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leS découpageS teRRitoRiaux de la pRovince de l’équateuR

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 134-137)

cRéation et évolution de la pRovince de l’ubangi

4. leS découpageS teRRitoRiaux de la pRovince de l’équateuR

Répondant aux exigences de la loi du 27 avril 1962 relative aux critères de création de nouvelles entités administratives, la province de l’Équateur fut divisée en trois nouvelles provinces : la province de la Cuvette-Centrale et la province de l’Ubangi d’abord, puis la province du Moyen-Congo ensuite.

La province de la Cuvette-Centrale, avec Coquilhatville pour chef-lieu, et la province de l’Ubangi, avec pour chef-lieu Gemena, furent créées le 14 août 1962. La province du Moyen-Congo, avec Lisala pour chef-lieu, le fut le 5 février 1963.

Ill. 15.1. Carte des 21 provinces en 1962.

partisans de l’«  État mongo  »  ; Denge, Anekonzapa, Litho et Lumanza, partisans de l’« État de l’Ubangi ».

On le voit, si avant la conférence, la tendance était de diviser la province de l’Équateur en deux entités : le Nord (Ngombe) et le Sud (Mongo), au cours de celle-ci, des divergences dans le bloc Nord entraînèrent l’idée de l’instauration de trois États souverains : l’État mongo, l’État de l’Ubangi (défendu par Anekonzapa en vue de mettre en échec « les tentatives des leaders bangala de vouloir dominer les populations soudanaises de l’Ubangi ») et l’État du Congo-Ubangi.

Se sentant affaiblis par la division de leur camp, les partisans de la fusion des districts de l’Ubangi et de la Mongala en un seul État poussèrent à l’offensive contre les tenants de l’État de l’Ubangi.

Nous reproduisons ci-dessous la « motion des élus et notables de l’Oubangui » du 23 mai 1961, déposée au bureau de la conférence de Coquilathville.

«  Nous, Élus et Notables de l’Ubangi, après avoir suivi avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme le déroulement normal de la conférence des Sages à Coq qui avait pour but de résoudre dans l’immédiat la crise qui n’a fait que trop perdurer, venons d’apprendre par la voie de la radio Coq en date du 17 mai la décision sensible et sentimentaliste par les conférenciers de scinder en deux la délégation Congo-Ubangi et de considérer le district de l’Ubangi comme un État de fait.

[...] Au grand étonnement de nos populations, nous apprenions par la même voie de la radio Coq que Messieurs Anekonzapa, Denge, Litho, Luman-za, Kangayani, Assenge, Bozdugo et Ahurambi sié-geaient à la conférence comme délégués de l’Uban-gi, contrairement aux aspirations, à la volonté et au désir de ces mêmes populations.

[...] le district de l’Ubangi qui comprend plus ou moins 800 000 habitants n’a jamais réclamé la scis-sion de la province de l’Équateur ; puisque nécessité il y avait, voir les Mongo qui se sont décidés de s’écarter du reste de la province, le district de l’Ubangi et celui de la Mongala ont trouvé bon de se réunir ensemble pour consolider leur effort. Ceci fut confirmé par le Congrès qui s’est tenu à Gemena le 21 janvier 1961 où les résolutions ont été acceptées à l’unanimité.

Depuis lors, nous ne comprenons pas comment ces braves Messieurs qui, de leur propre gré et sans

avis préalable de la population, se sont abandon-nés à eux-mêmes par souci du pouvoir et se sont écartés de la ligne de conduite tracée par nos vieux.

Nos populations s’étant rendu compte du risque qu’on courait suite à la prétention de quelques irres-ponsables, elles nous ont déclaré, après avoir mani-festé leur mécontentement, qu’il serait vain de main-tenir la séparation de l’Ubangi avec la Mongala.

Que Messieurs les délégués de l’État de l’Uban-gi nous expliquent le mobile qui les a conduits jusqu’ici sans consentement préalable de tous les élus du peuple pour participer à la conférence.

D’ailleurs, retenons-le bien, les précités ont tou-jours été repoussés par leurs électeurs propres puisque usant de fausses manœuvres au sein même de ces populations qu’ils disent représenter ; preuve en est qu’ils n’ont pas détenu le consentement des vieux pour réclamer la séparation de l’Ubangi de la Mongala, ni l’érection d’un État Ubangi.

Nos braves gens nous rétorqueront que la Mongala ne s’est jamais entendue avec l’Ubangi, et que s’il y avait union, le sang coulera.

[...] Plus loin, les mêmes braves gens repren-dront la parole pour avancer que le peuple Uban-gi signifie condescendant du peuple soudanais.

Grosse erreur de leur part puisqu’ils ne com-prennent absolument rien. S’il en est ainsi, qu’ils nous montrent là où nous devrions normalement placer les Ngombe puisque n’étant pas soudanais, pour ne citer que ceux-là, lesquels sont parséminé [sic] dans les deux districts précités.

Nous regrettons de voir nos amis se déclarer Soudanais alors qu’ils sont purement et simple-ment des ressortissants de l’Ubangi issus des cinq territoires du district de l’Ubangi.

[...] L’État de l’Ubangi, État purement fantoche.

Procéder autrement c’est satisfaire aux ambitions d’un individu ou d’un petit groupe.

Signés par R. Twana, député provincial et chef de la C.I. Bari (Gemena) ; P. Seto, chef de secteur C.I.

Nguya (Gemena) ; G. Mozala, chef coutumier (terri-toire de Budjala) ; A. Agbe, chef de secteur Motenge-Boma (Libenge) ; C. Boy, chef coutumier et membre du collège permanent (territoire de Kungu) ; B. Pom-bo-Kete, député provincial et chef coutumier (Boso-bolo) » (Actualités africaines 27 mai 1961 : 6 et 2).

Ill. 15.2. Carte de l’organisation administrative du Congo le 1er janvier 1964.

Source : de Saint Moulin (1992 : 45).

Le premier président de la province de l’Ubangi fut Alfred Nzondomyo100, un Ngbaka-ma’bo de Libenge. Augustin Bozongo, un Ngbandi de Banzyville, devint président de l’assemblée. Gemena fut désigné comme chef-lieu de la nouvelle province.

De nombreux problèmes se posèrent : le partage du patrimoine provincial avec la province de la

Cuvette-100 Ce nom peut aussi s’écrire Nzondomio.

Centrale, l’installation des bureaux administratifs et les capacités financières de la province. Mais en comparaison des deux autres provinces issues de l’ancienne province de l’Équateur, l’Ubangi connut moins de problèmes politiques. Les deux partis politiques les plus connus de l’opposition furent le MEDA (Mouvement pour l’évolution démocratique de l’Afrique) et le PARECO (Parti du regroupement congolais).

4.1. la pRovince de la cuvette-centRale

Cette province comprenait les territoires suivants  : Basankusu, Bolomba, Coq-Kalamba, Ingende et Bikoro, dans le district de l’Équateur  ; Boende, Befale, Bokungu, Djolu, Ikela et Monkoto, dans le district de la Tshuapa, plus le secteur de Bongandanga en territoire de Bongandanga. Son chef-lieu était Coquilhatville. Léon Engulu devint son président et Raphaël Bokanga le président de son assemblée. Des problèmes politiques majeurs ébranlèrent cette province. L’état d’exception y fut instauré et Joseph Ekombe fut désigné commissaire général extraordinaire. Ce dernier n’ayant pas répondu, il fut remplacé par Victor Rutaha, par l’ordonnance n° 90 du 27 avril 1963 (Beys, Gendebien

& Verhaegen 1964  : 324-328). À peine deux mois plus tard, l’ordonnance n° 141 abrogeait l’état d’exception. Mais au même moment, une réduction de moitié des frais de fonctionnement fut ordonnée par le Gouvernement central. Cela provoqua une réduction de 60  % des traitements des membres des cabinets  ; la suspension de la liquidation des indemnités des membres du gouvernement et de l’assemblée provinciale. Le gouvernement provincial protesta auprès de Léopoldville contre la politique adoptée à l’égard des provinces. En dépit de cette strangulation, ils s’engagèrent à pacifier les régions de Boende-Bokungu-Ikela infestées par la rébellion des Simba.

4.2. la pRovince de l’ubangi

La pétition pour la création de la province de l’Ubangi portait les signatures de 26 des 37 élus nationaux et provinciaux. Elle évaluait la

population de la nouvelle province à 748  340 habitants (suivant les statistiques de 1958) et affirmait que l’Ubangi serait en mesure de couvrir 20  % de ses dépenses ordinaires par ses recettes provinciales propres.

Lors de sa création en 1962, la province de l’Ubangi comprenait les territoires suivants  : Gemena, Bosobolo, Libenge et Banzyville (qui devait être soumis à référendum). S’y ajoutaient les régions mbanza et ngbaka des territoires de Budjala, Kungu et Businga qui étaient, quant à eux, intégrés à la province du Moyen-Congo.

Le problème du partage des territoires entre les provinces de l’Ubangi, du Moyen-Congo et de la Cuvette-Centrale se posa. La province du Moyen-Congo était composée des territoires de Lisala, Bumba et Bomongo. À ceux-ci s’ajoutaient les territoires de Businga, Budjala et Kungu amputés des régions ngbaka-mbanza ; le territoire de Banzyville (qui était soumis à référendum)  ; les secteurs Bolomba, Mompoko et Diyenga, dans le territoire de Bolomba ; le secteur Gombalo dans le territoire de Basankusu  ; les régions de Bolobo-Yumbi dans le territoire de Mushie et Lukolela dans le territoire de Bikoro  ; les régions ngombe du territoire de Bongandanga. La loi créant la province du Moyen-Congo modifiait celle du 14 août 1962 portant création des provinces de l’Ubangi, de la Cuvette-Centrale et du Mai-Ndombe et abrogeait l’arrêté du 5  février 1935 portant création de la province de l’Équateur.

Le résultat du référendum organisé dans la zone contestée de Banzyville fut de 19 883 voix en faveur de l’Ubangi contre 98 voix en faveur du Moyen-Congo.

Tableau 15.5. Composition du gouvernement provincial de l’Ubangi (octobre 1962)

Nom Fonction Territoire Peuple

Nzondomyo Alfred* Président Libenge Ngbaka-ma’bo

Limo Monulphe Fonction publique et PTT Gemena Ngbaka minagende

Nzelenge D. Agriculture, Affaires économiques, Libenge Ngombe Classes moyennes

Ngungbo Thadée Jude Travaux publics Gemena Ngbaka minagende

Dufanda Louis Richard Enseignement Bosobolo Mbandja

Mossi Mathieu Terres et Mines Businga Ngbaka-ma’bo

Kengelenya Antoine Intérieur et Justice Gemena Ngbaka minagende

Bagaza Paul Finances Kungu Mbandja

Zoangbagona Albert Travail Budjala Ngbandi

Source : Willame & Verhaegen (1964 : 158).

* Ce nom s’écrit aussi Nzondomio

Le premier gouvernement formé à Gemena fut dissout par le Gouvernement central, au motif que les conseillers ngbandi du territoire de Banzyville ne pouvaient siéger à l’assemblée, étant donné que leur territoire était soumis à référendum.

Il n’y eut guère de problèmes majeurs entre l’assemblée provinciale et le gouvernement provincial. Ce gouvernement était un gouvernement de « technocrates », la plupart de ses membres étant des agents de l’État. L’effort des autorités provinciales porta essentiellement sur la nécessité de combler le retard de l’évolution socio-économique de l’Ubangi par rapport aux autres provinces. Les activités du gouvernement provincial reposèrent sur le maintien des structures de base héritées de l’Administration coloniale. Le gouvernement entendait laisser d’importantes responsabilités aux autorités locales et territoriales quant à l’administration locale.

4.3. la pRovince du moyen-congo

101

Cette province fut créée par la loi du 5 février 1963. Sa création tardive résultait de la volonté des leaders bangala de maintenir l’unité de la province de l’Équateur, mais était due aussi au fait qu’elle n’était pas facile à constituer. Dans la commission chargée d’étudier sa constitution, d’âpres discussions avaient porté sur 5 points, qui furent résolus comme suit :

101 Willame (1965 : 11-77).

1. La présence des Ngombe dans la province de la Cuvette-Centrale. La commission ayant admis le rattachement des régions ngombe de la Cuvette-Centrale à la province du Moyen-Congo, cela entraînait la modification de la loi créant la province de la Cuvette-Centrale.

2. Les régions de Bolobo-Yumbi dans le terri-toire de Mushie (Province du Lac Léopold II ou Mai-Ndombe). Ces régions étant ratta-chées à la province du Moyen-Congo, la loi créant la province de Mai-Ndombe devait être modifiée.

3. Le territoire de Bumba fut reconnu comme faisant partie de la province du Moyen-Congo.

4. L’intégration du territoire de Banzyville dans la province du Moyen-Congo ou dans la pro-vince de l’Ubangi devait être soumise à réfé-rendum.

5. Les territoires de Businga, Budjala et Kungu, amputés des régions ngbaka-mbanza, furent incorporés dans la province du Moyen-Congo.

La province du Moyen-Congo réunissait ainsi les territoires de Bomongo, Bumba et Lisala  ; les territoires de Budjala, Businga et Kungu, amputés des régions ngbaka-mbanza ; le territoire de Banzyville (qui devait être soumis à référendum)  ; le secteur Gombalo dans le secteur de Basankusu ; les secteurs Bolomba, Diyenga et Mampoko dans le territoire Les élections législatives nationales et les élections

provinciales de mai 1960 s’étaient déroulées dans le calme. Alfred Nzondomyo, qui avait été élu député national, céda, le 20 juillet 1965, sa place de président du gouvernement provincial à Michel Ndenge (nom

parfois écrit Denge), qui y resta jusqu’au 25 avril 1966. Il eut à résoudre des litiges frontaliers entre sa province et le Moyen-Congo. Deux ordonnances-lois du 26 janvier 1966 sanctionnèrent la fin du conflit (Gérard-Libois 1966 : 228).

Ill. 15.3. M. De Schrijver, ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi a reçu une délégation de personnalités venues de la province de l’Équateur, 1959.

« Au cours de ses entretiens à Léopoldville, M. De Schrijver, ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi a reçu une délégation de personnalités venues de la province de l’Équateur.

Voici, de gauche à droite, entourant le ministre MM. Alembe, représentant du mouvement progressiste de l’Ubangi, Denge, chef de secteur de Libenge (sic), Evoleko, chef de secteur de Lusangania (territoire Bolomba) et Ilumbe, chef de secteur de Bokatola (territoire Ingende). » (HP.1959.28.1144, collection MRAC Tervuren ; photo H. goldstein, 1959, © SOFAM belgium 2012.)

Ci-dessous la composition de l’assemblée de l’Ubangi en septembre 1962.

Tableau 15.4. Composition de l’assemblée de l’Ubangi (septembre 1962)

Nom Fonction Territoire Peuple

Bozongo Augustin Président Banzyville Ngbandi

Yange Alphonse 1er vice-président Gemena Ngbaka minagende

Mbetu Henri 2e vice-président Libenge Ngbaka-ma’bo Kina Jean Secrétaire Businga

Pelengamo Jules Secrétaire Gemena Vizu Antoine Secrétaire Gemena

Yange François Secrétaire Gemena

Source : Mokolo wa Mpombo (1968 : 100).

fut chargé de partager le patrimoine de l’ancienne province de l’Équateur et de délimiter les trois nouvelles provinces. Il se rendit célèbre par sa propension à octroyer localement des crédits appelés

«  Fonds Mayamba  ». Les députés provinciaux parlèrent, dans leur motion adressée au chef de l’État, au Premier ministre et au Parlement, le 12 avril 1963, de « la dilapidation des deniers publics à Coquilhatville par l’ex-commissaire spécial Mayamba » (Lufungula Lewono 1989 : 68). L’arrêté ministériel du 7 décembre 1962 ordonna aux bénéficiaires de Fonds Mayamba de restituer ce qu’ils avaient reçu.

En 1966, Joseph Mobutu, le nouveau chef de l’État, réduisit le nombre des provinces d’abord de 21 à 12, le 6 avril, puis de 12 à 8, à la fin de cette même année (cf. supra). Évaluant la répartition des provinces sur le plan administratif, B. Verhaegen constate «  l’influence qu’ont pu exercer les anciennes structures administratives coloniales sur la formation et les limites des nouvelles provinces. Cette influence a pu se faire sentir de deux manières, soit en stimulant ou en freinant la création de nouvelles entités là où existaient des chefs-lieux administratifs de province ou de district, soit par inertie en suggérant le maintien du tracé des anciennes limites de province, de district ou de territoire en dépit de leur caractère artificiel » (Verhaegen 1963 : 17). Dans la province de l’Équateur, les limites des nouvelles provinces coïncidaient plus ou moins avec les subdivisions administratives coloniales des districts  ; mais la Cuvette-Centrale comprenait deux anciens districts, l’Équateur et la Tshuapa. Il s’agissait ainsi d’une province «  ethniquement homogène où l’on peut supposer que des facteurs actifs d’ordre ethnique tendant au regroupement ont triomphé de l’inertie des structures administratives » (Verhaegen 1963 : 17). Quant aux provinces de l’Ubangi et du Moyen-Congo, elles comprenaient chacune un seul district (respectivement l’Ubangi et la Mongala) et

« il est probable que l’existence de l’infrastructure administrative du district a été un facteur positif soit dans la décision de créer la province, soit dans le tracé de ses limites ». Au plan économique, aucune des trois provinces de l’Équateur ne possédait de structure industrielle suffisamment développée et concentrée pour constituer un facteur potentiel

favorable à une autonomie provinciale. L’Équateur fut toujours considéré comme une province pauvre.

5.1. leS RaiSonS de la conteStation teRRitoRiale

Il est à noter que les secteurs de la région de Budjala groupaient en leur sein des populations allogènes. Les secteurs demeuraient multitribaux  ; on rencontrait des enclaves ngbandi dans une collectivité de Mbanza, et de petits villages de Gens d’eau encerclés de Ngbandi et de Ngombe vivant ensemble. Ces populations différentes avaient développé entre elles des rapports de bon voisinage par des moyens tels que les «  intermariages et le commerce  ». Toutefois, ces groupements ne parvenaient pas à une forte intégration sociale, à l’instar des peuples ngbaka du territoire de Gemena, ayant une même culture, une seule langue et réunis dans l’Association Ngbaka minagende.

5.1.1. le pRoblème deS fRontièReS

Cette région connut plusieurs modifications géographiques durant la période où elle fut contestée entre le Moyen-Congo et l’Ubangi. On entendit parler de «  limites territoriales légales  ».

On entendait par là le partage du territoire suivant les lois créant les deux provinces. Selon ces lois, seules les régions ngbaka et mbanza devaient appartenir à l’Ubangi. Concrètement, il s’agissait des secteurs suivants :

1. Secteur Mbanza de la Lua ;

2. Secteur Mbanza de la Banga-Melo ; 3. Secteur Mbanza de la Saw ;

4. Secteur Mbanza de la Sumba.

Tout le reste du territoire de Budjala revenait au Moyen-Congo. Suivant cette logique, le territoire de Budjala fut scindé en deux entités dont l’une, rattachée à l’Ubangi, avait son chef-lieu à Bolingo (Balaw) et l’autre, rattachée au Moyen-Congo, garda l’ancien chef-lieu à Budjala.

On connut également des limites de fait. Il est généralement admis que seule la province du Moyen-Congo avait accepté les « limites légales », quoiqu’elle réclamât la révision des litiges soulevés par de nombreuses enclaves. La province de l’Ubangi, par contre, contesta ces nouvelles limites, de Bolomba  ; les régions ngombe du territoire de

Bongandanga  ; les régions de Bolobo-Yumbi dans le territoire de Mushie, province de Maindombe, Lukolela dans le territoire de Bikoro. La province du Moyen-Congo était une véritable mosaïque territoriale, que des rivalités politiques entre peuples transformèrent en une entité politico-administrative en ébullition.

Son premier président fut Laurent Eketebi, et le président de son assemblée, Raphaël Nasena. Son chef-lieu était Lisala.

Avant même la promulgation de la loi portant sa création, la province du Moyen-Congo fut frappée d’exception par l’ordonnance n° 183 du 5 novembre 1962 et un commissaire général extraordinaire, Albert Kankolongo, fut nommé. Aussi la province du Moyen-Congo fut-elle absente de la conférence des présidents provinciaux tenue à Léopoldville du 16 au 23 octobre 1962.

Au cours de son existence, entre 1963 et 1966, la province du Moyen-Congo connut trois présidents : Laurent Eketebi (février 1963-juillet 1964), Auguste Engwanda (juillet 1964-juillet 1965) et Denis Sakombi (10 août 1965-25 avril 1966). Sous le mandat de ce dernier, Dominique Woy fut élu président de l’assemblée provinciale.

Lors des élections législatives nationales de 1965, la province du Moyen-Congo remporta 5  sièges, contre 7 pour la Cuvette-Centrale et 6 pour l’Ubangi.

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 134-137)