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Grandes lignes du discours du Président M. Moshé KATZAV

Marquant le 60ème anniversaire de la libération du Camp d’Auschwitz

Je suis venu en ce jour à BIRKENAU pour me recueillir sur le souvenir sacré des millions de personnes assassinées à Auschwitz et dans toute l’Europe et pour exprimer notre grand respect pour les victimes et les rescapés de la Shoah. Je remercie le Président de la Pologne, M. Alexander KVASHNIEVSKI, de son invitation à la cérémonie marquant les 60 ans de la libération du camp d’Auschwitz. Je suis également venu exprimer ici notre reconnaissance aux Alliés et à l’Armée Rouge, pour la libération d’Auschwitz, aux États-unis, d’avoir envoyé son armée en Europe pour libérer ses peuples, à la Grande Bretagne laquelle a, avec bravoure, montré l’exemple de l’héroïsme et de la détermination, par les réseaux clandestins qu’elle a su mettre en place dans l’Europe occupée et au million et demie de combattants Juifs qui se sont battus contre l’occupation nazie. Leurs Excellences les Chefs d’Etats . Le cerveau humain refuse de saisir la terrible horreur qui a sévi en ces lieux, entre ces barrières. Auschwitz Birkenau est le lieu du crime le plus terrible et le plus grand qui ait été, dans toute l’histoire de l’espèce humaine. Ici à Birkenau, le plus grand cimetière juif du monde, nos yeux voient les restes des chambres à gaz et des fours crématoires. Nous voyons les baraquements, les barrières, les miradors, la station finale des voies ferrées qui ont conduit ici les condamnés à mort venant de toute l’Europe aux fours ardents. Et si vous écoutez bien, vous pourrez entendre les cris des victimes. Les longs trains de marchandises ont livré des milliers de personnes tremblantes de peur, suivant un plan satanique et terrifiant à l’aide d’une technologie avancée.

Ici même, des allemands se sont livrés, jours et nuits, avec une scrupuleuse constance, à une industrie d’extermination d’un peuple, une industrie de mise à mort des membres de notre peuple en Europe. C’était ainsi à Auschwitz, capitale du royaume de la mort.. De même à Maidanek et Treblinka, Sobibor, Belzetz, Chelmno et de nombreux autres lieux de crimes.

Lorsque je foule le sol de l’Europe, je suis pris d’effroi et de tremblement à l’idée que je pourrais marcher sur les cendres de victimes de la Shoah qui se seraient mêlées à cette terre. Je suis terrorisé à la pensée que les fleuves d’Europe puissent être mélangés au sang des victimes de la Shoah. Ici, au coeur du camp d’extermination Auschwitz- Birkenau, du cri cherchant à surgir des profondeurs de notre âme, ressort également une étincelle de fierté. Et voilà qu’un peuple se relève des cendres éparpillées dans les camps d’extermination, comme une braise sauvée du feu, nous sommes revenus à notre patrie. À une distance de trois heures de vol d’ici, nous nous sommes recréé une patrie, qui n’a cessé de recevoir ceux qui ont été tués ici. Nous sommes une nation déterminée et fière, regardant vers l’avant, dans un grand élan d’espoir. Nos solides relations avec les Etats dont les chefs se tiennent ici aujourd’hui, sont le symbole de la consolation et une base pour notre sécurité. Les membres du peuple Juif ont survécu à la destruction, aux terribles souffrances, aux exils et aux expulsions, ainsi qu’à cette terrible tragédie- la Shoah. Nous sommes malgré tout revenus vers notre patrie et avons fondé un Etat démocratique, moderne et développé, un pays où se sont rassemblés les Juifs du monde entier. Il ne s’est pas passé un évènement historique semblable dans toute l’histoire humaine. Vous, mes frères et mes soeurs, victimes du massacre de la Shoah, vous qui n’avez pas eu la chance de monter en Israël, vous êtes les citoyens perdus de votre patrie. Les Grands de ce monde, sont venus en cet endroit, qui a été votre enfer, afin d’honorer votre mémoire. Vos excellences, Présidents et Rois, Chefs d’Etats d’Europe, à Auschwitz Birkenau ont été massacrés plus d’un million de Juifs, tous ressortissants de vos pays, citoyens de vos Etats. Nous savons que l’Europe était occupée par le régime nazi allemand . Nous nous souvenons néanmoins que dans les pays d’Europe, sévissait un redoutable antisémitisme ne laissant ni issue ni espoir aux Juifs. Un antisémitisme fondé sur le racisme et la haine. En Europe, coeur de la civilisation humaine, un peuple décide d’en exterminer un autre, de l’effacer de la face du monde.

Cette terrible besogne a été exécutée par un peuple qui a vu naître en son sein les plus grands scientifiques et

musiciens. Nombreux étaient ceux qui avaient connaissance de ce meurtre organisé et sont pourtant restés indifférents.

Le monde est resté muet. Le monde savait que les Juifs d’Europe étaient exterminés et a continué à ignorer. L’opposition et les hésitations des Alliés, relatives au bombardement des camps d’extermination, des voies ferrées qui conduisaient les Juifs vers ces camps de la mort – ont entraîné des victimes supplémentaires parmi nos frères et ceci est aussi une tâche sur la conscience de l’humanité. Soixante ans après la Shoah, nous sommes confrontés à une recrudescence de l’antisémitisme en Europe. Se peut-il que le pouvoir de dissuasion de la Shoah se soit à présent atténué ? la réponse est entre les mains des leaders européens, des éducateurs, des historiens et entre nos propres mains.

En ce jour, venant marquer la libération du camp d’extermination Auschwitz Birkenau, nous nous sentons, comme nous ne l’avons jamais été, plus proches des victimes et des rescapés de la Shoah. En ce jour nous nous sentons plus proches que jamais du patrimoine de l’humanité, de la morale humaine et des commandements divins. Au-delà de toutes les divergences, nous sommes tous associés au souvenir des atrocités, à la leçon humaine : il nous incombe, à nous, fils du peuple Juif, le devoir historique de perpétuer et d’alimenter la flamme éternelle comme nos frères et soeurs, victimes de la Shoah, l’attendent de nous. De leurs sépulture, des ravins de la mort, des chambres à gaz et des convois de

marchandises. Le souvenir de la Shoah restera toujours dans la conscience du peuple Juif. L’humanité se doit de faire passer aux générations suivantes la conscience de la Shoah ainsi que ses leçons. La victoire sur les nazis est celle des valeurs humaines, c’est aussi la victoire de la moralité et de la foi de l’Homme. Les Chefs de ce monde doivent savoir que les doctrines dangereuses peuvent renaître, les doctrines fallacieuses s’appuyant sur l’ignorance, le lavage de cerveau, l’incitation et la haine, sur l’aveuglement, la tromperie et la falsification, sur les illusions de masse, sur la contrainte et les instincts abjectes. Sur le totalitarisme, sur l’exploitation de la démocratie au profit de la dictature, sur la terreur et l’effusion de sang, sur les crématoires et le feu, sur les jalousies meurtrières. Les grands de ce monde ont la responsabilité du destin de l’espèce humaine et on ne peut fonder nos aspirations sur la résistance du genre humain. La progression de l’Humanité et de la technologie scientifique ne peut garantir la prévention du totalitarisme et elle peut même constituer un instrument entre les mains de la tyrannie dans l’atteinte de ses desseins. Nous avons vu par le passé de grands penseurs, des musiciens et compositeurs comptant parmi les meilleurs , des scientifiques et des

médecins, se mettre à la disposition des despotes et s’associer à eux dans l’extermination , le meurtre, comme cela s’est passé pendant la Shoah. Je veux rendre honneur à l’élite du peuple polonais et des autres peuples, aux Justes parmi les Nations, qui ont ressenti la souffrance des opprimés, qui leur ont donné un abri au risque de leur vie. Nous vous saluons , chers rescapés, pour avoir recouvrer la vie, nous vous remercions d’avoir osé à nouveau de vous sentir appartenir à ce monde, de vous être armés de courage pour fonder à nouveau des familles, d’avoir voulu encore croire en l’être humain.

Que la mémoire des victimes soit bénie.

Władysław Bartoszewski Allocution lors de la cérémonie du 60e anniversaire de la libération du KL Auchwitz-Birkenau

Pour un ancien prisonnier d’Auschwitz, c’est un événement inimaginable et profondément touchant, de pouvoir prendre la parole sur le plus grand cimetière dans l’histoire de l’Europe, le cimetière sans tombes.

Un événement inimaginable puisque, quand à l’âge de 18 ans, moi Polonais, je me suis trouvé pour la première fois, en septembre 1940, sur la place de rassemblement d’Auschwitz I – comme Schutzhäftling, le numéro 4427 – parmi cinq mille et demi d’autres Polonais – étudiants, scouts, enseignants, avocats,

médecins, prêtres, officiers de l’armée polonaise, militants de divers partis politiques et de syndicats – il ne me venait pas à l’esprit que j’allais survivre à Hisser et à la Seconde Guerre mondiale, tout comme je ne m’imaginais pas qu’Auschwitz allait devenir, en tant qu’Auschwitz-Birkenau et Monovitz, le lieu de réalisation d’un plan unique dans son genre, de la destruction biologique des Juifs européens, sans différence de sexe et d’âge. Au cours de quinze premiers mois de fonctionnement de ce lieu effroyable, nous, les détenus polonais, nous étions seuls. Le monde libre ne s’intéressait pas à nos souffrances et à notre mort, malgré des efforts énormes entrepris par l’organisation clandestine de résistance fonctionnant dans le camp pour faire passer les informations à l’extérieur. En fin de l’été de 1941, on transporta à Auschwitz quelques quinze milliers de prisonniers de l’Armée soviétique et c’est sur eux et sur les malades prisonniers politiques polonais que l’on testa, en septembre 1941, l’action du gaz meurtrier Zyklon B. Aucun prisonnier ne put s’imaginer alors que ce ne fut qu’un test meurtrier, une préparation criminelle au génocide pratiqué avec des méthodes industrielles. Et cela devait se faire pourtant dans les années mémorables de 1942-1943-1944. La construction des chambres à gaz et des crématoires, leur fonctionnement fiable ne furent que des éléments techniques de cette entreprise diabolique. En Pologne, sur la terre natale de David Ben Gourion, Schimon Peres, Izaak Singer, Arthur Rubinstein et Menachem Begin, on construisit, par la décision de Berlin, le centre de destruction des Juifs haïs. Si les Allemands considéraient les Polonais ou les Russes détenus à Auschwitz-Birkenau comme des sous-hommes, les Juifs de France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, des pays de l’ancienne Yougoslavie, Grèce, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Tchéquie et Slovaquie furent traités non comme des sous-hommes mais comme de la vermine. Le mouvement polonais de résistance informa et alarma le monde libre ; les gouvernements de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis furent déjà informés, dès le dernier trimestre de 1942, de ce qui se passait à Auschwitz-Birkenau, suite à la mission de l’émissaire polonais Jan Karski, et suite aux nouvelles transmises par d’autres voies. Aucun pays du monde ne réagit de façon appropriée, face à la gravité du problème, à la note du ministre des Affaires étrangères du gouvernement polonais de Londres, adressée le 10 décembre 1942 aux

gouvernements des Nations Unies, appelant « non seulement à condamner les crimes perpétrés par les Allemands et de condamner les criminels, mais aussi à trouver des moyens pour empêcher les Allemands à utiliser des méthodes du crime massif ». On ne trouva pas de moyens efficaces et on n’essaya même pas d’en trouver. Et pourtant, à cette époque-là, plus que la moitié de futures victimes étaient encore en vie. Pratiquement, le seul effet de l’initiative polonaise fut la brève déclaration des douze Etats alliés, relative à la responsabilité pour le génocide des Juifs, publiée le 17 décembre 1942 simultanément à Londres, Moscou et Washington. Dans cette déclaration, dans laquelle d’ailleurs Auschwitz-Birkenau n’est même pas mentionné, les gouvernement de Belgique, Tchécoslovaquie, Grèce, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Etats-Unis,

Grande-Bretagne, URSS, Yougoslavie et le Comité National Français signalèrent qu’ils furent informés du sort tragique des Juifs «en Pologne dont les hitlériens firent son principal lieu de crime » et ils annoncèrent de sanctionner ceux qui en furent responsables. Les derniers prisonniers d’Auschwitz-Birkenau aujourd’hui encore présents ici, ne pourront certainement plus commémorer la mémoire des victimes dans les

décennies à venir. Ils ont droit pourtant de croire que leur souffrance et la mort de leurs proches avaient un sens significatif pour le meilleur avenir de tous les hommes en Europe et même dans le monde, sans

distinction de leur origine ethnique ou de leur religion. Nous voulons croire que la mémoire du destin, difficile à saisir par l’imagination, des détenus et des victimes de ce lieu où nous sommes aujourd’hui, obligera les nouvelles générations à coexister dans le respect de la dignité de chaque homme et à s’opposer activement à toutes les manifestations de haine et de méprise des hommes à l’égard des hommes, et plus particulièrement à toutes les formes de xénophobie et d’antisémitisme, même si ce dernier aurait été appelé de façon hypocrite l’antisionisme. Je participais au cours de ma vie à des centaines de cérémonies

régionales et internationales, mais je crois qu’une cérémonie comme celle-ci, il n’y en aura plus. Nous avons le devoir de poser, à nous et au monde entier, la question à savoir combien de vérité sur ces expériences effroyables du totalitarisme, nous avons réussi à transmettre aux plus jeunes générations. Je pense que beaucoup, mais encore pas assez. C’est ici et maintenant que nous devons prendre la décision – comme le testament des prisonniers qui s’en vont déjà – sur l’activité du Centre d’enseignement Auschwitz et

l’Holocauste. Les tombes invitent tout homme normal au recueillement. Mais en ce lieu, il n’y pas de tombes. Sur le lieu de ce crime inimaginable, le recueillement doit se transformer en une responsabilité particulière, en une mémoire pérenne sur ce qui s’y passa. Je vais terminer par les paroles du Livre de Job, aussi importantes pour les Juifs que pour les chrétiens : « O terre, ne couvre point mon sang, Et que mes cris prennent librement leur essor! ».

Allocution du Président du Conseil Central des Sinti et des Roms allemands, Monsieur Romani Rose, à l’occasion du 60e anniversaire de la libération du camp de concentration

Auschwitz-Birkenau

Excellences, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi au début de mon intervention de remercier Monsieur le Président Aleksander Kwaśniewski et le Gouvernement de la République de Pologne pour cette invitation. Le fait que le jour de cet anniversaire historique j’ai l’opportunité, en tant que représentant des minorités nationales des Sinti et des Roms, de rendre hommage à la mémoire de mes confrères persécutés et assassinés, je le conçois comme un honneur particulier. Dans la conscience de l’opinion publique internationale, le nom d’Auschwitz, aussi dans sa dimension symbolique, est synonyme du génocide organisé par un Etat, perpétré sur notre minorité en Europe, qui se trouva alors sous l’occupation national-socialiste, dont un demi million des Sinti et des Roms furent victimes. Auschwitz constituait la dernière, effroyable étape du processus de privation de droits et de déshumanisation qui commença avec la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes. Déjà Himmler, dans son décret du 8 décembre 1938, évoquait la nécessité (je cite) «de la solution finale de la question tzigane ». Le camp d’extermination Auschwitz-Birkenau fut effectivement le centre de cette politique «de solution finale ». En vertu de l’ordre d’Himmler du 16

décembre 1942, des milliers des Sinti et des Roms y furent déportés de presque tous les pays occupés d’Europe. On les humilia, on les soumit à des tortures et on les assassina bestialement. Peu sont ceux qui survécurent, ils essayaient de donner le témoignage de l’inconcevable horreur de ce lieu. Et même malgré cela, il n’y a pas de paroles qui pourraient décrire ce que nos compatriotes y subirent. Pour presque tous les membres de notre minorité, déportés à Auschwitz-Birkenau, ce fut la dernière station de l’histoire de leur persécution. Les dernières 2 900 personnes qui avaient survécu, principalement des mères avec enfants et des personnes âgées, furent assassinées dans les chambres à gaz dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Le moment crucial de ce génocide furent les expériences médicales pratiquées par les médecins SS., tel que le docteur Mengele, sur des Sinti et des Roms et sur d’autres détenus des camps de concentration et ce que l’on appela l’extermination par le travail. Selon les paroles de Goebbels, il fallait (je cite) exterminer «en général les Juifs et les Tziganes ». La grande partie des Sinti et des Roms assassinés dans les camps de

concentration ou par les commandos d’exécution SS. furent des enfants et des jeunes. Même les enfants se trouvant dans des orphelinats dont les parents furent déjà déportés dans des camps de concentration furent systématiquement arrêtés et transmis à l’appareil d’extermination. L’association de l’idéologie empreinte de haine pour l’homme et de la barbarie d’une logique froide et bureaucratique et de l’efficacité meurtrière qui se manifesta de façon la plus poignante à Auschwitz et dans d’autres usines national-socialistes de la mort ne peut, jusqu’à ce jour, être comparé à rien d’autre dans l’histoire. Les noms de ces localités laissèrent une trace indélébile dans la mémoire collective de notre minorité et marqueront la conscience de nos

générations futures. Dans son allocution historique prononcée le 16 mars 1997 à l’occasion de l’inauguration de notre Centre de documentation à Heidelberg, le président d’époque de la République Fédérale

d’Allemagne, Roman Herzog évoqua les dimensions de ce crime perpétré sur notre peuple, avec les paroles suivantes (je cite) : « Le génocide sur les Sinti et les Roms fut commis à cause de la même folie raciste, avec la même préméditation, avec la même volonté d’une extermination planifiée et définitive que le génocide sur les Juifs. Ils furent assassinés sur tout le territoire restant sous l’influence des nationaux-socialistes de façon systématique qui toucha les familles entières, depuis les petits enfants, jusqu’aux vieillards » (fin de citation). Un souhait vif des rescapés et des organisations internationales des Roms est que cette citation figure comme une inscription sur le monument à la mémoire des Sinti et des Roms assassinés, construit entre le Reichstag et la Porte de Brandebourg à Berlin. Le monument situé au centre de la ville, dont émana le plan du génocide, portera pour les

générations futures la mémoire sur le crime inimaginable dans ses dimensions. Lors de cette journée, mon intention est de transmettre aux Alliés de l’époque les paroles de nos remerciements et de notre

reconnaissance pour ceux qui, au prix de nombreuses victimes, libérèrent l’Allemagne et l’Europe de la dictature national-socialiste. Je m’adresse aux chefs des Etats présents ici et aux représentants politiques pour qu’ils transmettent aux soldats alliés de ce temps l’expression de notre profonde reconnaissance. C’est à leur sacrifice que nous devons le fait qu’au moins une partie de prisonniers des camps de concentration aient pu être libérés et aient pu éviter la mort certaine. Mesdames et Messieurs, Le camp de concentration d’Auschwitz n’est pas seulement un lieu de mémoire, mais il est aussi un lieu d’avertissement face aux crimes actuels contre l’humanité. Auschwitz est la conscience des valeurs communes des Etats

démocratiques. On a raison de montrer sur l’arène internationale les menaces résultant de l’antisémitisme croissant. Mais la recrudescence de la violence pour des raisons racistes à l’égard des Sinti et des Roms, la plus grande minorité en Europe, n’attire pas l’attention indispensable des milieux politiques et de l’opinion publique. C’est pourquoi je lance un appel, en ce lieu, aux représentants de gouvernements de s’opposer avec la même détermination aux actes de racisme dirigés contre les Sinti et les Roms. La vision de la maison européenne ne peut devenir réalité que si les Etats de l’Europe perçoivent les minorités nationales des Sinti et des Roms comme faisant partie de leurs sociétés et de leur propre histoire. Je vous remercie.