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4.2 Instrumentation interne d’une boˆıte de vitesses par codeur optique

4.2.2 Exploitation des signaux codeurs

L’estimation de la vitesse relative pignon fou/pignon menant n´ecessite une bonne exploi-tation des signaux codeurs, dont la pr´ecision d´etermine la fiabilit´e des mesures de vitesses angulaires instantan´ees. Cette estimation est sujette `a diverses difficult´es, r´ecemment d´ecrites aux r´ef´erences [AND 11], [LEC 13] et [AND 13]. Une premi`ere perturbation peut provenir des impr´ecisions de construction et de mise en place du codeur, g´en´erant l’erreur g´eom´etrique. Dans la m´ethode d’acquisition avec un compteur, le nombre de tops horloge entre deux fronts mon-tants du codeur ´etant n´ecessairement entier, il r´esulte une impr´ecision sur le temps estim´e entre deux marques du codeur qui g´en`ere l’erreur de quantification. D’autres types de perturbations, telles que celles induites par la conversion du mouvement m´ecanique en un signal ´electrique, sont d´ecrites aux r´ef´erences [AND 11], [LEC 13] et [AND 13]). La partie suivante est consacr´ee aux erreurs g´eom´etrique et de quantification, cette derni`ere pouvant ˆetre minimis´ee en filtrant passe-bas la vitesse angulaire instantan´ee mesur´ee.

4.2.2.1 Erreur g´eom´etrique et erreur de quantification : ´etat de l’art

Les codeurs angulaires, aussi appel´es capteurs rotatifs, sont constitu´es d’une partie fixe contenant la tˆete de lecture et d’une partie mobile en rotation contenant la mire. La mire est subdivis´ee en marques dont la nature d´epend du type de codeur : la mire d’un codeur optique est par exemple divis´ee en traits (ou secteurs), celle d’un codeur magn´etique en pˆoles. L’impr´ecision de l’angle entre les marques cons´ecutives est une source d’erreur g´eom´etrique. En effet, en fonction du nombre R de marques, le pas angulaire ∆θ est suppos´e constant de valeur 2π/R. Lecl`ere et al. [LEC 13] proposent une correction de l’erreur g´eom´etrique, sous l’hypoth`ese d’une vitesse de rotation constante et o`u la cyclostationnarit´e `a l’ordre 1 de la vitesse angulaire instantan´ee est n´egligeable. Ceci suppose qu’aucune fluctuation p´eriodique de la vitesse angulaire instantan´ee n’est pr´esente. En pratique, le placement du codeur induit quasi in´evitablement des d´efauts de concentricit´e ou de d´esalignement, engendrant une fluctuation p´eriodique de p´eriode 2π. Cette incertitude de placement est une source suppl´ementaire d’erreur g´eom´etrique. L’influence des perturbations g´eom´etriques sur l’observation spectrale de la vitesse de rotation est ´etudi´ee par Andr´e [AND 11]. En particulier, les ordres entiers d’´ev`enement par tour seront amplifi´es en pr´esence de ce type de perturbation.

L’acquisition du signal codeur est ici r´ealis´ee par la m´ethode de comptage, en comptant le nombre de tops horloge entre deux fronts montant du codeur. Ce nombre de p´eriodes de l’horloge est n´ecessairement entier, comme illustr´e `a la figure 4.4 issue de [AND 11]. L’erreur de quantification, aussi appel´ee erreur de comptage, correspond `a l’impr´ecision sur le temps estim´e entre deux marques du codeur. Andr´e et al. [AND 13] proposent une approche statis-tique pour estimer la perturbation al´eatoire r´esultant de la quantification dans le cas de r´egime non-stationnaire. Notons ˆω la vitesse angulaire instantan´ee estim´ee par la m´ethode de comp-tage. Le seuil de quantification ηSω ˆˆω( fθ) distingue les composantes spectrales induites par la quantification de celles r´esultant d’une information m´ecanique r´eelle. Le seuil de quantifica-tion permettant de tester l’hypoth`ese qu’une composante spectrale est induite par l’erreur de

quantification sous la probabilit´e α est donn´e par : ηSω ˆˆω( fθ) = −ln(α) 3F2 sin(π fθ∆θ)2 ωˆ 4 0 ∆θ2 (4.1)

avec fθ la fr´equence d’angle en [evt/tr], F la fr´equence de l’horloge de comptage en [Hz] et ˆ

ω0la vitesse angulaire instantan´ee moyenne en [rad/s]. Moins formellement, une composante spectrale qui d´epasse le seuil de quantification a une probabilit´e α d’ˆetre induite par l’erreur de quantification.

FIGURE4.4: Estimation de la vitesse angulaire instantan´ee par la m´ethode de comptage. (a) Signal carr´e du codeur angulaire. (b) Tops horloge. (c) Estimation de la vitesse instantan´ee avec mise en ´evidence de

l’erreur de quantification. [AND 11]

Pour observer le niveau de l’erreur de quantification, la figure 4.5 (a) montre la densit´e spectrale de puissance de la vitesse angulaire instantan´ee de l’arbre secondaire (obtenue avec le codeur B), superpos´ee avec le seuil de quantification pour α= 0.1, sur la bande [0 400] ´ev`enements par tour, pour la configuration sans d´esalignement du joint de Cardan. La valeur α = 0, 1 est ici choisie par rapport aux r´esultats des travaux exp´erimentaux pr´esent´es `a la r´ef´erence [AND 11]. Pour les ordres ´elev´es (au-del`a d’environ 300 evt/tr), la forme du seuil de quantification approche la forme du spectre de la vitesse angulaire instantan´ee. Sur la bande [300 - R/2] evt/tr, seules 2, 2% des composantes de la densit´e spectrale de puissance de la vitesse instantan´ee d´epassent le seuil de quantification. Pour les ordres sup´erieurs `a 300 evt/tr, le niveau du spectre de la vitesse instantan´ee est donc principalement dˆu au bruit de quantification. La mˆeme approche est appliqu´ee pour le codeur C permettant d’estimer la vitesse angulaire instantan´ee du pignon fou (figure 4.5 (b)). De nouveau, les composantes spectrales au del`a de 300 evt/tr semblent principalement induites par l’erreur de quantification. Le taux de composantes de la densit´e spectrale de puissance d´epassant le seuil de quantification est de 9, 4% sur la bande [300 - R/2] evt/tr.

Dans la suite de l’´etude, nous appliquerons un filtre passe-bas en ordre afin de minimiser l’influence de l’erreur de quantification sur l’estimation de la vitesse angulaire instantan´ee. La

Instrumentation interne d’une boˆıte de vitesses par codeur optique 0 100 200 300 400 10−5 100 (rad/s)²/ evt/tr evt/tr (a) 0 100 200 300 400 10−5 100 (rad/s)²/ evt/tr evt/tr (b)

FIGURE4.5: Densit´e spectrale de puissance de la vitesse angulaire instantan´ee obtenue avec le codeur B (a) et le codeur C (b) (courbes noires) et seuil de quantification `a 10% (rouge).

fr´equence de coupure est ainsi choisie `a 300 evt/tr. En Hertz, les fr´equences maximales in-terpr´etables dans la vitesse angulaire instantan´ee de l’arbre primaire sont donc comprises entre 3750 et 11000 Hz (en fonction de la vitesse de rotation lors de la mont´ee en r´egime), et entre 2000 et 5900 Hz pour la vitesse angulaire instantan´ee de l’arbre secondaire.

4.2.2.2 D´etection de la pr´esence de grenaille par la vitesse relative pignon fou/pignon menant

L’estimation de la vitesse angulaire instantan´ee `a partir d’un signal codeur ayant ´et´e discut´ee, nous allons maintenant nous int´eresser `a la vitesse relative entre le pignon fou et le pi-gnon menant. Celle-ci correspond `a la diff´erence entre la vitesse instantan´ee du pipi-gnon menant et la vitesse instantan´ee du pignon fou, ramen´ee `a celle du pignon menant `a l’aide du rapport de r´eduction. La figure 4.6 (a) pr´esente la vitesse relative, en fonction de l’angle de l’arbre primaire, pour les d´esalignements 0˚ et 8˚. L’angle 0˚ correspond `a un test sans g´en´eration d’acyclisme et donc a priori sans apparition du bruit de grenaille : cette mesure nous sert donc de r´ef´erence pour d´etecter les impacts sur la vitesse relative obtenue avec un d´esalignement de 8˚. Sur le d´ebut du signal, observable sur la figure 4.6 (b) avec un zoom autour du 80e tour de l’arbre primaire o`u la vitesse de rotation est d’environ 1000 tr/min, aucun impact n’est d´etect´e. La vitesse relative obtenue avec le d´esalignement 8˚ est du mˆeme ordre de grandeur que celle pour le d´esalignement de 0˚. La figure (c) montre un zoom sur la fin du signal, sur une portion autour du 880e tour de l’arbre primaire o`u la vitesse de rotation est d’environ 1900 tr/min. Des impacts sont d´et´ect´es sur la vitesse relative pour le d´esalignement 8˚. Le signe de la vitesse relative permet de diff´erencier les chocs sur le flanc direct de ceux sur le flanc r´etro. Quatre impacts par tour de l’arbre primaire sont observ´es, avec une alternance entre un choc flanc direct et un choc flanc r´etro. A partir de ce crit`ere visuel d’observation de la vitesse relative, le bruit de grenaille est pr´esent selon notre observation des codeurs `a partir d’envi-ron le 350etour de l’arbre primaire, soit `a partir d’une vitesse de rotation d’environ 1400 tr/min.

Cette m´ethode intrusive servira de r´ef´erence pour valider la m´ethode plus indirecte de d´etection (exploitant un signal acc´el´erom´etrique) pr´esent´ee au chapitre 3 et appliqu´ee dans la partie suivante (4.2.3).

FIGURE 4.6: (a) Vitesse relative entre le pignon fou et le pignon menant pour les d´esalignements 0˚ (rouge) et 8˚ (noir). Zoom autour du 80e(b) et 880e(c) tour de l’arbre primaire.

La figure 4.6 (c) ne met pas clairement en ´evidence l’apparition de rebonds, on serait donc dans un cas de grenaille dit p´eriodique sur l’ensemble de la mont´ee en r´egime. Lors des essais, un d´esalignement ´elev´e a dˆu ˆetre impos´e pour commencer `a entendre de la grenaille (6˚ de d´esalignement), en comparaison avec les mesures r´ealis´ees sur boˆıte compl`ete o`u la grenaille est entendue d`es un d´esalignement de 3˚. Ceci s’explique d’une part par le fait qu’une seule source possible d’impact soit conserv´ee (pignon fou du 4e rapport) et d’autre part par la modification de l’inertie du pignon fou avec l’ajout du codeur. L’ajout d’inertie rend certainement plus difficile l’apparition de rebonds par exemple.

4.2.2.3 Mesure de la dur´ee des impacts

Bien que les chocs successifs soient correctement identifiables, l’estimation de leur dur´ee est rendue difficile par le bruit observable sur les mesures. Une m´ethode similaire `a celle propos´ee par Kadmiri [KAD 11a] a cependant ´et´e appliqu´ee pour estimer leurs dur´ees, `a partir de la vitesse relative r´e-´echantillonn´ee en temps. La figure 4.7 donne l’exemple de quatre impacts correctement identifiables sur la vitesse relative obtenue avec le d´esalignement de 8˚, avec une alternance entre un choc flanc menant et un choc flanc men´e. La dur´ee de ces chocs est estim´ee `a partir des instants avant (t(V)) et apr`es (t(V+)) l’impact. Sur l’ensemble de la vitesse relative, 150 relev´es de dur´ee de chocs ont ´et´e effectu´es (50 en d´ebut de zone o`u la grenaille est d´etect´ee, 50 en milieu et 50 en fin de signal). La densit´e de probabilit´e de ces dur´ees est donn´ee `a la figure 4.8 (a), le pas de temps ´etant de 0,096 ms. La dur´ee moyenne

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relev´ee est de 0,719 ms. Il apparaˆıt que la vitesse de rotation instantan´ee a peu d’influence sur la dur´ee des chocs. La figure 4.8 (b) donne la densit´e de probabilit´e des dur´ees relev´ees sur les 50 premiers et 50 derniers impacts identifiables sur la vitesse relative. Une moyenne de 0,725 ms est obtenue `a partir des 50 premiers chocs et une moyenne de 0,689 ms `a partir des 50 derniers. Bien que les dur´ees moyennes des chocs soient tr`es proches pour ces deux cas, les dur´ees relev´ees apparaissent plus dispers´ees en fin de vitesse relative. Cela peut s’expliquer par une augmentation de l’intensit´e des impacts avec l’augmentation de la vitesse de rotation et un ´etat de grenaille se rapprochant d’une situation chaotique, bien que l’apparition de rebonds ne soit pas clairement identifiable.

En angle, la longueur moyenne des impacts relev´es sur la vitesse relative est de 0,104 rad pour les cinquante premiers et de 0,129 rad pour les cinquante derniers chocs, le pas angulaire ´etant de 0,003 rad. En raison de la variation de vitesse de rotation, les chocs apparaissent donc de dur´ee variable en angle.

FIGURE4.7: Observation de quatre impacts sur la vitesse relative obtenue avec un d´esalignement de 8˚. Les notations Vet V+indiquent respectivement le d´ebut et la fin d’un choc.

4.2.3 Validation de la m´ethode de d´etection : comparaison avec la vitesse