• Aucun résultat trouvé

Histoire des approches méso-économiques de filière

Chapitre II – Analyse des chaînes laitières industrielles sénégalaises selon l’approche Chaîne

1. Histoire des approches méso-économiques de filière

Du point de vue sémantique, il existe plusieurs expressions faisant référence à l’ensemble des activités qui concourent au cycle de vie d’un produit ou d’un groupe de produits, ainsi que l’environnement socio-économique et organisationnel qui les entoure. Les termes utilisés sont13 : filière (commodity system), chaîne de valeur (value chain), chaîne d’approvisionnement ou chaîne logistique (supply chain), chaîne globale de commodité (global commodity chain), chaîne globale de valeur (global value chain). Ces expressions désignent des objets réels différents sur le plan géographique, mais font aussi référence à des cadres analytiques dont les fondements théoriques et les motivations politiques sont différents (Raikes et al., 2000).

Néanmoins, tous ces cadres analytiques présentent des caractéristiques communes (Temple et al., 2011). En premier lieu, ils partagent une approche en termes de méso-économie, qui « s’appuie sur l’analyse micro-économique des comportements des agents, et procède à une agrégation limitée dans le cadre d’un sous-ensemble de l’économie (par exemple, la filière lait) auquel on applique des outils d’analyse macro-économique » (Duteurtre, 1998 pp. 118–119). Elle repose sur l’hypothèse que « chaque acteur est en relation plus étroite avec les autres acteurs de la filière qu’avec les acteurs du reste de l’économie » (ibid.). Deuxièmement, sur le plan théorique, ces approches ont en commun la remise en question de la théorie économique néo-classique et notamment de son hypothèse de rationalité des agents et de ses notions d’équilibre et d’optimalité. En troisième lieu, elles ont historiquement servi à fournir le support scientifique aux décideurs publics, dans l’objectif de mettre en place des politiques sectorielles (Temple et al., 2011).

Dans la littérature francophone, le terme « filière » tend à disparaître progressivement au profit de celui de « chaîne de valeur ». Selon Raikes et al. (2000), les deux notions relèvent de deux écoles distinctes et apparaissent dans des contextes historiques et à des finalités différentes. D’après les auteurs, le concept de filière naît au sein de la recherche agricole et technocratique française. Elle a été appliquée aux pays en développement en tant qu’outil de contrôle colonial et postcolonial de la part de la métropole. Parallèlement, la notion de chaîne de valeur (ou, plus

exactement, de chaîne globale de commodité) a été développée dans le domaine des produits industriels, afin d’analyser le processus de mondialisation. Elle tire son origine des travaux de l’historien Wallerstein qui s’inscrivent dans la théorie de la dépendance (id.).

Au-delà des différentes interprétations de la littérature, force est de constater que les approches méso-économiques en termes de filière ou chaîne de valeur se développent parallèlement, suivent des dynamiques semblables et s’influencent les unes avec les autres. Si, dans un premier temps, elles ont une portée purement « techno-économique » (Hugon, 1988 p. 667) – la filière est définie comme l’ensemble des activités liées verticalement pour l’appartenance à un même produit, de la conception à la consommation, en passant par la transformation et la commercialisation (voir Davis et Goldberg, 1957 ; Malassis, 1977) – elles acquièrent ensuite de plus en plus un caractère multidisciplinaire, orienté vers l’analyse des institutions gérant les relations entre les acteurs et les comportement de ces derniers. La filière ne représente plus seulement l’ensemble des relations marchandes et des activités qui concourent au cycle de vie d’un produit, mais aussi « des stratégies d’acteurs, des relations de coopération et de pouvoir, des contrôles de technologies ou d’informations, des effets de synergie et d’entraînement entre branches » (Hugon, 1988 p. 666).

Dans cette section, nous utilisons le terme « filière » de manière neutre, sans aucune allusion à un courant économique plutôt qu’à un autre. Par ce terme, nous faisons ici référence aux approches14 méso-économiques qui consistent à étudier une succession d’activités liées par l’appartenance à un même produit.

1.1. Les racines : Mason et le paradigme Structure-Comportement-Performance Le concept de filière est, à l’origine, adopté au sein de l’Économie Industrielle (Industrial Organization en anglais), lorsque les économistes, dont le principal est E. Mason, repèrent plusieurs facteurs de la structure du secteur industriel influençant le comportement des entreprises. Il est reconnu que l’analyse du comportement d’une entreprise en termes de prix et de production n’a du sens que si conjuguée à l’analyse du marché environnant. En effet, la taille de l’entreprise ne peut expliquer à elle seule le comportement de la firme et d’autres variables

14 Nous utilisons le pluriel « approches » pour souligner la multiplicité et la diversité des contributions scientifiques dans ce domaine.

externes à elle sont à prendre en compte, comme l’état de développement économique du secteur dans lequel l’entreprise évolue, la taille des acheteurs, ou la nature des canaux de distribution (Mason, 1939 pp. 71–72). Ce courant a été ensuite formalisé par le paradigme Structure-Comportement-Performance (SCP), selon lequel il existe un lien de causalité entre la structure d’un secteur, le comportement de la firme qui s’y inscrit et ses performances économiques (Church et Ware, 2000 p. 425). Une des limites de cette approche est qu’elle n’attribue aucune importance à la relation inverse, à savoir l’influence du comportement de l’entreprise sur les dynamiques du secteur (voir, par exemple, Mason 1939 p. 72).

1.2. L’approche filière dans le domaine agroalimentaire

Depuis ses premiers développements, l’approche filière a représenté un outil privilégié dans le cadre des analyses économiques du secteur agricole et agroalimentaire. En effet, de par son caractère méso-économique, une telle approche permet de découper un système productif et est, de ce fait, particulièrement appropriée au domaine agroalimentaire, « caractérisé par une linéarité des processus productifs, par des sous-systèmes productifs partiellement décomposables et par des activités de transformation et non de fabrication » (Hugon, 1988 p. 666).

Dans le champ agricole et agroalimentaire, le concept de filière est apparu aux États Unis à la fin des années 1950 grâce aux travaux de Davis et Goldberg (1957) dans un ouvrage intitulé « A concept of Agribusiness ». Les auteurs de cette étude, qui s’inscrit dans les recherches en Économie Industrielle, prennent acte des changements ayant lieu dans l’agriculture, constatant l’évolution du secteur agricole de système autarchique à système ouvert, ayant externalisé plusieurs fonctions en amont (intrants, services, etc.) et en aval (stockage, transformation, commercialisation, etc.). Ils proposent ainsi l’introduction d’un nouveau terme pour décrire les interrelations entre agriculture et business : « agribusiness ». Cette notion fait référence à « the sum total of all operations involved in the manufacture and distribution of farm supplies ; production operations on the farm ; and the storage, processing, and distribution of farm commodities and items made from them » (id. p. 2). À l’aide de la carte des flux et des outils de la comptabilité nationale, Davis et Goldberg jettent les bases pour l’analyse de filière dans le domaine agroalimentaire, soulignant le caractère d’interdépendance entre les différents maillons (id.).

À cette étape, la définition donnée d’agribusiness, n’incluant pas le secteur agricole lui-même, ne coïncide pas encore avec le concept de filière. Ce sera seulement quelques années plus tard que Goldberg introduira la notion de commodity system, le définissant comme l’ensemble de « tous les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d’un produit agricole. […] [Il] inclut les fournisseurs de l’agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs, les grossistes et détaillants permettant au produit brut de passer de la production à la consommation. […] [Il] concerne enfin toutes les institutions, telles que les institutions gouvernementales, les marchés, les associations de commerce qui affectent et coordonnent les niveaux successifs sur lesquels transitent les produits » (Goldberg, 1968, cité par Khamassi-El Efrit et Hassainya 2001 p. 231).

Plusieurs cadres théoriques ont été mobilisés pour l’analyse des filières agroalimentaires. Elles représentent un ensemble vaste et parfois difficile à classer. Certains auteurs (Bencharif et Rastoin, 2007 ; Rastoin et Ghersi, 2010 ; Temple et al., 2011 ; Smadja-Rakotondramanitra, 2014) ont tenté une restitution des principaux référentiels théoriques qui ont été appliqués au cours de l’histoire à l’analyse de filière. L’exposition que nous en faisons ci-de suite ne prétend pas être exhaustive, prenant en considération les cadres théoriques qui plus se rapprochent du domaine scientifique de cette étude et qui ont notamment contribué au développement de la théorie de la Gouvernance des chaînes de valeur globales. Il s’agit de : l’économie industrielle appliquée au domaine agro-alimentaire ; l’analyse structurelle ; l’analyse stratégique ; la nouvelle économie institutionnelle ; et l’analyse systémique

1.3. L’analyse structurelle et les outils de la comptabilité

L’analyse structurelle d’une filière consiste à décrire les acteurs et les étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un groupe de produits, et à indiquer en chiffres les productions, les stocks et les flux de produits entre les différents maillons (Rastoin et Ghersi, 2010 p. 126). Elle permet ainsi de repérer les lieux de formation de la valeur ajoutée, sa répartition au sein de la filière, les échanges entre les différents acteurs, etc. Les outils utilisés sont les tableaux entrées/sorties de la comptabilité nationale et les techniques de comptabilité de branche (Davis et Goldberg, 1957). Les études de compétitivité des filières s’appuient généralement sur cette approche (Dieye, 2003 ; Dabat et al., 2004 ; Desmoulin, 2006). Les premières études de filière ont permis

de reconnaître les changements en cours au sein du secteur agro-alimentaire. Ainsi, à l’aide des outils de la comptabilité nationale, les analyses en termes de répartition de la valeur ajoutée montrent l’importance de plus en plus consolidée de l’Industrie Agro-Alimentaire (IAA) au détriment de l’agriculture (Malassis, 1977 ; Rastoin, 2000). La méthode d’analyse structurelle, aussi dite « méthode des effets » ou « évaluation de projet » dans les enceintes internationales, a été utilisée par des organisations telles que la Banque Mondiale, la FAO et l’ONUDI, afin d’évaluer la rentabilité d’un projet de filière intégrée, montrant ses effets sur la croissance, sur les échanges extérieurs et sur la distribution des revenus (Bencharif et Rastoin, 2007 p. 4 ; Bellù, 2012).

Dans ce cadre, la notion de filière se rapproche de celle de « chaîne d’approvisionnement », mobilisée par les études en gestion et en management afin d’évaluer les retombées économiques de changements éventuels dans la stratégie d’entreprise. La filière est ici définie comme « a network of material processing cells with the following characteristics : supply, transformation, and demand » (Davis, 1993 p. 37). Ce cadre méthodologique est généralement utilisé dans des secteurs industriels qui comprennent un nombre limité de fournisseurs, géographiquement dispersés, possédant de hautes compétences ; mais aussi dans le cas d’industries agro-alimentaires de première transformation, telle que le lait et le sucre, qui se caractérisent par de nombreux fournisseurs géographiquement concentrés et par de hauts niveaux d’incertitude sur la qualité et la quantité (Le Gal et al., 2007).

1.4. L’analyse stratégique dans la théorie de Porter

Le fondateur du courant de l’analyse stratégique faisant recours à la filière est M. Porter. La chaîne de valeur15, en schématisant l’imbrication des activités créatrices de valeur, permet d’identifier l’impact de chaque activité en termes de coûts et son potentiel dans le cas d’une stratégie de différenciation, afin de reconnaître les différentes sources d’avantage concurrentiel16 (Porter, 1985). Une telle analyse est généralement menée pour les entreprises les plus importantes de la filière et, éventuellement, pour le lien entre celles-ci et les firmes en amont (Khamassi-El Efrit et Hassainya, 2001 p. 236). La chaîne de valeur à laquelle se réfère M.

15 Traduction de l’expression « value chain » utilisée par Porter.

16 L’avantage concurrentiel consiste dans « la valeur qu’une firme peut créer pour ses clients en sus des coûts supportés par la firme pour la créer » (Porter 1985).

Porter est « internalisée » au sein de l’entreprise, ne concernant que les activités prises en charge par l’entreprise elle-même. Palpacuer et Balas (2010 p. 90) estiment que l’analyse porterienne est « prescriptive et désincarnée », défaillante au regard de la compréhension de la manière dont les stratégies sont déployées au plan transnational et des changements de l’environnement socio-économique qui en découlent (ibid.).

1.5. L’approche néo-institutionnaliste et les formes hybrides

L’orientation néolibérale caractérisant les années 1980 et 90 et le déclin de l’interventionnisme de l’État favorisent l’adoption de l’approche néo-institutionnaliste dans le cadre des analyses de filière. Le libre marché étant le mode de coordination dominant, il est nécessaire de centrer l’attention sur les mécanismes organisationnels et institutionnels qui pallient ses dysfonctionnements (Temple et al., 2009 ; Smadja-Rakotondramanitra, 2014 pp. 154–155).

Parmi les théories de ce courant économique, celle qui est le plus souvent mobilisée dans le cadre des analyses de filière est la théorie des coûts de transaction. Ses fondateurs sont R. Coase, D. C. North et O. E. Williamson, qui a mis l’accent, ce dernier, sur les caractéristiques des transactions en tant que facteur déterminant le mode de gouvernance adopté par les acteurs économiques. Williamson (1991a) distingue trois différentes formes de gouvernance qui peuvent être mises en place lors d’une transaction : la forme marchande, hiérarchique et hybride, cette dernière comprenant un ensemble hétérogène d’arrangements institutionnels ne relevant ni du marché ni de la firme. D’après l’auteur, les facteurs déterminant le mode de gouvernance sont la fréquence à laquelle la transaction a lieu, le degré d’incertitude auquel la transaction fait face, et le degré de spécificité des actifs impliqués dans la transaction (id. p. 281).

La théorie d’O. E. Williamson s’intéresse à la dimension micro de l’échange bilatéral, d’où la difficulté souvent rencontrée de la concilier à l’envergure méso-économique des études en termes de filière (Barjolle et Chappuis, 2000 p. 99 ; Wever et al., 2012b p. 73). Néanmoins, elle a toujours représenté un repère pour les analyses de filière, qui se servent des outils offerts par la théorie des coûts de transaction afin de : identifier les avantages et inconvénients des modes d’organisation sur l’inclusion d’acteurs défavorisés (Delgado, 1999 ; Barjolle and Chappuis, 2000) ; souligner les répercussions de relations conflictuelles à un maillon de la chaîne sur les

transactions au sein d’autres maillons (Lessassy, 2007) ; montrer les différents systèmes de gestion de la qualité en lien avec les formes de gouvernance adoptées (Raynaud et al., 2005a, 2009 ; Han et al., 2011).

1.6. Dynamiques et innovation dans la théorie des systèmes

Les approches citées jusque-là sont statiques, s’inscrivant dans une perspective temporellement limitée. La théorie des systèmes introduit dans les analyses de filière un caractère « dynamique », adoptant un regard historique et élaborant des scénarios de prospective (Bencharif et Rastoin, 2007 p. 5). Dans le domaine agro-alimentaire, le système alimentaire se définit comme « un réseau interdépendant d’acteurs (entreprises, institutions financières, organismes publics et privés) participant directement ou indirectement à la création de flux de biens et services orientés vers la satisfaction des besoins alimentaires d’un groupe de consommateurs dans un espace géographique donné » (Rastoin, 1995 p. 2). Cette définition se rapproche de la notion de filière, cette dernière pouvant être considérée comme un système alimentaire délimité par ses liens à un produit ou un groupe de produits. En effet, Hugon définit la filière agro- alimentaire comme un « sous-système intégrant la production, la circulation et l’utilisation d’un produit ou d’un groupe de produits agro- alimentaires donné suivant un mode de régulation déterminé et selon un rapport espace/temps spécifique » (Hugon, 1988 pp. 667– 668).

Sur la base de certaines variables (origine des aliments, type d’habitat, modèle de production, de consommation, de société, etc.), une analyse de système appliquée à une filière permet de la caractériser dans l’espace et dans le temps, de repérer les facteurs déterminant ses évolutions et d’émettre des prévisions relatives aux développements futurs (Rastoin et Ghersi, 2010). P. Hugon distingue ainsi quatre types de filière agroalimentaire : domestique (ou non-artificialisée), marchande (ou artisanale), étatique (ou industrielle) et capitaliste transnationale (ou agribusiness). Les variables utilisées pour la construction de cette typologie sont les modes de production, circulation, utilisation et régulation, l’espace, le temps, les acteurs dominants, les fonctions et les objectifs. L’auteur constate que les différents types de filière coexistent, s’alternent dans le temps et interagissent entre eux en évolution constante (Hugon, 1988).

Une telle analyse permet également d’identifier les centres de commande de la filière, les atouts et les points de force, les relations de pouvoir. Par exemple, Khamassi-El Efitr et Hassainya (2001) estiment, à l’aide de l’analyse systémique, que les centres de commande intervenant dans la régulation des filières agroalimentaires sont multiples et combinés entre eux, et coïncident avec les entreprises aux différents maillons des filières, l’État, la grande distribution, la société civile, etc. (id. p. 235).

1.7. Limites des approches filière

Les approches méso-économiques en termes de filière apportent une grande contribution à l’analyse des phénomènes socio-économiques. Elles présentent néanmoins un certain nombre de limites qui relèvent de leurs bases méthodologiques ou de leurs développements empiriques.

Sur le plan méthodologique, les approches filière reposent implicitement sur l’hypothèse selon laquelle il existe une cohérence entre les différentes transactions qui ont lieu tout au long du cycle de vie d’un produit. Autrement dit, les relations verticales au sein d’une filière seraient suffisamment fortes pour que leur analyse conjointe fasse sens (Jacquemin et Rainelli, 1984 p. 386 ; Temple et al., 2011 p. 4). Or, il s’agit d’une hypothèse qui se heurte aux postulats d’autres théories mobilisées pour l’analyse de filière, telle que l’économie des coûts de transaction, selon laquelle le niveau d’analyse significatif coïncide avec la dimension « micro » de la transaction bilatérale (Williamson, 1991b). Cette même prédilection pour l’analyse des transactions verticales va aussi au détriment de l’analyse « macro » de l’environnement où la filière s’inscrit. Les critiques des auteurs de la littérature portent sur le fait que ces approches méso-économiques considèrent la filière comme régie « par une dynamique et une logique bien propre et strictement indépendante de son environnement » (Sekkat, 1987 p. 119) et que les relations internes à la filière semblent être les seules variables à être prises en considération (Raikes et al., 2000 p. 6). De ce fait, l’analyse de filière ne donne qu’une vision partielle de l’économie, ne concernant qu’un segment spécifique de cette dernière (Bellù, 2012 p. 9). En plus, l’analyse s’arrête généralement aux frontières nationales, négligeant ainsi d’importantes interactions avec le système global. Enfin, les contributions scientifiques dans ce domaine sont si nombreuses et hétérogènes qu’il manque un cadre méthodologique de référence. La

multiplicité des définitions et des utilisations rendent la filière « un concept difficile à cerner » (Sekkat, 1987 p. 119).

Pour ce qui concerne les développements empiriques, les limitent des études de filière découlent du manque d’analyse quantitative (Raikes et al., 2000 p. 13) et notamment de méthodes finalisées à la mesure de performance (id. p. 6). Cela rend difficile l’évaluation d’impact des interventions politiques, d’autant plus que le niveau d’analyse est trop agrégé pour pouvoir estimer les répercussions sur un maillon spécifique (id. p. 7).

Certaines parmi ces limites sont dépassées par la théorie des chaînes globales de valeur, que nous allons présenter dans la section suivante.