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CHAPITRE 4 : DEVOIRS, DROITS, RÔLES, OBLIGATIONS ET FONCTIONS DE LA

1. LA FEMME COMME MINISTRE ET PRÉDICATRICE

1.2. La femme comme enseignante biblique

Comme nous venons de le voir, la prédication est une activité religieuse importante au sein du mouvement, tout comme les études bibliques à domicile. Dans ce cas, les Témoins de Jéhovah se rendent au domicile d’une personne qui s’est montrée intéressée par les enseignements jéhovistes. Cet intérêt arrive souvent après la première visite d’une ou d’un Témoin de Jéhovah dans le cadre d’une activité de prédication. Lors des études bibliques à domicile, la personne désignée fera l’enseignement de la Bible à l’aide de certaines publications jéhovistes27. Le cours est d’une

durée d’une heure28. Ainsi, les femmes donnent des cours d’études bibliques à domicile.

Toutefois, les dirigeants jéhovistes mentionnent qu’une femme doit se couvrir la tête dans certaines circonstances lorsqu’elle dirige une étude biblique. Ils citent un passage biblique pour justifier cette directive, soit (1 Corinthiens 11, 5, 6, 10)29. Voyons exactement ce que les

dirigeants mentionnent sur les femmes et leur tenue lorsqu’elles font des études à domicile. Si une sœur est accompagnée d’un frère lorsqu’elle dirige une étude bien établie, elle se couvrira la tête. En agissant de la sorte, elle montre son respect pour le principe de l’autorité établi par Jéhovah dans la congrégation, car elle assume alors une responsabilité qui incombe normalement à un frère (1 Cor. 11:5, 6, 10). Ou bien elle pourra proposer au frère de diriger l’étude s’il est qualifié pour cela et en mesure de le faire. Si maintenant elle est accompagnée d’un proclamateur non baptisé, et qui n’est pas son mari, il n’y a aucune raison biblique qui l’oblige à se couvrir la tête. Cependant, la conscience de certaines sœurs peut les inciter à se couvrir la tête même dans de telles circonstances.30

Les femmes donnant des cours d’études bibliques doivent se couvrir la tête si elles sont accompagnées d’un frère ou elles laissent au frère le soin de faire l’étude. Selon les Témoins de Jéhovah, seuls les hommes ont normalement la responsabilité d’enseigner. Ils se réfèrent ici au passage suivant : « Que la femme apprenne en silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ou de dominer sur l’homme, mais qu’elle soit dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite. » (1 Timothée 2, 11-13)31. Nous reviendrons plus en détail sur

26 Il y a cinq références à cette sous-catégorie dans La Tour de Garde et neuf dans La Tour de Garde (édition d’étude).

27 La revue La Tour de Garde ou le livre Qu’enseigne réellement la Bible ? peuvent être utilisés. 28 Philippe BARBEY. Les Témoins de Jéhovah […], 2008, p. 104.

29 « Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête découverte fait honte à son chef, car c’est exactement comme si

elle était une femme à la tête rasée. Car si une femme ne se couvre pas, qu’elle se tonde aussi ; mais s’il est honteux pour une femme d’être tondue ou rasée, qu’elle soit couverte. […] Voilà pourquoi la femme doit avoir un signe d’autorité sur la tête, à cause des anges. » WBTS. Les Saintes Écritures […], p. 1421-1422.

30 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 136, no 4, février 2015, p. 30. 31 WBTS, Les Saintes Écritures […], p. 1473.

ce passage biblique dans une autre représentation sociale, mais notons le dernier passage qui justifie la place de la femme, soit qu’Ève est, selon les dirigeants, en second plan. Selon certaines interprétations religieuses, dont celle des dirigeants jéhovistes, le fait que la femme serait venue en deuxième, cela aurait une conséquence directe sur la place des femmes chrétiennes. Pour les Témoins de Jéhovah, les femmes seraient hiérarchiquement inférieures aux hommes et auraient des fonctions qui leur seraient interdites selon cet ordre32.

Après notre analyse de contenu, nous remarquons qu’il y a dix images, illustrations ou discours mettant en scène des femmes faisant cette activité. Dans La Tour de Garde, nous avons observé que les femmes enseignent uniquement à d’autres femmes. Nous pouvons voir un exemple à la figure 1433. Toutefois, les femmes donnent des cours bibliques à des hommes (voir figure 15)34

tout comme à des femmes35, celles-ci peuvent être accompagnées de leurs enfants36. Une image

32 Notons que ce passage biblique fut et fait encore l’objet de nombreuses lectures de la part de la communauté

scientifique. Paul souligne dans son épître que les femmes doivent se couvrir la tête. Toutefois, pour certain(e)s spécialistes bibliques, ce passage n’a pas de référents religieux. La Bible hébraïque n’en fait pas référence. Parmi les lectures de ce passage, Paul aurait pu instaurer cette pratique par sa culture romaine. En effet, à cette époque, à Rome entre autres, en signe de dévotion, des femmes et des hommes se couvraient la tête pendant la prière et le sacrifice. Rosine LAMBIN. « Paul et le voile des femmes », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, vol. 2, 1995, [En ligne], http://clio.revues.org/488, (page consultée le 18 juillet 2016), p. 3. De plus, selon une autre interprétation scientifique des auteurs nous présentent une autre lecture de ce passage : « [d]ans le monde grec d’alors, les convenances voulaient que l’homme aille la tête découverte et les cheveux courts, alors que la femme, qui laissait pousser sa chevelure, portait un voile. Or à Corinthe, dans les assemblées chrétiennes, des femmes se permettaient de prier ou de prophétiser la tête découverte. Par rapport aux coutumes du temps, c’était un abus. Paul a le souci de la dignité et du bon ordre des réunions de prière, comme il a celui de la dignité et du respect de ses sœurs dans la foi. Il veut éviter que les assemblées liturgiques ressemblent aux réunions païennes et entend en démarquer le culte chrétien. » Maurice CARREZ, Paul DESURGY, Les Épitres de Paul […], 1996, p. 76-77. Une troisième interprétation rapporte que Paul soutient une coutume juive de son temps. En effet, à l’époque les femmes célibataires et les vierges ne devaient pas se couvrir la tête d’un voile contrairement aux femmes mariées, c’est ce qui les différenciait. Ainsi, dans ce passage, Paul s’adresserait aux femmes mariées, aux hommes mariés. Les femmes mariées ne devaient en aucun cas sortir de la maison la tête dévoilée. Ainsi, ce passage pourrait signifier que les femmes mariées ne pouvaient prophétiser ou prier à l’extérieur de la maison la tête découverte. William F. ORR, James Arthur WALTHER. I

Corinthians. A New Translation, New York, Doubleday & Company, Inc., vol. 32, 1976, p. 260. Comme nous le

voyons, ce passage n’est pas coupé au couteau. Nous ne sommes pas ici pour trancher sur quelle interprétation est la meilleure, mais seulement pour montrer qu’il existe plusieurs façons de comprendre ce texte de Paul adressé aux Corinthiens au Ier siècle de notre ère et que celle des Témoins de Jéhovah en est une parmi d’autres.

33 WBTS, « Faut-il craindre l’avenir?», TG, vol. 136, no 9, mai 2015, p. 8 ; WBTS, « Qui sont les Témoins […] »,

sept. 2015, p. 9 ; WBTS, « Peut-on faire confiance à la religion?», TG, vol. 134, no 13, juillet 2013, p. 14 ; WBTS,

« La mort : La fin de tout?», TG, vol. 135, no 1, janvier 2014, p. 8 ; WBTS, « Que diriez-vous d’un cours biblique?», TG, vol. 136, no 7, avril 2015, p. 12.

34 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 135, no 10, mai 2014, p. 6. 35 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 135, no 18, septembre 2014, p. 10. 36 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 136, no 20, octobre 2015, p. 25.

montre une femme Témoins de Jéhovah adapter son étude afin que les enfants puissent eux aussi participer à l’enseignement37.

Figure 14 : Cours d’études bibliques I

Source : WBTS, « Faut-il craindre l’avenir?», TG, vol. 136, no 9, mai 2015, p. 8.

Trois des images présentent des membres féminins sur le pas de la porte38. Pour ce qui est de la

revue d’étude, nous retrouvons dans les discours des exemples de femmes qui montrent leur fierté à donner des cours bibliques : « Elsebeth s’est donc inscrite à un cours de sami. Elle peut à présent tenir une conversation simple dans cette langue. Aime-t-elle son nouveau territoire ? “Je dirige six études bibliques, dit-elle, radieuse. Je n’ai vraiment pas envie d’aller ailleurs !” »39;

« Quant à moi j’éprouve beaucoup de joie dans le ministère. Au retour de Markus, je conduisais 17 études bibliques ! »40 Puis, dans un autre numéro, il est relaté l’histoire de deux femmes

donnant elles aussi des cours d’études bibliques à domicile. Les rédacteurs mettent l’accent sur leur persévérance. :

Peu de temps après avoir assisté à l’École des pionniers, Madaì conduisait 15 études bibliques et en avait confié 5 à d’autres proclamateurs. Plusieurs de ses étudiants se sont mis à assister régulièrement à nos réunions […]. Une sœur qui a aidé de nombreuses personnes à découvrir les vérités bibliques confie : « J’ai appris que, dans les nouvelles visites, la persévérance est essentielle pour aider les gens qui veulent connaître Jéhovah. »41

Dans la revue d’étude d’avril 2013, il est question de l’histoire de deux sœurs Témoins de Jéhovah qui sont pionnières depuis une cinquantaine d’années. Elles ont donné beaucoup de

37 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 136, no 20, octobre 2015, p. 25.

38 WBTS, « Peut-on faire confiance […] », juil. 2013, p. 14 ; WBTS, « La mort […] », janv. 2014, p. 8 ; WBTS,

« Que diriez-vous d’un cours […] », avril 2015, p. 12.

39 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 134, no 2, janvier 2013, p. 6. 40 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 134, no 14, juillet 2013, p. 30. 41 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 135, no 10, mai 2014, p. 5.

cours d’études bibliques tout au long de leur ministère. Les sœurs se souviennent de leur début en tant que prédicatrices. Elles ont dirigé un premier cercle d’étude de la Bible, lequel est devenu la base d’une première congrégation42. Finalement, une dernière image présente deux femmes en

train d’étudier la Bible par l’entremise d’Internet43. Les revues montrent que les femmes sont très

actives à l’extérieur de leur milieu familial. Elles sont prêtes à s’investir plusieurs heures par semaine et par mois pour l’activité de prédication. Cette dernière, selon nos analyses, est plus souvent pratiquée par les femmes que par les hommes. Les femmes portent le nom de ministre. C’est une responsabilité qui a été demandée par le Christ à ses disciples. Comme nous l’avons déjà souligné, les femmes exerçant la prédication sont considérées, par les Témoins de Jéhovah, comme étant une grande armée.

L’activité de prédication est bénie, selon la STG, par Dieu44. Dans les revues analysées, les

femmes sont plus souvent représentées que les hommes dans l’activité de direction des cours bibliques et, la plupart du temps, elles enseignent à d’autres femmes. Il est dit qu’elles doivent se couvrir la tête lorsqu’elles donnent des cours bibliques, mais uniquement dans certaines circonstances. Une langue étrangère peut être apprise par les femmes afin de faire de la prédication dans un autre pays. Il ressort des revues analysées que les femmes se dévouent et donnent beaucoup de leur temps à l’enseignement de la Bible. Nous soulignons que les rédacteurs tentent de montrer à quel point les femmes sont fières de ce qu’elles accomplissent comme ministre.

42 « Nous habitons et tenons nos réunions dans une pièce que nous louons au-dessus d’une scierie. Au début,

l’assistance se résume à la sœur de la région, sa fille et nous deux. Ensemble, nous lisons les matières d’étude. Par la suite, un homme qui a étudié la Bible avec les Témoins est embauché à la scierie. […] D’autres hommes travaillant à la scierie viennent à ces réunions et acceptent la vérité. Environ deux ans plus tard, notre groupe s’est étoffé au point qu’une congrégation soit formée. » WBTS, TG (édition d’étude), vol. 134, no 8, avril 2013, p. 19.

43 WBTS, TG (édition d’étude), vol. 136, no 4, février 2015, p. 27.

44 « Indéniablement, Jéhovah bénit la prédication des chrétiennes et les soutient dans l’épreuve. » WBTS, TG (édition d’étude), vol. 135, no 16, août 2014, p. 10.

Figure 15 : Cours d’études bibliques II

Source : WBTS, TG (édition d’étude), vol. 135, no 10, mai 2014, p. 6.