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Fardeau mondial et fardeau environnemental des maladies

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4. Évaluation des impacts sanitaires de la pollution de l’air

4.3. Méthodes d’agrégation des effets sanitaires

4.3.3. Années de vie ajustées sur les incapacités

4.3.3.2. Fardeau mondial et fardeau environnemental des maladies

Le Fardeau mondial des maladies ((« Global Burden of Diseases » ou GBD) a introduit la notion d’AVAI pour 1990, dans un travail mené par l’OMS et l’Ecole de Santé Publique de Harvard (Mathers et al., 2006). Depuis cette première étude, les AVAI sont utilisées dans de nombreuses situations, par différents organismes. L’OMS continue à mettre à jour les valeurs

Évaluation des impacts sanitaires de la pollution de l’air

et à améliorer la disponibilité des données d’entrée et les méthodes de calcul.

Ce chapitre aborde l’application des AVAI dans le calcul du fardeau mondial et de la charge nationale des maladies, puis du fardeau environnemental.

4.3.3.2.1 Charge mondiale et nationale des maladies

Le « fardeau mondial des maladies » mesure la charge de morbidité liée aux maladies en utilisant les AVAI, mesure développée pour évaluer cette charge de la même manière entre les maladies, les facteurs de risques et les régions.

Cinq utilisations de ces études sont envisagées (Lopez et al., 2006b) : pour évaluer des performances (programme de santé publique…), pour encadrer des débats sur les valeurs attribuées aux maladies et leurs importances, pour identifier des priorités nationales de lutte contre les maladies, pour créer du savoir et pour affecter des ressources aux différentes cibles en matière de santé. Récemment, l’approche par facteurs de risque a été encouragée. Celle-ci paraît plus utile pour poser les priorités d’actions de prévention qu’un simple classement des maladies. Par exemple, agir sur le tabagisme permettrait de diminuer la charge de morbidité attribuable à différents cancers (poumons, gorge…). Le Tableau 19 retrace l’évolution des travaux de l’OMS sur le fardeau mondial des maladies.

Tableau 19 : Evolution des études du fardeau mondial des maladies

Etudes Sujet

Recueil et analyse des données

Valeurs pour 107 maladies et traumatismes et 10 facteurs de risques pour 8 régions OMS pour 1990 Mise à jour de valeurs pour 2000-2002

(à partir de 2000 sur Internet)

Améliorations méthodologiques (modèles…)

Plus de données collectées, notamment dans des domaines élargis

Nutrition autre et activité physique (5)

Toxicomanies (3)

Hygiène sexuelle (2)

Risques liés à l’environnement (3+2)

Risques professionnels (4)

Autres facteurs de risque (2) Nouvelle évaluation

(attendue fin 2010) Évaluation systématique complète des données pour produire de nouvelles estimations pour 2005 en plus de 1990

Différents pays (Iran, Pays-Bas, Australie…) ont repris ces travaux pour évaluer leur charge nationale de morbidité. Les résultats de telles études sont parfois utilisés dans des analyses coûts-efficacité (§ 4.3.4).

Les facteurs de risques ont été sélectionnés d’après les critères suivants : causalité probable d’après les connaissances actuelles, important impact global potentiel (intervention dans les principales charges de morbidité, maladies cardiovasculaires par exemple), pouvant être modifié et disponibilité suffisante de données d’exposition et des niveaux de risque associés pour au moins les extrapoler. La fraction des évènements attribuable à chaque facteur de risque est déterminée pour chacune des pathologies dont il augmente l’occurrence. La liste comporte 19 facteurs principaux et 6 complémentaires, comprenant notamment les risques professionnels et des risques liés à l’environnement (OMS, 2009).

Une méthodologie spécifique, présentée au paragraphe suivant, a été mise au point pour les facteurs environnementaux. D’autres facteurs y sont également intégrés.

4.3.3.2.2 Fardeau environnemental des maladies

Ces études ciblent la charge de morbidité liée aux facteurs environnementaux de risque et constituent une poursuite du travail sur les facteurs de risques étudiés dans le cadre des études plus générales sur le fardeau des maladies. Elles ont pour objectif de déterminer le poids des pathologies lié aux facteurs environnementaux étudiés (Prüss-Üstün et al., 2003).

Les facteurs environnementaux de risques pris en compte dans les études du fardeau des maladies sont les suivants :

Conditions d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène insalubres,

Pollution atmosphérique urbaine,

Exposition aux fumées produites par l’utilisation de combustibles solides à l’intérieur des habitations (pollution de l’air intérieur),

Exposition au plomb,

Changements climatiques.

En plus de ceux-ci, 5 autres facteurs sont étudiés, dont 2 correspondant à des expositions professionnelles :

Rayonnement ultraviolet (solaire),

Exposition au mercure,

Exposition aux substances cancérigènes sur le lieu de travail,

Exposition aux particules en suspension sur le lieu de travail,

Tabagisme passif.

Chacun de ces facteurs de risque environnementaux disposent d’un guide méthodologique élaboré par l’OMS. Nous nous intéresserons maintenant au facteur de risque « pollution atmosphérique urbaine ».

La méthode utilisée pour obtenir ces résultats correspond à l’« évaluation des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique urbaine » décrites au paragraphe 4.2.2. En effet, ils ont recours aux concentrations ambiantes en un polluant indicateur et à des relations

Évaluation des impacts sanitaires de la pollution de l’air

concentration –réponse, tirées d’études épidémiologiques.

Ils ont choisi d’utiliser les particules fines (PM10 ou PM 2,5) comme traceur de la pollution atmosphérique. Les principales raisons sont que l’exposition aux particules est utilisée dans des études épidémiologiques partout dans le monde et est associée à des évènements sanitaires (mortalité et morbidité). La morbidité ne peut pas être estimée par cette méthode car elle requiert l’utilisation de taux de base des maladies et il est difficile de les estimer à la fois pour certains évènements (hospitalisations, crises d’asthme qui sont multifactorielles…) et pour tous les pays (Ostro, 2004).

Quatre étapes sont proposées : estimation de l’exposition et d’une référence, détermination de la taille de la population exposée et des effets sur la santé à suivre, incidence de ces effets dans cette population (taux de mortalité de fond dans la population en nombre de morts pour 1000 personnes) et enfin application des relations concentration-réponse issues d’études épidémiologiques pour calculer trois indicateurs :

le nombre de morts prématurées et d’AVAI pour pathologies cardio-pulmonaires et cancers du poumon attribuable à l’exposition à long terme aux PM2,5 parmi les personnes âgées de plus de 30 ans ;

le nombre de morts prématurées et d’AVAI pour maladies respiratoires attribuables à une exposition à court terme aux PM10 parmi les enfants de moins de 5 ans ;

le nombre de morts prématurées et d’AVAI toutes causes pour une exposition à court terme aux PM10 (qui ne doit pas être ajouté aux précédents en raison de double comptage).

On réalise le calcul en multipliant la population exposée par l’incidence de l’effet étudié et par la fraction de cet effet attribuable à la pollution atmosphérique.

L’OMS a déterminé que la pollution atmosphérique urbaine serait responsable de 1,4 % de la mortalité totale, 0,4 % des AVAI totales, 2 % des maladies cardiovasculaires et 5 % des cancers de la trachée, des bronches et du poumon.

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