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L’idée de Françoise Dolto : « socialiser l’enfant en présence de ceux grâce à qui il sait

1.2. La précision de l’idée de la socialisation des très jeunes enfants

1.2.2. L’idée de Françoise Dolto : « socialiser l’enfant en présence de ceux grâce à qui il sait

En 1985, Françoise Dolto, lors de son intervention au Centre de formation et de recherches psychanalytiques (CFRP), revient à son intention initiale :

« Mon projet était de socialiser l’enfant en présence de ceux grâce à qui il sait “ qui ” il est. Je trouvais absolument sadique, cruel et imbécile que des institutions, qui acceptent de prendre les enfants pour leur assurer aide, tutelle, protection, hygiène, etc., quand la mère travaille, ne le fassent qu’à condition de séparer l’enfant de ce qui conditionne sa sécurité et constitue le référent de son histoire spatio-temporelle et de son identité.

Il fallait donc, à mon avis, créer un lieu dans lequel l’enfant fréquenterait la société des enfants et d’adultes d’accueil, se “ vaccinerait ” contre les incidents et les émotions de ces rencontres,

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Gérard Neyrand, Sur les pas de la Maison Verte. Des lieux d’accueil pour les enfants et leurs parents, Editions Syros, 1995, pp. 64-65.

grâce à la présence sécurisante et récupératrice de l’adulte tutélaire connu de lui. Un lieu où on parlerait à sa personne, où il serait enseigné de son inaliénable identité originée dans ses parents, sa famille, et pourquoi celle-ci s’occupe de lui. J’imaginais un lieu comme un jardin public, avec une partie couverte, un lieu de repos et de parole “ ouvert ” à quiconque, parents et adultes avec des enfants de moins de trois ans. Un lieu temporaire dont la vocation serait d’éviter la violence du traumatisme de la première expérience sociale vécue sans les parents ou l’adulte tutélaire de l’enfant »337.

Or, cette idée de l’importance primordiale de la présence de celui qui assure la sécurité de l’enfant a reçu un développement supplémentaire : l’adulte médiatise les événements par la parole – consolante et explicative – dans le moment même où l’enfant rencontre de nouvelles figures qui apportent inévitablement de nouvelles façons d’être avec lui, et leurs désirs vis-à- vis de lui.

Sachant que l’Autre, selon la conception de Françoise Dolto, fait partie intégrante de l’image inconsciente du corps du nourrisson, le narcissisme primaire, la fonctionnalité du corps et sa vivacité libidinale se trouvent dépendants des relations que l’enfant a avec l’adulte qui s’occupe de lui. Sa présence – dans toutes ses modalités – assure le travail de liaison que l’enfant vit, en intégrant toute la masse des expériences qu’il traverse. En face de quelque chose de nouveau et qui dépasse ses propres moyens de l’assimiler, l’enfant se tourne vers l’adulte qui fait des liens entre ce que l’enfant a déjà vécu et ce qu’il est en train de découvrir. L’image d’un escargot qui se rétrécit devant un danger sert à Françoise Dolto à « imager » ce que l’enfant, suppose-t-elle, vit dans ces moments aigus de son existence et qui le pousse à « s’escargotter ».

Les deux – le parent et l’enfant – forment alors un système de vases communicants : l’enfant se ressource auprès d’un adulte qui lui redonne l’assurance ou lui fournit des explications, comme il peut charger l’enfant de son angoisse. D’où l’importance d’une présence réceptive de l’adulte familier lors des rencontres avec les autres, adultes ou enfants inconnus. La parole, instrument d’échange entre eux, en faisant écho dans les communications avec les autres, sert

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Françoise Dolto, « La Maison Verte », Conférence au Centre de formation et de recherche psychanalytiques, le 17 octobre 1985, In : Une psychanalyste dans la cité : l’aventure de la Maison verte, Editions Gallimard, 2009, p. 320.

à l’enfant comme un pont qui structure ses expériences, tout autant qu’elle le lie à la communauté des autres qui utilisent les mêmes mots.

Ce travail de liaison touche au plus profond de l’identité de l’enfant : dans ce contexte, Françoise Dolto parle des enfants qui finissent par s’adapter à la vie de groupe en crèche ou en groupe d’enfants, mais qui développent une espèce de « fausse adaptabilité » :

« Dans les villes surtout, les enfants en crèche, en garderie, à l’école maternelle ne font connaissance et expérience relationnelle aux autres enfants et aux adultes qu’au prix de la séparation de leur milieu familial ; séparation sans médiation la plupart du temps, et pour des séquences de temps dès le début prolongées abusivement pendant des heures, ou la journée entière. Ainsi des événements qui constituent pour des enfants leurs premières expériences d’individuation en société ne peuvent être partagées avec leurs géniteurs, témoins de leur histoire première et qui font la continuité de leur sécurité. Cette impossibilité fait que, dépourvus de moyens pour s’exprimer, les enfants se construisent une double façon d’être. En société, ils paraissent, vaille que vaille, s’adapter après des difficultés toujours manifestes ; mais ils restent sans sens critique de ce qui se passe à l’extérieur de la famille. A la maison, leur comportement reste archaïque, exigeant ou dépendant, sans autonomie et sans non plus laisser à leur mère la tranquillité nécessaire à son activité. En famille, ils deviennent des « enfants collants » qui ne savent pas s’occuper et sont toujours alertés par la moindre relation de leur mère à quelqu’un d’autre, ou du danger d’être séparé d’elle »338.

Ainsi, la nouveauté, la variété, et l’imprévisibilité des rencontres spontanées donnent l’occasion à l’enfant, selon F. Dolto, d’y explorer toute la gamme des relations humaines, dans ses nuances – « l’entraide, la coopération, la rivalité, l’amitié, la tolérance de la liberté des autres et la complicité du jeu avec ceux pour qui naissent des affinités »339. Mais également, elles exigent de l’enfant de forger ses réponses, de trouver ses propres attitudes, à savoir, d’inventer la cohabitation avec les autres à sa propre mesure. Plus l’enfant est sûr de lui, plus il est libre dans ses ajustements aux épreuves. L’inventivité de « l’être avec les autres » appartient à chaque enfant. De tous les travaux de Françoise Dolto émane la confiance qu’elle a dans la capacité de l’enfant à innover et elle invite les adultes à observer les enfants dans les

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Françoise Dolto, « La Boutique verte. Histoire d’un lieu de rencontres et d’échanges entre adultes et enfants »,

op.cit., p. 149.

liens qu’ils créent, sans imposer une normativité quelconque, sauf des lois de cohabitation pacifique. L’expérience sociale précoce fournit une grande partie de l’expérience que l’enfant acquiert. Ainsi, l’idée de « socialiser les enfants en présence des parents » résonne tout logiquement avec ce que Françoise Dolto envisageait comme important dans le développement de l’enfant – de pouvoir rentrer dans une correspondance avec son désir de grandir, en sachant que ce désir ne peut se réaliser que parmi les autres.

C’est tout aussi important, note Françoise Dolto, pour les adultes, pour les mères qui se trouvent coupées du monde des liens sociaux, nécessairement centrées sur l’enfant du fait des soins dont il a besoin dans son très jeune âge340 : en particulier, pour les jeunes couples isolés

sans transmission directe « transgénérationnelle », soit par la vie citadine, soit par la perte des proches. Mais également parce que c’est un lieu où « les différences, l’être, l’avoir, le dire et le faire autrement »341 peuvent coexister, et tout le monde peut s’observer dans la découverte des façons d’être, ce qui représente un soutien important pour les jeunes parents.

Personne ne sait quelle dynamique va déclencher le fait « d’être ensemble » chez chaque sujet – en résonance de « quoi » ou en découverte de « qui ». Par l’intermédiaire des questions des parents, des réactions des enfants, des situations qui éclataient brusquement, en révélant les ressorts intérieurs de ce que les familles vivaient, l’équipe découvre l’« usage » que les enfants et les parents font de ce lieu. Une variabilité étonnante des manières et des façons ne se révèle qu’à un œil très attentif et dans les moments rares des témoignages qui mettent des mots sur « l’apport » de la Maison Verte. Ces témoignages sont d’autant plus rares que la

Maison Verte cherche à préserver ce temps qui n’appartient qu’au sujet. Voici deux remarques

de parents :

Jacqueline Sudaka-Benazeras, pour le colloque sur les dix ans de la Maison Verte :

« La Maison Verte m’a permis de retrouver une famille que je n’avais jamais eue. Quand je suis arrivée, je n’avais pas d’image maternelle, ma mère étant morte. Je n’avais ni modèle ni soutien d’une autre femme. A la Maison Verte, j’ai donc rencontré des femmes avec qui je pouvais parler. Les équipes d’accueil m’ont aidée, bien entendu, et Françoise Dolto, mais aussi les

340 Ibid., p. 151.

341

Françoise Dolto, « La Maison Verte. Un lieu de rencontre et de loisirs pour les tout-petits avec leurs parents », (1980), op.cit., p. 212.

autres mères, aussi importantes que les équipes. Les mères ont toujours une parole à échanger, un peu d’expérience à transmettre, par exemple, une insomnie d’enfant dont elles savent parler. Je découvrais mon fils à la Maison Verte, un enfant qui n’avait pas seulement besoin de moi, mais qui avait besoin de communiquer avec les autres. J’ai découvert sa force et son autonomie. J’ai trouvé aussi, par le jeu de ces relations, un milieu social. Une femme et un enfant sont assez seuls dans une grande ville »342.

Isabelle, la mère de Léna, dans le film de Jean-Michel Carré, « Grandir à petits pas » dit : « J’étais ravie aussi [que] ma petite découvre que d’autres personnes puissent dire « non ». Je la voyais écarquiller les yeux, il y a d’autres gens qui disent « non ». Et pas seulement à elle, simplement les parents à leurs propres enfants, et je la voyais bien tendre l’oreille »343. Devant des remarques des parents qui verbalisent ce qui se passe pour eux et pour leurs enfants, l’équipe constate que l’intention initiale de « socialiser les enfants en présence de leurs parents » ne revêt pas une consistance unique pour tous, mais est liée à l’usage que chacun fait du lieu. Sans tout savoir de ce que les familles sont en train de vivre au sein de la

Maison Verte, l’équipe est préoccupée par la possibilité de donner un lieu à chacun – l’enfant

ou l’adulte – et de l'accueillir où il est.

Il s’agit, alors, d’un lieu de croisements, de passages, sans obligation de fonder des liens conditionnés par autre chose que l’envie de partager un moment dans un espace commun. En même temps, afin de rendre possible la recherche de sa propre stratégie « d’être avec les autres », l’équipe est obligée de réfléchir sur les conditions réelles – pratiques et pragmatiques – de l’exercice de lois de « cohabitation pacifique ». En quelque sorte, la construction du dispositif peut ainsi être vue comme une réflexion sur les conditions d’accueil du possible. Comment donner lieu à l’exploration et à l’invention des rapports aux autres face à l’investissement inégal des enfants/des parents et de leurs façons habituelles de partager l’espace social, très distinctes selon les cultures/les milieux sociaux et les personnalités ? Quel rôle prend l’équipe dans la régulation du processus de « l’exploration » et de « l’essai » ? Ce

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Jacqueline Sudaka-Benazeras, Témoignages des parents In : Maisons Vertes. Dix ans après quel avenir ? Des

lieux d’accueil parents-enfants, Fondation de France, Les cahiers n° 3, 1989, p. 86.

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Jean-Michel Carré, « Grandir à petits pas », film documentaire, 52 minutes, Les Films grain de sable, France Télévisions, 2011.

sont des questions qui guident l’équipe dans la recherche des aménagements réels qui permettraient l’instauration de ce « climat du possible ».

1.2.3. « La présence symbolisée par l’écriture »

Le rituel de l’inscription des prénoms des enfants fut le résultat d’une solution momentanée, un jour où les familles affluaient en grand nombre : « on ne savait plus les prénoms des enfants, ça nous permettait de visualiser les prénoms. Puis cela est apparu beaucoup plus important »344, rapporte Marie-Hélène Malandrin au cours d’une des réunions d’information à la Maison Verte.

C’était au tout début de l’existence de la Maison Verte quand la fréquentation a continûment augmenté dès l’ouverture en formant « une affluence naturelle, non provoquée ». A la fin de la première année (1979), les chiffres arrondis présentaient 7400 visites (enfants 3600 ; adultes 3800), représentant 450 enfants (en moyenne 8 passages par enfant), accompagnés de leur mère et/ou de leur père ou d’un adulte, et 200 professionnels (assistantes maternelles). Selon les statistiques, la majorité des visiteurs étaient les gens du quartier (70%) même si au cours de l’année il y avait une augmentation nette des personnes qui venaient à la Maison Verte des autres quartiers de Paris ou même de la banlieue345.

La nécessité de retenir les prénoms de tous les enfants présents a donné lieu à l'inscription sur des feuilles et, par la suite, sur un petit tableau accroché au mur. Ce petit rituel s’est ajouté à l’accueil qui a pris des traits définitifs depuis : des accueillants se déplacent pour saluer, près de la porte, chaque personne même s’il s’agit d’habitués qui connaissent parfaitement les locaux et le fonctionnement de la Maison Verte. L’accueillant s’adresse à l’enfant, aussi petit soit-il. Le moment de l’arrivée – tellement décisif la première fois – ne perd pas son

344 Réunion d’information du 8 mars 1985.

importance les fois suivantes. Les visites à la Maison Verte ne relevant ni d'une obligation, ni d'un engagement, le fait de franchir son seuil est toujours signe du désir de l’enfant et de l’adulte de pousser la porte et, donc, qu'il y a quelque chose à accueillir.

« L’essentiel est qu’elle, précise Françoise Dolto, soit un lieu de paroles où l’enfant, l’être humain “ petit ”, est accueilli prioritairement en première personne. C’est à “ lui ” que nous parlons. Bien sûr ! Quand nous questionnons un bébé de quinze jours : “ Comment t’appelles- tu ? ”, on nous dit son “ nom ”. [Même] si c’est la maman ou le papa qui répond, c’est tout de même à l’enfant que nous nous adressons, et c’est son nom qui est inscrit au tableau. Nous ignorons le patronyme, l’adresse, le statut économique et social. Nous les ignorons volontairement. Ce qui importe, c’est que l’enfant soit pris pour lui-même, dans son âge, son sexe, avec sa maman, son papa, sa grand-mère, sa gardienne… c’est-à-dire avec la personne auprès de qui il se sent en sécurité et qui le relie, si ce n’est pas l’un de ses parents, directement à eux et qui le fonde fils ou fille d’Untel ou d’Unetelle, d’un certain âge et habitant ou non le quartier»346.

Nous retrouvons ici les grandes préoccupations de Françoise Dolto de nommer l’identité de l’enfant et de lui signifier les liens qu’il a avec le monde. Les grands axes de son identité – le prénom, l’âge, le sexe, la place dans la fratrie, les liens qu’il a avec les adultes qui l’accompagnent – dessinent la place de l’enfant. Ainsi nommée, cette place – unique au monde – commence à faire nid dans la parole des autres. Alors, l’enfant commence à se reconnaître et à s’identifier à ce discours qui le lie à ses parents et aux autres. La parole au sein de la famille – après avoir été répétée et réfractée dans les mots des autres – reçoit toute sa dimension universelle. Comme si cette inscription parmi les autres inscrivait l’enfant dans une communauté qui va au-delà des murs de la Maison Verte : dans la communauté des présents, dans la langue qui articule son prénom, dans l’accueil désirant de sa venue au monde.

Les enfants ont vite manifesté l’importance que ce moment a pour eux :

« Il y a une petite anecdote qui a eu lieu, il y a trois semaines », relate Françoise Dolto au cours d’une réunion d’information, en 1985. « Je vois un enfant qui me paraissait assez grand, il était assis par terre. Je lui dis : “ comment t’appelles-tu ? ” – c’était un nouveau, je ne le connaissais pas. Il lève son visage, très heureux que je l’aborde. Et il montre le papier où son prénom a été

écrit. Il avait neuf mois ! Sa mère me dit qu’il était très content qu’on ait écrit son prénom, c’est la troisième fois qu’ils venaient. Cette présence symbolisée par l’écriture du prénom, sûrement, c’est très important pour les enfants »347.

Les accueillants remarquent que cette importance se manifeste par le regard, par la réclamation ouverte des enfants mais aussi par une concentration particulière que les enfants donnent à voir à ce moment. Son passage laisse toujours des traces, il y a un avant et un après, et il est reconnu comme tel. Cette écriture le singularise et en même temps le relie aux autres. Cette adresse à l’enfant est surprenante pour cette époque. Et même si Antoine Prost souligne le changement des parents qui cherchent avec leur enfant un contact plus proche que celui qu’ils ont eux-mêmes connu348, le fait de parler à l’enfant dans l’espace public, de s’adresser prioritairement à lui avant de s’être adressé à l’adulte, cette attitude semble être assez déconcertante. Les réactions des adultes ne tardent pas : certaines mères vivent mal leur désignation de « maman de… », sans avoir donné son propre prénom, dans l’existence d’une espèce d’« objet partiel de l’enfant » comme le désigne Françoise Dolto349. L’idée de l’accueil prioritaire de l’enfant questionne également certains accueillants : « comment est-il possible d’accueillir l’enfant sans accueillir le parent ? », « s’agit-il de l’accueil de “ l’enfant dans l’adulte ” ? » – ces points apparaissent dans les discussions de l’équipe où chacun s’efforce de répondre par lui-même et surtout à partir de situations vécues350.

Ces situations orientent la réflexion où chacun retrouve également l’écho de ses intuitions et ses préoccupations propres. Ainsi, c’est à l’étonnement d’une mère par rapport au prénom de son fils, Claude, qui lui semblait être un prénom masculin « de fait », que Françoise Dolto a pris l’habitude d’écrire « fille » ou « garçon » à côté du prénom qui suggère l’ambigüité sur le sexe de l’enfant :

347

Réunion d’information du 8 mars 1985.

348

Antoine Prost, « Frontières et espaces du privé », In : Philippe Ariès et de Georges Duby (sous la dir.), Histoire

de la vie privée. Tome V. De la Première Guerre à nos jours, de, Editions du Seuil, 1999, pp. 13-132.

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Réunion d’information du 22 mars 1985 : Françoise Dolto, Marie-Hélène Malandrin, Catherine Simonot. Cassette. Archives de la Maison Verte.

« Tu vois, dit-elle, en s’adressant à l’enfant, ta mère as l’air de dire que ça va de soi que Claude c’est un garçon, tu verras ici il y a encore des Claude filles, tu as un prénom qui peut être qu’un prénom pour garçon ou pour une fille. Ta maman ne se doutait pas qu’en te donnant un nom qui pouvait être aussi bien un nom de fille, tu risquais de ne pas savoir si tu étais un garçon ou une fille »351.

Née d’une situation précise, cette habitude a été adoptée par quelques accueillants352, mais elle n’est pas devenue une règle absolue de l’accueil : la réaction des enfants et des parents était, plutôt que cette question, le fil conducteur de l’accueil.

Marie-Hélène Malandrin évoque un instantané de l’accueil :

« Une maman me racontait souvent une interrogation de son fils de trois ans qui l’a laissée sans voix. Il disait : “ Pourquoi tu ne veux pas que je sois un garçon ? ” La mère passait ses séances d’analyse autour de cette question de l’enfant qui la laissait complètement déroutée. Elle ne

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