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Les différentes actions de « cyberformation » qui se feront en Afrique occidentale francophone viendront corroborer ce constat.

II4 – Togo : l’ère du numérique

Au début des années 1980, les facteurs internes dont la mauvaise gestion des biens publics ont soumis l’économie togolaise à un déséquilibre permanent avec des déficits importants de la balance commerciale et des paiements. Le Pays fut placé sous un programme économique d’ajustement structurel par les Fonds Monétaires International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). Cette mise sous tutelle va entraîner une réduction significative des dépenses de l’Etat dans les domaines de la santé et de l’éducation.

En 1990, le pays sera secoué par une crise sociopolitique qui a fragilisé énormément l’économie et a paralysé l’appareil productif notamment les banques et les sociétés d’Etats. Cette crise a entraîné la dégradation du niveau de vie des populations et a eu des effets néfastes sur les actions de scolarisation. A cette situation est venue s’ajouter la dévaluation de la monnaie, le Franc CFA, utilisée dans la plupart des pays de l’espace francophone. Cette situation a exacerbé la pauvreté dans le pays. On estime à 35% la part de la population vivant en dessous du seuil d’extrême pauvreté117.

Au Togo, la mise en œuvre d’une politique éducative nationale prenant en compte les facteurs clés a permis de dégager des résultats significatifs en dépit des contraintes économiques et démographiques du pays. Les mesures préconisées dans la réforme scolaire de 1975 et les contributions importantes des partenaires en développement et celles des parents d’élèves et des collectivités ont permis une expansion rapide du système

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Leborgne-Tahiri C., Universités et nouvelles technologies en Afrique de l’Ouest francophone : passé, présent

et avenir op. cit. p. 192 116

Do Nascimento J., Panorama représentatif des Usages des NTIC en Afrique, in Société numérique et

développement en Afrique : usages et politiques publiques, Paris : Gemdev-Karthala, 2004, p. 153 117

scolaire au cours de la période 1975-1980. Très rapidement le taux de scolarisation a atteint 71%118.

L’application des politiques d’ajustement structurel en vue de réduire la crise économique et financière du début des années 1980 ont eu des effets négatifs sur le niveau d’intervention de l’Etat dans le domaine de l’éducation. Les mouvements sociopolitiques que le pays a connu a conduit a la suspension de la coopération financière avec les bailleurs de fonds du Togo Ce qui aggrava l’état économique du pays. Les Auteurs du Rapport intitulé « Le Système éducatif togolais, éléments d’analyse pour une revitalisation » publié en 2002 tiraient la conclusion suivant en écrivant qu’une conséquence de cette situation défavorable a été que la performance globale atteint en 1980 en matière de taux de scolarisation net au niveau primaire, non seulement n’a pu être maintenue, mais s’est plutôt dégradé au cours des deux dernières décennies119.

Le système d’enseignement est structuré en degrés d’enseignement. Le Premier Degré regroupe l’enseignement préscolaire et l’enseignement primaire. Le Second Degré comprend les classes de sixième, de cinquième, de quatrième et de troisième de l’enseignement secondaire. Le Troisième Degré regroupe les classes de seconde, de première et de terminale de l’enseignement secondaire. Le Quatrième Degré comprend l’enseignement supérieur.

L’offre de formation est organisée en trois secteurs au Togo. Le premier secteur qui est de loin le plus important est le secteur public. Le second secteur est le secteur privé qui depuis 1990 prend de l’importance compte tenu des difficultés rencontrées par l’Etat. Un dernier secteur qui est de création récente est celui relevant de l’initiative locale. Les gestionnaires de l’éducation expliquent l’émergence des écoles relevant des initiatives locales par la réponse à des insuffisances quantitatives en matière d’offre scolaire alors qu’ils mettent la forte croissance enregistrée dans le secteur privée sur le compte des insatisfactions de nature qualitative.

En dépit d’un contexte général difficile pour les finances publiques, le secteur de l’éducation a bénéficié d’une attention relative. Les dépenses affectées à l’éducation représentent 25% des dépenses publiques. Cette proportion est maintenue depuis bientôt une décennie. Néanmoins notent les auteurs du rapport cité plus haut, si on rapporte la valeur des dépenses publiques pour l’éducation à la population du pays, on observe alors,

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MENR Le Système éducatif togolais, éléments d’analyse pour une revitalisation, Rapport d’étude, Mars 2002

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en valeurs constantes de l’année 2000, une dégradation de 12 600 FCFA en 1991 à 8 500 Fcfa en 2000, une baisse de 33%120.

Depuis une certains temps, on assiste à des évolutions structurelles préoccupantes. Il s’agit :

- d’une réduction progressive de l’action du secteur public dans le secteur éducatif et le développement d’une diversité défavorable à l’équité.

- Des conditions d’enseignement qui ne garantissent pas la qualité ; - Une mauvaise régulation des flux d’élèves au sein du système scolaire.

Au plan des services en TIC, le secteur de la téléphonie mobile a connu un essor assez important ces cinq dernières années. Deux opérateurs importants se partage le marché togolais. Il s’agit de « Togocel » qui est une filiale de « Togotélécom121 » et « Telecel » qui est un opérateur privée. Les deux sociétés couvrent le territoire national et offre plusieurs service : téléphonie mobile, SMS, Roaming. Par son service Roaming, Togocel est lié à plus de 30 pays. Togocel revendique 150 000 abonnés alors que Telecel qui est une société plus modeste, revendique 30 000 abonnés.

Parallèlement au développement de la téléphonie mobile, Internet a connu un essor fulgurant au Togo. Des données statistiques montrent qu’en 2002, le nombre des internautes au Togo est passé à 200 000, alors qu’il n’était que 10 000 internautes en 2000. La société Togo télécom joue un grand rôle. Elle s’est positionnée comme le plus grand fournisseur d’Internet. Elle offre des accès distants par le réseau commuté et des accès permanents à travers des liaisons spécialisées pouvant atteindre jusqu’à 512 Kbts. 17 fournisseurs d’accès commercialisent le service aux utilisateurs finaux. On recense plus de 300 cybercafés qui utilisent les services Internet. Plus de 85% des cybercafés sont dans la capitale.

Une société privée dénommée « Café Informatique » offre des services Internet et gère le nom de domaine « tg ». Elle fut la toute première Internet Service Provider (ISP). Elle dispose de deux antennes VSAT en redondance avec une capacité de 1/3 Mbps. Elle fournit au Togo une expertise en matière d’Internet et d’Intranet. Plusieurs sociétés ont recours à ses services. Café informatique fournit les services suivants :

Acces Provider

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MENR, Le Système éducatif togolais, élément d’analyse pour une revitalisation, op. cit. page 112

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Service Provider Solution Provider

Pour faire face à un besoin croissant de débits tant pour les échanges de données que pour l’accès à Internet, Togotélécom s’est investit dans plusieurs projets d’amélioration de son réseau. En 1992, il a introduit dans ses réseaux des câbles à fibre optique qui permettent une meilleure transmission des données. Le Togo participe actuellement au grand projet d’interconnexion permettant l’accès aux réseaux sous-marins à fibres optiques SAT3/WASC/SAFE et AFRICA ONE LTD. Plusieurs pays122 du continent participent à ce projet qui, à terme, décuplera les capacités de communication des pays membres.

L’Union Internationale des Télécommunication dans son rapport annuel 2003 affirmait que :

le Togo présente le taux de pénétration le plus élevé des pays d’Afrique de l’Ouest, alors que le revenu par habitant de ce pays figure dans la catégorie des revenus les plus bas. Au Togo, le rapport entre le nombre d’utilisateurs de Internet et le nombre d’abonnés est de 17, soit plus de cinq fois la valeur communément utilisée. De deux choses l’une : le nombre des utilisateurs est surestimé au Togo ou alors sous-estimé dans les autres pays123.