Fantasy : l’influence de Tolkien ou bien encore Monde de la magie, magie du monde : aspect rôle et symbolisme de la magie

dans quelques œuvres d’Heroic Fantasy : Tolkien, The Lord of the Rings, M.Z. Bradley, The

Mists of Avalon et Lady of Avalon, D. Eddings, The Belgariad et The Malloreon, P. Grimbert, Le secret de Ji, et R. Barjavel, L’Enchanteur594).

Quelques initiatives publiques existent : le colloque à Arras sur le « merveilleux médiéval » en 2006 aborde plus généralement le thème de la fantasy (on y parle bien sûr essentiellement de Tolkien, mais d’autres auteurs comme Eddings ou McCaffrey sont mis en avant595) ; en 2012, Fernandez publie Défense et illustration de la féérie596, un ouvrage relativement grand public visant à réhabiliter le genre. Les chercheurs restent néanmoins rares, comme le prouve l’éditorial du numéro de Contemporary French & Francophone

Studies consacré à la fantasy française, dans lequel les auteurs évoquent le nombre réduit de

propositions reçues suite à l’appel à textes597.

590 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 196.

591 Isabelle PANTIN, Tolkien et ses légendes, Paris, CNRS, 2009. 592 Vincent FERRE, Lire J.R.R. Tolkien, op. cit., p. 197.

593 Vincent FERRE, « Masters, maîtrises, DEA, thèses, articles sur JRR Tolkien », op. cit.

594 Chrystel BOURGEOIS, La Dimension mythologique dans la Fantasy : l’influence de Tolkien, thèse de doctorat,

Université de Paris-Nord, 2010 ; Marie Février-Vincent BURKHARDT, Monde de la magie, magie du monde :

aspect rôle et symbolisme de la magie dans quelques œuvres d’Heroic Fantasy : Tolkien, The Lord of the Rings, M.Z. Bradley, The Mists of Avalon et Lady of Avalon, D. Eddings, The Belgariad et The Malloreon, P. Grimbert, Le

secret de Ji, et R. Barjavel, L’Enchanteur, thèse en littérature comparée, Grenoble III, 2002.

595 Anne BESSON, Myriam WHITE-LE GOFF et UNIVERSITE D’ARTOIS (dirs.), Fantasy, le merveilleux médiéval

aujourd’hui: actes du colloque du CRELID, Université d’Artois (Arras), Paris, Bragelonne, coll. « Collection

Essais », 2007.

596 Irène FERNANDEZ, Défense et illustration de la féérie, op. cit.

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On peut se demander si ce soudain attrait populaire et académique pour Tolkien, et indirectement pour les genres de l’imaginaire, se retranscrit d’une quelconque manière dans les chiffres de l’édition. Il est possible de noter, dans un premier temps, qu’entre 2001 et 2017 le nombre de nouveautés relevant des littératures de l’imaginaire a progressé de façon quasi constante, passant de 531 publications à 910 (voir Annexe XII-A). Autre signe potentiel d’un genre de mieux en mieux considéré, la revue Livres hebdo se met à partir de 2001 à constituer chaque année un dossier consacré exclusivement au paysage éditorial de l’imaginaire.

Le chiffre d’affaires dégagé par les ventes est en revanche loin d’avoir suivi la même courbe de progression : pour 2010 et ses 845 nouveautés, il était de 55,8 millions d’euros ; en 2017 en revanche, les 910 nouveautés sont à mettre en regard avec un chiffre d’affaires de seulement 45,8 millions. L’évolution du nombre d’exemplaires vendus est plus étonnante encore : de 7,2 millions en 2003, les ventes totales sont descendues à 5,7 millions en 2006 avant de stagner jusqu’à une nouvelle chute à partir de 2014, l’année 2017 annonçant seulement 4,2 millions d’exemplaires vendus (voir Annexe XII-B). Si Marianne Leconte598 et Gérard Klein599 évoquent, pour les années 1970-1980, des ventes moyennes par ouvrage se situant entre 20 000 et 60 000 exemplaires, le second constate en revanche que les petits éditeurs se satisfont aujourd’hui de vendre entre 2 et 3000 exemplaires de leurs ouvrages600. Ainsi, si la production pléthorique du genre peut laisser entendre une littérature en pleine expansion, suite au succès des adaptations cinématographiques et à l’ouverture sur un public plus vaste, tout cela masque avant tout des phénomènes de surproduction et d’engorgement dont les conséquences à court terme pourraient se révéler désastreuses, comme l’annonçait tout récemment Gilles Dumay, directeur de la nouvelle collection « Imaginaire » chez Albin Michel :

598 Directrice de la collection « Titres/SF » chez J.-C. Lattès pour la période 1979-1983. 599 Directeur de la collection « Ailleurs et demain » chez Robert Laffont entre 1970 et 1999.

600 Jérôme VINCENT, « Témoignages des temps anciens... », message de forum, 17 août 2017,

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Mon sentiment est que, depuis vingt ans, le public existe de façon massive, mais qu’il fait face à une surproduction démente […] Dans ce marché dérégulé, forcément, il y aura des morts. Il faut contrôler la production601.

Les chiffres avancés cachent également des disparités conséquentes (comme c’est le cas dans le reste du monde de l’édition) : d’abord entre de grands groupes possédant la majorité des parts de marché et de petits éditeurs indépendants602 ; ensuite entre les auteurs eux- mêmes, certaines sagas continuant d’occuper, année après année, le sommet des ventes, tirant à elles seules les chiffres d’affaire vers le haut. Entre 2011 et 2016, le top 50 des meilleures ventes est ainsi systématiquement occupé par des noms comme Stephen King, Bernard Werber, Maxime Chattam, Hobb, Goodkind et Martin603. Pour ce dernier, les adaptations télévisuelles semblent bel et bien avoir eu un effet positif important : en 2014, le journal L’Observateur annonce par exemple que 2,3 millions d’exemplaires des différents tomes du Trône de fer ont déjà été vendus en France (dont 2 millions en poche), quand Charles François Dupêchez se souvient des 7000 exemplaires du premier tome vendus pour la seule année 1998604. À titre de comparaison, les Moutons électriques, « petit » éditeur indépendant, a avancé pour son auteur le plus vendu (Jean-Philippe Jaworski) des ventes situées entre 3500 et 8000 exemplaires pour les livres grand format, et entre 35 000 et 45 000 pour les versions poche, quand les suivants dans la liste se situent davantage aux alentours de 3000 exemplaires, grand format et format poche additionnés ; d’après l’éditeur, il s’agit cependant là des chiffres les plus hauts, une « bonne vente » démarrant

601 Benjamin ROURE, « Littératures de l’imaginaire : un nouvel espoir », Livres Hebdo, 26 octobre 2018, no 1191,

p. 76.

602 En 2017, Madrigall, Bragelonne, Albin Michel et le Livre de poche représentent à eux seuls 73,9 % du chiffre

d’affaire, quand des éditeurs bien installés dans le secteur comme L’Atalante se contentent de 3 %. Voir Benjamin ROURE, « Littératures de l’imaginaire : rêver ensemble », Livres Hebdo, 27 octobre 2017, no 1147,

p. 50.

603 Mylène MOULIN, « Littératures de l’imaginaire : d’un monde à l’autre », Livres Hebdo, 27 janvier 2012,

no 894, p. 82 ; Mylène MOULIN, « Littératures de l’imaginaire : soleil rose », Livres Hebdo, 18 janvier 2013,

no 937, p. 63 ; Mylène MOULIN, « Littératures de l’imaginaire : le temps du changement », Livres Hebdo, 16 mai

2014, no 998, p. 60 ; Mylène MOULIN, « Littératures de l’imaginaire : contre vents et marées », Livres Hebdo, 16

janvier 2015, no 1025, p. 58‑59 ; Mylène MOULIN, « Littératures de l’imaginaire : un Big Bang prometteur »,

Livres Hebdo, 21 octobre 2016, no 1102, p. 52 ; Benjamin ROURE, « Littératures de l’imaginaire : rêver

ensemble », op. cit., p. 54.

604 Chiffrés cités par Arnaud GONZAGUE, « Game of Thrones » : le roman aussi fait un carton, 26 juin 2014,

https://bibliobs.nouvelobs.com/de-l-ecrit-a-l-ecran/20140625.OBS1613/game-of-thrones-le-roman-aussi-fait- un-carton.html, consulté le 6 février 2018.

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après le millier d’exemplaires605. Si l’on rapproche enfin les meilleures ventes de l’imaginaire du reste de la production littéraire, même les titres les plus porteurs disparaissent à leur tour du paysage. La liste des « 30 livres les plus vendus », établie chaque année par le SNE, ne contient ainsi aucun livre publié dans une collection de l’imaginaire (même King et Werber sont absents606). On peut y trouver en revanche quelques titres pour la jeunesse comme Harry Potter et l’enfant maudit607, qui occupe en 2016 la première place avec 851 800 exemplaires vendus608, ou bien encore la saga des Hunger Games qui, grâce à son adaptation au cinéma, occupait en 2012 les places 21, 23 et 27 (la quatrième tome de la série de fantasy épique pour la jeunesse, L’héritage, se retrouvant quant à lui en 17e position609).

Si les retombées économiques semblent pour le moins mitigées, on peut se demander si l’apparente reconnaissance moderne a eu un impact sur le travail des traducteurs de l’imaginaire. Interrogés par le site actusf.com en avril 2009, plusieurs d’entre eux disent avoir le sentiment que leur métier est plus reconnu mais qu’il se trouve également facilité par le développement de l’Internet, Lionel Davoust remarquant un respect général de la part des éditeurs et des lecteurs. Certains notent en revanche un accroissement de la

605 Jérôme VINCENT, « Quelques chiffres sur le monde de l’édition et ses tendances », message de forum, 14

septembre 2017, http://www.actusf.com/forumimaginaire/viewtopic.php?t=12, consulté le 5 février 2018.

606 Voir par exemple OBSERVATOIRE DE LECONOMIE DU LIVRE, Le secteur du livre : chiffres-clés 2007-2008 [en ligne],

mars 2009,

http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/19239/164685/version/1/file/Chiffres-

cles_Livre_2007-2008.pdf, consulté le 14 novembre 2017 ; OBSERVATOIRE DE L’ECONOMIE DU LIVRE, Le secteur du

livre : chiffres-clés 2008-2009 [en ligne], mars 2010, http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/19238/164681/version/1/file/Chiffres-

cles_Livre_2008-2009.pdf, consulté le 14 novembre 2017 ; OBSERVATOIRE DE L’ECONOMIE DU LIVRE, Le secteur du

livre : chiffres-clés 2011-2012 [en ligne], mars 2013, http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Livre-et-Lecture/Actualites/Chiffres-cles-du-secteur- du-livre-l-edition-2013-donnees-2011-2012-est-parue, consulté le 14 novembre 2017 ; OBSERVATOIRE DE L’ECONOMIE DU LIVRE, Le secteur du livre : chiffres-clés 2013-2014 [en ligne], mars 2015, http://www.syndicat- librairie.fr/images/documents/chiffres_cles_livre_sll_2013_2014.pdf, consulté le 14 novembre 2017 ; OBSERVATOIRE DE L’ECONOMIE DU LIVRE, Le secteur du livre : chiffres-clés 2014-2015 [en ligne], mars 2016, http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/137323/1508351/version/1/file/Chiffres- cles_Livre_SLL_2014-2015.pdf, consulté le 14 novembre 2017 ; OBSERVATOIRE DE L’ECONOMIE DU LIVRE, Le secteur

du livre : chiffres-clés 2015-2016 [en ligne], mars 2017, http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/167879/1874948/version/1/file/Chiffres- cles_Livre_SLL_2015-2016_(2e%20ed).pdf, consulté le 14 novembre 2017.

607 J.K. ROWLING, John TIFFANY et Jack THORNE, Harry Potter et l’enfant maudit, traduit par Jean-François MENARD,

Paris, Gallimard jeunesse, 2016.

608 OBSERVATOIRE DE LECONOMIE DU LIVRE, « Le secteur du livre : chiffres-clés 2015-2016 », op. cit. 609 OBSERVATOIRE DE LECONOMIE DU LIVRE, « Le secteur du livre : chiffres-clés 2011-2012 », op. cit.

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concurrence, dû notamment à une pratique plus généralisée des langues étrangères et donc à l’arrivée sur le marché de personnes prêtes à travailler pour des sommes moindres ; sont évoqués également des délais de plus en plus serrés ainsi qu’une tendance au flux tendu augmentant les risques en cas d’« accident ». Tous enfin s’accordent à dire que les tarifs sont trop bas pour leur permettre de vivre convenablement610.

Les chiffres sont difficiles à obtenir par des voies officielles : certains éditeurs communiquent néanmoins sur le sujet, comme le Bélial qui en 2009 parle de « 10 euros le feuillet de 1500 signes réels pour le Bélial’ ; 7,5 euros le feuillet pour Bifrost611 », ou bien Gilles Dumay qui, pour la collection « Lune d’Encre », annonce « 16 euros le feuillet, tout le monde (débutants comme vétérans) au même tarif612 ». Quant à Thibaud Eliroff, celui-ci avance pour J’ai lu/Pygmalion la somme de 15,5 euros par feuillet613. Quelques traducteurs ont accepté, sous couvert d’anonymat et à la condition que nous n’associons pas directement les tarifs donnés aux maisons qui les pratiquent, de compléter ces trop rares informations. Pour la période « moderne », les écarts entre les éditeurs se révèlent ainsi extrêmement importants, pouvant aller de 20,5 euros le feuillet à la somme symbolique de 1,5 euros (la moyenne se situant néanmoins entre 10 et 16 euros) – à titre de comparaison, l’enquête de l’Association des traducteurs littéraires de France avançait en 2017 une moyenne de 20,4 euros par feuillet « traditionnel » pour une traduction de l’anglais vers le français (avec des minima à 12,5 euros614). On notera au passage que la quasi-totalité des ouvrages ne peut bénéficier de l’aide à la traduction du CNL, qui permettrait de tirer ces chiffres vers le haut mais nécessite, avant constitution du dossier, que le traducteur ait été payé 21 euros par feuillet615.

610 Jérôme VINCENT, Traduction - L’évolution du métier, avril 2009, http://www.actusf.com/spip/Traduction-L-

evolution-du-metier.html, consulté le 3 février 2018.

611 Jérôme VINCENT, Dossier Traduction : Olivier Girard, mars 2009, http://www.actusf.com/spip/Dossier-

Traduction-Olivier-Girard.html, consulté le 3 février 2018.

612 Jérôme VINCENT, Dossier Traduction : Gilles Dumay, mars 2009, http://www.actusf.com/spip/Dossier-

Traduction-Gilles-Dumay.html, consulté le 3 février 2018.

613 EVRACH, Thibaud Eliroff, directeur de collection chez J’ai Lu répond à nos questions., 22 décembre 2009,

http://www.lagardedenuit.com/blog/?p=708, consulté le 17 novembre 2015.

614 ATLF, Rémunération des traducteurs littéraires - enquête 2016, http://www.atlf.org/wp-

content/uploads/2014/04/Enqu%C3%AAte-r%C3%A9mun%C3%A9ration-2016.png, consulté le 1 février 2019.

615 CNL, Subventions pour la traduction en français d’ouvrages étrangers,

http://www.centrenationaldulivre.fr/fr/editeur/aide_a_la_traduction/aide_pour_la_traduction_en_francais_d