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Chapitre 5 : Discussion

5.4 Forces et limites de l’étude

La principale force de cette étude est son caractère novateur, puisqu’elle constitue, à notre connaissance, la première étude à l’échelle mondiale qui a exploré la faisabilité de l’approche du patient-observateur de l’HDM dans un contexte de soins aigus de courte durée. En effet, aucune donnée antérieure issue de la littérature n’était disponible à ce jour afin connaître la faisabilité d’impliquer des patients hospitalisés à titre d’auditeurs prospectifs de l’HDM des soignants au moment 1 (acceptation, compétence et réalisation du comportement d’audit). Elle serait aussi la toute première étude qui a systématiquement exploré le vécu de l’expérience des patients-auditeurs et étudié les variables psychosociales déterminantes de la réalisation des audits par les patients. La valeur des résultats obtenus relativement au vécu des patients et aux déterminants du comportement d’audit est augmentée grâce à l’utilisation de questionnaires spécifiquement développés pour l’étude et dont les qualités psychométriques de fidélité et de validité ont été prouvées, ainsi que par l’utilisation d’un modèle théorique de prédiction des comportements reconnu, le Modèle intégrateur de Godin[164]. De plus, elle serait la première étude à avoir préalablement formé les patients à auditer l’HDM au moment 1 et vérifié leur compétence d’auditeur en utilisant des méthodes s’inspirant des celles reconnues dans la littérature. Ceci, conjointement au fait que les patients aient réalisé les observations d’HDM de façon prospective (diminue le biais de rappel) et utilisé un outil de mesure (fiches d’observations) qui avait préalablement été soumis à la validité d’apparence et prétesté, contribue à augmenter la qualité des données d’observation de l’HDM collectées par les patients. Par ailleurs, cette étude serait la première à calculer le taux d’observance de l’HDM des soignants au moment 1, tel qu’audité par des patients, puisque les fiches d’observations de l’HDM ont été conçues afin que le calcul du dénominateur (nombre d’opportunités d’HDM au moment 1 observées) soit possible. Une autre force de cette étude est d’avoir développé deux nouveaux outils de mesure (questionnaires) permettant d’explorer les variables psychosociales déterminantes du comportement d’audit de l’HDM des soignants par les patients et d’explorer le vécu de l’expérience des patients-auditeurs. Ces outils de mesure ont été conçus selon les recommandations de la littérature et leurs qualités psychométriques de fidélité et de validité ont été vérifiées avant leur utilisation. Devant l’absence d’outils de mesures existants pour mesurer ces éléments auprès de notre population cible, il était pertinent de réaliser les différentes étapes de développement de ces questionnaires et de vérification de leurs qualités psychométriques avant leur utilisation dans le cadre de cette étude pilote. De plus, cette étude se démarque par le fait qu’elle ait mesuré à la fois l’intention des patients de réaliser l’audit de l’HDM des soignants (intention comportementale) et à la fois la réalisation du comportement d’audit. Le fait que notre étude ait mesuré l’intention comportementale et le comportement permet d’obtenir davantage d’informations quant aux motifs d’adoption du comportement d’audits de l’HDM des soignants par les patients hospitalisés et permettra de guider le développement d’interventions futures visant la réalisation du comportement d’audit par les patients. Enfin, le fait d’avoir préconisé une approche qualitative et quantitative

pour répondre aux différents objectifs de l’étude constitue une autre force de l’étude, car ceci augmente la pertinence des résultats obtenus.

Cette étude comprend également ses faiblesses et ses limites. Puisqu’un petit échantillon a été utilisé dans le cadre de cette étude pilote, il est possible que les résultats obtenus ne soient pas généralisables à d’autres populations et contextes de soins. Le mode d’échantillonnage non probabiliste par convenance, qui consistait à recruter les patients selon leur disponibilité (et qui répondaient à des critères d’inclusion précis), peut aussi limiter la généralisation des résultats. De plus, puisque l’échantillon était composé de patients ayant choisi de participer, il est possible que ces patients présentent certaines caractéristiques qui les rendaient atypiques par rapport à la population cible (p. ex., degré de motivation plus élevé, meilleure perception de l’approche du patient-observateur). Afin de limiter ce biais, les raisons de refus de participer ont été collectées chez les patients ayant refusé de participer à l’étude. Selon les résultats obtenus, ce biais semble peu élevé, mais tout de même possible. Les biais habituellement associés à l’observation directe de l’HDM des soignants (qui peuvent compromette l’exactitude des résultats d’HDM obtenus) ont pu survenir. Il s’agit du biais d’observation, du biais de l’observateur et du biais de sélection[3]. Pour limiter le biais d’observation (i.e. le soignant audité modifie sa pratique d’HDM car il se sait observé[3]) nous avons informé les soignants de l’unité de chirurgie bariatrique de la présence de patients-observateurs l’HDM à leur unité de soins, mais ils ne connaissaient pas lesquels. L’ampleur de ce biais est difficilement mesurable. Cependant, il est possible que ce biais ait été peu fréquent dans notre étude, puisque la grande majorité des patients-observateurs (72 %) ont rapporté avoir eu l’impression de ne pas avoir été « découverts » par leur soignant. Pour limiter le biais de l’observateur (i.e. lorsque plusieurs observateurs de l’HDM différents interprètent les observations différemment pour une même situation donnée[3]), les patients-auditeurs ont été systématiquement formés et leurs compétences ont été vérifiées avant d’entreprendre l’audit. Pour limiter le biais de sélection (i.e. lorsque les observateurs sélectionnent systématiquement certaines périodes de temps, situations de soins, soignants spécifiques, etc. pour réaliser leurs observations, ce qui ne reflète pas l’ensemble de la pratique de l’HDM des soignants [3]), les patients ont été informés en cours de formation de réaliser des observations aléatoirement, selon leur disponibilité, au cours de la période d’audit. Cependant, notons qu’ils ont nécessairement sur-échantillonné leurs infirmières attitrées au cours de l’audit. Pour diminuer le biais de rappel possible lorsque les patients ont réalisé l’audit, il était demandé aux patients de noter leurs observations dans leur cahier immédiatement après que le soignant ait quitté leur chambre. Par contre, nous avons considéré la possibilité que certains patients aient décidé de remplir une fiche d’observation uniquement lorsque l’HDM avait été bien réalisée par leur soignant. En effet, même si les observations étaient confidentielles et anonymes, il est possible que certains patients, pour ne pas nuire à leur soignant, n’aient systématiquement pas noté les mauvaises pratiques. Les données collectées ne nous

ne soient pas généralisables à d’autres populations de patients hospitalisés, dans d’autres milieux culturels, dans des milieux où la culture de PCI est différente et dans d’autres milieux et contextes de soins.