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2. Evaluation

2.2. Evaluation de la théorie de l’esprit

2.2.1.2. Evaluation de la théorie de l’esprit cognitive

Objectifs

Dans cette étude, nous utilisons l’échelle de développement de Wellman et Liu empruntée à une étude publiée en 2004 validant sa pertinence. Ce choix se justifie par le fait que la théorie de l’esprit est une notion développementale qui évolue tout au long de l’enfance. Ainsi, afin de réellement appréhender le niveau en théorie de l’esprit de l’enfant, nous ne pouvons pas nous contenter d’utiliser un test unique comme Sally et Anne. Cette échelle va tester la compréhension de différents états mentaux et l’évolution de cette compréhension.

Présentation

Cette échelle développementale se compose de sept épreuves. Les tâches suivent un ordre croissant et s’appuient sur le développement typique de la théorie de l’esprit. Chaque épreuve se présente sous forme d’un petit scénario joué avec des personnages (type « Playmobils »). Nous présentons à l’enfant le scénario en rapport avec l’état mental testé puis nous lui posons des questions vérifiant sa compréhension de l’état mental et de la situation (Annexe 5).

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La version française de l’échelle présentée dans la thèse de Larzul, fait essentiellement appel à du matériel verbal. Dans certains items, les formulations de questions sont très complexes avec la présence de relatives, de verbes mentalistes (par exemple « Qu’est-ce que tu penses qu’il y a dans cette boîte ? » ou encore « Qu’est-ce-que Maxime pense qu’il y a dans cette boîte ? »). Or, nous savons que le langage intervient dans la réussite ou l’échec aux tâches de théorie de l’esprit et les enfants avec TSA (notamment nos deux enfants testés) possèdent des troubles de la compréhension du langage oral. C’est pourquoi, en nous inspirant du mémoire de Burnel sur la création d’une échelle non-verbale de théorie de l’esprit, nous avons réadapté les épreuves proposées dans la version française de l’échelle de Wellman et Liu. Nous n’avons pas appliqué stricto sensu les modifications apportées par Burnel, mais nous avons :

simplifier les consignes en supprimant le lexique mental et en scindant les propositions en plusieurs phrases (par exemple « Qu’est-ce que Maxime pense qu’il y a dans la boîte ? » est devenu « Pour Damien, c’est quoi dans la boîte ? ») ;

Ajouter des bulles de pensées pour appuyer la compréhension des termes mentalistes

comme vouloir, savoir, croire ;

Ajouter des pictogrammes émotions pour appuyer la compréhension des émotions et

pour faciliter le choix des enfants dans les deux dernières épreuves.

Par ailleurs, pour l’épreuve « émotion apparente et émotion réelle », nous avons conservé la phase d’entraînement proposée par Brunel. Elle propose trois personnages exprimant des émotions (tristesse et joie) accompagnés de bulles de pensées avec une émotion différente de celle exprimée (émotion réelle).

Epreuves de l’échelle de Wellman et Liu

Epreuve Compétence testée Age typique

d’acquisition

Désirs diversifiés Compréhension du lien entre désirs et

actions/émotions 2 ans et demi/3 ans

Croyances diverses Compréhension du lien entre les

croyances vraies et les actions/émotions 3 ans

Accès à la connaissance Compréhension de « voir conduit à

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Epreuve Compétence testée Age d’acquisition

Contenu de fausse croyance

Fausse croyance de premier ordre sur soi

et sur autrui 4/5 ans

Changement de lieu Fausse croyance de premier ordre sur

autrui avec aide visuelle (pictogramme) 4/5 ans

Emotion et croyance Compréhension du lien de cause à effet

entre une fausse croyance et une émotion 4/5 ans

Emotion apparente et émotion réelle

Compréhension des émotions apparentes

et réelles Entre 6 et 10 ans

Passation

Ces épreuves doivent être présentées dans l’ordre dans lequel elles sont proposées. Même si normalement, nous pouvons arrêter la passation dès qu’une épreuve est échouée, il nous a semblé important de tester l’ensemble des épreuves chez les enfants afin de se faire une idée précise de leurs compétences. La passation des épreuves est filmée.

De plus, ces épreuves nécessitent de suivre les protocoles donnés. Nous avons dans cette étude proposée plusieurs protocoles pour chaque vague d’évaluation. Ceci nous a permis de supprimer le biais de mémorisation et d’habituation.

Cotation

Une analyse quantitative de cette évaluation sera complétée d’une observation qualitative. Pour chaque épreuve, 1 point est attribué à l’enfant si celui-ci a répondu correctement à l’ensemble des questions posées (question sur la compréhension de l’état mental et question contrôle) et 0 point dans le cas contraire.

Pour l’analyse qualitative, nous nous appuyons sur la description du développement typique de la théorie de l’esprit, décrite dans la partie théorique de ce travail. En effet, cette démarche permettra de juger si l’échec à une épreuve est pathologique ou normal. Nous complèterons cette analyse qualitative avec le visionnage des vidéos. Nous détaillerons ainsi les compétences qui semblent être réellement comprises par l’enfant et celles qui au contraire ne le sont pas.

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2.2.1.3. Le questionnaire aux parents

Objectifs

Le questionnaire aux parents a pour objectif de compléter l’évaluation de la théorie de l’esprit. En effet, nous remarquons parfois un décalage entre les compétences observées en tests et les capacités réelles des enfants à utiliser leur théorie de l’esprit dans la vie quotidienne (Houssa. M et al, 2014). Le questionnaire confirmera, nuancera ou même infirmera les résultats des épreuves.

Présentation

Nous avons élaboré le questionnaire à partir de deux formulaires déjà existants :

la version française du ToMI (ou Theory of Mind Inventory) portant sur les différentes compétences en théorie de l’esprit,

l’EASE (ou Echelle d’adaptation sociale pour les enfants) évaluant un certain nombre d’habiletés sociales des enfants.

Nous avons fait le choix de mélanger des items du ToMI et de l’EASE car individuellement, ils n’étaient pas entièrement adaptés à l’évaluation de la théorie de l’esprit. Le ToMI possède des items trop complexes et abstraits pour des parents comme « Si je montrais à mon enfant une boîte de céréales remplie de biscuits et que je lui demandais « sans regarder dans la boîte qu’est-ce qu’une personne pourrait penser qu’il y a à l’intérieur de la boîte ? », mon enfant pourrait dire que la personne pense qu’il y a des céréales dans la boîte. ». Dans l’EASE, certains items n’ont pas de lien avec les compétences en théorie de l’esprit (par exemple « respecte les règles de l’école ou de l’institution »). De plus, pour une même compétence mentaliste, plusieurs items sont présents afin d’avoir un recueil de données le plus exhaustif et juste possible (Annexe 6).

Passation

Nous avons remis en main propre le questionnaire aux parents en leur expliquant la théorie de l’esprit et en leur donnant des conseils sur la manière de le remplir. Les parents l’ont rempli chez eux.

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Cotation

La cotation se fait de manière qualitative. Nous demandons aux parents de noter si le comportement est présent dans toutes les situations, parfois ou jamais. Les parents peuvent également noter des commentaires s’ils ressentent le besoin d’expliquer le fonctionnement de leur enfant.

Par la suite, l’examinateur analyse le questionnaire en rassemblant les items correspondant à une même compétence et note les observations des parents afin de conclure à la compréhension ou de l’enfant pour cette aptitude.

2.2.2. Analyse des résultats

L’analyse des résultats va tout d’abord être formée des résultats quantitatifs obtenus dans les différentes épreuves de l’évaluation de la théorie de l’esprit. Elle sera ensuite complétée d’une analyse qualitative fondée sur les observations de l’examinateur au bilan et sur les données relevées par les parents au questionnaire.

L’ensemble des données nous a permis de dégager un profil en théorie de l’esprit pour chaque enfant testé. L’ensemble de ce profil est résumé dans une grille de compétences (Annexe 7). Ce profil nous a ensuite servi à établir des axes de prise en charge pour chaque enfant.

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