3.4 Discussion 75
4.1.3 Facteurs d’influence de la configuration des espaces d’activités de loisirs 89
Afin de vérifier les variables influençant l’appartenance à un type d’espaces d’activités de loisirs ou un autre, nous les avons croisés avec les mêmes facteurs testés dans les modèles de régression de la section précédente soit les caractéristiques personnelles, les valeurs et styles de vie, le potentiel de mobilité et les caractéristiques du milieu bâti du secteur de résidence. À des fins d’analyse, les baby-boomers appartenant aux deux types d’espaces d’activités de loisirs les plus étalées ont été regroupés en raison du nombre réduit de cas pour chacun d’eux. Les principaux résultats significatifs sont présentés au tableau 22112.
Tableau 22 : Relation entre les types d’espaces d’activités des 144 baby-boomers de l’échantillon et les facteurs susceptibles d’influencer leur configuration
Le genre est associé de manière significative à l’appartenance à un type plutôt qu’un autre. En effet, ce sont 78% des baby-boomers appartenant au type des actifs périlocalistes qui sont des femmes, comparativement à 47% et 45% pour les deux autres types. La structure du ménage a aussi une influence : les baby-boomers vivant au sein d’un ménage de deux personnes ou plus sont plus susceptibles d’appartenir au type 1 ou aux types 3&4 (à 70% et 81% respectivement) (χ2=11,74; p < 0,00; V de Cramer = 0,286), comparativement aux
112Les tableaux des relations non significatives vous sont présentés en annexe 8.
Caractéristiques personnelles χ2 p < de CramerV
Casaniers périlocalistes (n=57) Actifs périlocalistes (n=55) Casaniers & actifs pérégrinateurs (n=32) TOTAL sur 144 Femme 13, 98 0,00 0,313 27 43 14 84
% de femmes selon le type 47,4% 78,2% 45,2% 58,7%
Vivre seul 11,74 0,00 0,286 17 29 6 52
% de personnes seules selon le type 29,8% 52,7% 18,8% 36,1%
Propriétaire 14,74 0,00 0,32 41 35 32 108
% de propriétaires selon le type 71,9% 63,6% 100,0% 75,0%
Maison 22,837 0,000 0,398 34 23 30 87
% d'individus en maison selon le type 59,6% 41,8% 93,8% 60,4%
À la retraite 5,66 0,059 0,198 14 25 13 52
% d'individus à la retraite selon le type 24,6% 45,5% 40,6% 36,1%
Avoir un diplôme universitaire 5,7 0,058 0,199 31 41 23 95
% d'individus avec un diplôme universitaire 54,4% 74,5% 71,9% 66,0%
Potentiel de mobilité
Voiture dans le ménage 9,14 0,05 0,252 41 39 31 111
% d'individus avec une voiture selon le type 71,9% 70,9% 96,9% 77,1%
Proximité des transports en commun 0,828 0,00 0,274 44 48 18 110
% d'individus satisfaits des TC selon le type 77,2% 87,3% 56,3% 76,4%
Milieu bâti
Avant 1946 12, 216 0,00 0,291 9 21 3 33
% d'individus habitant des secteurs
construits avant 1946 selon le type 15,8% 38,2% 9,4% 22,9%
Quartier très marchable 7,513 0,023 0,235 24 28 6 58
% d'individus habitant des quartiers à fort
personnes vivant seules, plus nombreuses dans le groupe des activités de loisirs variées et concentrées
(53%). Si on observe des pourcentages légèrement plus importants de baby-boomers ayant un diplôme universitaire au sein des actifs périlocalistes (75%) et pérégrinateurs (72%), la relation n’est toutefois pas significative. À l’inverse, ces derniers regroupent des pourcentages légèrement plus importants d’individus toujours en emploi (75%), comparativement aux deux autres types. Toutefois, la relation est encore une fois peu significative.113
Le type de logement et son mode d’occupation sont aussi significativement associés à l’appartenance à un type ou l’autre d’espaces d’activités. En effet les baby-boomers pérégrinateurs sont tous propriétaires, et d’une maison unifamiliale pour la quasi-totalité d’entre eux. Les baby-boomers casaniers périlocalistes sont aussi aux trois quarts des propriétaires et 60% habitent une maison unifamiliale. Ce sont les individus actifs et périlocalistes qui affichent le taux le moins élevé de propriétaires (64%), avec une majorité (58%) n’habitant pas en maison unifamiliale114. Quant à l’année d’édification du voisinage, une plus grande proportion d’individus affichant les espaces d’activités les moins et les plus étalées (84% et 91% respectivement) habitent des secteurs construits après 1946, comparativement au groupe intermédiaire (actifs périlocalistes; 62%). Enfin, 79 % des individus appartenant au groupe ayant les plus grands espaces d’action habitent dans des secteurs à faible potentiel piétonnier, alors qu’un répondant sur deux appartenant à un type d’espace d’action moins étendu habite des quartiers avec un bon indice de marchabilité (casaniers, 46%; actifs, 51%).
Est-ce que l’appartenance à un type d’espace d’activités ou un autre est associée à des facteurs directement liés à la capacité des baby-boomers de se déplacer et aux caractéristiques de leur mobilité? En lien avec le
potentiel de mobilité des baby-boomers retenus pour cette analyse, c’est sans surprise que la majorité
d’individus (97%) appartenant aux types d’espaces d’activités de loisirs les plus étalés sur le territoire possède au moins une automobile au sein de leur ménage, et ce, dans une plus grande proportion que les deux types de périlocalistes au sein desquels on retrouve par ailleurs, le plus d’individus satisfaits de la proximité
transports en commun par rapport à leur domicile (77% et 87% respectivement).115
113Avoir 60 ans et plus, des enfants au sein du ménage ou des problèmes de santé ont également été successivement
testés, mais les relations n’étaient pas statistiquement significatives. Similairement, les indicateurs de valeurs et de styles de vie en ont été testés, mais aucune relation significative n’a été identifiée.
114 18/58 habitent dans des immeubles à logements de 3 étages ou moins, 11/58 habitent dans un immeuble à logements
de 4 étages ou plus et 2 sont dans des immeubles de type condos.
115En revanche, la satisfaction envers les aménagements pour la marche et le vélo n’est pas statistiquement associée
Examinons maintenant les espaces d’action des répondants en fonction des modes de transport utilisés et des distances parcourues pour se rendre à leurs activités au tableau 23 116 (n=440). Au niveau des modes de
transports utilisés, les espaces d’action les plus et les moins étalées sont caractérisées par des
déplacements réalisés en automobile comme conducteur ou passager (pérégrinateurs, 78%; casaniers périlocalistes, 63%). Ce sont chez les individus actifs et périlocalistes où s’observent le plus de déplacements en autobus ou à pied, soit respectivement 19% et 26%. Quant à la distance parcourue, ce sont également ces derniers qui réalisent le plus de déplacements à deux kilomètres ou moins du domicile (27%) avec une relation toutefois de faible intensité. Près de deux tiers des déplacements chez les casaniers périlocalistes (64%) et plus de la moitié de ceux chez les actifs périlocalistes (54%) ont une distance de deux à dix kilomètres. Sans surprise, les plus grandes distances sont parcourues par les individus pérégrinateurs avec près de deux tiers des activités (63%) qui requièrent un déplacement de plus 10 km. Ces grandes distances s’expliquent entre autres par le type d’activité poursuivie, le quart des déplacements réalisés par ces derniers sont faits à des fins de visites chez des amis ou de la famille. Inversement, 11% des déplacements effectués par les individus casaniers et périlocalistes sont pour ce motif, ce groupe est plutôt associé aux activités de magasinage, mais la relation est très faible.
À la lumière de ces analyses, la configuration des espaces d’activités semble plus influencée par les facteurs associés au domicile, au secteur de résidence et au potentiel de mobilité des individus que par le type d’activité réalisé ou par les valeurs et le style de vie associés aux loisirs et à la mobilité. Bien que les activités sociales soient associées à de plus grandes distances parcourues, la grande dispersion des fonctions urbaines dans la ville et la localisation du domicile des baby-boomers en majorité en banlieue et dans le périurbain, amènent ces derniers à se déplacer hors du quartier pour réaliser leurs activités, peu importe si celles-ci sont à des fins d’activités physiques, culturelles ou de magasinage.
Tableau 23 : Relation entre les types d’espaces d’activités des 144 baby-boomers et les caractéristiques de leurs déplacements susceptibles d’influencer leur configuration (n=438 déplacements)