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Chapitre 2 : Etre parent face aux institutions

2.1. La diversité des familles rencontrées : synthèse des propos recueillis

2.1.2. Les familles mixtes et d’origine étrangère

2.1.2.4. La France : un pays d’accueil qui donne des droits

Ce sont des raisons économiques qui ont poussé la plupart des familles rencontrées à immigrer en France. Même si leur niveau de vie ici reste parfois précaire, il leur paraît tout de même préférable à celui de leur pays d’origine. L’amélioration des conditions de vie, notamment sur le plan du logement et de l’accès aux soins, a été soulignée. De plus, les enquêtés ont fait part de leur satisfaction à être écoutés et pris au sérieux par les institutions.

Une aide importante et une opinion favorable de la France

Les expériences vécues des familles ont été analysées au prisme de leur relation avec les institutions françaises. Affirmer que certaines familles ont une opinion favorable de la France, revient à affirmer qu’elles entretiennent de bons rapports avec les institutions et les agents qu’elles fréquentent. En matière de services sociaux, l’exemple de la CAF est probant. Pour toutes les familles, la CAF est une institution bien identifiée. Les personnes savent quels sont ses domaines de compétences et l’assimilent pour la plupart à une structure pourvoyeuse d’aide. Mais cette opinion favorable dépend du degré de « dépendance » vis-à-vis de l’institution.

Une aide financière qui s’avère utile et bienvenue mais pas essentielle

La dépendance financière vis-à-vis de la CAF comporte différents degrés. Pour certaines familles étrangères, il s’agit d’un soutien financier bienvenu et utile. Comme c’est le cas pour Mme K, une jeune mère d’origine étrangère qui élève seule ses deux enfants :

« Même si on n’a trois fois rien, je ne veux pas qu’elle (ma fille) le sache parce qu’avec rien on peut tout avoir. Comme moi, franchement je n’avais rien. On me dit : " La CAF, c’est pour

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les clochards ". Et pas du tout ! C’est le langage des jeunes, bêtes. Eux-mêmes ils vivent avec.» (SSD_ET_REC_MONOP_RUCInf_K).

Cette famille nombreuse de 4 enfants et d’origine marocaine de Côte-d’Or juge, quant à elle, qu’elle bénéficie d’un très large soutien de la CAF : les allocations familiales et les allocations logement sont perçues ainsi que le RSA qui permet à la mère de famille de compléter les revenus mensuels fluctuants de son époux. Les enfants peuvent bénéficier d’activités extra-scolaires payées aux trois quarts par la CAF. Cette mère de famille ne fait part d’aucune difficulté de contact avec les services et est très satisfaite de cette aide utile mais qui ne lui paraît pas vitale :

« Avec la CAF, quelles sont vos relations ? - Des fois par rendez-vous, par courrier, parce que des fois ils donnent des aides pour aller au sport des enfants, le centre social aussi. Moi je ne travaille pas, il y a que mon mari. Ils payent presque la moitié, ils payent la moitié au centre social. Normalement par enfant c’est deux euros la journée. Moi je paye cinquante centimes de ma poche, un euro cinquante c’est eux qui les payent. Mais ça dépend par rapport à ce que tu touches, ce que touche ton mari. […] Ils aident beaucoup. » (CO_ET_NB_RUCSup_K). Une aide matérielle fondamentale, plus particulièrement importante en cas de litige

La plupart des familles étrangères rencontrées ont immigré en France pour améliorer leurs conditions de vie et celle de leur famille. Malgré un niveau de vie parfois précaire en France, les enquêtés ont souligné que l’accès à un logement décent et aux soins médicaux est une importante plus-value dans leur vie quotidienne. De plus, la possibilité pour eux de faire valoir leurs droits en cas de litiges est d’une grande importance compte tenu de leur situation administrative ou juridique parfois plus fragile que celles d’autres enquêtés. Ce soutien des professionnels de l’action sociale renforce le sentiment de sécurité pour ces personnes qui s’estiment prises au sérieux par les institutions.

De manière générale, on constate que les familles étrangères qui sont en situation de précarité perçoivent l’intervention des services sociaux comme une aide précieuse à plusieurs niveaux. Dans les situations de familles nombreuses, les enfants sont clairement une aide à l’ouverture des droits et le recours à l’assistante sociale est une évidence. Elle est une aide incontournable surtout lorsque les revenus sont composés exclusivement d’aides sociales. Elle est au courant de l’historique familial et pourvoie à tous les besoins (logement, nourriture, soutien scolaire). Pour la famille de Mme Y., l’intervention sociale est plus que nécessaire. Il s’agit d’une famille nombreuse algérienne de 7 enfants âgés de 21 ans à 2 ans. La famille vit en logement social dans une cité. L’assistante sociale est un personnage central dans cette famille qui n’a eu qu’une seule assistante sociale depuis son arrivée en France, la sympathie que lui accorde la mère de famille est très nette. L’assistante sociale intervient pour faciliter toutes les démarches : soutien scolaire, aide financière pour les factures, logement :

« Non, l’assistance est venue chez moi plein de fois. Normal. Elle vient voir les enfants, elle me demande : "comment vous vivez ? " Normal. Les factures, parfois j’en reçois beaucoup, comme l’électricité, et je n’ai aucun revenu pour les payer, alors elle m’aide. Elle vous aide.

Sans problème ? - Non. De toute façon, elle-même, elle sait tout ce que j’ai et ce que je n’ai

pas. Elle a toutes les informations. […] Toute mon histoire est chez elle. Depuis que je suis entrée en France, je n’ai eu qu’une seule assistance […]. Depuis que j’ai mis un pied en France, elle est restée avec moi. Elle connaît toute mon histoire : tout ce qui m’est arrivé, ce qui ne m’est pas arrivé. » (CO_ET_NB_REC_RUCInf_Y).

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En règle générale, les prestations extra-légales ne suscitent pas de conflit ou de tensions. Etant par définition facultatif, l’octroi de ces prestations est plutôt l’occasion de manifester sa gratitude pour le soutien matériel et moral. Cette même mère est totalement dépendante des prestations sociales, d’autant plus que son conjoint, sans papier, est devenu handicapé à la suite d’un AVC : impossible pour eux de travailler :

« Il n’y a que la France qui m’a aidée, seulement eux, seulement l’État. Il faut dire la vérité. […] Non, ils m’ont aidée, ils m’ont aidée. Ils m’ont payé le logement, ils m’ont payé l’électricité, ils m’ont tout payé. Moi je n’avais aucun revenu. » (CO_ET_NB_REC_RUCInf_Y).

Ici, toutes les structures administratives françaises sont inclues dans ces deux mots : la France et l’État. Cette autre mère célibataire de 4 enfants vivant en Seine-Saint-Denis a bénéficié d’allocations pour meubler son nouvel appartement après sa séparation d’avec son mari :

« Quand je suis rentrée dans cet appartement, il n’était pas meublé. […] Les chambres de mes enfants c’est la CAF qui m’a aidée. J’ai fait la demande avec la CAF et j’ai meublé les chambres des enfants. » (SSD_ET_NB_REC_MONOP_RUCInf_F).

Mais l’aide apportée peut revêtir des aspects bien plus importants lorsque les familles sont confrontées à de graves situations d’isolement dues à leur condition d’immigrés. Ces familles évoquent l’intervention des services sociaux comme étant une compensation de leur vulnérabilité. L’exemple de cette famille étrangère nombreuse montre bien l’imbrication des nombreuses institutions de l’action sociale. Dans la situation de M. et Mme C. toutes ces structures se sont mises en branle pour évaluer les difficultés des parents. L’intervention s’est faite non seulement en raison de la vulnérabilité sociale des adultes, mais surtout en raison de l’exposition des enfants à un danger sanitaire. En effet, la famille a rencontré de graves problèmes avec le propriétaire qui leur louait un petit pavillon de 24 mètres carrés en banlieue. Le logement était insalubre et les enfants ont contracté des bronchiolites à répétition occasionnant des hospitalisations de plusieurs jours. M. et Mme C. ont fait intervenir le service d’hygiène de la mairie. Dès lors les relations avec le propriétaire se sont détériorées et les services sociaux ont agi :

« Cette PMI, ils assument : ils les pèsent, ils les voient. En plus quand j’avais les problèmes, c’est eux qui ont été debout avec moi. Moi, quand j’ai amené le service d’hygiène dans le pavillon-là, le propriétaire m’a fait à chaque fois des problèmes […] Ça nous a emmenés jusqu’à la police, jusqu’au tribunal. […] - " Comment ça, tu m’apportes service d’hygiène ? Moi je te répare la maison et toi tu la mets sens dessus dessous ? ". […] A ce moment, la PMI m’a soutenue. Ce propriétaire, il a appelé la DASS. Il leur a dit que je n’assumais pas mes enfants. […]. Après la DASS, ils ont appelé la PMI. […] Tous m’ont soutenue, autant qu’ils sont. » (SSD_ET_NB_RUCInf_C).

La famille a pu obtenir un logement social grâce à la mobilisation de tous ces acteurs. Comme l’affirme la mère, les relations avec les services sociaux se font sur le mode de la confiance et de la loyauté :

« C’est vrai. A la CAF je leur raconte et tout. Ils sont au courant de tout. » (SSD_ET_NB_RUCInf_C).

Mme F. a elle aussi bénéficié d’une aide des services sociaux qui dépassent l’octroi de subsides et qui ont agi comme des remparts protecteurs. Cette mère de quatre enfants, célibataire, a divorcé en raison des violences verbales et physiques de son mari. Elle aussi

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reconnaît agir avec confiance et loyauté vis-à-vis des travailleurs sociaux qui ne sont pas « tombés dans le piège » de son mari. Celui-ci, pour la discréditer, avait sollicité des rendez- vous auprès des professionnels :

« Au début, il a fait ça pour m’emmerder et il suivait avec… Il va à droite à gauche, il pose les plaintes contre moi. […] Il pleure derrière l’assistante, l’assistante sociale, elle a dit : "C’est pas la peine de venir pleurer. Ta femme, on connaît depuis des années". La PMI aussi ils ont dit : " On connaît ta femme, c’est pas la peine que tu viennes faire du cinéma". […] Les enfants, ils veulent pas de lui, ils ont peur de lui parce qu’ils voient qu’il me tape, ils ont peur de lui. Et la violence à la maison, tous les jours, tous les jours, tous les jours, après j’ai

demandé mon divorce. Maintenant je suis bien tranquille. »

(SSD_ET_NB_REC_MONOP_RUCInf_F).

Le soutien matériel des services sociaux recouvre plusieurs dimensions : logement, nourriture, vêtements, factures. Il s’agit d’une aide vitale pour des familles qui sans cela seraient sans domicile :

« Les assistantes sociales, je crois que si tu as un souci personnel tu les appelles. Mais c’était mon premier, mon fils, c’était mon garçon. Et là, les assistantes sociales étaient venues parce que j’avais pas où habiter et puis j’étais restée dix jours à l’hôpital au lieu de trois jours parce que ils m’ont dit de sortir. J’ai dit : " Je peux pas sortir parce que j’ai pas où aller." J’habitais chez ma tante, je dormais dans le salon. Ça va j’étais toute seule. Mais avec un bébé, je peux pas dormir dans le salon. Donc ils ont essayé de me dire : "est-ce que tu as une famille ? " J’ai dit : "Oui, j’ai une famille mais ils peuvent pas me recevoir avec mon fils. " Donc je reste dix jours à l’hôpital. C’est là-bas qu’ils ont appelé une assistante sociale qui s’occupait de moi tous les jours. Tous les matins, tous les matins. C’est là-bas qu’ils ont appelé le 115. C’est après qu’au 115, ils m’ont mis dans les hôtels. » (SSD_ET_NB_RUCInf_S).

Mme Y., quant à elle, ne revendique que le seul soutien de « son » assistante sociale. Les liens noués entre elle et la famille sont très solides et l’accompagnement très personnalisé :

« Comme l’année dernière, mon fils il devait passer le BF36. Et je voulais qu’il y ait quelqu’un qui vienne lui enseigner à la maison. […] C’est elle [l’assistante sociale] qui est venue me voir à la maison. J’étais sans papiers. Elle est venue chez moi à la maison. C’est eux qui m’avaient donné un logement, du côté de la CAF. […] Elle continuait à m’aider : elle m’apportait des bons pour aller chercher de la nourriture pour nourrir mes enfants parce qu’on était sans emploi, lui, il ne travaillait pas et moi je ne travaillais pas. J’allais chercher les colis à l’école, des Restos du Cœur c’est-à-dire à l’école, on appelle ça l’école. […] Je n’ai que l’assistance qui m’aide quand il y a quelque chose ou quoi, elle m’aide. C’est tout. Il n’y a que ça. » (CO_ET_NB_REC_RUCInf_Y).

Les services sociaux peuvent être perçus comme un soutien administratif pour l’obtention d’un bien. Ils peuvent jouer le rôle d’adjuvant et de garant symbolique pour l’obtention d’un logement social. C’est le cas de M et Mme C. Ils vivaient dans un logement privé insalubre et ont été intimidés par le propriétaire. Comme nous l’avons déjà vu plus haut, dans les situations d’abus de pouvoir, les services sociaux peuvent également être une aide précieuse pour faire valoir ses droits (mobilisation en chaine des services : assistante sociale, PMI, école). En voici un autre exemple :

36 C’est ainsi que la mère de famille appelle le Brevet des collèges, en référence à un examen algérien équivalent au Brevet.

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« Oui j’ai fait beaucoup de lettres à la mairie aussi […]. C’est même pas un an, ils m’ont donné l’appartement avant d’accoucher d’A. […] Ça s’est bien passé. […] Il y a le médecin qui a écrit une lettre et la mairie aussi, le maire de la mairie parce qu’on peut écrire les lettres et puis on explique […] comment on vit à la maison. Ils peuvent venir voir aussi. Et la PMI ils

vous ont aidé aussi ? - Oui la PMI aussi. Et aussi son travail, son patron, parce qu’ils ont des

dossiers […] il a fait le dossier avec son patron et on a eu tout de suite l’appartement. » (CO_ET_NB_RUCSup_K).

En plus d’être « garant », ils peuvent fournir directement un logement social. Mme P. a fait le nécessaire auprès des services sociaux pour figurer sur une liste d’attente d’obtention de logement. Quand la situation s’est présentée, elle a pu obtenir ce logement :

« Dès que j’ai su certaines choses, j’ai tout de suite enclenché une demande d’HLM et j’ai eu cet appartement un mois après. Ça a été super rapide. Il avait 6 mois… Quand on est arrivé ici. C’est parce que j’avais déjà fait une demande d’HLM bien longtemps avant parce que, quand on fait une demande d’HLM, on fait une première demande. Et après, il faut un mois ou deux mois d’attente avant d’avoir un numéro. Une fois qu’on a le numéro, après on peut faire des recherches de logements. Et moi, j’avais déjà fait une demande bien longtemps à l’avance. Et puis donc là, comme j’ai fait une lettre comme quoi, bah c’était urgent et que j’avais déjà un numéro, c’est passé en commission et, 15 jours après, j’ai eu ce logement. Je suis allée voir l’assistante sociale. » (CO_ET_MONOP_RUCInf_P).

De la même manière, elle a pu bénéficier sans difficulté majeure de l’allocation de parent isolé :

« Et en même temps, en attendant, la CAF peut prendre en compte… Comme quoi "mère isolée". Donc, ça y est, c’est fait. Boum, d’un seul coup, j’ai de l’argent qui tombe… par mois parce que je suis maman isolée. » (CO_ET_MONOP_RUCInf_P).

En grande précarité, sans logement, la présence d’un jeune enfant est souvent un motif d’accélération des procédures car pour cette femme, c’est moins sa situation vis-à-vis de l’immigration qui a eu un effet (couple mixte, le père est Africain) que son statut de mère célibataire :

« Non, non, il est complètement parti le papa. Il est parti, pas de nouvelles […] Dès que j’ai su certaines choses, j’ai tout de suite enclenché une demande d’HLM et j’ai eu cet appartement un mois après. Ça a été super rapide. » (CO_ET_MONOP_RUCInf_P).

Une aide financière primordiale

Mais l’aide des services sociaux peut aller au-delà du soutien matériel et en cas de litiges. L’aide financière joue un grand rôle pour les familles très défavorisées et isolées. Il s’agit d’une véritable dépendance financière vis-à-vis d’une institution qui recoupe plusieurs dimensions de la vie familiale. C’est le cas de Mme F. qui connait une situation de dépendance vis-à-vis des revenus de transfert :

« Je touche tout avec la CAF. » (SSD_ET_NB_REC_MONOP_RUCInf_F).

Elle vit seule avec ses quatre enfants, dont une fille handicapée. Le recours à la MDPH37 est inévitable pour sa scolarité et sa prise en charge médicale. Les revenus de la famille dépendent intégralement de la mère. Mais, victime d’un accident du travail, elle voit

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aujourd’hui son allocation d’adulte handicapé arriver à échéance et n’être peut-être pas reconduite. Le traitement de son dossier est très long, elle est restée plusieurs mois sans nouvelle. Tout comme les demandes d’inscription dans un établissement spécialisé pour sa fille trisomique qui n’ont pas encore abouti. Pour les familles vulnérables, les aides financières sont indispensables. Mais il leur est difficile de repérer les bonnes institutions. Mme K. est une jeune mère célibataire. La première structure qu’elle a identifiée fut la PMI. De là ont suivi les autres institutions :

« J’ai été suivie à la PMI au centre de santé à côté de chez moi. Et de là je me suis renseignée. J’ai dit "Comment je vais faire ? Je travaille pas." Franchement, j’ai paniqué au début, "Je vais pas m’en sortir. Là avec mon enfant, on aura pas de couches, on n’aura pas de lait on n’aura rien." On m’a dit "Y’a des aides, et tout ". "Ouais, mais bon les aides c’est quoi ? Je vais voir l’assistante sociale, elle va me donner de l’argent. Je vais faire comment moi ? Mon père il va pas m’aider." J’étais en panique. […] Ça fait peur. "Comment je vais l’habiller ? J’arrive même pas à m’habiller moi–même ? " On m’a parlé de sécurité sociale, de la CAF. C’est là que j’ai vu qu’il y avait quelque chose. J’avais au moins une petite aide. Après, pour moi c’était beaucoup d’argent : au moins 600 euros pour l’enfant. J’ai dit "Waaaa ! Comment les gens peuvent avorter avec tout ça ? Il y a des aides. » (SSD_ET_REC_MONOP_RUCInf_K). Cette dépendance vis-à-vis des aides financières se renforce avec la vulnérabilité liée au statut d’immigré et parfois de « sans-papiers ». Mme Y., mère de famille nombreuse algérienne, est venue en France avec son premier conjoint et y a vécu clandestinement. Son mari meurt dans un accident de voiture et Mme Y. se retrouve veuve avec ses cinq enfants. Elle réussit à obtenir un récépissé l’autorisant à travailler, puis se remarie. Son actuel mari a eu un AVC, il est désormais handicapé et ne perçoit aucune allocation parce qu’il est sans papier. La situation financière de Mme Y. est donc très compliquée : il lui est impossible de travailler car son mari et ses deux derniers enfants sont dépendants d’elle. Les aides financières et matérielles publiques sont donc primordiales pour cette famille :

« Donc, comme je vous ai dit, ça fait que je ne vis que des allocations des enfants : je vis avec, je mange avec, je bois avec. Et les filles qui travaillent un peu, elles m’aident un peu, elles achètent à leurs frères et sœurs des vêtements. […] C’est eux qui m’avaient donné un logement, du côté de la CAF. […] Ils m’aident, oui. La vérité, je n’ai trouvé qu’eux pour m’aider. […] Il n’y a que la France qui m’a aidée, seulement eux, seulement l’État. Il faut dire la vérité. […] Ils m’ont aidée, ils m’ont aidée. Ils m’ont payé le logement, ils m’ont payé l’électricité, ils m’ont tout payé. Moi je n’avais aucun revenu. »