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leS gRandS mouvementS migRatoiReS

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 36-41)

leS peupleS du Sud-ubangi

1. leS gRandS mouvementS migRatoiReS

IIll. 6.1. « Féticheur pygmée portant le costume des féticheurs mbouakas », 1933, RCA.

Pygmée aka vêtu de la tenue du guérisseur ngbaka-ma’bo, illus-trant les échanges rituels entre les deux populations.

(Photo inventaire n° 992.2.315, Musée Joseph Dechelette, Roanne. Photo Antonin-Marius Vergiat, 1933 ; photo © Musée Joseph Dechelette, Roanne.)

Cameroun et au nord du Gabon. Des contacts et échanges réguliers existent entre les Mbenga à l’ouest des Ngbaka-ma’bo, en RCA. Dans le Sud-Ubangi, les Mbenga sont principalement concentrés dans les territoires de Kungu et de Libenge.

C’est à une date relativement récente, en 1891, que le voyageur français Jean Dybowski fut informé par des individus installés autour de la ville alors naissante de Bangui d’«  une population de redoutables guerriers nains  », des chasseurs d’éléphant émérites qui vivaient dans les montagnes environnantes. Il regrettait de n’avoir jamais été en mesure de découvrir «  ces êtres surnaturels  » (Dybowski 1893 : 319). Du côté de la RD Congo, les noms des peuples vivant le long de la rivière Ubangi apparurent dans la littérature coloniale à l’occasion des voyages de George Grenfel sur ce qu’il appelait le Mubangi (1884) ou d’Alphonse Vangele (cf. supra).

Les relations sociales, commerciales et rituelles entre les Pygmées aka (qui parlent une langue bantoue) et leurs voisins de l’Ubangi ont toujours été complexes (Thomas & Bahuchet 1988 ; Arom &

Thomas 1974 ; Bahuchet & Guillaume 1982).

Jusqu’à ce jour dans le Sud-Ubangi, les Pygmées n’exercent pas de droits politiques reconnus. À part de rares exceptions, ils sont absents des structures de décision politique, fût-ce au niveau local. Dans la grande forêt du Sud-Ubangi, dans des zones délimitées, les Mbenga conservent un mode de vie nomade basé sur la cueillette et la chasse. Ils dépendent donc essentiellement de la forêt – leur habitat naturel – dont les ressources garantissent leur survie et leur existence. Notons cependant que l’exploitation à grande échelle dont cette forêt fait l’objet entraîne nombre de conséquences néfastes pour eux.

Dans le Sud-Ubangi, les Pygmées sont concentrés principalement dans les territoires de Libenge et de Kungu.

En territoire de Libenge, dans le secteur Libenge-Sud, les Mbenga se trouvent dans la région de Mawiya. Ils sont installés dans les campements de Motengemboma, la plantation Pépé, à Salebo, à Maï-Ndombe et à Mbati-Ngombe. Dans le secteur Libenge-Centre, ils sont installés à Kambe, Batanga et à Ngbangisa. Ils habitent aussi à la périphérie de la ville de Zongo, dans une localité qui porte leur nom : Bambenga.

Dans le territoire de Kungu, ils habitent les secteurs Lua, Dongo, Bomboma et Songo. Dans le secteur Lua, leurs campements se trouvent dans les localités Muwa-Songo, Mbati-Mbolo et Bombili.

Dans le secteur Dongo, où sont érigés le plus grand nombre de leurs campements, les Mbenga sont implantés à Ngbanza (où se trouve une école pour la scolarisation des enfants pygmées), Kombe, Maluba 1 et 2, Keke, Kake, Likpambola, Ngbole, Mukusi, Ngona et Imese. Le secteur Bomboma compte un peu plus de quatre campements à Vaka, Mutuba, Mukoli et Muvo.

1.2. leS peupleS du « SubStRat ubangi-uélé »

Lorsque les linguistes ont entrepris l’étude des langues soudanaises du centre de l’Afrique, ils découvrirent un nombre de dialectes soudanais apparentés entre eux et parlés par des populations peu nombreuses, souvent limitées à quelques villages. Des recherches ethnologiques ont montré que d’autres groupes de populations qui n’utilisaient plus cette langue disaient cependant l’avoir parlée jadis. On en conclut que ces dialectes dispersés, mais apparentés entre eux, représentaient la langue des anciens habitants de l’Uele, de l’Ubangi et des régions limitrophes. Comme ces dialectes ou ces langues n’avaient pas reçu de nom collectif, quoiqu’ils formassent entre eux un «  groupe linguistique soudanais » distinct et reconnaissable, on leur donna le nom de « langue du substrat ».

Vedast Maes désigne par «  substrat Ubangi-Uele » l’ensemble des restes de l’ancienne population soudanaise, c’est-à-dire celle d’avant l’occupation bantoue de l’Ubangi et de l’Uele. Ces peuples parlent des dialectes apparentés entre eux. Dans l’Ubangi, le substrat est représenté par les Ngbaka-ma’bo, dans deux secteurs au nord de Libenge et aux environs de Zongo ; par les Kpala, un petit groupe au sud de Libenge, quelques villages répandus parmi les Mbanza de l’ouest, de rares villages kpala à Bosobolo ; par les Buraka dans un village près de Zongo et quelques villages à l’est de la grande courbe de l’Ubangi, par quelques villages banziri riverains ; par quelques villages monzombo [ou mondjombo] riverains répandus le long de l’Ubangi en aval de Libenge, et par un village yango, d’origine banziri, entre l’Esobe et la basse Lua (Maes 1984 : 14-15). La « langue du substrat » signifie donc l’idiome d’un groupe linguistique soudanais équivalent aux des origines soudanaises qu’une certaine littérature

accorde à ces populations.

Cette méthodologie ne va pas sans générer certains problèmes, souligne Grootaers. L’existence dans deux langues différentes d’un mot de consonance semblable et signifiant la même chose peut être interprétée de diverses manières. Rien n’interdit de penser que ces langues partagent un ancêtre commun, ou qu’elles aient aussi été en contact étroit, ce qui pose la question de la direction suivie par cet emprunt. Pourtant, il n’est pas non plus impossible que la ressemblance soit fortuite.

Il en va de même pour les noms de clans partagés entre des populations différentes – ce peut être dû à toute une variété de facteurs. Qui plus est, interroger un individu sur son clan n’a rien d’une question « innocente ». Les définitions de l’identité ethnique et de l’appartenance à un groupe peuvent être souples et changer avec le temps, un aspect que les missionnaires et les fonctionnaires coloniaux ne parvenaient généralement pas à admettre. Ce fut sans nul doute tout particulièrement le cas dans une région où des vagues de migrations successives et la constitution de quelques royaumes en pleine expansion ont contribué à un degré élevé d’entremêlement, de différenciation et d’assimilation (Grootaers 2007 : 18-19).

1.1. le tempS deS pygméeS aKa

On les appelle Mbenga (mais aussi Ndenga) en Ubangi, un nom à connotation péjorative, signifiant

« les marginaux de la société » en longombe et en ngbaka-ma’bo. Ils sont aussi appelés Mbute dans certaines parties du district. Ils mènent une vie principalement nomade à travers la forêt, bien qu’une petite portion se sédentarise dans des campements érigés au bord des axes routiers. Cela leur permet de faire des échanges d’outils ou d’armes contre les produits de leur chasse ou de la cueillette. Ainsi apprennent-ils souvent la langue de leurs voisins.

Les Pygmées furent très probablement les premiers habitants de la région forestière qui s’étend de part et d’autre de la rivière Ubangi, longtemps avant que les envahisseurs soudanais et bantous ne se soient respectivement succédé dans la partie nord du bassin du fleuve Congo. Les Pygmées de l’Ubangi seraient une partie de ceux que l’on trouve bien plus nombreux dans le bassin de la Sangha, au sud du Un autre missionnaire, Vedast Maes, s’est servi

d’une méthode similaire pour exhumer le passé du peuple ngbaka minagende, au sein duquel il a vécu pendant quarante-cinq ans. «  Une fois attribué et accepté, écrivait-il, le nom d’un clan devient stable et reste parfois inchangé pendant des siècles, même après la dispersion de la [population d’origine]  » (Maes 1984 : 30)

L’hypothèse de la reconstruction des mouvements migratoires de la sous-branche ubangienne proposée par L. Bouquiaux et J. Thomas (1980 : 807-824) est aussi fondée sur des faits linguistiques (classification généalogique des langues) étayés par des données ethnolinguistiques, ethnologiques et de tradition orale. Cette hypothèse postule deux vagues migratoires principales.

La première vague migratoire aurait conduit les populations d’Ubangi d’ouest en est, aux environs du premier millénaire avant Jésus-Christ. Cette vague aurait amené les populations dans la région du nord et du centre de la RCA, jusqu’au Bahr-el-Ghazal. Le début de la désertification du Sahara serait, selon certaines sources historiques (Ndaywell è Nziem 1997  : 49) à l’origine de cette première vague migratoire. Mais, l’explosion démographique y serait également pour quelque chose. La pointe la plus avancée de cette migration aurait été constituée par les Ngbaka-Sere-Ngbandi au nord.

Au sud de ce groupe, les Azande-Nzakara seraient également parvenus jusqu’au Nil. Les Banda, par contre, auraient été en retrait par rapport à ces deux groupes.

La deuxième vague migratoire qui a conduit les peuples de l’Ubangi en place dans le triangle Nil-Ghazal à partir de l’est vers l’ouest et le sud, daterait de près du premier millénaire après Jésus-Christ.

Elle aurait été occasionnée par la poussée nilotique venue du nord du Soudan. L’expansion banda, qui n’était pas parvenue jusqu’au Nil, aurait été stoppée vers l’est par les Nilotiques et refoulée ou contenue vers le sud-est par le reflux Azande-Nzakara. Elle se serait repliée à son tour vers l’ouest et vers le sud. Une partie des Banda aurait traversé la rivière Ubangi.

Selon L. Bouquiaux et J. Thomas (1980), la région de Bahr-el-Ghazal ne constitue donc qu’une étape des mouvements migratoires qui auraient commencé plus à l’ouest, l’habitat originel de tous les émigrants de l’Ubangi. On est donc très loin

s’installaient plus au sud, repoussés par les peuples de souche soudanaise. Mumbanza mwa Bawele, se référant à E. Dampierre, écrit :

« Vers les années 1850, un fait important a lieu dans le Nord de la Cuvette centrale  ; il s’agit de l’arrivée massive des Ngombe au sud du fleuve, dans le territoire mongo. Ce mouvement a été provoqué par la poussée des Ngbandi qui se frayaient un passage vers le sud, dans les zones de Budjala et de Kungu.

Les Ngbandi et les autres groupes “soudanais” de la savane du nord subissaient eux-mêmes une pression des peuples du Soudan central où se constituaient de petits états islamisés. […]

Dans la région entre Kungu et Budjala, aux sources de la Ngiri et de la Saw-Moeko, les Ngbandi qui faisaient les percées dans le territoire ngombe et mbanza, capturaient beaucoup d’esclaves parmi ces derniers. Ils les vendaient ensuite aux riverains de la haute-Ngiri et de la Moeko. Ces derniers qui avaient besoin des esclaves pour leurs travaux des champs créés artificiellement dans les marais ont encouragé ce commerce qui les libérait d’une partie de ce dur travail. Presque tous les esclaves venus des régions de terres sont restés dans la Haute-Ngiri, ils n’ont pas été vendus plus bas » (Dampierre 1967 in Mumbanza mwa Bawele 1980 : 413-414).

À la suite des guerres, les Ngombe durent se retirer plus au sud, aux sources de la Mongala, dans l’entre Loko-Lokame. Ils y séjournèrent avant d’entamer leur grande dispersion (Burssens 1958 : 46). Ils sont disséminés dans le sud du Sud-Ubangi, dans la région du nord et à l’ouest de la Mongala (Ngombe de Likimi) et à l’est de Bomboma. Des groupements moins importants se trouvent près de Libenge ainsi qu’au nord de Bomboma (Burssens 1958 : 32).

Dans le territoire de Budjala, les Ngombe habitent deux régions éloignées l’une de l’autre. Le premier groupe, les Ngombe-Doko de Likimi, se situe à l’ouest de la Mongala. Un second groupe, les Ngombe de la Liboko, se trouve à l’est du territoire.

Les Bobey sont une branche des Ngombe (leur activité principale est la production de bananes). Ils ont des relations de famille avec les Boso-Koni.

Ill. 6.3. Le notable Betene portant sa calotte de peau et son pen-dentif en dents de léopard.

Village Likaw chez les Ngombe de la Liboko dans le territoire de Budjala, 1946.

(HP.1956.15.4124, collection MRAC Tervuren ; photo Ch. Dandoy [In-forcongo], 1946, MRAC Tervuren ©.)

Ill. 6.4. Un Ngombe du village Kaleko (Ngombe de la Liboko) dans le territoire de Budjala, 1946.

(HP.1956.15.5423, collection MRAC Tervuren ; photo Ch. Dandoy [In-forcongo], 1946, MRAC Tervuren ©.)

autres groupes linguistiques, soudanais, ngbandi, banda, gbaya, etc. (Maes 1984 : 43).

Mais au départ, la thèse la plus répandue en matière de peuplement, était celle de la première occupation de l’Ubangi par les Bantous. On partait du fait que divers groupes claniques parlant d’autres langues se disaient apparentés aux groupes parlant la langue du substrat. Les Kpala, Gbakpa, Ngbaka-ma’bo et Monzombo parlaient la langue du substrat. Ils étaient apparentés aux Kunda et aux Kuma qui parlent des langues bantoues. On en conclut que ces restes du substrat étaient des anciens Bantous soudanéisés. En poussant plus loin la réflexion théorique afin de savoir de quel peuple ces anciens Bantous avaient adopté leur langue soudanaise, on finit par se rendre compte qu’avant l’occupation de l’Ubangi par les Bantous, « il y avait eu des habitants soudanais » (Maes 1984 : 46).

Parmi ceux-ci, on peut citer les Monzombo (frontière RCA–Congo Brazzaville–RD Congo) et les Gbanziri (frontière RCA–RD Congo) qui «  constituent de petits îlots de peuples de langue ubangienne, […]

vestiges des premières migrations dans la région au xvie siècle ». Georges Meurant précise qu’« ils auraient habité l’Ubangi-Uele avant l’arrivée des Bantous (qui furent ensuite refoulés vers le sud) et la deuxième vague d’Ubangiens (Ngbaka Minagende, Mbanza, Banda, Ngbandi, Nzakara et Zande)  » (Meurant 2007).

L’invasion bantoue a refoulé vers le nord ou absorbé, en partie, les anciens habitants. Les derniers occupants bantous ont poussé leur conquête jusqu’au nord du Mbomu. C’est dans cette région du confluent Mbomu-Uele que la population du substrat était enclavée entre les Bantous et leurs voisins soudanais du nord. Une grande partie du substrat fut bantouisée.

Les autres cherchèrent refuge parmi les populations dont la langue du substrat a disparu, mais les clans apparentés au substrat y sont les plus nombreux. À l’est et à l’ouest de cette région, des restes des anciens habitants ont échappé à la domination étrangère et ont conservé leur langue.

1.3. l’invaSion deS peupleS bantouS

Il semble qu’il y a plus de deux siècles, presque tout l’Ubangi fut occupé par des peuples bantous. Les derniers occupants se trouvent actuellement poussés vers la partie sud de la région. V. Maes (1984  : 20) trouve à cet

effet que l’ébranlement du grand peuple qu’on appelle le substrat, sa disparition, supposent la domination ou le passage d’autres migrations bantoues. Ainsi pour R. Mortier, dans l’Ubangi, avant l’invasion soudanaise, «  jusqu’au 21e degré Est habitaient les Ngombe  ; dans la région de Yakoma c’étaient les Banza et plus à l’Est les Budja  ». Parlant des traces des populations bantoues du Cameroun, les Fang, V. Maes cite le Dr Poutrin qui note qu’« ils occupaient encore la bordure de la forêt équatoriale dans les bassins de la Haute Sangha et de la Kadei au commencement du xixe siècle   ». L’on trouve des traces des populations bantoues du Cameroun en RCA, dans la région de la basse Lobaye, et entre Libenge et Bangui.

On y trouve les noms de villages et de clans Malimba, Batanga, Mongoumba, Bokoundou. Au Cameroun ces mêmes noms sont portés par de grands groupements, voire des peuples entiers. Ils sont venus d’est en ouest. Toutefois, en convient-il, d’autres migrants bantous n’ont pas traversé l’Ubangi mais se sont dirigés vers le sud. Ce sont les Kole du Lac Leopold II ainsi que les Kaundai-Mongo et les Banganda.

1.3.1. leS ngombe

D’après la légende, Akongo (mi-dieu, mi-héros) est le créateur de Ndongo et de Mwenga de qui tous les Ngombe tirent leur origine. H. Burssens écrit à propos du groupe ngombe qu’«  ils sont probablement venus avec d’autres peuples bantous de la région située entre le haut Nil, le Bahr el-Ghazal, le lac Victoria et le lac Albert  » (Burssens 1958). Ils quittèrent cette région suite à une pression exercée au Nord par les peuples venus du Soudan.

Selon Tanghe, les Ngombe seraient les premiers occupants de l’Ubangi après les Pygmées (Tanghe 1938 : 372). Ils se seraient rassemblés vers la fin du xve siècle au confluent de la Mbomu et de l’Uele dans la région actuelle de Yakoma, sur les bords de la haute Ubangi. À l’heure actuelle, il n’en reste qu’un très petit nombre (6000 individus) dans cette région du nord de l’Ubangi (Gordon 2005), plus précisément dans les environs de Bosobolo, entre les rivières Mola et Lua-Dekere. Ils sont les seuls à parler une langue bantoue et sont connus sous le nom de Moswea-Ngombe. Il s’agit d’un groupe de Gonji-Ngombe resté à la traîne, alors que les autres

Mumbanza mwa Bawele résume ainsi diverses sources :

« Les “Libinza” venus de l’Ubangi ont remonté la Ngiri en vagues successives et se sont établis dans la moyenne Ngiri. De là, ils ont fait une percée vers le fleuve Congo, à travers le chenal de Bosilela ou de Mabale. Les divers groupes partis de Bosilela, Wambala et Bokwala ont donné naissance aux Boloki, aux Mabale, aux Losengo et aux Bopoto du fleuve (Hainaux 1924 ; Lemaire 1924). Ces mêmes Libinza, partis des points différents de la moyenne Ngiri, ont donné naissance aux groupements Balobo

de l’entre Ngiri-Congo (Hainaux 1925a et Hainaux 1925b). Sur la rive droite de la Ngiri, les Libinza ont donné naissance au groupement Bodjaba, formé par les natifs partis du village Nzenze, peu en amont du confluent Moanda-Ngiri (Hainaux 1926a). Un groupement qui a donné naissance à tant d’autres et dont nous ignorons l’habitat avant l’occupation de son territoire actuel est celui de Mbonzi. L’extermination presque totale de ses membres ne nous a pas permis de reconstituer la longue chaîne des migrations. Plusieurs indices permettent cependant d’affirmer que les Mbonzi Carte ethnique de l’entre Congo-Ubangi

Source : Mumbanza mwa bawele (1980 : entre pp. 45 et 46).

Dans le territoire de Budjala, les Ngombe représentent une minorité démographique si on les compare aux Ngbandi et aux Mbanza.

Ill. 6.5. Assis auprès du foyer où mijote le repas, un fumeur de pipe du village Likaw chez les Ngombe de la Liboko dans le ter-ritoire de Budjala, 1946.

(HP.1956.15.8891, collection MRAC Tervuren ; photo Ch. Dandoy [In-forcongo], 1946, MRAC Tervuren ©.)

En raison d’un fort brassage des villages ngombe et ngbandi, le longbandi (la langue des Ngbandi) étouffe progressivement le longombe (la langue des Ngombe). En 1958 déjà, H. Burssens affirmait que

« certains groupements d’anciens Ngombe ne parlent plus leur propre langue » (Burssens 1958 : 34).

1.3.2. leS libinZa26

Les Libinza et leurs voisins Mbonzi, Balobo, y compris les groupes détachés de Baloy, Iboke et Monya, constituent un autre groupe dont l’origine avant leur emplacement dans la moyenne Ngiri est peu connue. Il semble que certains seraient venus par la branche de Bomboma via Eluku ; les autres par celle de la Musa via Limpoko. On pense que ces peuples auraient d’abord occupé la forêt entre l’Ubangi et la Ngiri puis qu’ils furent chassés par les Likoka. Les Libinza se seraient établis dans l’Ubangi en 1700, un peu avant les Likoka, ou en même temps qu’eux. De ce noyau, plusieurs autres groupes se détachèrent et allèrent peupler le reste du territoire inoccupé jusque-là.

Du bassin de l’Ubangi qu’ils occupaient, les Libinza furent refoulés vers l’ouest par les Ngombe et, plus tard, entre 1910 et 1920, ils connurent un exode massif vers le sud, afin de se soustraire à leurs agresseurs. Les divers groupements mabinza ont alors remonté la Ngiri en provenance de l’Ubangi. Ils ont occupé successivement des sites dans la basse Ngiri, dont Ndjondo et Bongoy. Les Mabinza avaient été précédés par d’autres peuples connus sous le nom de Djondo et Ewaku depuis le

Du bassin de l’Ubangi qu’ils occupaient, les Libinza furent refoulés vers l’ouest par les Ngombe et, plus tard, entre 1910 et 1920, ils connurent un exode massif vers le sud, afin de se soustraire à leurs agresseurs. Les divers groupements mabinza ont alors remonté la Ngiri en provenance de l’Ubangi. Ils ont occupé successivement des sites dans la basse Ngiri, dont Ndjondo et Bongoy. Les Mabinza avaient été précédés par d’autres peuples connus sous le nom de Djondo et Ewaku depuis le

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 36-41)