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CHAPITRE 1 : LE STATUT DES FEMMES TÉMOINS DE JÉHOVAH AU COURS DE

5. LES FEMMES TÉMOINS DE JÉHOVAH SOUS LE RÉGIME NAZI

Nous aimerions souligner ce point important dans l’histoire des Témoins de Jéhovah. Ces derniers mentionnent dans leur ouvrage, Les Témoins de Jéhovah. Prédicateurs du Royaume de

Dieu, certains cas où des familles jéhovistes sont « resté[e]s fidèles Témoins de Jéhovah »100

malgré la persécution qui régnait en Allemagne nazie contre les Témoins de Jéhovah, entre autres. On fait référence à des femmes jéhovistes qui auraient défié les normes en vigueur. Nous pouvons lire en effet, des femmes continuaient à reproduire ou distribuer des écrits bibliques en Allemagne et en Autriche101. Les rédacteurs annoncent que des femmes ayant été arrêtées sont

restées fidèles et zélées dans leur foi, dont une jusqu’à l’âge de 90 ans [au moment de la rédaction de l’ouvrage] sert encore les Témoins de Jéhovah.

Guy Canonici102 a écrit un imposant ouvrage sur les Témoins sous le régime nazi d’Adolphe

Hitler. Il relate, entre autres, le sort des femmes Témoins de Jéhovah ou Étudiantes de la Bible103.

Les coreligionnaires jéhovistes connaissent un sort semblable aux Juifs d’Europe à cette époque. Ils sont environ vingt milles en Allemagne lorsqu’Hitler prend le pouvoir en 1933 et dès ce moment, les Témoins sont progressivement interdits pour « délit d’opinion »104. Le régime nazi

arrête les Témoins de Jéhovah pour avoir tenu des réunions illégales. Avec le temps, les condamnations sont de plus en plus sévères. Le simple fait de dénoncer un acte d’injustice peut suffire à être placé dans un camp de concentration. C’est le cas de la sœur de Karl Kirsch qui déclara à la Gestapo ne pas croire au suicide de son frère, ce dernier ayant été retrouvé le crâne fendu105. En 1943, un couple et leurs filles sont envoyés dans des camps de concentration pour

avoir refusé de se soumettre au parti. La famille sera libérée le 5 mai 1945106. Gertrud Poetzinger

est arrêtée le 3 septembre 1937 pour avoir introduit clandestinement des tracts : « [a]près des mois d’une très dure détention préventive, le tribunal spécial de Berlin la condamne à trois ans et

100 WBTS. Les Témoins de Jéhovah […], p. 449. 101 Ibid., p. 450.

102 Guy CANONICI. Les Témoins de Jéhovah face à Hitler, Paris, Albin Michel, 1998, 469 p.

103 À ce moment-là, en Europe ont les appelaient souvent encore les Étudiants de la Bible, les Bibelforscher. 104 Guy CANONICI. Les Témoins de Jéhovah […], p. 64.

105 Ibid., p. 155. 106 Ibid., p. 104.

demi de détention cellulaire […] [mais dans les faits] elle ira à Revensbrück107 […] elle ne sera

libérée qu’en 1945 »108.

Le parti nazi n’épargne pas les Témoins de Jéhovah de la mise à mort. Le premier décès d’une Témoin de Jéhovah est rapporté pour l’année 1937. Il s’agit de l’épouse d’Émile Wilde (son nom n’est pas précisé dans l’ouvrage). Après leur arrestation par la Gestapo, ils sont mis en cellule le 15 septembre 1937. Mme Wilde meurt au court de son incarcération. Selon le témoignage de son mari, elle aurait été battue à mort par la Gestapo109. Emmy Zehden est reconnue coupable, en

1943, « d’avoir démoralisé les forces armées et trahi le pays en favorisant l’ennemi parce que dans les années 1940 à 1942, elle a offert le gîte et le couvert à trois recrues […] et les a cachées, ce qui les a soustraites au service militaire, elle est condamnée à mort et à la dégradation civique pour toujours »110 ; elle est condamnée à être guillotinée. En 1940, Maria Hombach fait partie de

« l’organisation clandestine [des Témoins de Jéhovah] où son rôle en qualité de secrétaire de Ludwig Cyranek111 consiste à écrire des lettres et à inclure entre les lignes des messages avec un

liquide incolore […] des rapports sur ce qui se passait en Allemagne »112. Elle est accusée de

haute trahison et passible de la peine capitale, mais sur l’intervention d’un responsable de la Gestapo qui, paraît-il, l’estimait, sa condamnation fut réduite à purger une peine d’emprisonnement de trois ans et demi113. À partir de 1934, les femmes Témoins de Jéhovah qui

sont mariées à un fonctionnaire doivent renoncer à leur foi114. De plus, « [d]ans l’Allemagne

nazie au moins huit cent soixante enfants furent retirés à leurs parents témoins de Jéhovah. »115

Dans les meilleurs cas, ils étaient confiés à des familles nazies ou placés dans des centres de redressement116. Au camp de Ravensbrück, les femmes devaient faire des travaux parfois

pénibles. Marthe de Jonge raconte qu’elle a

107 Il s’agit d’un camp de concentration réservé aux femmes. 108 Guy CANONICI. Les Témoins de Jéhovah […], p. 140. 109 Ibid., p. 89.

110 Ibid., p. 161.

111 Reconnu par les Témoins de Jéhovah comme un membres actifs pour la duplication et la distribution des

imprimés jéhovistes lors de la Seconde Guerre mondiale, ceux-ci, rappelons-le, étaient interdits sous le régime d’Hitler.

112 Guy CANONICI. Les Témoins de Jéhovah […], p. 164. 113 Ibid., p. 164.

114 Ibid., p. 171. 115 Ibid., p. 172. 116 Ibid., p. 172.

ramassé du fumier, déterré des pommes de terre, nettoyé des porcheries et nettoyé des canaux pour la construction […]. Gertrud Poetzinger parle de péniches de charbon qu’il fallait décharger. Les corbeilles de charbon, portées à deux, étaient vidées dans les caves des maisons des SS. Elle ajoute qu’il fallait marcher d’un pas régulier et ne jamais s’arrêter, car [elles – les femmes] risquai[ent] une grave punition.117

Une détenue de Ravensbrück mentionne qu’elle est heureuse de pouvoir rendre un témoignage au sujet des femmes Témoins de Jéhovah qu’elle trouvait courageuses118. Sur les deux cent

cinquante femmes Témoins de Jéhovah à Auschwitz, quatre-vingt-dix-sept survécurent119.

6. LES TÉMOINS DE JÉHOVAH AU CANADA ET AU QUÉBEC