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Gouvernance : une dynamique participative encore en transition

Dans le document Scop & Scic : les sens de la coopération (Page 89-92)

Scic-Cirque : Une configuration nouvelle à inventer

4. Gouvernance : une dynamique participative encore en transition

Les instances de gouvernance sont classiques : il existe un conseil d’administration et une assemblée générale des coopérateurs. Le Conseil d’Administration est composé de 7 membres, les

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collèges salariés et bénéficiaires sont tous deux représentés par 3 membres tandis que les collèges collectivités territoriales et partenaires sont chacun représentés par un membre. Cette répartition est justifiée par le fait de donner une place centrale aux acteurs considérés comme au cœur de l’activité :

« Globalement, on essaie de faire un chemin le plus simple possible…. en essayant de privilégier les acteurs principaux du projet je dirais, c’est-à-dire conserver la place importante des bénéficiaires parce qu’ ils étaient aussi à l’origine du projet et que jusqu’à présent c’était quelque chose d’associatif, une organisation associative et que les bénéficiaires du coup étaient les seuls au cœur du projet. Y inclure les salariés, parce que de manière réelle et effective les salariés ont beaucoup contribué à porter le projet, même si à l’époque ils n’étaient pas présents dans les instances de gouvernance, ils n’avaient pas on va dire officiellement leur mot à dire… » (Pdt.Dir).

Quant au rôle du Conseil d’Administration, il est limité en termes de pouvoir à l’élection du Président : « On a mis en place un président, qui est élu par un conseil d’administration en son sein et

c’est le seul pouvoir du conseil d’administration. Parce que légalement le président est responsable…. a une responsabilité pénale…. et comme je disais, c’est compliqué quand même d’imposer des décisions au président par le conseil d’administration alors que c’est lui qui va devoir porter seul la responsabilité derrière. Le CA lui n’a aucune responsabilité légale […] mais par contre, après le président peut sauter d’une année sur l’autre si il ne fait pas le boulot qui est attendu par les autres. »

De fait le président est également le directeur de la structure, ce choix est fait « parce que ça facilite

grandement la rapidité d’exécution administrative, c’est-à-dire que quand il y a un problème ou quelque chose, une demande ou un formulaire à signer en urgence je peux le faire directement »

(Pdt.Dir). Ainsi le rôle du CA est plus d’ordre consultatif, la décision finale relevant du Président- Directeur.

Dans son fonctionnement, les règles informelles prédominent par exemple en cas de vote lors d’un CA le fonctionnement ne se fait pas en collège « De toute façon on fait des votes à main levée, on

regarde pas trop [à quel collège appartient la personne qui vote] » (Soc.Béné). Dans la transmission

des informations, il y a une volonté de transparence à l’ensemble des membres du collège afin que les représentants soient en capacité d’exprimer la voie des membres du collège. Cette question est particulière au sein du collège bénéficiaires mais les retours sur sollicitation sont faibles « Nous, dans

notre collège, s’il y’a une décision à prendre ou des choses comme ça, avant évidemment le CA [on consulte les sociétaires]… là sur une quinzaine de bénéficiaires, y’a eu trois réponses ». Ceci crée un

décalage de fonctionnement avec le collège salariés qui est plus à même de se coordonner en amont «

Alors moi je suis, entre guillemets, la personne qui doit justement diffuser les informations, les regrouper… Moi j’essaye de transmettre… Mais après on s’croise souvent donc on peut échanger facilement dans les couloirs, contrairement à d’autres collèges de sociétaires où ils se voient beaucoup

moins. Pour nous c’est plus facile et oui on échange… » (Soc-Sal.1)

Cette question de la mobilisation des sociétaires semble importante au sein de la structure et génère une insatisfaction. C’est un sujet récurrent en Assemblée Générale ou en Conseil d’Administration. Ainsi le rapport d’activité 2017 propose trois pistes pour animer le sociétariat : « Il

parait important que les collèges de sociétaires soient consultés en amont des Conseils d’Administration en fonction de l’ordre du jour (Pour cela, il faudra que l’ordre du jour soit connu au moins deux semaines à l’avance). Pour animer cette consultation, nous proposons qu’un membre du Conseil d’Administration par collège soit nommé pour un an. La consultation se fera au choix du collège par des réunions physiques, à distance ou électroniques. L’objectif de cette consultation est de recueillir l’avis des sociétaires sur l’ordre du jour ou sur d’éventuels sujets à aborder. Une réunion physique de chaque collège aura lieu avant chaque assemblée générale afin de discuter en amont les textes présentés et que chaque collège mette à jour la liste des administrateurs ».

Il ressort du fonctionnement des instances de gouvernance la place prépondérante du Président- Directeur. Ceci résulte d’un degré de confiance élevé en la personne du Président-Directeur. La confiance provient du fait que les sociétaires, salariés et bénéficiaires principalement, se connaissent et connaissent le Président-Directeur depuis longtemps. Le Président-Directeur est le fils de l’ancien Directeur, qui a participé en tant que bénévole à la création de l’organisation. Il a fréquenté l’école de cirque enfant avec d’autres sociétaires actuels puis a travaillé pour Cirque quand des sociétaires ou salariés actuels fréquentaient l’école de cirque. Pour Soc.Béné, il y a un attachement à Cirque et une connaissance forte interpersonnelle : « Comme on a grandi, enfin j’dis ça pour moi, mais toutes les

personnes, le groupe de [Cirque] j’dirais en règle générale a grandi tous ensemble, on est toujours tous d’accord sur les décisions… C’est pas qu’on est tous influencés ou quoi que ce soit, c’est qu’on fait confiance aux gens qui dirigent [Cirque] depuis le début et je pense que ça changera jamais aussi, on soutient [Cirque] quoi » ou encore « c’est un peu une famille, faut l’considérer comme une famille un peu ».

Un second élément, lié au premier, relève de la nature de l’engagement en tant que sociétaire. Il résulte d’un geste de soutien à l’organisation plus qu’à une volonté d’être sociétaire et de prendre part aux décisions : « j’pense que y’en a qui… comme j’disais, qui sont sociétaires parce qu’ils ont

pris une part mais ils ont pas pris une part pour être sociétaires. Ils ont pris une part pour participer » (Soc.Béné). Ainsi les dimensions décisionnelles ou stratégiques sont délaissées au profit d’un

engagement sur des éléments opérationnels du projet relatif à la participation dans le cadre des manifestations organisées pour faire de la manutention, tenir des stands… Il se pose également la question de la compétence des sociétaires pour être en mesure de prendre des décisions d’orientation stratégique : « Aujourd’hui j’ai une réflexion parce que j’ai pas tant que ça d’informations et que ça

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me permet de … c’est transparent pour moi. Si demain on me bombarde d’informations, je vais avoir trop d’informations, la moitié que j’vais pas comprendre ou pas envie de comprendre ou pas avoir l’temps ou c’qu’on veut, mais j’vais pas dédier… m’investir là-dessus. Et pour les informations qui m’intéressent, ben ça après on peut toujours poser une question en dehors du cadre Conseil d’administration ou quoi hein » (Soc.Béné).

Le passage en SCIC a donc permis de constituer une gouvernance à parties prenantes multiples. Les collèges de salariés et de bénéficiaires fonctionnent plutôt bien, même si la participation des salariés et des bénéficiaires reste à consolider. Du côté du collège des collectivités territoriales, la SCIC bénéficie d’un réel soutien de la Communauté d’agglomération. En revanche, le collège des partenaires est principalement composé de personnes physiques, qui soutiennent le projet. L’ouverture vers des partenaires économiques (personnes morales) est, quant à elle, à renforcer. Elle est recherchée mais pas encore suffisamment présente, comme expliqué ci-dessous.

Dans le document Scop & Scic : les sens de la coopération (Page 89-92)

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