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PREMIER COMMIS DE LA GUERRE

A. Gestion des moyens

Ce sont avant tout des hommes qui font la guerre, et la question des effectifs reste primordiale. Même si la France est le royaume le plus peuplé d’Europe, l’importance de son armée ne peut grandir sans limite, parce que tous les sujets du roi ne peuvent porter les armes, et qu’il doit en rester dans les champs, les fermes et les ateliers, pour que le pays, armée comprise, puisse continuer à vivre le plus normalement possible. D’autre part, le coût des unités impose des limites dans leurs effectifs si l’on ne souhaite pas la ruine totale de tous les officiers, ou la banqueroute du pays.

1/ Gestion des effectifs

L’armée proprement dite se compose de trois types d’unités, l’une piétonne, les deux autres montées :

- l’infanterie, qui se déplace et combat à pied, en lignes ou en colonnes, les officiers se déplaçant à cheval et combattant à pied.

- la cavalerie proprement dite, qui se déplace et combat à cheval, rarement en lignes successives (caracole256), le plus souvent en unités groupées pour la charge ou pour des coups de main sur des points particuliers (artillerie, campements, réserves etc...).

- les dragons, qui se déplacent à cheval, combattent à cheval ou à pied, et sont surtout engagés dans des coups de main sur des positions particulières et isolées, ou pour attaquer aux ailes ou sur les arrières de l’ennemi, en renfort des unités de cavalerie.

L’artillerie ne fait pas partie de l’armée, proprement dite, mais c’est le département de la Guerre qui en supporte toute la charge financière (pièces d’artillerie, hommes, matériels, moyens de transports, poudres et munitions), et qui lui transmet les instructions du roi, quant au nombre et au calibre des pièces à mettre en œuvre. Les mouvements et manœuvres des canons, ainsi que leur répartition opérationnelle sont définis par le roi. Sur place, ce sont les chefs militaires qui déterminent l’implantation exactes des batteries257, et leurs objectifs, ainsi que les moyens pour assurer leur sécurité et celle de leurs servants. Les artilleurs, hommes et officiers (appelés commissaires d’artillerie), sont soumis à l’autorité du militaire le plus haut gradé présent.

Il n’existe pas encore d’état signalétique précis des hommes, ce qui rend les contrôles difficiles et très souvent aléatoires. Ce n’est qu’à partir de l’ordonnance sur le recrutement, du 2 juillet 1716, qu’il est prescrit aux majors des régiments de tenir à jour par compagnie un registre de contrôle des troupes coté et paraphé. Dans ce document doivent être mentionnés, dès le recrutement du soldat, ses prénoms, noms de famille, noms de guerre, lieu de naissance, âge et date d’engagement, ainsi que sa description physique avec les signes particuliers. Ces registres doivent être tenus pour les sergents, les caporaux et les hommes de troupe. Il doit également y figurer des dates selon les cas, de promotion, de mutation, éventuellement de désertion, de congé ou de mort, et s’il y a lieu les éventuelles condamnations militaires ou civiles. Durant tout le

XVIIe siècle, c’est l’ordonnance royale prise par Louis XIII le 26 septembre 1620 qui

prévaut. Ce texte demande que les revues, les « monstres » passées par compagnies fassent l’objet d’un rôle (sorte de procès-verbal ou d’état) rédigé par le commissaire des guerres qui y préside. Ce document doit porter le nom, le surnom, le lieu de naissance (la paroisse) et les marques particulières de chaque soldat. En fait, ce procédé

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Technique de combat à cheval mise au point par les reîtres du XVIe siècle, qui consiste à venir par vagues successives, à portée de tir devant les lignes ennemi, à prendre une allure propre à utiliser les armes portées, à faire feu, et à dégager rapidement sur la gauche pour se regrouper ensuite derrière la formation, y recharger son arme et ainsi de suite. Il s’agit d’une manœuvre qui demande beaucoup de sang-froid, très dangereuse pour les cavaliers, mais qui est très meurtrière pour l’ennemi.

257 Ensemble de pièces d’artillerie dans un même espace, qui peuvent tirer simultanément ou les unes après les autres, selon les objectifs du commandement.

n’empêche pas des capitaines peu scrupuleux, ou désireux de masquer les désertions survenues dans leur compagnie, d’utiliser de nombreux subterfuges pour tromper la vigilance des commissaires et des contrôleurs qui les accompagnent. Toutes les ordonnances royales, prises presque chaque année à ce sujet, rappellent aux capitaines leurs obligations en matière d’effectif, et demandent aux commissaires des guerres d’être vigilants lors des montres et revues. Malgré ces instructions renouvelées et des sanctions très lourdes prévues contre les officiers fraudeurs et les passe-volants258, les rappels périodiques de ces mises en garde prouvent que la pratique des montres falsifiées reste monnaie courante. Les moins malhonnêtes des officiers tentent parfois de faire passer leurs valets pour des soldats de leur compagnie. Par l’ordonnance du 28 octobre 1668259, les officiers en pied, titulaire de leur brevet de capitaine, peuvent intégrer leurs valets dans les effectifs de leur compagnie. Tout autre personne à leur service est considérée et punie comme passe-volant. L’ordonnance du 30 novembre 1668 limite à deux le nombre de valets autorisés par compagnie260.

Dans son ordonnance du 20 octobre 1673, le roi demande aux commissaires des guerres de ne plus compter aucun valet comme soldat lors des revues, même ceux des officiers de la compagnie visitée261. Cette mesure doit éviter toute confusion entre les serviteurs et les soldats lors des montres et revues. Le Tellier accentue la répression contre les passe-volants des gardes françaises en faisant signer au roi l’ordonnance du 24 novembre 1660, qui ordonne que ceux qui seront découverts seront « exécutés à mort262 ». Une telle mesure peut étonner par sa radicalité, même s’il s’agit d’un régiment de la Maison du roi, unité d’élite et en relation directe avec le souverain. Ce texte ne cite pas les capitaines, mais uniquement les commissaires des guerres en précisant : « Le commissaire des guerres doit y veiller sur sa propre carrière et ses fonds personnels ». Ce texte comminatoire vis-à-vis des commissaires des guerres peut laisser supposer ce que ceux-ci peuvent se laisser acheter pour fermer les yeux sur les irrégularités de certains capitaines. De son côté, André Corvisier exprime, à ce sujet, l’idée que, malgré les apparences, Le Tellier, et surtout Louvois se montrent indulgents envers les officiers, mais très durs envers les commissaires. Les deux responsables de la

258 Passe-volant, littéralement « homme qui passe », désigne tous les hommes, militaires ou non qui se placent sur les rangs des compagnies et faussent les effectifs relevés par les contrôleurs (intendants, commissaires et commis) lors des revues. C’est la fraude la plus courante qui permet aux capitaines des compagnies de percevoir la solde pour des soldats qui n’existent pas.

259 SHD, X1 11, ordonnance royale. 260

id.

261 SHD, X112, ordonnance royale. 262 SHD, X110, ordonnance royale.

Guerre exigent en retour qu’aucun officier n’entrave le travail de contrôle des commissaires des guerres. Cet auteur cite l’exemple suivant :

« Mais malheur aux officiers qui veulent entraver le travail des commissaires ! En 1673, le gouverneur et le major de Belle-Isle prennent le parti d’un capitaine en faisant arrêter un sergent dénonciateur d’un passe-volant. Le capitaine est cassé, le major privé de ses appointements pendant trois mois et interdit263, quant au gouverneur, il est privé de ses appointements pendant un mois seulement en considération de ses longs services264 ».

Faire obstacle aux envoyés du ministre, c’est se heurter au ministre lui- même, d’où ce genre de réaction très brutale à l’encontre de ceux qui pourraient se mettre en travers des commissaires des guerres. Pour ces derniers, s’agissant de familiers ou de clients Le Tellier, à qui l’on fait une grande confiance a priori, trahir cette confiance est une injure particulièrement grave, et très mal ressentie par le ministre. Aussi, que ce soit Le Tellier ou Louvois, aucun d’eux ne peut admettre s’être trompé sur un homme pris comme commissaire ou intendant.

En plus de faire contrôler le nombre de soldats sur les rangs dans une compagnie, Le Tellier et Louvois veulent connaître l’état des troupes. L’ordonnance du 1er février 1679 ordonne aux commissaires des guerres, à l’occasion des montres et revues :

« Ils [les commissaires des guerres] devront marquer dans l’état dressé pour chaque compagnie la qualité des hommes, de leurs armes, de leur habillement et des chevaux265 ».

On retrouve ce souci de vérifier la tenue des unités et des hommes qui les composent, et c’est ainsi que près de 16 % des courriers adressés par Louvois à Saint- Pouange sont des demandes sur l’aspect des troupes qu’il rencontre. En réponse, sur l’ensemble des lettres de Saint-Pouange à Louvois, 13 % d’entre elles concernent le tenue et le comportement des hommes dans les unités ainsi que les questions de discipline.

Dans 5 % de ses courriers à Louvois, Saint-Pouange évoque également les hommes hospitalisés. Il s’agit là d’une préoccupation importante dans la gestion des effectifs. Les officiers envoient à l’hôpital les soldats blessés, mais aussi les malades. Bien que les campagnes se déroulent généralement durant l’été et l’automne certaines d’entre elles connaissent de gros problèmes météorologiques, avec de grosses pluies et

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Privé d’exercer ses fonctions durant un certain temps fixé par le souverain. 264André Corvisier, Louvois, op. cit. p. 187.

des températures très basses pour la saison. La campagne de 1688 se déroule sous de telles averses que les tranchées du siège de Philippsbourg sont détrempées et que les soldats y ont de l’eau jusqu’aux genoux. L’humidité imprègne les vêtements qui ne sèchent plus, et le froid devient de plus en plus intense de l’arrière-saison. Ces conditions climatiques provoquent de nombreuses maladies aux soldats, de telle sorte qu’ils doivent être hospitalisés en grand nombre. Lorsqu’il est auprès des armées en campagne, Saint-Pouange est toujours très attentif à cet aspect de la gestion des effectifs. Il faut noter que dans ses attributions personnelles au sein du département, il a la charge de gérer les hôpitaux militaires, leurs moyens financiers, leurs personnels et le matériel dont elles ont besoin. Lorsqu’il n’y a pas d’établissement militaire pour recevoir les soldats malades ou blessés, ceux-ci sont conduits dans l’hôpital civil, en général religieux, le plus proche. Dans ce cas, les frais d’hébergement et de soins de ces hommes sont pris en compte par le bureau de Saint-Pouange.

Toutes ces informations sur les effectifs et les appréciations sur les différents régiments et compagnies permettent de déterminer les fonds qui sont nécessaires pour payer les hommes. Elles sont indispensables pour connaître et définir les besoins de chacune de ces unités, de déterminer le nombre de nouvelles recrues à incorporer, de vêtements, d’armes et de munitions à fournir. C’est également à partir de ces données que l’on peut prévoir le ravitaillement en vivres des troupes et des bêtes en campagne. Enfin ces données sont précieuses pour les options opérationnelles du roi et du ministre car elles leur permettent de choisir les unités selon les dispositifs tactiques en fonction du nombre et de la tenue des soldats et de la valeur de leur encadrement.

2/ Gestion des vivres

Les différentes unités de l’armée peuvent être en position statique durant les périodes de paix ou en hiver, dans une place, ou chez l’habitant. Mais dès que les opérations militaires recommencent, elles se mettent en campagne et doivent être regroupées dans des camps, ou logées chez l’habitant dans les villes étapes. Dans ces périodes de mouvements des armées, il convient que les soldats puissent manger suffisamment et dans de bonnes conditions. En règle générale, l’alimentation des soldats est nettement supérieure en qualité et en quantité à celle de la population civile. Il ne faut pas oublier que de nombreux jeunes gens s’enrôlent dans l’armée, avec l’espoir de manger à leur faim, ce qui n’est pas toujours le cas pour de pauvres gens qui ne possèdent ni terre ni fortune, et n’exercent aucun métier rémunérateur.

Selon la situation dans laquelle se trouve son unité, le soldat perçoit de quoi se nourrir en achetant ses vivres, ou peut-être nourri par l’habitant. Mais le plus souvent, en campagne, c’est l’armée qui lui donne sa nourriture. Cette alimentation est essentiellement composée de pain et de viande. C’est mieux que la nourriture du paysan ou de l’ouvrier pour lesquels la viande demeure un produit de luxe réservé aux grandes fêtes.

L’armée française, comme nombre d’armées européennes, conserve dans ses places, et dans les fourgons qui suivent les troupes en campagne, du pain de munition, dit également pain de guerre. Il s’agit d’un aliment fabriqué avec de la farine de froment blutée à 15 %, (c’est-à-dire dont on n’a ôté que 15 % du son par rapport au poids de grain moulu). En raison de sa composition, de la teneur importante en son, ce pain est très dur, comme un biscuit, et se laisse mal pénétrer par les liquides266, comme la soupe ou le lait. Il offre l’avantage de se conserver plus longtemps sans moisir. Il ne s’agit que d’un pis-aller. Il ne peut et ne doit être distribué aux soldats qu’en cas de nécessité, lorsque les combats ou la situation opérationnelle ne permettent pas l’approvisionnement en pain frais, ou bien lorsque des unités se trouvent isolées, encerclées ou coupées de leur base logistique. En règle générale, la ration quotidienne du soldat est de 24 onces de pain, (environ 700 grammes) pain de guerre ou pain normal, et d’une demie-livre de viande (environ 240 grammes).

Louvois prend l’habitude de préparer les opérations militaires en amenant auparavant des vivres dans des dépôts aux futurs points de passage des troupes, ou à proximité des frontières proches des pays jugés ennemis potentiels. C’est ainsi que juste avant le conflit hollandais, en 1671, comme l’écrit François Bluche :

« Quand débute la guerre de Hollande, le grand vivrier des armées de sa Majesté [Louvois] peut compter sur ses magasins généraux de Dunkerque, La Bassée, Courtrai, Le Quesnoy, Lille, Rocroi Thionville, Metz, Nancy Brisach et Pignerol garnis pour six mois. Rien ne favorise une guerre éclair que semblable logistique267 »

Aussi, dans une lettre du 21 mars 1671, Saint-Pouange qui se trouve à Ath268 pour préparer la venue des troupes dans le cadre de la future campagne de Hollande, écrit à Louvois pour lui signaler les moyens trouvés sur place pour faire cuire du pain :

266 Informations recueillies sur le site internet : http://gastronome.free.fr/histoire/histoire_du_pain.htm. 267

François Bluche, Louis XIV, Paris, Fayard, 1986, 1039 pages, p. 363.

268 Petite ville francophone située à une quinzaine de kilomètre au nord de Mons, actuellement en Belgique, région wallonne, province du Hainaut.

«On pourrait faire faire des fours dans les chambres basses [des nouvelles casernes] sans y faire que fort peu de dépences et de dégasts lequel se répareroit pour peu de chose lors qu’on n’en auroit plus de besoins et par ces mesmes moyens l’on s’en se serviroit des greniers qui sont au dessus pour metre les farines à mesure qu’on les feroit moudre. Ainsy l’on pourroit espargner beaucoup de faufrais par ce qu’on n’auroit point de voiture à faire pour livrer la farine aux boulangers 269».

Dans une autre lettre du 3 janvier 1672 écrite de Metz à Le Tellier, Saint- Pouange précise :

« Les vivres nécessaires pour la marche des troupes de Sa Majesté sont placées et disposées dans les lieux que l’on a marqué 270».

Quelques jours plus tard, le 5 janvier 1672, de Metz également, il écrit à Louvois cette fois :

« Les vivres et fourrages pour la subsistance des dites troupes seront disposées ponctuellement dans les lieux où vous me l’avez ordonné271 ».

Ces courriers montrent bien le souci des responsables du département de la Guerre, Le Tellier, Louvois et leur représentant sur place Saint-Pouange d’avoir des réserves de nourriture pour les soldats. Les troupes que le roi se prépare à envoyer en Flandre et en Hollande doivent trouver au plus près de leurs lieux de rassemblements ou de leurs camps des points de ravitaillement. Saint-Pouange est là parfaitement dans son rôle comme l’homme de l’intendance, mais aussi comme le collaborateur, proche du ministre, informé des secrets, des plans et des préparatifs de la guerre.

Louvois souhaite que la France intervienne à Cologne lors de la question de succession de l’évêque-électeur272. Il prépare une campagne militaire pour le cas ou le nouvel élu ne serait pas le cardinal de Fürstenberg. Il fait avancer vers l’Est des farines de blé et de seigle en grande quantité pour nourrir les troupes et il exige des commissaires des guerres chargés de ces convois de garder et de veiller au secret absolu de ces opérations.

Le 7 septembre 1688, Louvois écrit à Malézieux, intendant des pays non taillables de la frontière de Champagne et des places situées entre l’Aisne et les Ardennes, pour lui demander de faire partir la farine déjà commandée vers Strasbourg et il précise dans sa lettre :

269 SHD A1 468 folio 213. 270

SHD A1 265 folio 154. 271 SHD A1 265 folio 159. 272 Voir supra., note 203 p. 78.

« Et vous donnerez à celui qui conduira le convois un certificat portant que ce sont des armes pour le service du roi afin qu’il ne soit point arrêté aux bureaux [de douane]273».

Ainsi, les agents de la douane française, entre la Lorraine, duché indépendant, et l’Alsace devenue française, doivent ignorer que de grandes quantités de farine sont acheminées vers l’Est. Le 8 septembre 1688, Louvois adresse une très longue lettre274 à Desnoyers, commissaire des guerres en Champagne, pour lui expliquer que cinq cents ballots275 de marchandises, contenant essentiellement du blé, ont été plombés à la douane de Paris et qu’ils doivent passer par Saint-Dizier et Sélestat pour être livrés à Strasbourg. Ces ballots ne font l’objet d’aucun passavant276 et donc risquent d’être bloqués par les douaniers à la frontière de Saint-Dizier, entre le royaume de France et la Lorraine. Il faut que le commissaire des guerres se rende à cette douane, et qu’éventuellement il donne une décharge aux douaniers, et s’engage personnellement pour faire passer ces ballots sans qu’ils soient contrôlés. Il ne doit surtout pas dire ce qu’ils contiennent. Le transport s’effectue à raison de petits cortèges de six à huit chariots regroupés en caravanes. Des conducteurs de confiance à qui l’on demande la fiabilité technique et une grande discrétion, doivent être embauchés à Paris selon les disponibilités de cette main-d’œuvre. La lettre se poursuit en demandant à Desnoyers de n’en dire mot à personne, ni même à l’intendant de Champagne, normalement placé en position hiérarchique supérieure. Louvois précise même à ce sujet :

« Si Monseigneur l’Intendant vous mande pour un régiment qui serait en Champagne, répondez que vous avez reçu ordre de moi d’aller incessamment marchander du blé pour les Invalides »

Enfin, le courrier se termine en demandant à Desnoyers, si jamais les voitures étaient arrêtées par les douaniers, « de faire intervenir le prévôt le plus proche pour leur faire peur ». Le ministre mentionne également dans cette lettre qu’il y joint un billet destiné au prévôt en cas de besoin, pour le prier d’exécuter les ordres du porteur