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I2 – Audiovisuel dans l’enseignement : l’inspiration française La première expérience d’utilisation de médias à des fins d’éducation remonte en

1937 avec la diffusion de cours universitaires par la station Radio-Sorbonne. Des institutions comme le Centre national de télé-enseignement (CNTE) qui deviendra

plus tard Centre national d’enseignement à distance (CNED) et l’Institut pédagogique national (IPN) utiliseront ce média de masse pour diffuser des enseignements en direction des élèves, des étudiants, des enseignants, etc.

Parlant des missions assignées aux nouvelles chaînes de télévision qui verront le jour en France, Glikman V.16 affirme qu’elles étaient éducatives et culturelles avant de devenir généralistes. Elle donne les exemples de la Chaîne 3 et de la 4 qui deviendra Canal+. Entre 1960 et 1980 plusieurs chaînes de télévision diffuseront des émissions de type scolaire. Actuellement seule la chaîne de télévision France 5 a pour objectif explicite non pas d’enseigner mais de donner envie d’apprendre.

En France les premières émissions éducatives produites par le Ministère de l’Education nationale remontent à 1952 avec la diffusion de films à caractère documentaire réalisés par la Cinémathèque centrale de l’enseignement public. Les écoles pouvaient s’y abonner ou se procurer des films sur le marché. A sa création le Collège d’Enseignement Secondaire (CES) audiovisuel de Marly-le-Roi devait utiliser cette production.

La télévision scolaire n’a vu le jour et pris de l’ampleur qu’en 1953 sous la responsabilité d’Henri Dieuzeide à qui l’on doit la formule selon laquellela télévision scolaire, ce n’est pas l’école à la télévision, c’est la télévision à l’école 17.

En 1958 en France, 2800 écoles disposaient d’équipements nécessaires pour recevoir des émissions télévisuelles. L’extension du programme se fera à partir d’une circulaire ministérielle adressée aux recteurs et inspecteurs d’Académie définissaient un plan d’extension en ces termes :

des émissions documentaires prolongeant les émissions réalisées les années précédentes et destinées à l’enseignement élémentaire, au 1er et 2e cycles du second degré.

- des émissions destinées à aider les jeunes professeurs et maîtres auxiliaires des lycées et collèges dans le 1er cycle du second degré

- des émissions d’information des professeurs portant sur des disciplines ou des techniques pédagogiques nouvelles. En 1966-67, première année de fonctionnement du CES de Marly-le-Roi, la radio scolaire diffusait 24h.30minutes d’émissions hebdomadaires et la télévision, 14h.30minutes. Ces émissions étaient suivies, sur l’ensemble du territoire, par moins de 1% du public potentiel18.

16

Glikman V., Des cours par correspondance au « E-learning , Paris : Presse universitaire de France, 2002,

17

Jacquinot G., L’école devant les écrans, collections Sciences de l’Education, Paris : ESF, 1985 p. 34

18

Entre 1960 et 1970 un certain nombre d’établissements disposaient de circuits fermés de télévision appelés encore circuits de télévision intégrés. En effet à partir en 1963, la « commission Domerg » a lancé un important plan d’extension des moyens audiovisuels d’enseignement. Ce plan a bénéficié d’un appui financier conséquent. L’objectif de ce plan selon le point de vue du gouvernement français était de pallier les déficiences du système scolaire en matière de locaux et d’enseignants. Ce programme a eu pour conséquence de développer des expériences de télévision éducative pour adultes19. Pour l’essentiel, les expériences menées en matière de télévision éducative pour adulte ont été considérées comme des échecs pour n’avoir pas, du tout ou partiellement, atteint leurs objectifs.

En 1966 fut créé le collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi appelé, plus tard, CES Louis Lumière. De tous les établissements qui disposaient d’un dispositif télévisuel d’enseignement, seul ce CES assurait toutes les fonctions de production de matériels didactiques, de distribution de documents au travers d’une chaîne audiovisuelle et de démonstration.

Ce collège avait pour mission de favoriser l’application des techniques modernes de communication aux méthodes modernes d’enseignement ce qui sous entend nouvelles technologies d’alors20.

Il s’agissait d’utiliser la télévision qui, à cette époque là, était présentée comme une technologie de communication nouvelle dans l’enseignement. Pour certains, l’introduction de cette technologie nouvelle dans l’enseignement était l’occasion de favoriser la démocratisation de l’enseignement par la rationalisation de l’acte pédagogique et la mise à disposition, sur des supports accessibles à tous, de l’ensemble des connaissances actuellement existantes21.

Le Centre d’auto-documentation (CAD) ouvert en 1972 et complètement intégré au CES audiovisuel de Marly-le-Roi va jouer le rôle de centre de « ressources multi-médias ». Son objectif était de mettre à la disposition des apprenants une organisation pédagogique qui leur permette de se prendre en charge

19

Glikman,V. Des cours par correspondance au « E-learning », op.cit. p.170

20

Jacquinot G., L’école devant les écrans, Op. Cit. p. 33

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de manière autonome en utilisant les ressources mises à leur disposition pour résoudre les problèmes qui se posaient.

L’un des problèmes majeurs qui se sont posés en France dans le domaine de l’utilisation de la télévision dans l’enseignement fut l’antagonisme qui s’est mué en rivalité entre ceux qui utilisaient le circuit fermé de télévision (exemple Marly-le-Roi) et ceux qui utilisaient le circuit ouvert de télévision.

Plus tard, il se constituera des réseaux. On peut citer le réseau Média-Formation qui propose aux usagers des documents pédagogiques et des sessions d’information dans les Ecoles Normales. Le réseau CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Moyens d’Information) créé en 1982 par le Ministère de l’Education Nationale, avait pour ambition la formation du citoyen de demain par l’étude de la presse à l’école et aux moyens de communication de masse.

Les « Rencontres audiovisuelles de la rue d’Ulm » sont un réseau créé par l’Institut National de la Recherche Pédagogique (INRP) et le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP) et qui cherche à favoriser l’introduction des documents audiovisuels dans la pratique pédagogique en apportant un soutien logistique à la recherche dans le domaine de la documentation audiovisuelle et en matière d’information sur la recherche.

Glikman V. écrit que les expériences en matière d’enseignement télévisuel ont connu un début prometteur puis une lente dérive et enfin un dépérissement. Elle affirme que :

Ne réussissant ni à se constituer en véritable système de formation à distance, ni à progresser dans la collaboration avec d’autres organismes de formation, le dispositif, sous couvert de diversification et d’adaptation aux changements sociaux, est peu à peu devenu un lieu où l’on parle de formation et de problèmes de société et où l’on ne forme plus qu’incidemment, « clandestinement »22.

On peut relever la coïncidence des dates et des périodes consacrées aux expériences en matière d’enseignement télévisuel et de télé-enseignement en France (1950 – 1982) et en Afrique (1960 1982).

En outre certains acteurs qui ont pris part à la réalisation des expériences en France notamment au collège Marly-le-Roi vont se retrouver en Afrique. Il s’agit de Brunswic E. et Valérien J.. Néanmoins, les raisons qui ont conduit à l’arrêt de

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l’enseignement télévisuel en France ne sont pas, comme on le verra plus loin, les mêmes en Afrique.