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CARDIOVASCULAIRE Insuffisance cardiaque

Contexte

L’insuffisance cardiaque (IC) est une maladie grave et fréquente constituant ainsi un problème de santé publique majeur. Il s’agit d’une affection chronique complexe dont la symptomatologie est susceptible d’affecter fortement la qualité de vie des patients atteints.

D’après la société européenne de cardiologie, elle touche à 1 à 2 % de la population adulte dans les pays développés, et plus de 10 % des personnes de 70 ans et plus (1). En France, sa prévalence a été estimée en 2002 à 2,2 % dans la population générale et à 11,9 % chez les 60 ans et plus consultant en médecine générale (2). La fréquence de l’IC augmente avec l’âge et est susceptible de croitre en raison du vieillissement de la population et de la meilleure prise en charge des évènements coronaires aigus graves à l’origine de l’IC.

L’évolution de l’IC est marquée par des épisodes de décompensations aiguës, source de nombreuses hospitalisations dont la létalité est élevée. En France, celle-ci-a été estimée à 8,8 % en intra-hospitalier en 2009 par l’Observatoire Français de l’IC Aiguë (OFICA) (3).

La validité des bases médico-administratives (PMSI, certificats de décès) n’a pas encore été évaluée concernant l’IC. En effet, sur les certificats de décès comme dans le PMSI, il peut y avoir codage de la pathologie à l’origine de l’IC, ou encore des causes immédiates de la décompensation aiguë, plutôt que de l’IC. Ainsi, l’exploitation de l’IC en tant que cause initiale de décès ou diagnostic principal d’hospitalisation conduit très probablement à une sous-estimation de la fréquence de cette pathologie.

Indicateurs Mortalité par IC en 2010

En 2010, 21 186 décès pour lesquels l’IC était notifiée en tant que cause initiale sur le certificat de décès ont été recensés, dont une majorité de femmes (12 674 soit 59,8 %) (tableau 1). Les deux-tiers (66,6 %) des personnes décédées étaient âgées de 85 ans ou plus. Cette proportion s’élevait à plus de 75,0 % chez les femmes et à 54,0 % chez les hommes. La part des décès prématurés (avant 65 ans) était faible (3,5 % des décès au total, et seulement 1,7 % chez les femmes).

En 2010, le taux brut de mortalité global pour IC était de 32,7 pour 100 000 habitants. Il était plus élevé chez les femmes que chez les hommes (37,9 vs. 27,1) et s’élevait à 862,2 pour 100 000 chez les 85 ans et plus. Après standardisation sur l’âge, le taux de mortalité global estimé était de 32,9 pour 100 000 habitants et était plus élevé chez les hommes que chez les femmes (38,8 vs. 29,1).

Il a diminué de façon importante entre 2000 et 2010 (-33,4 %), autant chez les hommes que chez les femmes. La diminution était du même ordre de grandeur chez les moins de 65 ans et les 65 ans et plus (graphique 1). Il existait des disparités régionales importantes (graphique 2). Le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine, la Franche-Comté ainsi que quelques régions du Sud et de l’Ouest (Poitou-Charentes, Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Corse) présentaient des taux standardisés de mortalité supérieurs à la moyenne nationale de plus de 10 %. A l’inverse, l’Ile-de-France et l’Alsace affichaient des taux de mortalité inférieurs d’au moins 10 % par rapport à l’ensemble du territoire.

Patients hospitalisés pour IC en 2012

En 2012, le nombre de patients hospitalisés pour IC en hospitalisation complète s’élevait à 156 388 (tableau 2). La répartition hommes-femmes était équilibrée (49 % d’hommes, 51 % de femmes). 10,6 % des patients avaient moins de 65 ans et 41,3 % 85 ans ou plus. Dans cette dernière catégorie d’âge, la part des femmes était près de deux fois plus importante

358 (64 % vs. 36 % pour les hommes). Par ailleurs, 19,7 % des personnes hospitalisées une première fois en 2012 ont été ré-hospitalisées au moins une fois pour le même motif au cours de cette année, contre 15,3 % en 2002. Le nombre moyen d’hospitalisations par personne était estimé à 1,3 pour 2012.

Le taux brut de patients hospitalisés pour IC s’élevait à 239,1 pour 100 000 personnes. Le taux était égal à 1,7 pour les 0-25 ans. Il augmentait ensuite avec l’âge pour atteindre 3 590,6 pour 100 000 chez les 85 ans et plus. Le taux standardisé sur l’âge était globalement égal à 238,9 pour 100 000 personnes et nettement plus élevé pour les hommes que pour les femmes (308,4 vs 190,0 pour 100 000).

Entre 2002 et 2012, le taux standardisé de patients hospitalisés pour IC a diminué de 6,0 % (graphique 3). La diminution était plus importante chez les hommes que chez les femmes (-9,2 % vs. -3,6 %).

Les taux standardisés sur l’âge variaient d’une région à l’autre (graphique 4). Les régions ayant des taux supérieurs à la moyenne nationale de plus de 10 % se concentraient dans la moitié Nord de la France (Bretagne, Alsace Normandie, Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne), ainsi qu’à la Réunion qui enregistrait le taux standardisé le plus élevé (313,2 pour 100 000 habitants). A l’inverse, les régions du Sud-Est présentaient des taux bien inférieurs à la moyenne nationale (écart de plus de 10 %), notamment en Languedoc-Roussillon (183,7 pour 100 000).

Organisme responsable de la production de la fiche : InVS SYNTHESE

L’IC est une maladie grave et fréquente chez le sujet âgé, à l’origine de 21 000 décès en 2010. Entre 2000 et 2010, une réduction de 33,4 % du taux de mortalité standardisé sur l’âge a été observée. Le taux standardisé de patients hospitalisés en court séjour pour IC n’a en revanche diminué que de 6,0 % entre 2002 et 2012. La proportion de personnes ré-hospitalisées en cours d’année a progressé de 4,4 % entre 2002 et 2012. L’IC touche essentiellement des populations âgées avec un âge moyen de décès de 86,3 ans pour 2010.

Les analyses ont mis en évidence d’importantes disparités régionales en termes de mortalité et d’hospitalisations. Les taux standardisés de décès étaient particulièrement élevés dans le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine, la Franche-Comté, le Poitou-Charentes, l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon et la Corse. Les régions du Nord-Ouest au Nord-Est, ainsi que La Réunion, ont enregistré des taux standardisés de personnes hospitalisées pour IC supérieurs à la moyenne nationale de plus de 10 %. A l’inverse, le Languedoc-Roussillon, les régions PACA et Rhône-Alpes présentent des taux moins importants par rapport à l’ensemble du territoire.

359 Tableau 1 : Nombre et taux de décès par insuffisance cardiaque selon le sexe et l’âge, en 2010

*Taux pour 100 000 habitants.

**Taux standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : données de mortalité : INSERM-CépiDc, statistiques démographiques : Insee

Graphique 1 : Évolution des taux* de décès par insuffisance cardiaque selon le sexe de 2000 à 2010

*Taux pour 100 000 habitants, standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : données de mortalité : INSERM-CépiDc, statistiques démographiques : Insee 57,8

360 Carte 1 : Taux* régionaux de décès par insuffisance cardiaque (2008-2010)

*Taux pour 100 000 habitants, standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : données de mortalité : INSERM-CépiDc, statistiques démographiques : Insee

Tableau 2 : Nombre et taux de patients hospitalisés en soins de courte durée MCO pour insuffisance cardiaque selon le sexe et l’âge, en 2012

Hommes Femmes Total Nombre de patients hospitalisés

Moins de 25 ans 169 180 349

25-44 ans 984 501 1 485

45-64 ans 10 418 4 319 14 737 65-84 ans 41 780 33 477 75 257 85 ans et plus 23 291 41 269 64 560 Total tous âges 76 642 79 746 156 388 Taux brut*

Moins de 25 ans 1,7 1,8 1,7

25-44 ans 11,9 5,9 8,9

45-64 ans 124,4 49,0 85,8

65-84 ans 991,3 627,1 787,8

85 ans et plus 4 281,1 3 291,0 3 590,6 Total tous âges 242,0 236,5 239,1 Taux standardisé** 308,4 190,0 238,9

*Taux pour 100 000 habitants.

**Taux standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : Base nationale PMSI (ATIH), statistiques démographiques : Insee

361 Graphique 2 : Évolution des taux* de patients hospitalisés avec un diagnostic

principal d’insuffisance cardiaque selon le sexe de 2002 à 2012

*Taux pour 100 000 habitants, standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : Base nationale PMSI (ATIH), statistiques démographiques : Insee

Carte 2 : Taux* régionaux de patients hospitalisés avec un diagnostic principal d’insuffisance cardiaque, en 2012

*Taux pour 100 000 habitants, standardisés sur l’âge de la population européenne d’Eurostat (IARC, 2010) Champ : France entière

Sources : Base nationale PMSI (ATIH), statistiques démographiques : Insee 339,5

308,4

197,0

190,0

51,9

45,0

20,5 18,4

0 200

Tous âges

Hommes tous âges Femmes tous âges Hommes < 65 ans Femmes < 65 ans

- 9,2%

- 13,4%

- 3,6%

- 10,2%

362 INDICATEUR : Mortalité par insuffisance cardiaque

SOURCES : INSERM-CépiDc, statistiques démographiques : Insee CHAMP : France entière

CONSTRUCTION DE L’INDICATEUR : Effectifs, taux bruts et taux standardisés sur l’âge selon la population européenne d’Eurostat IARC 2010. Ont été retenus les décès comportant en cause initiale un code CIM-10 I50. Les années 2008 à 2010 ont été regroupées afin d’éviter les fluctuations d’effectifs dans chaque région.

LIMITES ET BIAIS : Sous-estimation de l’insuffisance cardiaque en tant que cause initiale de décès lors de pathologie cardiaque préexistante (en particulier en cas de cardiopathie ischémique).

ORGANISME RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DE L’INDICATEUR : INSERM-CÉPIDC

INDICATEUR : Hospitalisations pour insuffisance cardiaque

SOURCES : Bases nationales PMSI (ATIH, exploitation InVS) et statistiques démographiques (Insee).

CHAMP : France entière.

CONSTRUCTION DE L’INDICATEUR : Effectifs, taux bruts et taux standardisés sur l’âge selon la population européenne d’Eurostat IARC 2010. Ont été retenus les séjours comportant un code CIM-10 I50 en diagnostic principal. Les unités de compte sont les patients, ayant eu au moins une hospitalisation complète, après exclusion des séances, des GHM de transfert et des hospitalisations de jour sauf en cas de décès.

LIMITES ET BIAIS : Comme pour les décès, il est probable qu’il y ait une sous-estimation des hospitalisations pour insuffisance cardiaque dans le PMSI, en particulier lorsque la pathologie à l’origine de l’insuffisance cardiaque est codée en diagnostic principal.

RÉFÉRENCES :

- McMurray JJ, Adamopoulos S, Anker SD, Auricchio A, Bohm M, Dickstein K, et al. « ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure 2012: The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Developed in collaboration with the Heart Failure Association (HFA) of the ESC. », European Heart Journal, 2012 ; 33(14) :1787-847, July.

- Saudubray T, Saudubray C, Viboud C, Jondeau G, Valleron AJ, Flahault A, et al. « Prevalence et prise en charge de l'insuffisance cardiaque en France: enquête nationale aupres des medecins generalistes du reseau Sentinelles. », La Revue de Medecine Interne, 2005 ; 26(11) :845-50, November.

- Logeart D, Degroote P, Dujardin J-J, Jondeau G, Juilliere Y, Mulak G, et al. « Medical journey and short-term outcome of acute heart failure: the OFICA study. », Archives of Cardiovascular Diseases Supplements, 2011 ; 3(1) : 33, January.

ORGANISME RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DE L’INDICATEUR : InVS

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