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FAÇTgre4 BASE DE

6.3 MILIEU AQUATIQUE

63.2.7 FAUNE ICHTYENNE

L'étude de la faune ichtyenne, dans le cadre du projet de voies réservées sur l'estacade, doit couvrir un territoire qui déborde les limites de la zone d'étude. La mobilité des poissons et la complexité des interactions du Bassin de La Prairie nous obligent à considérer une zone plus étendue. Ainsi, la zone d'étude de la faune ichtyenne couvre toute la largeur du Bassin de La Prairie entre la pointe sud de l'Ile des Soeurs et le point de rencontre du pont Victoria avec l'île de Montréal.

Dans le secteur s'étendant du pont Jacques-Cartier au début des Rapides de Lachine (Grand Bassin de La Prairie) ainsi qu'au sud de la digue de la Voie maritime entre les écluses de Sainte-Catherine et de Saint-Lambert (Petit Bassin de La Prairie), la faune ichtyenne est composée de 45 espèces (tableau 12). Vingt-quatre (24) espèces sont communes aux deux secteurs et dix (10) se retrouvent uniquement dans le Grand Bassin tandis que onze (11) se trouvent uniquement dans le Petit Bassin.

Mongeau et al. (1980) ont répertorié les frayères existantes du fleuve Saint-Laurent qui sont localisées sur la planche 3 à l'annexe C. Huit espèces ont des frayères connues en 9 endroits différents. Ceux-ci sont décrits plus en détail dans les paragraphes suivants.

Un seul secteur reconnu comme zone de fraie de l'achigan à petite bouche et de l'achigan à grande bouche, deux espèces sportives recherchées, a été répertorié. Ce site se trouve le long du versant ouest de la digue de la Voie maritime en commençant aux Rapides de Lachine et en terminant à l'estacade. Quatre (4) zones potentielles de fraie de l'achigan à petite bouche ont été identifiées le long de la berge est de l'Ile des Soeurs, dont une juste en amont du pont Champlain et une 122

autre en aval jusqu'à la pointe nord de l'île. Pour l'achigan à grande bouche, les frayères potentielles sont situées le long de la digue de la Voie maritime en amont de l'estacade au sud de la zone d'étude. Les habitats potentiels sont localisés le long des berges de l'Ile des Soeurs dont une section touche au site de l'estacade.

Un seul site existant de fraie pour le grand brochet a également été répertorié.

Celui-ci est situé sur la berge ouest de l'Ile des Soeurs en face de Verdun. Les berges le long de l'Ile des Soeurs et la berge est du Grand Bassin entre les ponts Champlain et Jacques-Cartier offrent des habitats potentiels pour le grand brochet.

Trois frayères pour le maskinongé ont été répertoriées. Deux de ces trois frayères sont situées le long de la berge est de l'Ile des Soeurs; une se trouve à environ 500 m en amont de l'estacade. Presque toutes les berges de l'Ile des Soeurs, en plus de la berge du Grand Bassin, des Rapides de Lachine jusqu'au pont Jacques-Cartier, à l'exception d'un petit secteur en aval de l'estacade (long d'environ 1 km) sont qualifiés d'habitat potentiel pour cette espèce.

Des frayères de meunier noir ont été répertoriées en aval du pont Champlain sur la berge nord de l'Ile des Soeurs, le long de la Voie maritime en aval des Rapides de Lachine, et sur le côté ouest de la digue à environ 1,5 km en amont de l'estacade.

Un site de fraie sur la rive ouest de l'Ile des Soeurs en face de Verdun a aussi été identifié. Le secteur du fleuve Saint-Laurent en entier est qualifié d'habitat potentiel pour le meunier noir.

Le raseux-de-terre est l'espèce dont le nombre de frayères répertoriées sur le térritoire est l'un des plus grands: on en compte 7. Quatre zones de fraie du raseux-de-terre sont localisées autour de l'Ile des Soeurs. Deux de ces sites sont situés à proximité de l'estacade, c'est-à-dire dans la pointe nord de l'île et le long de la berge est. Un autre site est localisé du côté ouest de la digue de la Voie maritime à environ 1,5 km de l'estacade.

Cinq sites de reproduction pour la perchaude ont été répertoriés dans le Bassin de La Prairie et trois sont dans la Voie maritime dont deux en aval de l'estacade. Les deux autres sites se trouvent aux mêmes endroits que les sites de fraie du meunier noir, c'est-à-dire au nord et à l'ouest de l'Ile des Soeurs. Toutes les berges de l'Ile des Soeurs et du fleuve Saint-Laurent sont considérées des habitats potentiels pour la perchaude.

Plusieurs frayères de crapet de roche ont été identifiées dans le territoire à l'étude.

Un secteur est cependant plus important car il se trouve à proximité du site de l'estacade; il s'agit de la frayère localisée le long du versant ouest de la digue de la Voie maritime à environ 1,5 km de l'estacade.

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TABLEAU 12

Les poissons recensés dans la zone d'étude

ESPÈCES ZONE

Nom français - Nom latin Grand Bassin Petit Bassin de La Prairie de La Prairie

Anguille d'Amérique, Anguilla rostrata X X

Truite arc-en-ciel, Salmo gairdneri X X I

Truite brune, Salmo trutta X X

Grand brochet, Esox lucius X X

Barbotte brune, Ictalurus nebulosus X X

Meunier noir Catostomus commersoni X X

Suceur blanc, Moxostoma anisurum X X 111

Suceur rouge, Moxostoma macrolepidotum X X

Carpe Cvprinus carpio X X

Méné jaune Notemigonus crysoleucas X X

Queue à tache noire Notropis hudsonius X X I

Ventre-pourri, Pimephales notatus X X

Fondule barré, Fundulus diaphanus X X

Gatte, Morone americana X X

Crapet de roche, Ambloplites rupestris X X

1

Crapet-soleil, Lepomis gibbosus X X

Achigan à petite bouche, Micropterus dolomieui X X

Achigan à grande bouche Micropterus salmoides X X

Raseux-de-terre, Etheostoma nigrum X X

.111

Perchaude Perca flavescens X X

Fouille-roche, Percina caprodes X X

Doré noir; Stizostedion canadense X X

Doré jaune, Stizostedion vitreum X X

Maskinongé, Esox masouinongy X

Meunier rouge, Catostomus catostomus X 11

Bec-de-lièvre, Exoglossum maxillingua X

Naseux des Rapides, Rhinichthys cataractae X

Chabot tacheté, Cottus bairdi X

I

Marigane noire Pomoxis nigromaculatus X X

Lamproie argentée, Ichthyomyzon unicuspis X

Esturgeon jaune, Acipenser fulvescens X

Poisson-castor, Amia calva X

Lotte, Lota Iota X

111

Dard à ventre jaune, Etheostoma exile X -

Eperlan arc-en-ciel, Osmerus mordax X

Méné émeraude Notropis atherinoides X

Méné à nageoires rouges, Notropis cornutus X

I

Méné pâle, Notropis volucellus X

Barbue de rivière, Ictalurus punctatus X

Gaspareau, Alosa pseudoharengus X

Chat-fou brun, Noturus gyrinus X

Méné d'argent, Hybognathus nuchalis X

Tête rose, Notropis rubellus X I

Tête-de-boule, Pimephales promelas X

Mulet perlé, Semotilus margarita X

Nombre d'espèces recensées: 34 35

Nombre total d'espèces recensées: 45

Source: Mongeau et al, 1980.

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Les zones de reproduction du crapet-soleil et du méné jaune sont toutes situées dans la Voie maritime. Une seule frayère est localisée en aval de l'estacade, touchant ainsi la zone des travaux.

Le secteur du Bassin de La Prairie en entier constitue une zone de concentration pour l'esturgeon jaune. Les zones potentielles pour la reproduction de l'esturgeon jaune se trouvent dans le Grand Bassin entre les Rapides de Lachine et le pont Jacques-Cartier dans les portions centrales du bassin. Situées dans les eaux rapides, les frayères potentielles couvrent 137 hectares. De plus, la partie centrale du Grand Bassin offre un habitat exceptionnel pour l'esturgeon jaune principalement à cause de l'abondance de faune benthique, une importante source de nourriture pour cette espèce.

Les sites potentiels pour la reproduction de la barbotte brune ont été localisés le long des berges à l'est et à la pointe nord-est de Pile des Soeurs. Les habitats potentiels de la barbotte brune sont situés à ces mêmes endroits ainsi que le long de la rive est près de l'estacade et en aval entre les ponts Jacques-Cartier et Champlain.

Plusieurs sites potentiels pour la fraie du doré jaune ont été identifiés dans le Grand Bassin de La Prairie; toutefois, aucun ne se trouve dans la zone d'étude ou à proximité. Toutes les portions adjacentes aux rives dans le Grand Bassin sont considérées des habitats potentiels pour le doré jaune.

Les sites de reproduction préférentiels de la truite arc-en-ciel sont dans les Rapides de Lachine qui constituent leur habitat principal. Des habitats ont aussi été répertoriés le long de la berge nord-est de l'Ile des Soeurs dans la section des eaux rapides.

L'esturgeon et l'alose savoureuse sont les seules espèces migratoires dont les couloirs de migration sont connus. L'esturgeon jaune effectue sa migration du mois de février à la fin du mois de juin et emprunte toute la largeur du bassin en préférant le couloir de migration qui se trouve au centre du Grand Bassin de La Prairie. L'alose savoureuse effectue sa migration en empruntant le couloir du chenal entre Pile des Soeurs et Verdun et n'est donc pas affectée par le projet.

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LITTORAL NORD-EST DE L'ILE DES SOEURS

Comme mentionné à la section 6.3.1, cette partie de la zone d'étude a été soumise à un inventaire plus exhaustif (annexe F). Les inventaires réalisés durant la période s'étendant du 23 avril au 6 juillet 1990, se sont concentrés le long du littoral de l'He des Soeurs, entre l'estacade et la pointe nord de l'île.

Cet inventaire avait pour objectif principal de déterminer le potentiel du milieu pour la reproduction de l'ichtyofaune, autant pour les espèces frayant en eau vive et sur le site du remblai (catostomidés, doré jaune, achigan à petite bouche) que les espèces d'eau calme (grand brochet, perchaude, barbotte brune) frayant en aval du site.

L'identification d'une frayère s'effectue par la collecte d'oeufs déposés sur le site de fraie permettant ainsi de localiser son emplacement. La découverte des oeufs nous confirme que l'activité de reproduction a effectivement eu lieu. La capture des géniteurs sur le site au moment du déroulement de l'activité de reproduction nous renseigne sur le début et la fin de la fraie de même que sur l'importance de l'utilisation du site.

La capture des alevins permet de déterminer l'aire d'alevinage et de qualifier l'habitat. Les alevins peuvent également nous renseigner sur la localisation d'une frayère. Cependant, pour les espèces d'eau vive, les larves peuvent dériver avec le courant rendant ainsi la localisation de leur lieu de naissance difficile voire même hasardeuse à déterminer.

Afin de réaliser cet inventaire, nous avons utilisé des filets troubleaux, des filets de dérive, des filets maillants, une seine, de la pêche à la ligne et une enquête auprès des pêcheurs présents sur le site.

Selon les résultats de capture, au moins 22 espèces utilisent ou fréquentent ce secteur. Les captures les plus fréquentes sont représentées par le raseux-de-terre, le crapet-soleil, le crapet de roche ainsi que par des cyprinidés. Mentionnons la capture du bec-de-lièvre, un cyprin, dont l'aire de distribution est très restreinte au Québec et que certains spécialistes considèrent rare (Coseqem, 1981).

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FRAIE PRINTANNIÈRE

Les inventaires à l'aide de filets troubleaux, de filets de dérive et de filets maillants ont confirmé qu'une frayère en eau vive est utilisée par le doré jaune, les catostomidés et le chabot tacheté le long de la rive et qu'elle se délimite à partir de l'émissaire d'un égout combiné (sanitaire et pluvial) jusqu'à mi-chemin avec l'estacade (400 mètres en amont). La majeure partie des oeufs ont été retrouvés à moins de 5 mètres de la rive où le substrat, sans végétation, se compose de blocs, de moêllons et d'un peu de galets. Plus au large, le substrat est constitué principale-ment par la roche-mère, et la vitesse du courant est limitative pour la fraie du doré.

Une enquête auprès des pêcheurs sportifs locaux nous a confirmé qu'il se capture, hors saison, de l'achigan à petite bouche sous le pont Champlain. Un plongeur en apnée nous a rapporté que l'année dernière à pareille période, avoir été attaqué par un achigan qui semblait défendre un nid près des sites de captures sous le pont.

Le substrat rocheux et la vitesse du courant présentent un milieu favorable pour la fraie de l'achigan à petite bouche.

La présence de géniteurs capturés sur le site au moment où la température de fraie est atteinte (12°C et 17°C) nous permet de confirmer que l'achigan à petite bouche fraie en eau vive sous le pont Champlain.

Les dix premiers mètres du littoral le long de la rive, à partir du pont et jusqu'à l'émissaire d'égout, sont recouverts de matériel fin dû à un taux de sédimentation important. Un retrait de la berge s'amorce sous le pont et crée une zone d'eau calme où la vitesse du courant diminue. La présence d'oeufs de doré et de catostomidés près de l'émissaire peut s'expliquer par la fraie et également par la dérive d'oeufs déposés en amont.

Nous considérons que cette zone fait partie de la frayère en eau vive quoique dégradée vers l'aval par les rejets de l'émissaire d'égout, elle sert à l'incubation d'oeufs de doré jaune et de catostomidés.

En aval de l'émissaire d'égout jusqu'à l'extrémité nord de l'île, le littoral près du rivage est colonisé par un herbier de végétation submergée composé principalement de myriophylle et de vallisnérie. Le littoral y présente un bon potentiel pour la fraie d'espèces d'eau calme telle que : le grand brochet, la perchaude, l'achigan à grande bouche et la barbotte brune. Toutefois, aucune activité de fraie n'a été observée dans ce secteur.

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Au large, la vitesse du courant s'accentue et le substrat rocheux offre un bon potentiel pour la fraie d'espèces d'eau vive tel que l'esturgeon jaune et les catostomidés.

AIRE D'ALEVINAGE

À partir du 15 juin, nous avons noté la présence d'alevins dans la zone d'étude. Les espèces capturées appartiennent à la famille des catostomidés et des cyprinidés.

L'aire d'alevinage identifiée est associée à un herbier de végétation submergée qui colonise le littoral presque en continu depuis sous le pont jusqu'à l'extrémité nord de l'île. La vitesse d'écoulement, à travers la masse de végétation, ralentit et permet le déplacement des jeunes poissons à faible capacité natatoire.

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