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Exposition au plomb des enfants

Contexte

Les systèmes nerveux, rénal, et hématologique sont particulièrement sensibles à la toxicité du plomb. Ses effets sanitaires peuvent être irréversibles et survenir à partir de faibles niveaux d’exposition.

Le jeune enfant, particulièrement sensible à la toxicité du plomb, est souvent plus exposé que l’adulte (ingestion de poussières par activité main-bouche).

Chez l’enfant, l’intoxication par le plomb (saturnisme) est actuellement définie par « la constatation chez une personne âgée de moins de 18 ans d’une plombémie ≥ 100 μg/L » (seuil d’intervention).

Les mesures de réduction de l’exposition mises en œuvre depuis une vingtaine d’années ont contribué à la baisse de l’imprégnation générale de la population. Chez les enfants de 1 à 6 ans, la prévalence du saturnisme est estimée à 0,1 % en 2008-2009 (elle était de 2,1 % en 1996).

La peinture au plomb présente dans les locaux anciens est la principale source d’exposition actuelle pour les enfants ; les populations exposées sont surtout celles ayant un habitat dégradé. Les autres sources d’exposition sont les sites pollués par des activités industrielles (actuelles ou passées), certains plats en céramique artisanale, certains cosmétiques traditionnels, les activités professionnelles ou de loisir, les canalisations d’eau potable en plomb.

Les symptômes de l’intoxication par le plomb sont peu spécifiques et passent souvent inaperçus. Le dépistage doit s’appuyer sur une recherche active des facteurs de risque d’exposition.

Indicateurs

Nombre d’enfants primodépistés pour le saturnisme

La décroissance de l’activité de dépistage du saturnisme observée à partir de 2005 se poursuit. Selon les données du Système national de surveillance des plombémies chez l’enfant (SNSPE), le nombre annuel d’enfants de moins de 18 ans ayant bénéficié d’un premier test de plombémie est passé de 10 060 en 2004 à 5 058 en 2011 (graphique 1).

Parmi eux, le nombre d’enfants ayant bénéficié d’une plombémie dans le cadre d’une adoption internationale a récemment augmenté, passant d’une centaine par an (soit 1 % des plombémies de primodépistage réalisées chez les enfants) de 2005 à 2008, à 606 (10 %) en 2010. Ils étaient encore 391 (8 %) en 2011.

Si l’on excepte ces enfants très probablement exposés dans leur pays d’origine, 80 % des enfants testés entre 2008 et 2011 avaient moins de 7 ans, soit un taux de primodépistage moyen annuel de 85 pour 100 000 enfants de moins de 7 ans. L’activité de dépistage était répartie très inégalement sur le territoire, la région Île-de-France en rassemblait à elle seule près de 64 % (tableau 1).

Proportion d’enfants ayant une plombémie supérieure ou égale à 100 µg/L parmi les enfants primodépistés

La proportion d’enfants de moins de 18 ans ayant une plombémie ≥ 100 μg/L parmi les primodépistés (hors adoptions internationales) a décru régulièrement. Depuis 2005, elle tend à se stabiliser autour de 3 à 4 %. En 2011, elle était de 4,8 %. A noter qu’en 2011, les dépistages menés dans des régions ultra-marines ont eu un rendement très élevé. Ces éléments suggèrent un bon ciblage du dépistage.

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Nombre de cas incidents de saturnisme chez l’enfant (au seuil de 100 µg/L)

La diminution du nombre de cas incidents de saturnisme observée à partir de 2005 se poursuit. Entre 2008 et 2011, ce chiffre est passé d’un peu plus de 300 cas par an à un peu plus de 250 cas (graphique 1) avec l’identification de quelques enfants ayant des plombémies de plus de 450 µg/L. La part des enfants adoptés à l’international parmi ces cas incidents se situait entre 8,4 % (2008) et 22,4 % (2010) (tableau 2).

Entre 2008 et 2011, 54 % des cas (hors enfants adoptés à l’international) résidaient en Île-de-France, région à forte activité de dépistage.

Pour comparaison, aux États-Unis, au niveau fédéral, 16 % des enfants de moins de 6 ans ont bénéficié d’au moins une plombémie entre 2008 et 2011. Parmi eux, la proportion d’enfants avec une plombémie ≥ 100 µg/L était de 0,7 % en 2008, et de 0,6 % en 2011, soit environ 5 fois plus faible qu’en France (pour la même classe d’âge et période d’étude).

Au Royaume-Uni et en Irlande, une étude débutée en juin 2010 vise notamment à estimer l’incidence du saturnisme (plombémie ≥ 100 µg/L) chez les enfants de moins de 16 ans. Un premier bilan fait état de 58 cas déclarés dont 22 cas confirmés et répondant aux critères d’inclusion.

Organisme responsable de la production de la fiche: InVS, Département santé environnement

Graphique 1 : Évolution de l’activité de dépistage du saturnisme chez l’enfant et du nombre de cas incidents en France, 1995-2011

Champ : France, [0-17 ans] (y compris enfants dépistés dans le cadre d’une adoption internationale) Source : SNSPE, octobre 2013

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Cas incidents de saturnisme (N)

Plombémies de primodépistage (N)

Année de la plombémie

Plombémies de primodépistage Cas incidents de saturnisme SYNTHESE

La diminution de la proportion d’enfants atteints de saturnisme (plombémie ≥ 100 µg/L chez une personne de moins de 18 ans) parmi les enfants dépistés et celle du nombre de cas de saturnisme, suggère une certaine efficacité des mesures environnementales de prévention.

Au regard de la couverture géographique du dépistage, des populations à risque pourraient y échapper. L’interprétation des tendances spatio-temporelles régionales est limitée car dans la plupart des régions, elles reflètent plutôt la mise en œuvre d’actions localisées et ponctuelles.

289 Tableau 1 : Distribution des plombémies de primodépistage par région (hors

adoptions internationales), France 2008-2011 Champ : France, [0-17 ans] (hors enfants dépistés dans le cadre d’une adoption internationale)

Source : SNSPE, octobre 2013

Tableau 2 : Cas incidents de saturnisme chez l’enfant en France, selon le contexte de dépistage, 2008-2011 Champ : France, [0-17 ans] (y compris enfants dépistés dans le cadre d’une adoption internationale)

Source : SNSPE, octobre 2013

CHAMP : France, enfants âgés de 0 à 17 ans inclus.

SOURCE : Système national de surveillance des plombémies chez l’enfant (SNSPE), mis en œuvre par les médecins, les laboratoires de biologie médicale, les centres antipoison et de toxicovigilance, les agences régionales de santé et l’Institut de veille sanitaire (octobre 2013).

MODE DE CONSTRUCTION DE L’INDICATEUR :

- Enfants primodépistés : enfants ayant bénéficié d’un 1er dosage de plombémie, quel qu’en soit le résultat.

- Cas incidents de saturnisme : enfants dont la plombémie était supérieure ou égale à 100 µg/L pour la 1e fois. Il peut s’agir d’une plombémie de primodépistage ou d’une plombémie de suivi si les plombémies précédentes étaient inférieures à 100 µg/L.

LIMITES d’interprétation : Absence d’information sur les zones sans dépistage. Le SNSPE ne permet pas de disposer de données sur l’exposition de la population aux sources au plomb.

BIAIS connus : Ces données ne sont pas exhaustives ; l’exhaustivité du système de surveillance a été estimée par des enquêtes auprès des laboratoires à plus de 90 % pour la période 2008-2011.

RÉFÉRENCES : http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Saturnisme-chez-l-enfant

ORGANISME RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DE L’INDICATEUR : InVS

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SANTE DE L’ENFANT

Drépanocytose

Contexte

La drépanocytose est une maladie génétique de l’hémoglobine caractérisée par une déformation des hématies qui prennent une forme de croissant ou de faucille en cas d’anoxie (dite hémoglobine S ou Hb S). La drépanocytose est très fréquente parmi les populations d’origine africaine subsaharienne mais également en Asie, dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient. Sa prévalence a augmenté en France du fait des mouvements de population et des migrations au cours des dernières décennies. Elle est dite majeure quand les sujets sont homozygotes SS ou hétérozygotes composites Sb, SC, etc. Les hétérozygotes AS sont considérés comme porteurs sains du trait drépanocytaire et n’ont qu’exceptionnellement des manifestations cliniques. À l’échelle de la France, la drépanocytose est une maladie rare et les patients concernés résident essentiellement dans les DOM et en Île-de-France.

L’estimation de la prévalence de la drépanocytose en France n’est pas disponible. Toutefois, le dépistage néonatal, systématique dans les DOM depuis 1985 et progressif dans les groupes à risque en métropole à partir de 1995, permet de surveiller le nombre de cas de drépanocytose parmi les nouveau-nés ayant bénéficié d’un dépistage, selon les données de l’Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l’Enfant (AFDPHE). La prévalence de la drépanocytose néonatale dans les DOM et le nombre de nouveau-nés diagnostiqués parmi ceux ayant bénéficié d’un dépistage dans le reste de la France, donnent une indication de l’impact potentiel de cette affection.

L’indicateur principal, l’âge au décès des personnes atteintes, permet d’évaluer l’augmentation de la durée de vie des personnes atteintes de drépanocytose.

Indicateurs

Nombre de nouveau-nés dépistés comme porteurs d’un syndrome drépanocytaire majeur en Ile-de-France, dans les DOM et dans l’ensemble des autres régions

Le dépistage néonatal de la drépanocytose est ciblé sur des populations à risque en métropole. Il a été introduit progressivement à partir de 1994 et mis en place sur la totalité du territoire en 2000. En 2001-2012, 4 103 cas de drépanocytose majeure ont été détectés en France (hors Mayotte), soit 342 cas en moyenne par an (tableau 1). La majorité des cas sont dépistés en Ile-de-France (54 % des cas en 2000-2012).

Le nombre de cas dépistés a augmenté à partir de la généralisation du dépistage. Cette augmentation est plus importante en France métropolitaine : + 21 % de 2001-2003 à 2010-2012 en Ile-de-France, et + 49 % dans les autres régions. En Ile-de-France, cette augmentation régulière de 2001-2003 à 2007-2009, ne s’est pas poursuivie sur la période 2010-2012. Dans les DOM, le nombre de cas dépistés est relativement stable au cours de la période 2001-2012.

Prévalence de la drépanocytose néonatale (syndrome drépanocytaire majeur) dans les DOM

Dans le cadre du dépistage systématique réalisé dans les DOM, 769 cas de drépanocytose majeure ont été diagnostiqués entre 2001 et 2012 (tableau 2), soit en moyenne 64 cas chaque année au cours de cette période. La prévalence estimée sur le nombre de naissances dans chaque département reste relativement stable (tableau 2). Elle est plus élevée en Guyane (47 enfants dépistés pour 10 000 naissances) et plus faible à La Réunion (2 dépistés sur 10 000 naissances).

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Distribution de l’âge aux décès liés à la drépanocytose

Sur la période 2001-2010, 433 décès liés à la drépanocytose ont été enregistrés en France chez des individus porteurs d’un syndrome drépanocytaire majeur, soit 30 cas en moyenne par an.

En France métropolitaine, entre les périodes 2001-2005 et 2006-2010, la part des décès chez les 0-9 ans a diminué et un déplacement des décès vers les classes d’âge de 30-39 ans et de 40-49 ans est observé (Graphique1). Toutefois, les âges moyens et médians au décès n’évoluent pas significativement (tableau 3).

Dans les DOM, pour les mêmes périodes, l’évolution de l’âge de décès est proche de l’évolution en France métropolitaine pour les 0-9 ans avec une augmentation notable des décès chez les 50-59 ans (graphique 2). On observe une légère augmentation de l’âge médian, cependant non significative (tableau 3)

Organisme responsable de la production de la fiche : Unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (InVS – Université Paris 13)

Tableau 1 : Nombre de nouveau-nés dépistés comme porteurs d’un syndrome drépanocytaire majeur en Ile-de-France, DOM et reste du pays (hors Mayotte)

Zone géographique

Années

Total 2001-2003 2004-2006 2007-2009 2010-2012

Ile-de-France 485 550 639 617 2291

DOM 176 210 202 181 769

Autres régions 174 227 300 342 1043

Total France 835 987 1141 1140 4103

Source : AFDPHE, données d’activité de dépistage néonatal.

Tableau 2 : Prévalence de la drépanocytose néonatale dans les DOM de 2001 à 2012

Département Prévalence pour 10 000 naissances

Total 2001-2003 2004-2006 2007-2009 2010-2012

Guadeloupe 23 40 34 43 35

Source : AFDPHE, données d’activité de dépistage néonatal.

SYNTHESE

Sur la période 2001-2006, en moyenne, 304 enfants par an ont été dépistés à la naissance avec une drépanocytose majeure contre 380 enfants par an sur la période 2007-2012.

L’augmentation régulière de nombre de cas dépistés en France métropolitaine de 2001-2003 à 2007-2009, ne s’est pas poursuivie sur la période 2010-2012 en Île-de-France. Dans les DOM la prévalence est stable sur l’ensemble de la période.

Sur la période 2001-2010, 432 décès liés à la drépanocytose ont été enregistrés en France chez des individus porteurs d’un syndrome drépanocytaire majeur. La distribution des âges au décès par tranches décennales se décale vers des âges plus élevés mais l’âge médian au décès n’est pas différent entre 2001-2005 et 2006-2010.

292 Tableau 3 : Age moyen et âge médian au décès liés à la drépanocytose selon la

période pour la France métropolitaine et les DOM

Source : CépiDC, Inserm. Exploitation : InVS

Graphique 1 : Distribution des décès liés à la drépanocytose selon la période et la classe d’âge, France métropolitaine, 2001-2010

Source : Cépi-DC, InSerm Exploitation : InVS

Graphique 2 : Distribution des décès liés à la drépanocytose selon la période et la classe d’âge, DOM 2001-2010

Paramètres France métropolitaine DOM

2001-2005 2006-2010 Total 2001-2005 2006-2010 Total

Nb de décès 118 134 252 88 93 181

Age moyen 34,8 33,4 34,0 39,9 41,9 41,0

Age médian 32,0 33,5 33,0 41,5 44,0 42,0

293 INDICATEURS : Dépistage néonatal

SOURCE : Rapports d’activités 2000-2012 de l’Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l’Enfant (AFDPHE)

CHAMP : France entière, DOM, 2001-2012

CONSTRUCTION DES INDICATEURS : Les indicateurs de dépistage sont construits avec le nombre d’enfants dépistés à la naissance pour les années indiquées. La prévalence globale est estimée à partir du nombre d’enfants diagnostiqués rapporté au nombre de naissances dans chaque département pour les années spécifiées.

LIMITES : Le dépistage est systématique à la naissance dans les DOM et ciblé sur des populations définies à risque en métropole. Le nombre total de personnes atteintes n’est pas connu.

ORGANISME RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DES INDICATEURS : InVS

INDICATEUR : Age au décès

SOURCE : Causes médicales de décès (CépiDc-Inserm) CHAMP : France entière, 2001-2010

CONSTRUCTION DES INDICATEURS : Les indicateurs sont construits sur la base du nombre de certificats de décès portant la mention de drépanocytose, avec un code de la CIM 10 en cause initiale ou en cause associée. Seuls les codes de la CIM 10 identifiant les drépanocytoses majeures ont été utilisés pour la sélection des certificats de décès : D570, D571, D572 et D578. Le code D573 (trait drépanocytaire) n’a pas été utilisé pour l’analyse des certificats de décès.

LIMITES : L’analyse présentée ici fait état de la mortalité en cause initiale et associée à la drépanocytose, mais dans ce second cas, la drépanocytose n’est pas considérée comme la cause directe du décès.

ORGANISME RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DES INDICATEURS : InVS

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