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leS conSéquenceS deS gueRReS colonialeS d’occupation du teRRitoiRe

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 104-108)

l’occupation euRopéenne de l’eSpace ubangi

2. le pouvoiR local danS l’ubangi

2.1. la Situation du pouvoiR local avant l’occupation coloniale

2.2.3. leS conSéquenceS deS gueRReS colonialeS d’occupation du teRRitoiRe

a. Les conséquences économiques

Les guerres qu’il conviendrait d’appeler des

« guerres coloniales d’occupation du territoire » dans la région de l’Ubangi au cours de la première décennie du xxe siècle furent lourdes de conséquences sur l’économie locale. Des activités productrices et le commerce en furent profondément bouleversés. Tous les peuples furent touchés, mais particulièrement ceux de la Haute-Ngiri et les Ntanda-Likoka.

Dans la Haute-Ngiri, les premières années de la colonisation furent peu favorables à la continuité des travaux des champs. Ainsi entre 1904 et 1913, sous le règne de Molonga, l’insécurité empêcha les hommes de pratiquer les soins qu’exigeaient leurs champs sur les îlots artificiels. Par ailleurs, ces champs furent souvent dévastés au cours de razzias et les maigres récoltes qu’ils pouvaient produire servirent au ravitaillement du poste de Musa et des troupes de Molonga à Monia (Mumbanza 1979  : 130-139). La détérioration de l’agriculture s’accentua davantage à la suite de la suppression de l’esclavage domestique et de la lutte contre la grande polygamie. Enfin, les travaux d’utilité réfréner l’indépendance d’action sauvage, sanguinaire

et dangereuse qu’elles avaient trop longtemps gardée.

Plusieurs administrateurs ont dirigé cette occupation.

Ce sont MM. Lodewyckx, Deprets (commissaire de district adjoint), Hainaux et Lardinois. L’occupation de monsieur Lodewyckx fut marquée par le décès de l’aspirant Hicq à Moleke et par l’arrestation d’une partie des meurtriers recherchés. Celle trop courte de monsieur le commissaire de district adjoint De-prets, faisant alors fonction d’administrateur du ter-ritoire, fut marquée par le premier recensement et une première perception partielle de l’impôt. Celle de monsieur Hainaux, le fut par le meurtre d’un soldat, massacré à Egudumu, l’achèvement du recensement des populations, la perception intégrale de l’impôt et l’organisation de la région. Lors de son départ du ter-ritoire, un seul meurtrier seulement restait à arrêter.

Il restait à Mr Lardinois la tâche de maintenir et de renforcer les résultats acquis. Le dernier meurtrier fut arrêté en février 1927 » (Doyen 1928).

L’Administration coloniale s’efforça de soumettre tous les foyers qui avaient pris la fuite, en se réfugiant dans des endroits peu accessibles. Dans son territoire de Bomana, l’administrateur Kraft proposa d’occuper les foyers insoumis pour une période de deux mois. Ne disposant pas du personnel européen et des hommes de troupe nécessaires, il proposa d’armer les chefs imposés pour accomplir cette tâche (Registre des rapports politiques du territoire de Bomana 1916-1931, rapport du 4e trimestre 1916).

La région où s’étaient réfugiés les Ikobo constituait à ce moment une zone frontalière entre les territoires d’Imese, de Bomana et de Bomboma. Les populations limitrophes appartenant à un peuple passaient d’un territoire à l’autre lorsqu’elles se sentaient menacées chez elles.

L’occupation de cette région ne fut effective qu’en 1923 (Dossier occupation région insoumise Giri du territoire de Bomana).

Ill. 12.11. Les principaux centres d’occupation européenne.

Source : Mumbanza (1980 : carte intégrée dans la thèse entre les pp. 780-781).

L’analyse des services rendus par les esclaves aux maîtres libinza et baloi durant les deux premières décennies du xxe siècle tend à indiquer que la capture de ceux-ci fut, en fait, une opération peu payante. Mis à part ceux qui avaient servi de valeur dotale ou de simple moyen d’échange, les esclaves n’étaient pas soumis à des travaux utiles pouvant rapporter de l’argent à leurs maîtres. C’est pour cette raison que les grands maîtres utilisaient avant tout leurs esclaves pour le relèvement des villages. Vers 1912, le chef Mungembe fut le seul à pouvoir ouvrir quelques plantations de manioc dans sa nouvelle résidence de Bolongo (Registre des rapports du territoire de Bomana 1911-1916).

L’ancien réseau commercial dominé par les Libinza ayant été en grande partie désorganisé, les esclaves ne furent pas non plus utilisés pour les expéditions commerciales. De plus, et heureusement pour eux, un timide mouvement de «  libération  » des esclaves entamé par l’Administration favorisa leur intégration plus rapide dans la communauté. Les premiers chefs administrateurs ne semblaient guère avoir été réellement préoccupés par le problème des esclaves dans la Ngiri, un problème connu pourtant de longue date. En 1911, le chef de poste de Bomana, Van de Weyer, écrivait dans son rapport que le trafic de petits esclaves était encore général jusqu’à l’embouchure de la Ngiri.

C’est en 1914 que l’administrateur du territoire de la Basse-Giri commença la libération des esclaves chez les Libinza. L’opération débuta dans la chefferie Bokambo dirigée par Molonga. Dans son rapport, M. Kraft écrivait :

«  Les Libinza sont des grands trafiquants d’esclaves. Durant ma tournée chez eux, j’en ai délivré plus de deux cents et d’après les renseigne-ments obtenus, il en reste encore des centaines entre leurs mains. Une partie de ces esclaves libérés ont, sur leur demande, été envoyés dans les missions  : soit à Nouvelle-Anvers (mission catholique) soit à Bolenge (mission protestante).

D’autres qui ne voulaient pas rentrer à leurs vil-lages d’origine, ont été autorisés à s’installer près du poste de Bomana où ils sont actuellement occupés à se construire un beau petit village. Il serait préférable que ce village d’esclaves libérés reste sous la surveillance directe de l’autorité

territoriale et ne soit pas placé sous l’autorité du chef investi. Ceci pour empêcher tout abus. Ces esclaves libérés proviennent généralement du ter-ritoire de la Haute-Giri et surtout de la chefferie de Monia. Ce sont la plupart de jeunes garçons et filles dont plusieurs ne connaissent ni leurs parents ni leurs villages, ayant été esclaves très petits. Les motifs pour lesquels ils auraient été pris, ils les ignorent en général, mais beaucoup disent qu’ils ont été pris pour rien dans les rafles que le chef Molonga avec ses pistonniers faisaient dans les villages placés sous sa direction. Dans tous les cas, ils déclarent tous avoir été amenés dans la région de “Libinza” par Molonga même ou les gens qui l’avaient accompagné à Monia » (Registre des rapports du territoire de Bomana 1911-1916 ; Rapport sur le voyage dans les chef-feries Bokambo et Bosesera du 20 septembre au 10 novembre 1914).

Il aurait été intéressant de suivre la situation des esclaves chez les Libinza du Nord intégrés dans le territoire de Bomana. Mwamenziba, le successeur de Loweya et Mumbele, de Mampoko, avaient conservé un grand nombre d’esclaves dans leurs villages, mais en les laissant en «  liberté  ». Mumbanza n’a pas trouvé de rapport administratif parlant d’une action concertée entre Bomana et Bomboma, mais les chefferies de Molonga et de Mwamenziba étaient voisines. Il est dès lors probable que Molonga renvoyait momentanément ses esclaves chez Mwamenziba pour les mettre hors de portée de l’Administration de Bomana. Quoi qu’il en soit, tous les grands chefs imposés gardèrent de nombreux esclaves, qui furent intégrés dans les familles. Ces esclaves ne voulurent plus de la « libération » après les années 1920, préférant rester dans les milieux où ils avaient grandi. Chez les Likoka-Ntanda du groupe Bodjinga, l’administrateur J. Lemaire observait, en 1924 :

« Les autres sont des esclaves faits par Molonga de Bosesera chez les Monia, lorsqu’il fut placé par les Européens comme chef de cette région. Au moment de la libération des esclaves par l’admi-nistrateur de Bomana, il se hâta de les vendre aux Lokoka où ils étaient en sécurité car le Blanc ne pénétrait pas encore chez eux. […] Ils sont bien publique (nettoyage des chenaux, construction des

gîtes d’étape…) et l’importance accordée aux activités censées procurer le numéraire nécessaire au payement de l’impôt supplantèrent le travail des champs. Les conséquences semblent avoir été moins sévères pour les activités comme la pêche, la production d’huile de palme, la fabrication de pirogues….

Chez les Likoka-Ntanda, les fuites massives vers l’intérieur touchèrent toutes les activités de production. Ceux-ci n’eurent plus d’accès à leurs champs, à leurs pêcheries ni aux palmiers raphia, qui poussaient dans les marais, près des rives de la Ngiri, mais pas dans la forêt inondée de l’intérieur. Ils durent se contenter de la pêche en eau peu profonde, une situation qui dura, pour certains groupes, pendant près de 20 années.

Les Lobala-Ngolo du versant de l’Ubangi connurent la même situation. Parmi les facteurs déterminants, citons les fuites sur la rive droite, moins riche en terres cultivables, le repli vers l’intérieur pour échapper aux poursuites des soldats, l’apport obligatoire de caoutchouc et de vivres au poste d’Imese.

Cette insécurité sociopolitique et économique alla jusqu’à faire disparaître définitivement certains peuples. Ainsi les Mbonzi, davantage que les Balobo, furent dans l’impossibilité de reconstruire leur groupe. Fortement réduits numériquement, ils ne purent faire face aux travaux exigés par la relance de l’agriculture. En outre, sommés de payer l’impôt au colonisateur, ils décidèrent de quitter la région et de s’établir chez les voisins.

b. Les conséquences démographiques

Les conquêtes coloniales et les activités des chefs imposés intensifièrent la capture des esclaves, qui étaient acheminés vers le fleuve Congo et le Bas-Ubangi. Nombre des esclaves qui venaient de la Haute-Ngiri, principalement des enfants, furent gardés dans divers groupements de la moyenne et de la basse Ngiri.

S’appuyant sur les chiffres relatifs aux esclaves libérés et à ceux gardés par les grands chefs, Mumbanza estime leur nombre à quelques milliers.

Ill. 12.13. Le commissaire de district de l’Ubangi avec des « enfants orphelins ». (« Enfants esclaves libérés »), 1910.

Source : Thonner (1910 : planche 89).

Suivons, ci-dessous, les parcours de Molonga et de Loweya, dont les régions occupées sont intégrées dans l’actuel district du Sud-Ubangi90.

La fin de Molonga

Sur la haute Ngiri, la résistance des Bamwe et des Ndolo grandit au fur et à mesure que Molonga et ses hommes sévissaient avec la plus grande énergie.

Motengo, originaire de Moya, fils d’Ekwakola, fut le leader de cette résistance contre la domination des Libinza. Motengo avait rallié à sa cause l’autorité européenne qu’il informa de la situation de mésentente avec Molonga. Face au danger de désordre qui s’annonçait dans la région, Molonga reçut l’ordre du commissaire de district des Bangala, rencontré au cours de sa tournée de représailles, de cesser toute altercation et de retourner dans sa région d’origine, parce qu’il n’était plus accepté.

De retour chez les Libinza avec ses collaborateurs, Molonga restait cependant encore utile à l’État. Il conserva sa médaille. La région des Libinza était alors partagée entre Mwanenziba (cf. infra) et Mungembe. Malonga ne rentra pas à Boselela, mais préféra s’installer à Bokambo (situé à la limite nord de la chefferie Bosesera), dans l’espoir d’avoir une partie de la région à diriger. En septembre 1913, soit plus de six mois après le retour annoncé de Molonga dans son village d’origine, le chef de poste de Bomana déclarait ne rien savoir à propos de la décision prise concernant l’emploi de ce chef (Registre des rapports politiques du territoire de Bomana 1911-1916, rapport du 3e trimestre). Pendant ce temps, Malonga et ses hommes, pour la plupart originaires de Bonyenge, de Bosesela et de Bokambo, se mirent à inciter la population à la révolte contre le sous-chef Mohila de Mobusi, duquel dépendaient les villages Bokambo et Bonyenga. L’incident le plus important eut lieu en mars 1913, lorsque le chef de poste de Bomana, Van de Weyer, fut attaqué par les pistonniers à Bongenye. Le chef de poste s’y rendait pour rétablir l’ordre perturbé, parce que la population de Bangenye ne voulait plus obéir au chef Mohila.

90 Nous ne suivrons pas, par exemple, la fin de Nzamba et de Mumbembe, alias Monoko na Ntaba, qui ont régné dans les régions en dehors du district du Sud-Ubangi. Cf. Mumbanza (1980 : 636-638).

Après la fusillade, les auteurs de l’attaque furent arrêtés et déférés au parquet de Coquilhatville. Pour M. Van de Weyer, cette attaque était le signal d’un mécontentement à l’égard des Blancs.

« La sous-chefferie Mobusi : chef Mohila a été en désorganisation complète à cause de la présence du chef Molonga avec ses pistonniers. C’est (eux) aussi qui par leur exemple et instigations ont ex-cité les indigènes de Bongenie à la révolte. L’inter-vention de Mr le chef de secteur a mis la région immédiatement en paix. J’aurais cependant voulu porter à l’attention de Mr le chef de secteur qu’une répression sévère était nécessaire pour le maintien pacifique futur de la région ici. Certes, la diplo-matie est un facteur puissant de paix, dans les contrées où les indigènes n’ont encore eu que peu ou pas de rapports avec les Blancs. Mais il s’agis-sait ici d’indigènes, des pistonniers au service d’un chef trop conscient de l’acte qu’il a posé, que pour mériter une excuse quelconque. Ils ont cru pou-voir agir par la force, c’est donc par la force que j’aurais voulu voir réprimer cette révolte, qui, sans une riposte immédiate, aurait suffi pour provoquer un soulèvement général de toute le Giri. Malgré leur apparence flatteuse et sournoise, les habitants de Bokambo, Bongende, Wambala (voire même Bosesera), Molanga, Wanza, Botongolo, Niongo (ne relevant aucun village d’intérieur) n’attendent que l’occasion propice pour se débarrasser de nous.

Il est grand temps de s’occuper sérieusement de la réorganisation de la sous-chefferie de Mobusi pour conserver au Blanc le prestige qu’il s’est acquis an-térieurement dans la Giri » (Registre des rapports politiques du territoire de Bomana 1911-1916, rapport du 1er trimestre 1913).

Notons que depuis 1911, les Libinza commençaient à s’opposer à la domination du Blanc de manière systématique. Leur audace se limitait, cependant, à contester l’autorité du chef de chefferie et à fuir le Blanc. Au besoin, ils se montraient courtois à son égard pour ne pas s’attirer d’ennuis. On peut lire dans un rapport administratif de 1911 :

« Une sérieuse réforme s’impose par le rétablis-sement politique. Tous les chefs de village d’une certaine importance se sont affranchis visible-traités et refusent leur liberté. “Nous avons grandi

ici, nous voulons y mourir”. L’un d’eux, esclave de guerre saisi lors d’une guerre contre les Bonkula s’est enrichi par son travail, possède 3 femmes et une nombreuse famille » (Lemaire 1916).

L’esclavage, les massacres et les mouvements de population liés aux guerres que se livraient les peuples, de même que ceux liés à l’occupation européenne eurent pour conséquence que certaines zones virent leur population augmenter considérablement, tandis que d’autres étaient dépeuplées, si pas complètement abandonnées.

Parmi les zones les plus peuplées durant la première décennie du xxe siècle, il y a la vallée de la Ngiri (apport des esclaves), la crête de partage des eaux Ngiri-Ubangi (refuge des populations en provenance des versants de la Ngiri et de l’Ubangi) et la rive droite de l’Ubangi (refuge des populations en provenance de la rive gauche). Quant aux zones dépeuplées, citons la forêt de l’entre rivière Ngiri-fleuve Congo, le versant de la Ngiri (destruction et dispersion de petits îlots de populations), la rive droite de la Ngiri (fuite des populations et prélèvement d’esclaves), la rive gauche de l’Ubangi (fuite des populations vers l’autre rive).

D’autres mouvements de population furent observés après les années 1913, parfois peu avant.

La fin des guerres permit le rétablissement des villages, sans que cela soit toujours dans le sens du retour à l’ancien site. Désormais, il y eut une assez forte concentration de l’habitat. La population, sensiblement diminuée, se rassembla dans les lieux stratégiques et abandonna plusieurs anciens sites. Ce phénomène est perceptible chez les Likoka-Ntanda.

Vers les années 1920, les grandes agglomérations d’autrefois ne comptaient plus que deux ou trois petits villages rassemblant les survivants. Cette situation, que Vandevenne présente comme très ancienne chez les Lobala, fut surtout consécutive à la période des grands troubles :

« Un clan en voie de disparaître se rapproche du voisin. Comme partout, on retrouve ici la contraction des collectivités. Les villages abandon-nés sont fort nombreux. Ce fait semble constituer une preuve solide de la régression ancienne de la population  ; elle est d’ailleurs confirmée par les enquêtes statistiques » (Vandevenne 1928).

c. Les conséquences politiques

Les rapports administratifs de l’époque coloniale fournissent peu de renseignements sur les conséquences politiques des conquêtes menées par les Européens et leurs auxiliaires devenus les nouveaux chefs locaux. Il faut, pour trouver de telles informations, principalement suivre l’évolution des règnes des individus qui devinrent de puissants chefs locaux.

Mumbanza fait remarquer que les chefs-lieux où résidaient les chefs imposés ne furent jamais installés au milieu de territoires occupés et que ces chefs-lieux connurent même une certaine mobilité. Dans la chefferie Loweya, devenue plus tard la chefferie des Libinza, relevant du territoire de Bomboma, la première capitale fut Bonyange, chez les Ewaku. À ce moment, les Libinza étaient chargés de soumettre Djando et les autres peuples proches : les Bondanga (Ebudu), les Lingonda, etc. Après la révolte des Ewaku, Mwamenziba installa sa capitale à Bonyanga, au confluent de la Ngiri et de la Moanda.

De Bonyanga, il lui était possible de contrôler tous les Libinza du Nord.

La contestation des premiers chefs imposés La fin du régime des chefs imposés fut avant tout l’effet des réactions locales plutôt que de celle de l’Administration. Rappelons que les chefs imposés de l’Ubangi avaient été investis sur la base du décret de 1906. Avec le décret de 1910, qui ne fut mis en application qu’en 1914, tous les chefs imposés furent maintenus, même si parfois leurs vastes chefferies avaient été réduites. Même après la Première Guerre mondiale, lorsque l’exploitation du Congo belge exigea l’élimination des chefs imposés et le retour aux chefs plus ou moins légitimes et acceptés par leur société, les anciens guerriers bénéficièrent encore de l’appui des Européens, mais dans les limites des nouvelles chefferies.

La lutte contre les chefs imposés fut menée sous la direction de quelques hommes braves, originaires

« des régions conquises », qui s’appuyèrent à la fois sur les masses et sur l’Administration pour se libérer.

Ces «  leaders  » devinrent à leur tour des chefs imposés de la « nouvelle génération coloniale ».

noté : « Chefferie Bokambo, chef Makengeta. Jeune et énergique, mais encore légèrement maladroit parce qu’élève de l’ancienne école des chefs Loweya et Molonga qu’il servait comme pistonnier. Cette chefferie se ressent encore des convulsions de l’ancienne administration du chef Molonga qui n’était qu’un intrus et un brigand  » (Registre des rapports politiques du territoire de Bomana 1916-1931, rapport du 3e trimestre 1921).

Désormais sans pouvoir, Molonga se donna la mort en s’empoisonnant vers septembre 1920.

(Registres des rapports politiques du territoire de Bomana 1911-1916 et 1916-1931).

La destitution de Loweya

En 1908, Loweya avait été investi chef de la chefferie portant son nom. Mais vers 1909, les natifs du groupement Ewaku de Bonyange, sous la conduite de Bongombola, se plaignirent des agissements des Libinza auprès de l’Administration à Bomboma.

La destitution de Loweya dans la Moanda se passa plutôt de manière pacifique. Ce sont les autochtones de Bonyange qui menèrent le mouvement de contestation. Pour la petite histoire, le chef Lopota de Bonyange avait été tué d’une balle lors des incursions des Libinza. Puis les Ewaku de Bonyange avaient tué deux pistonniers et une femme. Loweya soumit alors le village et occupa Bonyange, après avoir perpétré des sévices sur sa population. Les Ewaku tentèrent de s’attirer la sympathie de Loweya en lui offrant des hommes pour attaquer les Djandu et les autres peuples

La destitution de Loweya dans la Moanda se passa plutôt de manière pacifique. Ce sont les autochtones de Bonyange qui menèrent le mouvement de contestation. Pour la petite histoire, le chef Lopota de Bonyange avait été tué d’une balle lors des incursions des Libinza. Puis les Ewaku de Bonyange avaient tué deux pistonniers et une femme. Loweya soumit alors le village et occupa Bonyange, après avoir perpétré des sévices sur sa population. Les Ewaku tentèrent de s’attirer la sympathie de Loweya en lui offrant des hommes pour attaquer les Djandu et les autres peuples

Dans le document Bassins d’eau et espace agricole (Page 104-108)