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La « faim » de notables et l’essor des comités de patronage des étudiants étrangers

Concurrences infranationales et dynamiques locales

I. UN PATRIOTISME UNIVERSITAIRE LOCAL

1.1. La « faim » de notables et l’essor des comités de patronage des étudiants étrangers

La création d’un comité de patronage des étudiants étrangers représente souvent un acte fondateur d’une diplomatie universitaire locale. C’est en effet au sein des comités de patronage que s’opère l’alliance fondatrice entre monde universitaire et acteurs locaux, et que s’inventent les premières formes d’actions internationales déployées par les universités entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle.

A) Le mouvement des comités de patronage des étudiants étrangers en France

Au tournant de 1889 et de 1890, à la faveur du Congrès international de l’enseignement supérieur et des rencontres à caractère international qui émaillent l’Exposition universelle à Paris, des projets de structures formelles spécifiquement destinées à stimuler la mobilité des étudiants étrangers vers la France voient le jour. On a déjà évoqué, au chapitre précédent, le projet de comité franco-écossais, soumis par l’universitaire écossais Patrick Geddes à Ernest Lavisse et Louis Pasteur, mais dont l’envol attendra encore quelques années. C’est que dans le même temps un autre projet à vocation plus large s’enclenche, et qui réunit les mêmes acteurs sous l’impulsion du publiciste Paul Melon. En mai 1890, le comité de patronage des étudiants étrangers de Paris est créé à la Sorbonne. Il se propose :

« 1° De faire à l’étranger de la propagande pour attirer dans nos Écoles le plus grand nombre possible de jeunes gens ; 2° De leur donner, à leur arrivée à Paris, toutes les informations nécessaires, et, pendant leur séjour, un appui moral ; 3° De favoriser le développement de l’enseignement français à l’étranger et particulièrement dans le bassin de la Méditerranée »779.

777 « Arrêté approuvant la délibération du conseil de l’université de Besançon instituant un diplôme d’ingénieur-horloger », 28 décembre 1901.

778 Lettre adressée par le recteur de l’académie de Besançon à Paul Melon (président du comité de patronage des étudiants étrangers), Besançon, 13 février 1902 (AD Besançon, T156).

779 « Chronique de l’enseignement », Revue internationale de l’enseignement, vol. 19, juin 1890, p. 637. On aura relevé au passage, en fin de citation, la persistance de ce tropisme méditerranéen hérité du Second Empire, déjà évoqué dans le chapitre 1, et dont on retrouve donc encore trace dans les initiatives des années 1890.

170 Le comité se compose de quinze membres780, réunis sous la présidence honorifique de Louis Pasteur puis, à la mort de celui-ci, de l’ancien président de la République Casimir Périer, et sous l’impulsion du secrétaire général Paul Melon qui, en plus d’être son premier donateur781, va constituer la véritable cheville ouvrière du comité jusqu’à sa mort en 1915. On sait peu de choses de Paul Melon, qu’on a déjà croisé plus haut parmi les membres-fondateurs de l’Alliance française en 1883. Né en 1844 à Montpellier, ancien élève de l’École des hautes études et de l’École des langues orientales vivantes, publiciste, protestant, rentier ou banquier selon les sources, il fait partie des acteurs de la nébuleuse réformatrice qui, sans être universitaires, concourent à l’universitarisation du « rayonnement intellectuel » français. Paul Melon est membre de plusieurs sociétés savantes (la Société asiatique, 1870 ; la Société linguistique de Paris, 1870 ; la Société de Géographie de Paris, 1880 ; la Société d’économie politique, 1887 ; la Société statistique de Paris, 1889) et de plusieurs réseaux réformateurs au sein desquels il occupe des responsabilités (cofondateur et membre du comité directeur de l’Alliance française, 1883 ; trésorier de la Société française pour l’arbitrage des nations, 1890 ; secrétaire général de la Société protestante de colonisation, 1892)782. Sans doute est-ce Paul Melon qui a rédigé les objectifs du comité de patronage : pour être d’une tonalité moins politique, ces derniers rappellent en effet ceux de l’Alliance française et reflètent le caractère expansionniste et méditerranéen de l’engagement de Melon783. Comme l’Alliance française, le comité de patronage des étudiants étrangers possède aussi sa figure de renom (Pasteur, puis Périer au lieu de Duruy), son diplomate traditionnaliste (Melchior de Vogüe au lieu de Tissot), ses relais administratifs et politiques (Charmes, Gréard, Liard au lieu de Bert, Izoulet et Foncin), ses caciques du Quai Conti (7 de ses membres sont des sages de l’Institut) et ses personnalités intermédiaires (Melon en l’occurrence). Le monde universitaire domine toutefois sans conteste possible le comité de direction de la nouvelle structure (13 membres sur 15 sont professeurs, directeurs d’établissements ou membres de l’administration de l’enseignement supérieur). Quant à la moyenne d’âge (52 ans), elle est nettement plus élevée

780 Louis Pasteur, Émile Boutmy, Michel Bréal, Paul Brouardel, Xavier Charmes, Gaston Darboux, Octave Gréard, Auguste Himly, Etienne Lamy, Ernest Lavisse, Louis Liard, Paul Melon, Georges Picot, Albert Sorel, Vicomte Eugène Melchior de Vogüe.

781 « Rapport sur les œuvres de l’ancien comité de patronage, par M. Henri Goy, secrétaire général de l’Extension universitaire, secrétaire de la Société des amis de l’université de Paris », Annales de l’université de Paris, 1926, p. 237.

782 D’après : Journal asiatique, 6e série, tome XV, mars-avril 1870, p. 330 ; Bulletin de la Société linguistique, n°3, 1870, p. LXXXVII ; Bulletin de la Société de géographie, mai 1880, p. 466 ; Annuaire. Société d’économie politique, 1887, p. 29 ; Journal de la Société statistique de Paris, 31e année, n°1, janvier 1890, p. 28 ; Thomas de Saint-Georges d’Armstrong, Principes généraux du droit international public. De l’utilité de l’arbitrage, Paris, Larose et Forcel, 1890, p. 93 ; Catalogue général de la librairie française, t. 19, Paris, Nilsson per Lamm, 1909.

171 qu’à l’Alliance française des débuts : le comité de patronage des étudiants étrangers de Paris est moins l’œuvre d’une jeune garde qui aspire à faire sa place au soleil que de personnalités déjà bien établies.

Son objectif est triple. Il se veut d’abord un comité d’accueil pour les étudiants étrangers de passage à Paris, afin de leur faire mieux connaître les offres de cours de l’université, de les aider à trouver un logement et, plus généralement, de les aiguiller dans leurs démarches. La venue de nombreux étrangers à l’occasion du Congrès de l’enseignement supérieur en 1889 a marqué les esprits et fait émerger ce besoin.

Mais là n’est pas l’ambition première de son fondateur qui, dans le cadre des réformes de l’enseignement supérieur, alors qu’on groupe ensemble les facultés d’un même territoire auquel on va donner bientôt le nom d’« université », conçoit davantage le comité de patronage comme un chaînon manquant entre les facultés et leur interlocuteurs internationaux, une sorte d’agence de cohésion de l’université pour sa promotion à l’échelle internationale et – par effet de retour – de plateforme d’information sur les systèmes d’enseignement supérieur à l’étranger. Ce que cherche à créer Paul Melon en somme, à une époque où aucun de ces éléments n’existe encore, c’est à la fois un service d’accueil pour les étrangers, un service de communication et un service de prospective pour l’étude des politiques publiques d’enseignement supérieur à l’étranger. Ce vaste projet, il s’en ouvre à l’occasion d’une longue étude consacrée à l’enseignement supérieur en Espagne qu’il livre en 1898, chez Armand Colin :

« Il ne m’a jamais semblé, en effet, que l’œuvre de patronage des étudiants étrangers ne dût être qu’une œuvre philanthropique, une espèce de nouveau rouage administratif, et que nous n’eussions rien à faire d’autre qu’à fournir des subsides ou des renseignements d’ordre pratique aux jeunes étudiants qui viennent fréquenter nos écoles. Certes il est bon qu’il y ait dans tous nos centres universitaires des comités chargés de faciliter au jeune étranger son entrée dans la grande famille des étudiants français, mais il est bon aussi que par-delà les limites de la besogne restreinte et journalière nous entrevoyions un but plus élevé et de plus haute portée. De plus, j’ai toujours compris que s’il est utile de faire connaître au dehors les ressources de notre enseignement, il ne l’est pas moins de chercher à savoir quelque chose de celui de l’étranger et d’en pénétrer le caractère, un programme n’étant pas la chose inerte et indifférente que parfois l’on suppose mais bien un tableau où s’inscrivent les idées directrices d’une époque ou d’un organisme social »784.

Enfin, le troisième axe d’intervention du comité de patronage parisien vise à la diffusion de son modèle et à la création et à la coordination d’autres comités de patronage pour étudiants étrangers au sein de chaque ville universitaire de province, dont la mission serait également « de recevoir le jeune étranger, de lui donner les renseignements utiles à ses études, à son hospitalisation785, et de l’envelopper d’une chaude atmosphère d’affectueuse

784 Paul Melon, L’Enseignement supérieur en Espagne, Paris, Armand Colin, 1898, p. V. 785 Au sens premier du terme, c’est-à-dire de veiller au logement de l’étudiant étranger.

172 sympathie », étant entendu que si ces comités « sont indépendants et autonomes quant à leur organisation intérieure […] pour ce qui est de leurs relations avec le dehors, le comité de Paris centralise la correspondance et dirige la propagande »786. Dès 1890, Paul Melon correspond dans cet esprit avec les rectorats d’académie, sillonne la province et prêche la bonne parole. Entre 1890 et 1914, treize comités de patronage à vocation régionale voient ainsi le jour en France.

Fig.3.1. - Créations des sociétés et comités de patronage des étudiants étrangers en France (1890-1911)787

Comités Dates de création788

Paris 1890 Montpellier 1890 Lyon 1891 / 1901 / 1911 Bordeaux 1892 / 1896 Aix-Marseille 1893 Nancy 1893 Lyon 1893 Toulouse 1893 Grenoble 1896 Clermont-Ferrand 1898 Lille 1898 / 1905 Dijon 1899 / 1903 Besançon 1901

Les comités de patronage ont une durée de vie variable, qui dépend de leurs animateurs et de leurs moyens. Certains, créés dans la foulée du passage de Paul Melon, peuvent disparaître presqu’aussitôt pour ne renaître que cinq à dix ans plus tard, quand il devient clair que ce type de structure mérite d’être développé. Le comité de Paris lui-même ne semble pas être toujours le plus actif sur la durée, et déploie une activité bien en-deçà des vœux de son fondateur789, certains accusant même ce dernier de « l’avoir mis sous cloche » pour en garder le contrôle : « Malgré mes questions réitérées, je n’ai jamais pu savoir qu’elle était son action, ni où elle était. Je ne connaissais que son local, toujours fermé », écrit Ferdinand Brunot790.

786 Paul Melon, « Comité de patronage des étudiants étranger. Rapport lu devant le conseil général des facultés le 29 décembre 1891 » (CAC 20020476/277).

787 Éléments tirés, de façon croisée, de l’analyse des rapports publiés dans les Enquêtes et documents relatifs à l’Enseignement supérieur (op. cit.) et des réponses apportées par les recteurs, doyens et chefs d’établissement au questionnaire adressé le 1er août 1901 par les délégués français du 3e Congrès de international de l’Enseignement supérieur de 1900 (réponses publiées dans : Troisième Congrès, op. cit., p. 538-582).

788 Quand plusieurs dates sont indiquées, elles marquent des périodes de refondation pour les comités. 789 Le « comité de patronage des étudiants étrangers, œuvre personnelle d’un homme de bien, Paul Melon, […] n’était jamais sorti de sa période préparatoire. Installé au fond d’une cour intérieure, sans contact direct avec la vie de l’université, il exerçait une action bienfaisante, mais limitée, par un système de prêts d’honneur, de bourses et de menus avantages accordés à un certain nombre d’étudiants étrangers.[…] Dès avant la guerre, une grande partie des membres du comité étaient morts ou à la retraite » (Henri Goy, « Lucien Poincaré et son œuvre d’expansion nationale à l’université de Paris », La Revue de Paris, mai-juin 1920, p. 335).

790 Ferdinand Burnot, « Historique des cours de l’Alliance française », note manuscrite (Archives de l’Institut de France, Ms7763).

173 D’autres comités au contraire sont plus actifs, plus durables et se dotent au tournant du siècle du statut d’association loi 1901791. Pour comprendre ce qui fait leur succès, et comprendre comment ils travaillent, un détour par la sociologie de leurs acteurs est ici nécessaire.

B) Sociographie des comités de patronage des étudiants étrangers en France (1890-1914)

Les comités de patronage des étudiants étrangers qui se constituent en France tout au long des années 1890-1900 présentent des visages similaires. Impulsé par le recteur et le conseil de l’université, réunissant les représentants de chaque faculté de la ville (il s’agit généralement de leur doyen), le comité de patronage se veut, sur le modèle des sociétés des amis d’universités, un instrument de mobilisation des acteurs de l’hinterland universitaire, au service des projets internationaux de l’université. À Grenoble, à Besançon, à Lyon, à Dijon et ailleurs, on recherche partout la présence d’« un grand nombre de notabilités »792 pour les composer, personnalités que l’on retrouve souvent d’ailleurs déjà investies dans des comités locaux de l’Alliance française.

Les présidences et vice-présidences d’honneur sont confiées à des personnalités occupant déjà des fonctions représentatives ou exécutives locales (le maire, le préfet, un parlementaire, le président de la chambre de commerce, etc.). Ils jouent pour le comité un rôle d’intermédiaires avec les pouvoirs publics locaux, notamment pour les demandes de subventions. Le comité de patronage des étudiants étrangers de Besançon perçoit ainsi en 1904 plusieurs subventions de la municipalité de Besançon, du conseil général, de la chambre de commerce et du syndicat d’initiative des intérêts bisontins793.

À l’échelle du comité de direction, présidence, vice-présidence, secrétariat et trésorerie sont bien souvent aux mains de notables déjà en situation de responsabilité au sein de plusieurs autres sociétés locales (sociétés savantes, syndicats d’initiative, sociétés de patronage, etc.) et appartenant aux mêmes réseaux politiques et/ou de sociabilité, le secrétariat étant généralement confié au secrétaire de l’université ou à un jeune professeur de faculté dans la trentaine – chargé de cours, professeur agrégé ou maître de conférences.

À Grenoble, le président du comité, Marcel Reymond (1849-1914), est avocat à la cour d’Appel de Grenoble, ancien président de l’Académie delphinale, et fait notamment partie des

791 Comme à Grenoble (Conseil de l’université 18 janvier 1902, AD Isère, 21T 110).

792 Enquêtes et documents relatifs à l’enseignement supérieur. Rapports des conseils des universités pour l’année scolaire 1900-1901, vol. 77, Paris, Imprimerie nationale, 1901, p. 141.

793 Lettre du président du comité de patronage au secrétaire de l’université, Besançon, le 22 janvier 1904 (AD Besançon, T156).

174 membres de la Société des touristes du Dauphiné794, tandis que le vice-président du comité de patronage, Armand Chabrand (1854-1941), est également avocat à la cour d’Appel, bâtonnier de l’ordre des avocats, ancien président de la Société des touristes du Dauphiné et vice- président du Syndicat d’initiative de Grenoble qu’il a contribué à fonder en 1889, membre (grâce à Marcel Reymond d’ailleurs, qui l’y a coopté) de l’Académie delphinale depuis 1892795. Entre autres796. En 1913, à l’occasion de démarches pour lui obtenir la légion d’honneur, Armand Chabrand fait état de sa participation à la création et à l’animation d’une dizaine de sociétés locales à Grenoble ou dans ses environs797. À la fondation du comité de patronage en 1896, le secrétaire général est Henri Capitant, 31 ans, professeur agrégé à la faculté de droit de Grenoble. Le comité compte encore onze autres membres, dont l’industriel Félix Viallet, adjoint au maire de Grenoble (1896-1900) et président du club alpin de la ville798 ; le comte Arthur de Montal, conseiller municipal et conseiller général de l’Isère, président-fondateur du Syndicat d’initiative de Grenoble en 1889 ; l’industriel Victor Nicolet, ancien avocat, membre-fondateur et secrétaire de rédaction de la Revue catholique des

institutions et du droit799, lequel organise des mondanités pour les étudiants étrangers dans son hôtel particulier grenoblois800 ; l’imprimeur et publiciste Fritz de Maisonville, qui est

794 Sur Marcel Reymond, cf. portrait infra.

795 Aristide Albert, « Armand Chabrand », Biographie-Bibliographie du Briançonnais. Canton de Briançon, G. Dioque, Dictionnaire biographique des Hautes-Alpes ; Annuaire de la Société des touristes du Dauphiné, 1893 ; « Membres titulaires de l’Académie delphinale depuis 1906 » (liste consultée en ligne sur le site de l’Académie : http://academie.delphinale.free.fr/historique.html).

796 Les autres membres-fondateurs sont : René Capitant (secrétaire général), professeur-agrégé à la faculté de droit, conseiller municipal ; Francou (secrétaire des séances), président de l’Association des étudiants de Grenoble ; Benson, commissionnaire en ganterie ; De Beylié, président de la Société de statistique des sciences naturelles et arts industriels de l’Isère, juge au tribunal de commerce ; Collet, professeur à la faculté de sciences, ancien président de la Société des touristes du Dauphiné ; Henri Hauvette, professeur de littérature italienne à la faculté des lettres de Grenoble ; De Maisonville, vice-président du Syndicat d’initiative ; De Montal, président du Syndicat d’initiative du Dauphiné (Université de Grenoble, Comité de patronage des étudiants étrangers, 1896, p. 11, AD Isère, 21T 162).

797 Successivement secrétaire-adjoint, vice-président puis président à deux reprises de la Société des touristes du Dauphiné (Grenoble), administrateur de la section du Club alpin à Briançon depuis 1883, successivement trésorier, vice-président et président du Syndicat d’initiative de Grenoble et du Dauphiné depuis 1889, président d’honneur du Syndicat d’initiative de Briançon qu’il a contribué à fonder en 1910, président du comité de souscription pour l’aviation militaire dans l’Isère en 1912, président du comité d’action pour les embellissements de Grenoble, membre du comité de l’association dauphinoise pour l’aménagement des montagnes, membres des sites et monuments du Touring Club pour l’Isère, membre du Conseil supérieur du tourisme depuis 1910, président de 1903 à 1910 de la Société philanthropique des Hauts-Alpins à Grenoble, etc. (« Résumé des services de M. Chabrand », document numérisé mis en ligne sur le site « Bibliothèque dauphinoise », consulté le 18/07/2013 à l’adresse suivante : http://www.bibliotheque-dauphinoise.com/armand_chabrand).

798 Bulletin mensuel de l’Académie delphinale, 1895, p. XXXI.

799 « Victor Nicolet », Revue catholique des institutions et du droit, 1920, p. 297. Cf. également Catherine Fillon, « La Revue catholique des institutions et du droit. Le combat contre-révolutionnaire d’une société de gens de robe (1873-1906) », Hervé Leuwers (éd.), Élites et sociabilités au XIXe siècle. Héritages, identités, Lille, Université Charles de Gaulle Lille 3, 1999, p. 199-218.

800 Université de Grenoble, Comité de patronage des étudiants étrangers, Inauguration des cours de vacances 1899, Grenoble, Imprimerie Allier et Frères, 1899, p. 5-6.

175 également vice-président du Syndicat d’initiative de Grenoble ; l’abbé Collet, etc.801 Tous, ou peu s’en faut, sont membres de l’Académie delphinale et sont – mais on reviendra plus loin sur cette particularité décisive – liés au développement du tourisme en Dauphiné802. Ainsi constitué, le comité de patronage des étudiants étrangers fait bel et bien figure de structure – parmi d’autres à Grenoble – contribuant à entretenir un certain entre soi notabilitaire, réunissant des acteurs locaux agissant déjà de concert sur la scène grenobloise et frayant au sein des mêmes réseaux politiques – principalement ici ceux de la droite catholique proche de l’Action libérale.

À Besançon, le premier président du comité de patronage des étudiants étrangers (1901- 1903) est un médecin, chef de clinique à l’École de médecine de Besançon, le Dr. J. Faney (1870-1902), qui est aussi le président-fondateur de la Société d’histoire naturelle du Doubs803, tandis que son successeur, le pharmacien Adrien Nicklès (1853-1936), qui se plaît à l’idée que son officine soit installée dans la maison natale de Victor Hugo804, est par ailleurs membre du conseil d’administration de la section Jura du Club alpin français805. Parmi la quarantaine de membres que compte le comité en 1904, et qui émargent ici plutôt auprès du courant radical-socialiste – quoique pas exclusivement –, plusieurs autres médecins, des avocats et magistrats, des élus – le conseiller général et conseiller municipal de Besançon Edmond Francey, l’adjoint au maire de Besançon Alexandre Grosjean, futur sénateur du Doubs, ou encore le conseiller municipal Charles Sandoz, qui préside le syndicat des fabricants d’horlogerie de Besançon –, des commerçants et des banquiers, ainsi que beaucoup de professeurs (professeurs de faculté, professeurs de lycée et directeurs d’écoles)806, la prégnance du monde enseignant (17 membres sur 39) s’expliquant sans doute par le fait que le comité de Besançon, lancé parmi les derniers (en 1901) et inspiré par les exemples déjà

801 Annuaire de l’Université de Grenoble, publié par les soins du Conseil de l’Université, 1897-1898, Grenoble, Imprimerie Xavier Drevet, 1897, p. 12.

802 On pourrait également citer le commerçant dauphinois Émile Duchemin (1862-1914), dont Le Bulletin des amis de la Vienne, à l’occasion d’une notice nécrologique en 1914, lie d’un même pas ses activités commerciales et sa participation au comité de patronage : « Il dirigeait à Grenoble une maison de commission en peaux qui fournissait les principales fabriques de gants de cette ville. Il menait de front avec ses occupations commerciales une collaboration très active aux diverses œuvres d’intérêt public si nombreuses à Grenoble, Syndicat