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Forme et méthodologie

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4. Évaluation des impacts sanitaires de la pollution de l’air

4.2. Méthodes d’évaluation des impacts sanitaires

4.2.2. Évaluation des impacts sanitaires (EIS) de la pollution atmosphérique : évènements attribuables

4.2.2.3. Forme et méthodologie

Une EIS est basée sur l’utilisation de relations Exposition-Risque (relations E-R), reliant les niveaux d’exposition à un polluant et à un nombre d’évènements sanitaires, sur la zone et pendant la période d’étude. Ces fonctions correspondent au risque relatif pour la santé lié à un changement donné du niveau d’exposition, comme illustré sur la Figure 9 (pente de la droite).

Elles sont issues d’études épidémiologiques et peuvent être appliquées lorsqu’il est possible d’accepter la nature causale de la relation (InVS, 2008).

A chaque étape, il faut veiller à ce que les caractéristiques de l’EIS et celles des études épidémiologiques ayant produit les relations E-R soient les plus proches possible (population concernée, définition de l’indicateur sanitaire utilisé et construction de l’indicateur d’exposition) (InVS, 2008).

Figure 9 : Principe du calcul de l'évaluation des impacts sanitaires de la pollution (d’après de Kunzli, 2002 et InVS, 2008)

N correspond au nombre de cas de l’évènement sanitaire étudié dans la population exposée à un niveau E. Il s’agit des indicateurs qui seront à définir dans les étapes 3 et 4 de la méthode comme cela sera expliqué dans le paragraphe suivant.

E0 correspond au niveau d’exposition de référence à définir et N0 au nombre de cas associé.

Δ correspond à la différence entre les niveaux d’exposition E et E0.

NA est le nombre de cas attribuables à la pollution atmosphérique urbaine et correspond à la différence entre N et N0.

Voici les principales étapes des EIS :

1) Définir la période d’étude. Elle dépend des données disponibles, avec d’autres préconisations comme par exemple utiliser si possible les mêmes périodes pour les données sanitaires et les données d’exposition.

2) Définir la zone d’étude. La zone doit être délimitée de manière à ce que l’exposition de la population à la pollution de fond puisse être considérée comme homogène. Le niveau de pollution de fond doit ainsi pouvoir y être considéré similaire et la majorité de la population doit y séjourner en permanence. Ces conditions excluent les espaces de rupture de l’urbanisation. Cette définition repose donc sur des critères démographiques, topographiques et climatiques, sur les déplacements domicile-travail, la couverture de la zone par des stations de mesure et la présence éventuelle de sources fixes. Une liste des données à demander aux différents organismes (Insee, Aasqa, Drire…) ainsi que les étapes de construction de la zone sont détaillées dans le guide de l’InVS (2008).

3) Estimation de l’exposition à la pollution atmosphérique. La population étant exposée à un mélange de substances, des indicateurs pertinents sont choisis. Ils correspondent à la concentration d’une substance pouvant être représentative de la pollution localement rencontrée, obtenue à partir de données de qualité de l’air de stations de fond fournies par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa).

La construction de ces indicateurs doit être menée de manière à ce qu’ils soient les plus proches possibles de ceux utilisés dans les études épidémiologiques à l’origine de la relation E-R qui sera utilisée (durée d’exposition, pas de temps et méthodes de mesure, sélection des stations de mesure…).

4) Détermination des indicateurs sanitaires. Ils correspondent à des évènements de santé dénombrables : hospitalisation et décès pour certaines pathologies. Leur choix dépend de la définition de l’exposition et des relations E-R disponibles, ainsi que de la disponibilité des données. Les données sanitaires devront être recueillies pour construire les indicateurs et quantifier leur prévalence et leur incidence dans la population étudiée.

5) Sélection de la relation exposition-risque (adaptée, pertinente et disponible). Les relations E-R prennent la forme de risques relatifs (RR) d’un évènement sanitaire estimés pour une augmentation fixée, généralement 10 µg/m3, de l’indicateur de pollution sur une période donnée. Par exemple pour les effets à court terme, un RR de 1,014 est établi pour la mortalité toutes causes non accidentelles, pour une augmentation de 10 µg/m3 de la concentration en PM10 le jour et la veille de

Évaluation des impacts sanitaires de la pollution de l’air

l’évènement sanitaire.

6) Calcul du nombre de cas attribuables à un changement donné du niveau de pollution atmosphérique. La proportion d’évènements sanitaires attribuables (PA) au niveau de pollution considéré est calculée à partir de la formule suivante :

( )

(

1

)

simplifie la relation de la manière suivante :

RR PA RR−1

= .

Dans cette situation, RR=RRΔ. Ce dernier est l’excès de risque lié au différentiel de pollution Δ étudié, donné par la relation exposition/risque (cela signifie que le niveau de référence ne correspond pas à un niveau de pollution nul).

Le nombre d’évènements sanitaires attribuables (NA) est ainsi obtenu de la manière

Δ avec N le nombre moyen d’évènements sanitaires sur la période considérée.

Il faut ainsi fixer un niveau d’exposition de référence. Cela permet de calculer le nombre d’évènements sanitaires attribuables à la différence entre le niveau d’exposition observé et la référence. Dans le cas où le niveau de référence est plus bas, il est possible d’interpréter ce résultat comme le nombre d’évènements sanitaires qui pourraient être évités si le niveau d’exposition était ramené au niveau de référence.

Pour les effets à long terme de la pollution atmosphérique, le résultat des EIS peut également être présenté sous la forme du gain d’espérance de vie ou d’années potentielles de vies perdues. Ces indicateurs d’impact sont calculés à l’aide de logiciels, par exemple AirQ (Apheis, 2004). Ces derniers s’appuient sur les augmentations de risque de mortalité pour les populations exposées sur le long terme à des niveaux supérieurs à la moyenne, obtenues à partir d’études épidémiologiques de cohortes. Il est en outre nécessaire de disposer de la structure par âge de la population étudiée et des données de mortalité spécifiques à chaque classe. Cela permet de calculer le nombre de survivants et le nombre de décès « anticipés » par classe d’âge dans le futur, à la base du calcul de ces indicateurs de risque (AFSSE, 2005).

4.2.2.4. Avantages

Tout d’abord, cette méthode a été conçue spécialement pour évaluer les impacts de la pollution atmosphérique et y est donc bien adaptée.

Cet outil répond à l’obligation règlementaire d’évaluer les plans régionaux de protection de l’atmosphère (PRQA). Il permet également de planifier et d’évaluer les politiques publiques dans le domaine de la qualité de l’air, notamment les Plans de protection de l’atmosphère (PPA) et Plans de déplacements urbains (PDU), d’évaluer les mesures de

prévention, de fixer des objectifs d’amélioration de la qualité de l’air sur des critères sanitaires et de communiquer et sensibiliser autour de cette problématique.

Par ailleurs, il est intéressant que les résultats puissent être exprimés sous différentes formes (nombre de cas attribuables, gain d’espérance de vie…). L’expression en termes d’années de vie est particulièrement intéressante pour étudier l’impact de la pollution atmosphérique, comme elle permet de prendre en compte l’âge auquel se produit l’évènement sanitaire suivi.

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