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STRUCTURES LINGUISTIQUES DE L’ARABE MODERNE

1. De l’Arabiya à l’arabe moderne Quelques données historiques

1.1.2. La formation des dialectes modernes

Il est impossible de déterminer une origine simple pour la diversité des parlers répandus sur les pays arabes de nos jours, de même pour établir une filiation directe entre chacun de ces parlers et l’un ou l’autre des dialectes arabiques du temps des conquêtes. Pourtant, selon A. AL-JUNDI (1983 :129), les dialectes modernes sont la résultante du mélange de l’arabe avec les langues étrangères à partir du 7ème siècle, surtout durant les périodes des conquêtes islamiques jusqu'à la colonisation européenne.

Certains philologues d’arabe pensent que la situation actuelle provient d’états anciens par le brassage des tribus arabes dans les armées qui ont contacté les non Arabes du temps des conquêtes. Les contacts ont eu une influence sur les parlers de ces tribus dont étaient issus ces militaires. Les cités d’aujourd’hui ont développé des usages particuliers, différents des dialectes arabiques anciens. Dans ce sens D. COHEN ajoute :

« L’histoire de l’arabisation ne nous est qu’imparfaitement connue, si bien que les processus par lesquels se sont constitués les dialectes actuels nous apparaissent sous des formes très variées, avec des brassages et des mélanges dont les composantes, les rythmes et les produits sont divers. Dans cette arabisation, les substrats sur lesquels s’est développée la nouvelle langue ne peuvent être négligés. Certains dialectes maghrébins sont profondément marqués par l’influence berbère, tandis que les parlers orientaux comportent des traits d’origine araméenne, etc. » D. COHEN (1996 :710).

1.1.2.1. Géographie des dialectes

Les dialectes sont des variantes de l’arabe parlé dans les régions du monde arabe. Ils sont issus d'un contact avec l’arabe parlé à l'époque de l'expansion arabo-musulmane. On peut considérer ces dialectes comme un continuum, dans lequel l’intelligibilité s’effrite au fur et à mesure que la distance physique entre locuteurs augmente. Il est connu que ce continuum est bipolaire avec le Moyen-Orient, les dialectes orientaux et ceux des pays du Maghreb.

En outre, on distingue en général les groupements dialectaux suivants :

dialectes arabiques avec des différenciations entre parlers septentrionaux (nomades des confins syro-jordano-irakiens, Chammar ‘Anaza, Nejdis), parlers de la côte orientale (Koweit, Bahrain, Qatar, Dubai, Abu Dhabi etc.), parlers du Hedjaz (La Mecque, Méddone, Djedda), parlers du Sud-Ouest (Yémen Aden, Hadramaout), parlers de l’Oman et de Zanzibar;

dialectes mésopotamiens avec les parlers du haut Irak et d’Anatolie et les parlers du bas Irak, proches des dialectes de la côte orientale d’Arabie;

dialectes de l’Asie centrale soviétique dans les régions de Boukhara et de Kacha, reliés sans doute aux dialectes mésopotamiens ;

dialectes syro-libano-mésopotamiens;

dialectes égyptiens avec les parlers de haute Égypte, de basse Égypte et des tribus nomades du Nord-Ouest;

dialectes soudanais et tchadiens;

dialectes libyens avec des sous-groupes pour la Tripolitaine, la Cyrénaïque et Fezzan; dialectes tunisiens avec les parlers des villes (Tunis, Kairouan, Sousse, Sfax), du Salie des bédouins du Nord-Est (proches de ceux des bédouins de l’Est algérien), des bédouins du Sud (proches de ceux des nomades de la Tripolitaine);

dialectes algériens avec les parlers des villes orientales (Constantine et autres), centrales (Alger, Blida, Cherchel, Médéa, etc.), occidentales (Tlemcen, Nédroma), parlers de Kabylie septentrionale, des Traras, des nomades telliens, des semi

et sédentarisés du Cons

dialectes marocains avec les parlers citadins de Tanger, ceux des grandes villes centre (Fès, Meknès, Rabat, etc.), les parle

dialecte de Mauritanie

le maltais, proche des dialectes tunisiens. (Au

également en Espagne et en Sicile.)

Ces dialectes sont répartis dans des zones géographiques comme le montre la carte

suivante :

avec les parlers des villes orientales (Constantine et autres), centrales (Alger, Blida, Cherchel, Médéa, etc.), occidentales (Tlemcen, Nédroma), parlers de Kabylie septentrionale, des Traras, des nomades telliens, des semi

et sédentarisés du Constantinois, parlers d’Oranie (sauf Tlemcen et Nédroma);

avec les parlers citadins de Tanger, ceux des grandes villes centre (Fès, Meknès, Rabat, etc.), les parles des Jbala et ceux des bédouins;

Mauritanie (ou hassaniya);

, proche des dialectes tunisiens. (Au Moyen Age, l’arabe avait été parlé en Espagne et en Sicile.) D. COHEN (1996 :710).

Ces dialectes sont répartis dans des zones géographiques comme le montre la carte

Figure 1.8 : Carte du monde arabe

avec les parlers des villes orientales (Constantine et autres), centrales (Alger, Blida, Cherchel, Médéa, etc.), occidentales (Tlemcen, Nédroma), parlers de Kabylie septentrionale, des Traras, des nomades telliens, des semi-nomades

tantinois, parlers d’Oranie (sauf Tlemcen et Nédroma);

avec les parlers citadins de Tanger, ceux des grandes villes centre des Jbala et ceux des bédouins;

Moyen Age, l’arabe avait été parlé

La diversité dialectale rencontrée dans le monde arabe est expliquée principalement par l’existence de deux sortes de facteurs. Le premier est de l’ordre du continuum dialectal : les populations frontalières parlent souvent le même dialecte. Cependant, plus on s’éloigne de la zone frontalière, plus les dialectes parlés diffèrent. Le deuxième facteur est de nature sociale, elle est à l’origine de la séparation entre les dialectes des nomades et ceux des populations sédentaires. Néanmoins, il ne faut pas accorder une valeur absolue à ce double clivage. Ce qu’il faut préciser, c’est la distinction entre le parler des nomades et celui des sédentaires. Pour illustrer cette distinction, M. MALHERBE indique que :

« Les deux principaux groupes de dialectes sont ceux de l’orient (Mashreq) et de l’Afrique du Nord (Maghreb: “Occident”).

Les différences que présentent les dialectes par rapport à l’arabe classique portent sur les conjugaisons verbales, l’utilisation de la négation ma au lieu de la, l’absence de désinences nominales et, plus généralement, sur une limitation du rôle des voyelles, ainsi que des modifications de prononciation de certaines lettres. Par exemple, « je ne sais pas » se dira ma narf en dialectal, et la arifou en classique. La lettre prononcée j (sic) au Maroc devient dj (sic) en Algérie ou g en Egypte. Le son g, qui généralement n’existe pas en arabe, se rencontre ainsi dans des noms égyptiens tels que Neguib ou Gamal Abdel Nasser.

En outre, les différents dialectes ont, bien sûr, des particularités de vocabulaire. Ce qui constitue l’une des causes de l’incroyable richesse du vocabulaire arabe dans son ensemble » M. MALHERBE (1995 : 201).

1.1.2.2. La prononciation des dialectes

Les parlers dialectaux changent beaucoup par certains phonèmes. En Egyptien, le phonème j se prononce comme le phonème ǧ, et le phonème k comme le phonème hamza. Le phonème b est parfois prononcé comme le phonème p et en Egypte encore, le phonème hamza est tantôt éludé, tantôt prononcé comme le phonème k. La voyelle brève kasra se transforme souvent en voyelle fatḥa surtout au Maghreb. Au Liban, la voyelle kasra se transforme en

voyelle longue. La longueur des voyelles peut également varier et certaines voyelles longues peuvent devenir brèves comme le mot qāl, (il a dit) au passé se prononce en Libye ǧāl, tandis

qu’en Egyptien il se prononce’aāl. Certains mots du dialecte Maghrébin se prononcent

différemment du dialecte Machrekin, comme le mot ’akl, (manger) se prononce en Libye

makla, alors qu’en Syrie il se prononce ’ukl. Ce rajout de phonèmes à la racine du mot diffère

d’une région à l’autre. Ceci montre l'importance de connaître les racines, car elles permettent de reconnaître l’origine des mots même lorsqu’ils ont été transformés par un dialecte.