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1. La Maison Verte accueille en premier lieu les mondes, les enjeux, les engagements de ceux qu

1.2. Bernard This, l’accueil du couple parental autant que du nouveau-né

Si le parcours de Pierre Benoit témoigne de l’histoire du croisement entre les cercles médicaux et analytiques – avec la tentative de s’influencer mutuellement mais sans jamais perdre la spécificité de chacun –, le trajet de Bernard This, médecin psychiatre, présente un tout autre tracé. Il fait partie des médecins qui ont élaboré leur pensée en tant que psychanalystes et sont devenus des porte-paroles de la psychanalyse dans les milieux institutionnels ; l’extension de la psychanalyse en France lui a permis de conforter cette même place. , C’est dans le domaine obstétrical que Bernard This a commencé « sa bataille » afin de changer l’esprit même des maternités.

Bernard This rencontre la réalité des salles d’accouchement, dans le service du Dr. Merger à l’Hôpital Foch de Suresnes qui, au début des années 1950, est un des îlots de l’accouchement sans douleur (ASD), le mouvement lancé par Fernand Lamaze33. Intrigué par le rôle du psychisme dans le déroulement des accouchements, Robert Merger envoie, en 1953, des infirmières suivre un stage aux Bleuets et confie les séances de préparation à l’accouchement à Bernard This, jeune médecin débutant sa carrière. Bien qu’il ne soit pas obstétricien, ce dernier dirige la première thèse sur l’ASD où il expose l’historique et les bases théoriques de cette méthode psychoprophylactique, en essayant de ne pas s’enfoncer trop dans l’approche pavlovienne34.

Ce furent les débuts du mouvement de l’ASD, qui inaugurent une mutation des mœurs et des représentations à plusieurs niveaux. Elle concerne l’accompagnement de la femme à l’accouchement, mais également la maternité comme institution où les conditions matérielles ont autant de poids que le rôle de chaque membre de l’équipe. Dans cette optique, l’attention

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Fernand Lamaze s’inspire de la pratique soviétique de l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement dont la base conceptuelle était la théorie de I. Pavlov sur le conditionnement et sur les réflexes. Sans pouvoir répondre à la question d’où provient organiquement la douleur lors des couches, l’ASD la voit comme étant conditionnée historiquement, culturellement et socialement. De cette certitude provient la possibilité et la nécessité de la prophylaxie physique (des exercices), pédagogique (des connaissances) et psychique

(l’accompagnement). Cf. : Marianne Caron-Leulliez, Jocelyne George, L’accouchement sans douleur : histoire d’une

révolution oubliée, Les éditions de l’atelier, 2004.

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Bernard This, Sur une nouvelle orientation médicale : l’accouchement psychoprophylactique, la thèse de médecine (1954), citée par Marianne Caron-Leulliez, Jocelyne George, op.cit. p. 103.

est portée sur l’ensemble du travail qui rend possible un accouchement moins angoissant pour les parturientes.

Grâce au soutien obtenu en 1957 auprès du ministère de la Santé et de la Famille, le mouvement de l’ASD se déploie progressivement ; il sort de son engagement politique et devient « un pur objet scientifique ainsi qu’un objectif de société sur lequel les femmes et les accoucheurs s’accordent de plus en plus »35. Or, si l’inscription de l’ASD au rang scientifique le libère véritablement des débats politiques de la guerre froide, la psychanalyse à laquelle se forme l’oreille de Bernard This lui donne un appui pour contester cette omniprésence croissante de la lecture scientifique : il plaide pour la prise en compte du vécu subjectif de la femme.

Car depuis son arrivée à Paris, Bernard This entame un cursus psychanalytique qu’il suit au sein de la Société psychanalytique de Paris (SPP). C’est la psychanalyse qui lui donne l’inspiration et les armes conceptuelles pour repenser le sujet, dans son vécu, avec ses mouvements conscients et inconscients, et défendre cette vision de l’être humain dans l’univers médical :

« Ce n’est que lorsque les fantasmes de la naissance et les difficultés préœdipiennes et œdipiennes seront liquidées, avance-t-il certainement à contre-courant de ce qui l’entoure, qu’elle [la femme] trouvera la liberté nécessaire pour s’épanouir dans la maternité »36.

Vu comme une expérience plus existentielle qu’hospitalière ou chirurgicale, l’accouchement a été replacé par Bernard This dans les coordonnées fondamentalement subjectives où la conception, la grossesse et la naissance de l’enfant marquent le temps d’un remaniement psychique important pour la femme comme pour son compagnon, et pour l’économie libidinale du couple. Cette recherche du sujet, avec son vécu propre, refoulé dans les grands discours qui ordonnaient l’époque – la Science, le Progrès, l’Ordre social – a été accentuée par l’expérience parentale vécue par Bernard This, le faisant passer de l’autre côté de la barrière. Suite à la fausse-couche de sa femme, il a éprouvé « un violent désir d’humaniser les lieux de

35 Marianne Caron-Leulliez, Jocelyne George, op. cit. p. 105.

36

Bernard This « Psychologie de la femme enceinte et ASD » In : Entretiens psychiatriques, février 1954, PUF, p. 225, cité par Marianne Caron-Leulliez, Jocelyne George, op. cit. p. 162.

naissance »37, désir qui ne le quittera jamais et se reflétera sûrement dans la création de la

Maison Verte où l’enfant, selon lui, doit être accueilli même avant sa naissance.

Après avoir quitté les maternités, Bernard This n’abandonne pas pour autant la problématique : il s’engage à promouvoir cette question en s’adressant aux accoucheurs et au grand public. Il décide de parler et de faire parler les gens. Il se démarque vite de l’ASD, car son attention se porte dorénavant sur le vécu d’un autre participant de l’accouchement – le nouveau-né ; il se concentre sur l’enfant et sur l’accueil qu’il reçoit à son arrivée au monde.

« Je me suis toujours demandé pourquoi l’on mettait si souvent l’accent sur le travail de la mère – l’accouchement – sans mettre en même temps l’accent sur l’épreuve vécue par l’enfant », raconte Bernard This, en 1981. « On ne parlait que de l’accouchement, avec ou sans douleur. C’est pourquoi, en 1972, j’ai mis l’accent sur le vécu de l’enfant, écrivant ce livre, « Naître »,38 ouvrage dans lequel j’expliquais qu’on est comme on naît, la naissance ayant pour le sujet nouveau-né une importance trop souvent négligée, l’enfant n’étant envisagé qu’en tant qu’objet de production, corps biologique qu’il convient d’excorporer »39.

A juste titre, Bernard This est parmi les premiers qui pointent le problème de l’accueil du nouveau-né ; il devance de deux ans le livre de Frédérick Leboyer, « Pour une naissance sans

violence » (1974), qui, accompagné du film « Naissance » (1976), génère un véritable mouvement appelé « phénomène Leboyer »40.

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Bernard This, La Maison verte : créer des lieux d’accueil, Editions Belin, 2007, p. 16.

38

Bernard This, Naître, Edition Aubier-Montaigne, 1978.

39

Bernard This, « Violence et naissance » In : Françoise Dolto, Danielle Rapoport, Bernard This, Enfants en

souffrance, Editions Stock/Laurence Pernoud, 1981, p. 112. (Souligné par Bernard This)

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Il s’agit d’un vaste phénomène social qui émeut autant le grand public que les professionnels. La vision dramatique et troublante de la naissance de l’enfant présenté par F. Leboyer la pose comme un véritable traumatisme pour l’enfant et fustige l’accueil qu’il reçoit à son arrivée au monde : l’accueil brusque, éprouvant, qui ajoute des souffrances inutiles. Cependant cette tonalité aiguë, avec une surcharge émotionnelle de l’auteur, résonne à l’unisson des sentiments des jeunes parents de l’époque. Car l’idée sous-jacente que véhicule F. Leboyer est très novatrice : soutenir la continuité des liens mère-enfant malgré la modification profonde qu’ils subissent à la sortie de la matrice gestante, lors du passage de l’existence attendue et imaginée à la rencontre réelle.Cette résonnance résulte, sans aucun doute, des changements sociétaux où les nouvelles considérations sur les liens parentaux et l’accueil de l’enfant se développent en parallèle de l’aspiration des jeunes au

Malgré les efforts conceptuels déployés par son auteur, l’approche – réfléchie et pratiquée41 – tourne à « la méthode Leboyer », et la décentration proposée – de la souffrance de la femme vers l’accueil de l’enfant – se noie dans un très grand retentissement médiatique que le corps médical vit mal. D’un côté, aux yeux des médecins, les changements entrepris par F. Leboyer entravent la réactivité des gestes d’urgence qui peuvent être vitaux dans certains cas. De l’autre, « la nouveauté » de Leboyer leur semble opposer une approche à l’autre, l’accouchement sans douleur (ASD) à la naissance sans violence (NSV), et troubler l’évolution qu’ils ont initiée au sein des maternités42.

Bernard This, à son tour, réagit à tous les niveaux pour défendre F. Leboyer. Il lance un appel aux professionnels sensibles au sujet et fonde avec eux le Groupe d’études du nouveau-né (GENN) en 1976. Ce dernier rassemble des spécialistes de tous les horizons : praticiens de maternités, chercheurs en éthologie et en ethnologie, sociologues, psychanalystes43 en forment le large spectre. Essentiellement, le GRENN44 offre un lieu aux professionnels qui élaborent leurs pensées, se penchent sur le contexte social et culturel, reçoivent les critiques et examinent leurs difficultés. Le groupe mène une vie de recherche et de travail dense dont un des résultats est la création des « Cahiers du nouveau-né », où Pierre Benoit, Françoise Dolto, Bernard This, apportent leur concours.

Dans ces rencontres multidisciplinaires qui font se croiser des raisonnements divers, Bernard This est perçu comme celui qui réintroduit « la dimension poétique »45. Effectivement, il est connu pour son style : l’écriture et la recherche de Bernard This sont toujours imprégnées de

41 F. Leboyer plaide pour l’adoucissement de l’ambiance sonore, lumineuse et tactile, avec la pose de l’enfant sur

le ventre de la mère, avec le retardement du clampage du cordon ombilical et des examens médicaux, avec le bain donné à l’enfant par les parents. Tout cela vise à accueillir l’enfant « en douceur », mais également à privilégier ce moment d’instauration des liens entre la femme et son bébé.

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L’intervention de Claude Revault d’Allones à la table ronde du 15 octobre 1977, In : Etienne Herbinet (sous la dir.), Naître… et ensuite ? Les Cahiers du nouveau-né, n° 1-2, Stock, 1978, pp. 311-314.

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Le noyau du groupe est formé par les obstétriciens Etienne Herbinet, Jean-François Husson, Michel Odent ; les psychologues Danielle Rapoport et Marianne Herbinet-Baudouin ; les psychanalystes Anne Bouchart, Bernard This, Laurent Le Vaguerèse ; les médecins Dominique Girodet et Catherine Dolto.

44 Le GENN devient le Groupe de recherche et d’études du nouveau-né (GRENN) en 1978.

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L’intervention d’Etienne Hebernet lors de la Journée de rencontres du 20 octobre 1984 In : Anne Bouchart et Danielle Rapoport (sous la dir.), Origines. D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Les cahiers du nouveau-né n° 7, Editions Stock, 1985, p. 68.

l’étude de la langue, qu’il considère comme le témoin vivant de la mémoire du peuple, de l’héritage culturel, de la transmission qui se trace à travers des rites et des siècles. Depuis toujours, Bernard This se passionne pour les mots, leurs racines et leurs ailes, il les écoute, il les chante, il les dissèque, il les accompagne de ses propres associations46.

Mais cette réaction des obstétriciens est certainement également une des réponses à l’emploi des concepts lacaniens que Bernard This introduit de plus en plus dans ses arguments. Car, proche de Françoise Dolto – Bernard This la rencontre en 1954 –, il adhère à l’univers conceptuel lacanien. Il rejoint l’EFP depuis sa création et considère Jacques Lacan comme son maître ; il lui restera fidèle jusqu’à la fin et soutiendra la création de la nouvelle école organisée par Jacques-Alain Miller et ses partisans, l’Ecole de la Cause.

La dissolution de l’EFP obligera chacun à faire des choix par rapport à l’engagement dans les nouvelles institutions psychanalytiques. Pourtant, ce séisme n’aura pas de répercussions immédiates sur les liens entre Bernard This, Pierre Benoit et Françoise Dolto même s’ils finiront par se retrouver dans des camps différents. Cela n’a jamais fait l’objet de débats publics au sein de l’équipe de la Maison Verte, mais a certainement laissé des traces.

Les concepts lacaniens permettent d’aborder la question qui préoccupe Bernard This tout autant que l’accueil du nouveau-né : la place du père écarté de la grossesse, de la mise au monde, et des premiers soins à donner à l’enfant. Le père n’est pas admis et il n’est pas prévu, même pensable, dans ce moment crucial pour l’enfant – il est en dehors du cadre hospitalier régi par les normes de sécurité et la bataille contre les infections puerpérales qui commencent seulement à reculer. Pourtant il est, ce père, celui qui porte l’essentiel du cadre humanisant :

« Qu’est-ce que Naître ?, s’interroge Bernard This. Est-ce sortir du ventre maternel ? On peut respirer à l’air libre et n’être pas encore né ? Eh, oui, le cordon ombilical fut tranché, mais l’enfant est resté dans l’orbe, dans le monde du désir maternel, si le “ Nom du Père ” n’est pas venu se dire entre l’enfant et sa mère, pour interdire la confusion originelle. Précisons que dans

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Ses livres « Le Père, acte de naissance » (1980) ou « Neuf mois dans la vie d’homme » (1994) présentent un voyage à travers les siècles et les cultures tout autant que ses propres sentiments et associations.

notre esprit, le “ Nom du Père ” n’est pas seulement le patronyme, c’est la fonction paternelle dans ses effets métaphoriques »47.

Donc, c’est le père, avec sa présence ressentie et parlée, qui fait naître l’enfant véritablement dans la communauté des êtres humains. Cette présence est indispensable, selon l’idée de Bernard This, car l’accoucheur qui élimine le père dans le moment-même de l’accouchement risque de solidifier son absence dans la vie fantasmatique de la mère :

« Dans certains services, ce qui compte c’est la mère et le médecin, l’accouchée et l’accoucheur. On “ chauffe la colle ” de cette relation exclusive, le médecin est le “ tout- puissant ”, sujet supposé tout savoir, Sauveur divinisé ; le libérateur de la femme officiel, le père n’a rien à faire : il n’a qu’à se faire oublier»48.

Mais également, cet acte d’élimination du père participe à la construction du fantasme de l’union inconditionnelle chez l’enfant :

« A l’origine, mère-enfant ne feraient qu’un. A l’origine, quand j’étais tout petit, petit, je ne faisais qu’un avec maman ! J’étais confondu avec elle : fusion, confusion… Ne faire qu’un : voilà créé le fantasme essentiel des humains ; ne penser à l’origine qu’en fonction du corps maternel, éliminer le père et toute référence à la “ scène primitive conceptionnelle ”, n’étudier la procréation qu’en tant que “ reproduction ” du même, oublier tout ce qu’il en est de la génération, de l’engendrement, de la transmission et de l’invention permanente de la vie. On parle de famille nucléaire, on affirme que les parents “ font ” un enfant, alors qu’ils transmettent la vie, germen, “ qui vient du fond des âges ” »49.

Ainsi, « l’accueil du père et l’accueil du nouveau-né sont liés : ils ne vont pas l’un sans l’autre »50 ; cela devient une des thèses principales de Bernard This, qu’il défend partout – auprès des professionnels, des fonctionnaires, auprès du grand public.

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Bernard This, « Le père, le bain… le bambin » In : Etienne Herbinet (sous la dir.), Naître… et ensuite ? Les Cahiers du nouveau-né, n° 1-2, Stock, 1978, pp. 167-168.

48 Ibid., pp. 150-151.

49 Bernard This, « Violence et naissance », op.cit, pp. 112-113.

En premier lieu, Bernard This donne la parole à l’homme sur les sentiments qu’il peut éprouver pendant les neuf mois d’attente de l’enfant ; il est parmi les premiers51 qui ont rendu public l’univers de l’homme avec ses projections et ses fantasmes concernant la grossesse et l’accouchement, mais aussi concernant la problématique de la paternité et du rôle du père. Afin d’éclairer ses questions, il se donne comme tâche de retracer comment la figure paternelle est présentée de la conception à la reconnaissance de l’enfant selon les cultures et les époques. Son étude des mythes et de l’histoire de l’humanité, dans diverses sociétés, reçoit comme titre « Le père : acte de naissance ». Les concepts du père réel, imaginaire et symbolique l’aident à structurer cet immense héritage culturel, même s’ils demeurent, des fois, au niveau des métaphores.

Le père, la présence masculine, la position symbolique de l’homme seront un des sujets que Bernard This continuera à porter à la Maison Verte. Il défendra toujours la nécessité de la présence d’au moins un homme dans les équipes de trois qui feront l’accueil à tour de rôle dans la semaine. Il y posera sa présence en tant que psychanalyste mais également en tant qu’un homme, avec sa voix, sa posture, sa manière d’intervenir qui lui semblera hautement sexuée. Il insistera également sur l’importance de l’accueil des pères au sein de la Maison

Verte.

Dans la lignée de ses thèmes de prédilection, Bernard This s’est naturellement passionné pour l’haptonomie52 dès son introduction en France. Cette nouvelle approche lui permet de traiter

51 Même si Georges Mauco a travaillé cette question dans la même perspective que Bernard This, en retraçant la

question du père et de l’autorité dans la culture et l’image paternelle chez l’enfant depuis 1971 (Georges Mauco, « La paternité : sa fonction éducative dans la famille et à l’école », 1971),c’est le livre de Bernard This « Le père :

l’acte de naissance », paru en 1978, qui a ouvert véritablement la question et a connu, en conséquence, un grand

intérêt pour la problématique.

52

L’haptonomie, désignée par son auteur Frans Veldman comme « la science du toucher et du sentir, dans sa dimension intime et affective » rentre dans la palette de l’accompagnement de la grossesse et la préparation à l’accouchement. En visant à établir la communication avec l’enfant avant la naissance, l’approche cherche à travers « des stimuli significatifs adaptés et conformes à la destination de l’être humain » à créer un authentique contact entre les parents et l’enfant, qui sera la base d’un attachement pré et post-natal tout autant que les conditions d’amélioration du tonus et « un épanouissement postnatal plus harmonieux et plus rapide » du nouveau-né. Cf. : Étienne Herbinet et Marie-Claire Busnel (sous la dir.), L’aube des sens, Les Cahiers du nouveau- né, n° 5, Editions Stock, 1981, pp. 275-290.

en même temps « l’accueil amical de l’enfant »53 et l’importance de la présence du père. En effet, l’haptonomie donne une place unique au père qui peut exprimer ses sentiments, ses angoisses et ses attentes. Catherine Dolto, qui a participé à la fondation de cette nouvelle science en France, le souligne tout particulièrement :

« (…) dans l’haptonomie, dit-elle, la préservation du droit à l’ambivalence à l’intérieur des trios père-mère-enfant reste essentielle. Il me semble, continue-t-elle, que, pour la première fois, avec la préparation et la naissance haptonomiques, les pères ont enfin une vraie place qui n’est pas un semblant de place, ce qui me paraît capital dans le contexte actuel »54.

Il n’est pas étonnant que Bernard This ait choisi la Maison Verte comme un des lieux possibles de pratique de l’haptonomie, en cohérence avec son idée de la continuité de l’accompagnement de l’enfant, de la mère et du père avant, pendant et après l’accouchement. Nous en parlerons plus tard.

En 1962, Bernard This participe à la création, avec Charles Brisset et Thérèse Tremblais, du CMPP Etienne-Marcel. Association loi 1901 reconnue d’utilité publique, conventionnée et financée par le département de Paris et la Sécurité sociale, le Centre Etienne-Marcel était habilité à recevoir des enfants de 0 à 20 ans55, présentant des difficultés d’ordre psychologique, et leurs parents. Françoise Dolto est invitée à rejoindre l’équipe dès sa création, ce qu’elle fait en complément de sa consultation qu’elle assure à l’époque à l’hôpital Trousseau.

53 Bernard This, « Fœtologie… Fête au logis » In : Étienne Herbinet, Marie-Claire Busnel (sous la dir.), L’aube des

sens, Les Cahiers du nouveau-né, n° 5, Editions Stock, 1981, p. 287.

54 Catherine Dolto, « L’haptonomie, révolution tranquille » In : Étienne Herbinet, Marie-Claire Busnel (sous la dir.),

L’aube des sens, pp. 287-290.

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