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leS conteStationS teRRitoRialeS

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 137-140)

cRéation et évolution de la pRovince de l’ubangi

5. leS conteStationS teRRitoRialeS

Après la constitution des nouvelles entités provinciales, des contestations s’élevèrent en provenance tant des élus nationaux et provinciaux que des populations des régions intéressées, qui avaient été annexées sans leur assentiment. Ces contestations opposèrent, d’une part, le Moyen-Congo à la Cuvette-Centrale à propos de Lukolela, Bumba, Basankusu et Bongandanga  ; et, d’autre part, le Moyen-Congo à l’Ubangi concernant les territoires de Banzyville, Businga, Kungu et Budjala.

Le territoire de Banzyville contesté fut soumis à référendum  ; mais certains conseillers provinciaux siégeaient déjà dans le gouvernement provincial de l’Ubangi. Les ressortissants de ce territoire contestèrent à tous les élus nationaux le droit

de parler en leur nom. Les mêmes contestations surgirent à propos du territoire de Budjala.

Au plan historique, la région mongo avait déjà manifesté antérieurement des tendances autonomistes, après l’échec de ses leaders aux élections et de leur faible représentativité au sein du gouvernement provincial. Justin Bomboko, le président national de l’UNIMO, avait aussi menacé de former son propre gouvernement. La conférence de Tananarive (mars 1961) puis celle de Coquilathville (avril-mai 1961) avaient mis au premier plan la volonté des leaders de l’Équateur de constituer leurs États : l’État mongo (future Cuvette-Centrale) et l’État du Congo-Ubangi (district de l’Ubangi et de la Mongala)  ; ce projet de deuxième État finit par éclater en deux États : la province du Congo-Ubangi, dit Moyen-Congo, et la province de l’Ubangi.

Au plan ethnique, après 1960, seule la perspective de constituer de nouvelles entités politico-administratives avait entraîné une prise de conscience politique. Selon Édouard Mokolo (1968  : 92), ces peuples (à l’exception des Ngbaka), étaient dispersés sur de grands espaces et leur densité était relativement faible. Seule la Cuvette-Centrale présentait une unité ethnique  : elle était constituée d’une population exclusivement mongo. Cette unité ethnique n’empêcha cependant pas que des rivalités éclatent entre deux sous-ethnies, les Ngele ea Ntando (district de l’Équateur) et les Mbole (district de la Tshuapa).

La province de l’Ubangi était, quant à elle, polyethnique. Les peuples majoritaires y étaient les Ngbaka, les Ngbandi et les Mbandja. Au Moyen-Congo, les Ngombe paraissaient dominants. Mais la province comportait également des Budja et des Gens d’eau. Le groupe ngombe tenta de s’imposer aux autres et les Budja, principalement, luttèrent contre la «  ngombéïsation  » du Moyen-Congo.

Cette rivalité Ngombe-Budja sous-tendit l’histoire politique du Moyen-Congo.

Au plan politique, les provinces étaient faiblement politisées. En mai 1960, la « province Mongo » de la Cuvette-Centrale n’avait que deux partis marquants : le MNC-Lumumba et l’UNIMO  ; le Moyen-Congo (district de la Mongala) en comptait également deux : le PUNA et le MNC/L. Quant à l’Ubangi (district de l’Ubangi), il en totalisait trois  : le PUNA, le MEDERCO-PNP et l’Association Ngbaka Minagende.

Un commissaire spécial, Arthur Mayamba,

protestants suisses en étaient les conseillers : Houart et Kravest. M. Ndenge lui-même était protestant. En 1954 déjà, M. Ndenge et d’autres avaient tenté de former le parti de l’Unité de l’Ubangi. La fin de l’année 1959, qui connut la fusion de toutes les associations sous la dénomination d’ASSURU (une association multi-ethnique regroupant tous les ressortissants de l’Ubangi et dirigée par Samuel Kanganyani), fut déterminante.

Jusqu’à la conférence de la Table ronde de Bruxelles de janvier-février 1960, trois partis politiques existaient en Ubangi :

- le PUNA (Parti de l’unité nationale) ;

- le MEDERCO (Mouvement de l’évolution et de développement économique rural du Congo) ;

- le PNP (Parti national du progrès).

Le PNP, un parti multi-ethnique et rassemblant tous les ressortissants de l’Ubangi, était le parti dominant en Ubangi. L’événement qui semble avoir provoqué la création de l’ANM fut le meeting au stade Baudouin de Gemena tenu par André Anekonzapa102, dès son retour de la Table ronde de Bruxelles. Pour l’orateur, c’était l’occasion de restituer ce qui avait été vécu à Bruxelles. Il faut préciser que deux télégrammes avaient été adressés au responsable du MEDERCO-PNP de l’Ubangi invitant deux personnes à prendre part à la conférence de la Table ronde. Le président André Anekonzapa aurait caché le télégramme à son vice-président Rigobert Twana103 et rejoint, seul, la capitale belge. Twana tenta en vain de rejoindre la conférence. Lors de sa conférence à Gemena, Anekonzapa aurait tenu des propos jugés discourtois, non seulement à l’égard de son vice-président, mais aussi à l’égard des Ngbaka.

Au soir de ce meeting, une réunion des Ngbaka, sous la direction de Twana, décida d’organiser la lutte des Ngbaka dans un cadre purement ethnique. L’ANM était créée.

Un conflit de positionnement entre deux leaders 102 Anekonzapa André était Ngbandi du territoire de Banzyville. Président du MEDERCO, il fut membre effectif de la délégation du PNP à la conférence de la Table ronde politique à Bruxelles.

103 Twana Rigobert était Ngbaka du territoire de Gemena. Il était, au départ, chef du secteur Mbari.

locaux ngbaka, Michel Ndenge et Rigobert Twana, ne tarda pas à provoquer l’éclatement de l’ANM.

Celle-ci, devant émettre un choix entre Michel Ndenge et Rigobert Twana, s’était prononcée en faveur du premier. Le spectre de la division entre les Ngbaka de Libenge (d’où était originaire Ndenge) et ceux de Gemena (le territoire de Twana) avait été agité, de même qu’un élément confessionnel, qui avait eu pour effet de transformer le conflit en une rivalité entre un catholique (Twana) et un protestant (Ndenge). Cette crise aboutit à la dislocation de l’association en diverses tendances :

- le groupe Bonwase ;

- l’ABMNK : Association des ressortissants de Bo-dangabo, Ubangi-Kungu, Nguya et Karawa ; - l’AMIMBA : l’Amicale de Mbari ;

- l’Union du Peuple de Lua-Vindo.

L’élite ngbaka organisa une nouvelle rencontre à l’issue de laquelle fut créée à Gemena, le 15 juillet 1963, l’association Centre de mœurs ngbaka (CEMD).

Durant la période coloniale, l’Ubangi avait compté très peu d’écoles. Il n’en existait pas, mises à part l’école des moniteurs de Molegbe et le séminaire de Kotakoli, tous deux situés dans la partie nord de l’Ubangi. Aussi, à la veille de l’indépendance, seuls les moniteurs et les séminaristes constituaient-ils l’élite de cette région. Ce sont eux qui occupèrent les postes de l’administration et qui se jetèrent dans la compétition politique avec les chefs coutumiers (souvent illettrés, mais jouissant d’une grande audience auprès des populations). Moniteurs, séminaristes et chefs coutumiers se partagèrent la direction des institutions régionales durant une longue période. Les Ngbaka avaient été peu touchés par le mouvement de développement socioculturel et s’étaient contentés de fournir une main-d’œuvre abondante aux sociétés de la place, tant en Ubangi que dans la Mongala. L’absence de conscience politique nationaliste était le résultat d’une faible intégration – voire même d’une absence d’intégration  – de l’élite locale au processus de décolonisation. Lors de l’installation des institutions provinciales de l’Équateur, l’Ubangi prit conscience de son retard dans le mouvement d’émancipation et cela engendra un sentiment de frustration qui entraîna des revendications autonomistes.

accusant le Gouvernement central de favoriser le Moyen-Congo. Elle ambitionnait de s’approprier tout le territoire de Budjala, sauf la région du sud habitée par les Gens d’eau, qui se trouvaient beaucoup plus proches du territoire de Bomongo que de celui de l’Ubangi.

5.1.2. leS paRtiS politiqueS

L’Ubangi, où les moyens de communication entre les groupes étaient très faibles, souffrait d’atrophie politique. Peu avant l’indépendance, aucun parti politique n’avait été en mesure de rassembler les habitants ; aucun leader de la taille de Jean Bolikango et de Joseph Kasa-Vubu n’avait pu se dégager  ; au contraire les élections s’étaient caractérisées par une multitude de listes de candidats individuels.

Tableau 15.6. Répartition des sièges par parti et par territoire aux élections provinciales de mai 1960

Partis

Territoire Association PNP- PUNA Assorbanzy Liste

Ngbaka MEDERCO individuelle

minagende

Source : Willame et Verhaegen (1964 : 147).

Sur un total de 25 conseillers provinciaux, on comptait 12 élus sur des listes individuelles. Notons que la liste des candidats individuels ci-dessus n’est pas exhaustive. Cinq autres conseillers provinciaux ngbaka, élus sous des listes individuelles, n’y sont pas mentionnés. Il s’agit de Rigobert Twana, A.

Ngalangbana, Boniface Pombokete, Sammuel Kanganyani et Antoine Vizu (Manyango 1971).

L’abondance des listes individuelles s’explique, semble-t-il, par le manque de confiance envers les associations et les partis politiques. Les candidats misaient beaucoup plus sur leur propre popularité que sur celle d’une association ou d’un parti politique.

Rappelons que les Congolais n’avaient pu se préparer comme il se doit à l’exercice de leurs droits politiques et que c’est avec la lutte des leaders congolais de Kinshasa que leur éveil politique

atteignit son point culminant. Notons cependant que des associations à caractère tribal avaient vu le jour. Ainsi l’ANM (Association Ngbaka minagende), dirigée par Michel Ndenge, l’association des Mbanza, mise sur pied par Maurice Lusaya. Les Ngbandi de la Ngiri (territoires de Budjala et de Kungu), quant à eux, s’étaient regroupés dans l’Assongiri. Et à Libenge, avaient été constituées des associations dont le but de départ était la promotion des liens de solidarité entre les ressortissants.

C’est en 1957 que ces associations commencèrent à fonctionner réellement. Alors que leur orientation initiale visait l’entraide, elles prirent une orientation politique à la veille de l’indépendance, et surtout à la Table ronde politique de Bruxelles. C’est alors que le groupe ngbaka fut formé par Michel Ndenge, Samuel Asenge et Samuel Kanganyani. Deux missionnaires

Tableau 15.7. Liste des administrateurs du territoire de Budjala

Nom Peuple/Origine Province

Likobe J. Boba de Kungu Moyen-Congo

Ndembo F. Ngbandi de Banzyville Ubangi

Bazwa Ngbandi-Likolo Ubangi

Mosange J. Ngbandi-Ngiri Moyen-Congo

Alegbasia Z. Ngbandi-Ngiri Moyen-Congo

Bonsomi F. Ngombe de Bongandanga Moyen-Congo

Source : Tableau reconstitué sur la base des interviews conduites par Modjaka.

Ce tableau montre une plus grande stabilité des administrateurs du territoire de Budjala du côté de l’Ubangi (deux AT sur sept). En fait dès 1963, l’administrateur territorial Bazwa de l’Ubangi, qui ne pouvait plus rester à Budjala, avait dû se déplacer pour s’installer à Balaw dans le secteur Mbanza de Bolingo. Il garda son poste jusqu’en 1965.

En l’espace de deux ans, trois administrateurs de territoire du Moyen-Congo installés à Budjala, s’étaient succédé  : J. Mosange, Z. Alegbasia et F. Bonsomi. Il semble que le Moyen-Congo changeait ses AT à chaque menace de l’Ubangi d’installer son administration sur toute l’étendue du territoire.

L’existence, en 1963, de deux chefs-lieux pour un seul territoire ne fut que provisoire.

Les administrateurs étaient politisés ; ils adhéraient à un parti politique dominant ou, pour des raisons tribales, à une des deux provinces. L’administrateur du territoire Likobe et les chefs de secteur A.

Bilongoli, Nveda et Nvatoma étaient membres de parti PUNA. C’est la raison pour laquelle ils avaient été convoqués à la réunion extraordinaire de Binga, le 12 septembre 1962. Plus tard, Bilongoli sera appelé à siéger à l’assemblée provinciale du Moyen-Congo et Likobe assurera les fonctions de secrétaire de cette institution.

Compte tenu de cette politisation du personnel administratif, on comprend que le président provincial d’une des deux provinces n’ait pu collaborer avec les administrateurs du territoire et les chefs coutumiers reconnus par son homologue de la province adverse. C’est la raison pour laquelle chaque président provincial installait, lors de son passage dans la région de Budjala, son administration à lui, après avoir renvoyé le personnel reconnu par

les autorités de la province adverse. On alla même jusqu’à destituer les chefs traditionnels et les capitas de villages pour leur seule adhésion.

A. Nzondomyo, le gouverneur de la province de l’Ubangi, écrit le 8 juillet 1964 au ministre de l’Intérieur du Gouvernement central à Léopoldville :

« En vertu de l’article 200 de la Constitution nationale promulguée en date du premier août 1964, j’ai l’honneur de vous informer que je pars le lundi 10 août 1964 en vue d’installer à Likimi, Kuma, Likaw, Budjala, Bomboma et Dongo l’administration de l’Ubangi, car ces régions, en vertu de l’article précité, relèvent à dater du premier août de l’administration de la province de l’Ubangi où elles se trouvent géographiquement situées ».

Relevons que les localités visées dans cette lettre étaient pour la plupart des chefs-lieux de secteurs.

Étant donné que chaque président provincial installait sa propre administration, on pouvait avoir deux chefs dans certains secteurs. Ainsi dans le secteur Bolingo, cohabitaient le chef Nveda (député provincial favorable au Moyen-Congo) et le chef Sungu Albert (député provincial favorable à l’Ubangi). Dans le secteur Ndolo-Liboko, les inimitiés entre le chef Bilongoli (député provincial au Moyen-Congo) et Albert Liboko, son homologue de l’opposition, entraînèrent la mort de ce dernier.

5.2.2. leS affRontementS

En novembre 1962, les autorités provinciales de l’Ubangi firent arrêter l’administrateur du territoire de Budjala au motif qu’il n’était pas favorable à l’Ubangi. En réaction, le Moyen-Congo fit arrêter le secrétaire du territoire hostile à l’annexion de Budjala Face aux enjeux politiques, les élus nationaux de

l’Ubangi prirent, au mois de juillet 1963, l’initiative d’organiser à Gemena un congrès d’entente entre tous les peuples. Ils décidèrent de la création du PARECO (Parti du regroupement congolais). Sa présidence fut confiée à Jean-Paul Rodall, représentant permanent de l’Ubangi à Léopoldville104. De leur côté, les élus provinciaux et le gouvernement de l’Ubangi «  provoquèrent au mois de septembre 1963 un congrès de l’Ubangi au cours duquel fut adoptée l’instauration d’un nouveau parti unique, le Mouvement de l’évolution démocratique africaine (MEDA) » (Willame 1963 : 16). Peu après, celui-ci se fit appeler MEDAC (Mouvement pour l’évolution démocratique de l’Afrique centrale), un mouvement d’inspiration centrafricaine et le rival du MESAN (Mouvement pour l’évolution sociale en Afrique noire), qui avait été fondé à Bangui en 1960 par Abel Goumba.

En 1967, la suspension des partis politiques et des organisations associatives non inspirées du MPR empêcha désormais toute autre organisation politique en Ubangi. Le MPR, au rôle dirigeant, définissait désormais l’État comme l’instrument du parti.

104 Né le 27 décembre 1932, il était devenu le bourgmestre de la commune de Kalamu à Léopoldville, après le départ de Disasi. Il devint directeur politique du Parti du progrès de l’Ubangi, créé en janvier 1963 à Léopoldville. Il devint ensuite directeur du Bureau politique du PARECO fondé au congrès de l’Ubangi, en août 1963, puis trésorier général du MEDA (Mouvement de l’évolution démocratique africaine), créé à Loko (Businga) en Ubangi en septembre 1963.

5.2. la manifeStation de la conteStation

La création des deux nouvelles provinces, la Cuvette-Centrale et l’Ubangi, entraîna confusion et troubles.

5.2.1. leS StRatégieS de conquête du teRRitoiRe conteSté

Dès l’installation des institutions politiques provinciales, la province de l’Ubangi donna un poste ministériel à A. Ngeke, un ressortissant du territoire de Budjala, afin de lutter contre la propagande du Moyen-Congo. Dans la deuxième composition du gouvernement, en plus de Ngeke, on chargea A.  Zoangbangona, un Ngbandi de Kuma, du ministère de la Santé provinciale. Deux ressortissants de Budjala figuraient également parmi les conseillers de l’assemblée provinciale. Les représentants de Budjala étaient censés attirer leur population dans la province de l’Ubangi.

À Gemena, l’on s’efforça de payer régulièrement les fonctionnaires de l’Administration, dans un contexte où il était monnaie courante que les salaires soient payés avec trois à quatre mois de retard.

Concernant le Moyen-Congo, J. Mosange fut désigné membre du gouvernement provincial, en réaction à la nomination de Zoangbangona. Il convient de noter que tous deux étaient originaires du même village de Kuma. Dans l’assemblée provinciale, on notait la présence des deux originaires de Budjala, A. Bilongoli et J. Gake.

Les administrateurs du territoire (AT) ne restèrent pas en dehors de la lutte pour le pouvoir entre les deux entités provinciales, comme le montre le tableau suivant.

La création de nouvelles provinces n’avait d’autre but que d’organiser des entités à superficie réduite et faciles à administrer.

Or, il est apparu que le Législatif ne s’est pas seulement guidé par cet objectif [...] » (Kasa-Vubu 1963).

Lors de sa visite à Gemena, le président de la République, Joseph Kasa-Vubu, tint à peu près le même langage que celui exprimé dans sa lettre.

Le député national André Anekonzapa rédigea un mémorandum à propos des territoires de Banzyville, Businga, Budjala et Kungu. En substance, il émettait le vœu de voir se réaliser l’intégration totale des régions sud de Businga, Budjala et Kungu dans la province de l’Ubangi. En 1964, quatre ressortissants de Budjala, Antoine Gbey, Adolphe Liloko, Timothée Akulakwama et Antoine Gbongo furent désignés par les autorités de l’Ubangi pour constituer une délégation auprès du Gouvernement central à Léopoldville. La mission avait pour but de convaincre le ministre de l’Intérieur, Cléophas Kamitatu, de mettre fin à la contestation du territoire de Budjala en le rattachant à la province de l’Ubangi.

Aucune solution satisfaisante ne fut cependant trouvée. Le Ministre se contenta de faire quelques promesses vagues et la délégation rentra en Ubangi.

Malgré ce différend, la mise en place de l’administration en Ubangi s’effectua presque normalement. C’est la seule province de l’ex-Équateur qui connut une certaine continuité administrative (il n’y eut pas d’exode massif de fonctionnaires vers Gemena, comme ce fut le cas dans le Moyen-Congo) (Mokolo 1968 : 111). « La difficulté fut cependant de convertir une administration de district en une administration provinciale. Malgré le manque des cadres administratifs dans les échelons supérieurs […] le gouvernement de la province de l’Ubangi présenta un budget le plus modeste parmi toutes les provinces du Congo. Les dépenses accusaient 540  625  000 francs contre 60 656  000 francs de recettes (alors que le budget de la Cuvette-Centrale par exemple se chiffrait à 1 115 000 000 francs de dépenses à concurrence de 100  000  000 francs des recettes » (Willame & Verhaegen 1964 : 161).

De même, les traitements perçus par le personnel politique de l’Ubangi (gouvernement et assemblée) étaient nettement inférieurs à ceux prévus par le

pouvoir central. Il fut proposé 650  000 francs de traitement au gouverneur au lieu des 900 000 francs prévus par le Gouvernement central  ; et 675  000 francs au président de l’assemblée provinciale au lieu de 875 000 francs (Willame & Verhaegen 1964 : 161).

RéféRENCES

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au Moyen-Congo. Progressivement l’agressivité à l’égard du Moyen-Congo fit place à un sentiment d’hostilité envers le pouvoir central.

En 1963, des conflits sanglants éclatèrent. La police et la jeunesse politique des deux provinces se rencontrèrent à maintes reprises à Budjala, armés de fusils, de lances et de flèches empoisonnées. Ces affrontements causèrent la mort d’un policier du Moyen-Congo ; un jeune écolier fut également tué.

Les dégâts les plus importants se firent au détriment des villageois ayant abandonné leurs biens à la merci des policiers et des «  jeunesses  » politiques. Des villages furent pillés. Gemena et Lisala alimentaient le front en jeunesses combattantes payées.

Dans le territoire de Kungu, principalement dans le secteur Dongo, le gouverneur de province, Alfred Nzondomyo, invita tous les chefs de secteur ainsi que certains leaders politiques de Kungu et de Budjala pour leur proposer l’insertion de leur entité dans le

Dans le territoire de Kungu, principalement dans le secteur Dongo, le gouverneur de province, Alfred Nzondomyo, invita tous les chefs de secteur ainsi que certains leaders politiques de Kungu et de Budjala pour leur proposer l’insertion de leur entité dans le

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