Chapitre II . Méthodes et outils d’analyse
2.3 Exploration des surfaces d'énergie potentielle
2.3.1 Surfaces d'énergie potentielle
L'énergie d'une molécule dans l'approximation Born-Oppenheimer est obtenue en
ajoutant l'énergie de répulsion internucléaire � à l'énergie électronique
é, soit :
= � +
é(41)
Il est important de noter que l'énergie dont on parle ici ne correspond pas à l’énergie totale
d’une molécule pour une température donnée puisque nous n'avons pas pris en compte l'énergie
de vibration nucléaire, et les énergies de rotation et de translation de la molécule. Le calcul de
l'énergie totale pour une température donnée sera présenté dans la partie 5.
Le terme � à l'expression suivante :
� = ∑ ∑ |� − � |
>(42)
où les indices et parcourent les atomes, Z est le numéro atomique et � le vecteur position
du noyaux des différents atomes. L'objet mathématique qui représente l'énergie d'une molécule
dans un état électronique donné en fonction de la position des noyaux, soit =
� , � , … , � , est une surface d'énergie potentielle (PES) multidimensionnelle à
dimensions. La plus grande partie de ce travail de thèse a consisté à explorer les PES de l'état
fondamental et du 1
erétat excité triplet des complexes polypyridyles de ruthénium. Comme il
est inenvisageable de construire l'intégralité de ces PES compte tenu de l'infinité de
configurations nucléaires possibles, nous nous sommes uniquement appliqué à calculer des
points particuliers et des chemins sur ces surfaces.
2.3.2 Optimisation de géométries
Une optimisation de géométrie consiste à faire varier la position des noyaux à partir d'une
géométrie initiale afin de trouver un point particulier d'une PES qui est caractérisé par un
ensemble de conditions. Ces conditions dépendent de la nature du point recherché et portent en
général sur l'énergie et ses dérivées partielles premières et secondes par rapport aux
coordonnées nucléaires. Il existe de nombreux algorithmes pour faire des calculs d'optimisation
de géométrie et leur procédure d'optimisation dépend évidemment de la nature du point
recherché sur un PES. Dans notre cas, nous avons été amenés à optimiser des minima, des TS
et des MECP entre l'état fondamental et l'état excité triplet de plus basse énergie.
2.3.3 Etude des processus adiabatiques
a) Optimisation des points stationnaires
L'énergie des minima et des TS correspondent à des points stationnaires sur une PES.
Si on appelle les différents modes normaux de déformation de la structure nucléaire, cette
condition est atteinte lorsque toutes les dérivées partielles premières de l'énergie totale par
rapport aux sont nulles, soit
� ����
= ∀ . En revanche, pour un minimum, toutes les
dérivées partielles secondes de l’énergie totale par rapport aux modes de déformations de la
structure nucléaire sont positives, soit
�2 ���� �
> ∀ , alors que pour un TS, une de ces
dérivées est négative. La plupart des algorithmes d’optimisation nécessite le calcul exact du
gradient de l’énergie totale ainsi que le calcul de ses dérivées secondes approximées pour
prévoir une nouvelle géométrie après chaque pas d’optimisation. L'approximation des dérivées
secondes est rendue nécessaire car le temps de calcul nécessaire pour obtenir leurs valeurs
exactes est particulièrement long.
b) Caractérisation des points stationnaires, calculs de fréquences
Le manque de fiabilité des dérivées secondes approximées utilisées dans les algorithmes
d'optimisation fait qu'il n'est pas raisonnable de déterminer à partir de la matrice des dérivées
partielles secondes approximées de l’énergie totale si une géométrie optimisée est un minimum
ou un TS. C’est pourquoi, pour caractériser chacune des géométries optimisées dans cette thèse,
nous avons calculé ses dérivées partielles secondes exactes. Ce calcul requiert la diagonalisation
de la matrice Hessienne � dont les éléments de matrice donnent la valeur des dérivées
partielles secondes de l'énergie totale par rapport aux modes de déformation , soit =
�2 ���� �
.
Les vecteurs propres de � sont les modes normaux de vibration de la molécule et les valeurs
propres de � sont les constantes de force associées à chacun de ces modes et qui
interviennent dans le cadre de l'approximation harmonique. En effet, dans ce modèle, l'énergie
d'un mode de vibration est donnée par la formule suivante :
Il est alors possible de caractériser la géométrie optimisée (minimum ou TS) en examinant s'il
existe une constante de force négative ou non.
c) Coordonnées intrinsèques de réaction
En pratique, lorsque l'on a optimisé des minima et des TS sur une PES, il n'est pas
toujours évident de savoir quels sont les deux minima qui sont connectés par un TS donné,
surtout dans le cas où une étape réactionnelle implique une forte réorganisation structurale. Le
calcul de la coordonnée intrinsèque de réaction
33,34(IRC : Intrinsic Reaction Coordinate) permet
de résoudre ce problème. Cette coordonnée est obtenue en suivant le chemin de plus grande
pente sur la PES de part et d’autre de la géométrie d’un TS. Ce chemin est donc celui qui est le
plus favorable énergétiquement pour la relaxation du TS. Il est important de noter qu'une simple
optimisation de géométrie (minimum) à partir du TS ne suit pas forcément ce chemin.
2.3.4 Etude des processus non adiabatiques
Dans la présentation du schéma de désactivation des complexes polypyridyles de
ruthénium (§ 1.3.1), nous avons vu que l'état excité triplet de plus basse énergie peut se
désactiver de manière non radiative vers l'état fondamental du fait de la présence d'un ISC entre
les PES de ces deux états. Il est possible d'évaluer l'énergie d'activation qui caractérise la
désactivation non radiative en optimisant le MECP
35entre l'état fondamental et l'état triplet de
plus basse énergie. La première étape de l'algorithme qui a été utilisé pour optimiser les MECP
consiste à minimiser la différence d'énergie entre deux surfaces de multiplicité différente. Pour
cela, à chaque pas d'optimisation, l'énergie totale des deux états électroniques est calculée à
l'aide de la DFT. Ensuite, le gradient de l'énergie totale est calculé sur les PES des deux états
électroniques afin de prévoir la géométrie à chaque pas qui diminue la différence d'énergie entre
les deux états électroniques. Cependant, comme il existe de nombreuses géométries pour
lesquelles les deux PES sont dégénérées (§ 1.4.3), une fois qu'une géométrie pour laquelle les
deux états électroniques sont dégénérées a été trouvée, l'algorithme minimise l'énergie totale
avec la contrainte que les deux états électroniques soient dégénérés. Ceci permet d'obtenir le
MECP.
Dans le document
Étude théorique de propriétés photophysiques et photochimiques de complexes de ruthénium
(Page 63-66)