Chapitre IV Etude du couplage des mécanismes de capillarité : mouillage des joints de grains et
1. Effets d’un joint de grains sur la morphologie d’une particule isolée
1.2. Evolution de la morphologie d’une particule monocristalline isolée lors d’un recuit
d’un recuit
Des particules d’austénite de deux morphologies différentes ont été identifiées à l’état initial au sein
de la microstructure (voir §III.4.1.3) : des lamelles majoritairement planes et de plus petites
particules quasi-cylindriques. Certaines d’entre elles, les plus petites, ne possèdent pas de joint de
grains.
1.2.1.Cylindrisation d’une particule quasi-cylindrique fortement allongée
On propose d’examiner l’effet des différences de rayon de courbure entre différents points de
l’interface d’une particule monocristalline non-cylindrique et très allongée selon la direction de
laminage. On néglige dans un premier temps les extrémités qui représentent une fraction
négligeable de la surface de la particule. La Figure IV.2 représente les sections longitudinales et
transverses de la particule. Deux points quelconques situés à la surface d’une même section
longitudinale de la particule possèdent un rayon de courbure secondaire infiniment grand, à l’image
des points A et B représentés en Figure IV.2.(a). Les sections transverses qui passent par ces deux
points permettent d’étudier les différences de rayon de courbure principal et sont représentées en
Figure IV.2.(b). Le rayon de courbure principal ne diffère pas entre les points A et B. Cependant,
une différence de rayon de courbure principal existe entre deux points situés sur une même section
transverse, à l’image des points A et C, et est à l’origine d’un gradient de solubilité entre les côtés
arrondis et les régions plus planes de la particule. En raison de ces gradients, le mécanisme de
cylindrisation proposé par Kampe et al. [42] prévoit que cette particule devienne cylindrique lors
(a) (b)
Figure IV.2 – Représentation en coupe d’une particule monocristalline quasi-cylindrique et très
allongée selon la direction de laminage. (a) section longitudinale et (b) sections transversales. Les
différences de rayon de courbure principal montrent que des gradients de solubilité existent au sein
d’une même section transverse.
On souhaite vérifier que le modèle de champs de phases simule correctement les évolutions de
morphologie dues aux différences de rayons de courbure. La Figure IV.3 représente le résultat de
la simulation de l’évolution de la morphologie d’une particule monocristalline quasi-cylindrique.
Chaque image est séparée par un nombre constant de pas de calcul et correspond à une évolution
temporelle d’un système arbitraire, l’échelle de temps indiquée étant adimensionnelle et propre à
cette simulation.
La morphologie initiale de la particule utilisée dans la simulation permet aisément de configurer un
volume représentatif d’une particule de la microstructure réelle. Si celle-ci présente des arêtes au
premier instant, elles sont remplacées par des interfaces arrondies dès l’image obtenue à t = 1 sans
que le facteur de forme de la particule ne soit significativement impacté. Dès 3 unités de temps de
simulation, on observe que la particule a atteint une morphologie ellipsoïdale et assez proche de
celle d’une petite particule d’un acier duplex à l’état recuit à 1060 °C sans maintien. L’évolution de
sa morphologie aux durées de simulation plus longues peut donc être considérée comme
représentative de l’évolution de la morphologie d’une particule monocristalline d’austénite. Pour
t = 3, la particule possède toujours une largeur plus grande que son épaisseur. Avec la durée de
recuit, cette différence tend à se réduire et la particule atteint une morphologie possédant une section
circulaire.
L’augmentation rapide du rayon de courbure de l’interface au niveau d’une arête de t = 0 à 1 est
une conséquence des forces de capillarité. L’évolution du rayon de courbure ralentit avec la durée
de modélisation, ce qui illustre la cinétique des mécanismes de coalescence qui prévoit une
évolution du rayon de courbure moyen en fonction de *
H "⁄, avec n = 3 ou 4 selon le mécanisme de
transport (voir §I.2.2.3.a).
Ce modèle permet de simuler les évolutions de la microstructure sous l’effet des forces de capillarité
dans le cas de particules isolées. Cependant, l’équilibre des phases n’est pas conservé et le modèle
conduit à terme à la dissolution de la particule de phase entourée. La dissolution permet en effet de
réduire la surface de joint de phases, et de joint de grains dans le cas d’une particule polycristalline.
Dans ce chapitre, seules les évolutions morphologiques survenant aux durées courtes de
modélisation seront donc exploitées pour l’analyse des mécanismes d’évolution microstructurale.
Figure IV.3 – Evolution de la morphologie d’une particule monocristalline vers une forme
cylindrique sous l’effet des forces de capillarité. La particule est initialisée sous la forme d’un pavé
mais atteint une morphologie comparable à celle des structures observées expérimentalement dès
t = 3. La taille du champ de vue diminue avec la durée de recuit pour palier à la dissolution de la
particule. Les paramètres m = 1,0.10
+7J.m
-3, κ = 2,4679.10
-7J.m
-1, γ = 0,8881 ont été utilisés pour
obtenir une énergie d’interface de 0,56 J.m
-2et une épaisseur d’interface égale à 0,60 µm.
Dimensions de la cellule de simulation : 112 x 112 x 112 nœuds. Epaisseur initiale de la particule :
3,2 µm.
1.2.2.Sphéroïdisation d’une particule allongée de longueur finie
Pour une particule monocristalline allongée de longueur finie, les extrémités représentent une
fraction de la surface de la particule plus grande et leur influence sur l’évolution de la morphologie
de la particule lors d’un recuit est plus importante. On suppose que cette particule a atteint une
forme cylindrique pour simplifier l’analyse des rayons de courbure.
En section longitudinale, Figure IV.4.(a), seuls les points situés aux extrémités de la particule
possèdent un rayon de courbure secondaire fini (point D). Les sections transverses passant par les
points A, B et D sont circulaires, et sont représentées en Figure IV.4.(b). Le rayon de courbure
principal de l’interface est plus petit et la solubilité plus élevée en D qu’en A et B. Lors d’un
traitement thermique, un flux net de diffusion se met en place entre les extrémités (point D) et
l’interface plane la plus proche (point A) et induit le raccourcissement et l’épaississement de la
particule. Il n’existe pas de différence de solubilité entre les points A et B au début du recuit, mais
l’épaississement crée une courbure en A et le flux se propage vers B jusqu’à ce que la particule
atteigne la forme d’une sphère.
(a) (b)
Figure IV.4 – Représentation en coupe d’une particule monocristalline de section circulaire dont
les extrémités sont proches au regard des distances de diffusion. (a) section longitudinale et (b)
sections transversales. Les différences de rayons de courbure principal et secondaire montrent que
des gradients de solubilité existent entre les extrémités et le corps de la particule.
Pour les particules très allongées, la distance entre les extrémités peut être grande par rapport aux
distances caractéristiques de diffusion de la matière. De plus, la force motrice responsable de la
diffusion de matière est la différence de solubilité, qui diminue à mesure que la particule devient
sphérique. Ainsi la durée de recuit nécessaire à la sphéroïdisation peut être importante pour une
particule très allongée.
La prolongation de la simulation présentée en Figure IV.3 pendant une durée plus longue conduit à
la dissolution de la particule (non représentée). Comme la particule possède une faible taille initiale
et que les proportions volumiques des phases ne sont pas conservées dans le modèle, le modèle
prédit la dissolution de la particule avant qu’elle n’atteigne une morphologie sphérique.
Dans le document
Evolution des microstructures au cours d'un recuit dans un acier inoxydable superduplex : caractérisation et modélisation
(Page 158-161)