Les résultats soulevés jusqu’à maintenant témoignent de la dépendance à l’automobile des membres de la première cohorte du baby-boom et de la grande dispersion des lieux fréquentés pour leurs activités de loisirs. Mais que feront-ils avec l’avancée en âge et l’inévitable perte du permis de conduire? C’est dans une perspective plus prospective que cette dernière section tente de répondre aux questions suivantes : les baby- boomers arrivés ou arrivant à l’âge de la retraite prévoient-ils déménager pour se rapprocher des services et des lieux de loisirs? Quelles alternatives envisagent-ils dans l’éventualité de la perte du permis de conduire? Dans une optique de vieillissement actif et d’acquisition de saines habitudes de vie, quelles actions ou améliorations favoriseraient leur recours plus fréquent à la marche et au transport collectif?
4.2.1 Déménager ou non ?
De manière générale, les baby-boomers de l’échantillon rapportent être très satisfaits de leur domicile actuel (seulement 8 individus sur 253 ont répondu être peu ou pas du tout satisfaits). Près des trois quarts (72%) ne désirent pas déménager dans les 10 prochaines années, tant les propriétaires (74%) que les locataires (67%). Ce sont 16 % qui anticipaient le faire dans les 5 prochaines années, 7% d’ici 10 ans et 5% qui ne le savaient pas. Les principales raisons pour déménager étaient un domicile trop grand ou le départ à la retraite, suivi d’un domicile qui demande trop d’entretien, du manque de verdure, ou du désir d’un meilleur logement ou de voisinage (Figure 16). De manière surprenante, la proximité du centre et des services ne semble pas être une raison importante pour déménager puisqu’elle n’a été évoquée que trois fois.
Mode de transport utilisé χ2 p < de CramerV
Casaniers périlocalistes (n=100) Actifs périlocalistes (n=238) Casaniers & actifs pérégrinateurs (n=100) TOTAL sur 438 Automobile 16,97 0,000 0,197 63 129 78 214
% de déplacements réalisés en automible selon le type 63,0% 54,0% 78,0% 48,9%
Autobus 14,73 0,00 0,183 12 44 3 59
% de déplacements réalisés en autobus selon le type 12,0% 18,5% 3,0% 13,5%
À pied 7,94 0,05 0,137 20 61 12 93
% de déplacements réalisés à pied selon le type 47,4% 45,2% 78,2% 21,2%
Distance parcourue
Moins de 2 km 11, 254 0,00 0,16 22 63 10 95
% de déplacements de moins de 2 km selon le type 22, 0% 26,5% 10,0% 21,7%
Entre 2 et 10 km 36,2 0,00 0,287 64 128 24 216
% de déplacements de 2 à 10 km selon le type 64,0% 53,8% 24,0% 49,3%
De plus de 10 km 87,8 0,000 0,448 13 41 63 117
% de déplacements de plus de 10 km selon le type 13,0% 17,2% 63,0% 26,7%
Motif de déplacement
Magasinage 1,45 0,05 0,116 34 68 19 121
% de déplacements à des fins de magasinage 34,0% 54,0% 19,0% 27,6%
Visite chez des amis ou de la famille 6,81 0,03 0,125 11 41 25 77
Les 38% de baby-boomers qui souhaitent déménager aspirent en majorité à devenir ou demeurer propriétaire d’une maison, d’un chalet ou un condo (n=35), comparativement à être locataire d’un appartement (n=15). Le logement souhaité par près de la moitié d’entre eux (21/47) demeure une résidence de faible densité (maison unifamiliale détachée, jumelée ou en rangée), pour les autres, une résidence de moyenne densité à forte densité, dans un immeuble à logements de 2 à 6 étages (18/47). Seulement huit baby-boomers choisiraient un logement dans un immeuble de plus de 6 étages. Au niveau du type de voisinage jugé désirable, 19 répondants sur 52 rechercheraient des quartiers composés de maisons unifamiliales, soit uniquement détachées (12/19) ou un mélange de détachées, jumelées et en rangées (7/19). Cela dit, on observe une ouverture de la majorité pour des quartiers affichant des types variés de maisons et d’immeubles de moins de quatre étages et d’immeubles de cinq étages et plus (21/52), ou de quartiers où l’on retrouve aussi des maisons unifamiliales, jumelées et en rangée, mais des immeubles à logements de moins de quatre étages (12/52).
Figure 16 : Deux principales raisons pour lesquelles les baby-boomers de 56 à 64 ans de l’enquête Demain Québec
souhaitent déménager (n= 93 pour 53 répondants)
Enfin, plus de la moitié des baby-boomers qui désirent déménager souhaitent habiter dans la ville de Québec (31/48). Parmi ces derniers, le secteur le plus recherché est sans contredit la Cité-Limoilou (mentionné 22 fois), suivi de Sainte- Foy, Sillery et Cap-Rouge (mentionné 9). Par ailleurs, parmi les individus souhaitant habiter dans les arrondissements de la ville de Québec, 28 sur 31 en sont déjà résidants. Plus précisément, 14 habitent la Cité-Limoilou et désirent y demeurer, tandis que ce sont 5 répondants résidant dans le secteur
Pas de cour privée Problème de santé Devenir propriétaire Devenir locataire Domicile pas assez grand Nouvelle situation familiale Nouvel emploi Domicile trop loin du centre Domicile trop loin des services Domicile trop cher Désir d'un meilleur logement Désir d'un meilleur voisinage Autre Pas assez de verdure/nature Domicile demande trop d'entretien Départ à la retraite Domicile trop grand
de Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge qui souhaitent y demeurer. Un plus petit nombre de répondants souhaite aussi s’établir (ou demeurer) à Lévis (6/48), dans les municipalités de la Jacques-Cartier ou de l’île d’Orléans, en Beauce, à Charlevoix ou Portneuf, dans une autre région du Québec ou dans une autre province (11/48).
4.2.2 La vie après la perte du permis de conduire
Une question dans l’enquête portait sur les alternatives envisagées en cas de perte du permis de conduire de façon définitive ou pour une période prolongée. Les répondants pouvaient choisir jusqu’à trois alternatives. Au sein de l’échantillon, 206 baby-boomers sur 253 ont répondu à cette question, pour un total de 609 observations. La figure 17 démontre qu’avoir recours à l’autobus est l’alternative la plus envisagée par les répondants. Les autres scénarios les plus considérés sont la marche (18%), le recours aux services de
taxis (12%), ainsi que l’utilisation du vélo (10%). Parmi les autres scénarios les moins envisagés par les
répondants sont le covoiturage ou se faire conduire (8%), l’option de déménager (6%), travailler davantage à distance (6%), utiliser les services de livraison à domicile (5%) et dans un très faible pourcentage, changer d’emploi (1%). Aussi, c’est une faible minorité qui semble indifférente à la perte du permis de conduire, seulement 6% ayant répondu que de toute façon, «ils utilisent peu la voiture».
Figure 17 : Alternatives de transport envisagées par les baby-boomers de l’enquête demain Québec en cas de perte du permis de conduire (609 choix par 206 individus)
Une autre question de l’enquête visait à explorer des avenues qui inciteraient les répondants à diminuer leur utilisation quotidienne de l’automobile. À la figure 18, on constate que les cinq conditions les plus valorisées sont associées à l’efficacité du transport collectif. En effet, la possibilité de réaliser un déplacement porte-à- porte en moins de 30 minutes, ainsi que l’amélioration du réseau en termes de fréquence et de desserte dans mon secteur sont considérées «tout à fait» importantes par plus de la moitié des répondants, suivi à 40% pour l’augmentation de la vitesse de transport, le respect des horaires et l’établissement de voies réservées pour les autobus sur les artères et les voies les plus congestionnées. Constat intéressant, deux tiers des répondants ont soulevé qu’avoir moins de contraintes de temps ou encore, que la détérioration de leur
santé ou de celle de leur conjoint/e seraient des facteurs qui les inciteraient «assez» ou «tout à fait» à
diminuer l’utilisation de la voiture.
Figure 18 : Avenues qui inciteraient les baby-boomers de l’enquête demain Québec à diminuer leur utilisation de l’automobile, (n= 206)
Similairement, deux autres questions visaient à recueillir les trois principaux facteurs qui nécessiteraient d’être améliorés pour inciter les baby-boomers à prendre l’autobus ou à l’utiliser davantage, de même qu’à marcher ou marcher plus.
Les deux éléments les plus souvent mentionnés comme incitatifs à prendre l’autobus (figure 19) rejoignent ceux soulevés précédemment, soit la fréquence de passage des parcours utilisés (19%) et la rapidité du service (18%). Le troisième facteur le plus mentionné touche la desserte entre le domicile et les lieux qu’ils fréquentent (14%). Enfin, le quatrième facteur mentionné par 10% est lié à l’accessibilité de l’arrêt d’autobus à pied. Enfin, au niveau des incitatifs à la marche (figure 20), le facteur le plus souvent mentionné fait allusion au climat rigoureux de Québec en hiver avec les accumulations abondantes de neige qui caractérise cette ville sur plusieurs mois, soit le déneigement des trottoirs (20%), suivi de la distance de marche raisonnable à des services (12%), ainsi que la présence de trottoirs (11%).
Figure 19 : Principaux facteurs à améliorer et qui inciteraient les baby-boomers à prendre l’autobus ou à l’utiliser davantage (765 réponses, jusqu’à trois réponses possibles, par 253 répondants)
Facteurs incitatifs à l'utilisation de l'autobus N %
Fréquence de passage des parcours que vous ou
votre famille utilisez 145 18,954
Rapidité des déplacements sur les parcours que
vous ou votre famille utilisez 140 18,301
Desserte entre votre domicile et les lieux que vous
ou votre famille fréquentez 107 13,987
Accessibilité de l'arrêt de bus à pied 78 10,196
Prix des billets et des abonnements 59 7,7124
Respect des horaires des parcours que vous
ou votre famille utilisez 42 5,4902
Places assises dans les bus 41 5,3595
Avoir la durée d'attente affichée aux arrêts de bus 40 5,2288
Déneigement des arrêts et des abribus que vous
ou votre famille utilisez 8 1,0458
Confort et propreté des autobus 24 3,1373
Chauffage des abribus que vous ou votre famille utilisez 20 2,6144
Information sur les horaires aux arrêts 16 2,0915
Avoir les informations sur le réseau de transport sur un
appareil mobile (ex. votre téléphone portable) 12 1,5686
Espace disponible dans les autobus 11 1,4379
Propreté des abribus que vous ou votre famille utilisez 9 1,1765
Localisation des lieux d'achat de billets 7 0,915
Sécurité des abribus que vous ou votre famille utilisez 6 0,7843
Figure 20 : Principaux facteurs à améliorer et qui inciteraient les baby-boomers à marcher ou marcher davantage (697 réponses, jusqu’à trois réponses possibles, pour 253 répondants)