• Aucun résultat trouvé

Etude des facteurs de risque de choléra en zone lacustre, Est RDC

Etude des liens entre la pluie et les flambées de choléra à l’Est de la RDC

L’analyse a été réalisée à partir des résidus issus de la décomposition des séries temporelles des cinq blocs de zones lacustres étudiés plus haut. Puis, les séries temporelles des données de pluviométrie ont été décomposées pour en extraire les résidus sur lesquels la suite des analyses a été effectuée. Enfin, une recherche des corrélations entre les différents résidus a été effectuée prenant en compte les variations saisonnières et/ou interannuelles des séries de pluviométrie (extraites de tendance) et les résidus de cas de choléra (pour les cinq blocs de zones lacustres).

Impact des urgences complexes et des catastrophes naturelles sur la dynamique du choléra

Cette étude a été réalisée sur les zones de santé des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cette région a été choisie pour cette étude car elle a été la plus touchées par

des urgences complexes (100). Les déplacements de population liés à des crises humanitaires ont été rapportés pour chaque zone de santé et resitué dans le temps. L’étape suivante a consisté à rechercher l’existence de corrélations croisées entre les séries temporelles des zones de santé (102). Les séries temporelles synchrones, sans décalage de temps au sein d’une aire géographique, ont été regroupées, définissant cinq zones (zone 1 : Mutwanga ; zone 2 : Goma, Kirotsche ; zone 3 : Bukavu, Katana ; zone 4 : Uvira,

décomposées en tendance, composante saisonnière, et résidu (98). Les résidus ont par la suite été analysés et, pour chaque semaine, les zones ayant un nombre de cas supérieur à la moyenne des cas (moyenne calculée sur la totalité de la période d’étude) ont été considérées comme étant en réactivation épidémique.

Le progiciel MASS de R (93) a été utilisé pour ces analyses. Dans l’hypothèse où les conflits se trouveraient être un facteur favorisant la survenue d’épidémie, on devrait observer plus de réactivations épidémiques pendant les 12 semaines suivant un conflit que pendant les 12 semaines suivant une quelconque période sans conflit tirée au sort. Cette hypothèse a été testée sur la base de 1000 simulations, à la recherche d’au moins une (ou l’absence totale de) réactivation d’épidémie pendant les 12 semaines suivant chacune des périodes tirées au sort en période non épidémique. Le nombre de semaines ainsi randomisées était proportionnel au nombre de conflits recensés pour chaque zone. L’impact de l’éruption du Nyiragongo a aussi été analysé en relation avec la dynamique des épidémies de choléra. De plus, pendant les 12 semaines après cette éruption, une étude épidémiologique a été entreprise dans les structures de santé de Goma. Pendant cette période, tous les cas de diarrhée aiguë, d’infection respiratoire haute ou basse et de fièvre ont été notés dans les cinq centres de santé de l’ouest de Goma. Ces données ont pu être comparées à celles obtenues dans ces mêmes centres pendant les trois semaines ayant précédé l’éruption.

Etude des facteurs socio-anthropologiques, impact du cycle et des modes d’activité des populations spécifiques

Des séries d’entretiens non structurés, des visites et des observations de situation sur le terrain ont été réalisées pour comprendre les modes de vie des populations spécifiques. Il s’agit des pêcheurs et des commerçants présents dans des campements de pêcheurs dans les zones lacustres au nord-est de Bukama et sur les rives du lac Tanganyika et des populations de mineurs traditionnels des provinces du Katanga, du Nord-Kivu et du Kasaï Oriental

Impact de la variabilité des blooms de plancton sur la dynamique temporelle du choléra La première étape a consisté à reconstituer puis analyser les corrélations des séries de données sur le plancton (sans les tendances inter-annuelles), puis ces séries ont été corrélées à celles des résidus obtenus après décomposition des séries temporelles de choléra dans les deux sites lacustres d’Uvira et de Kalemie en tendances saisonnières et inter-annuelles.

Reconstitution et examen des données « planctoniques »

Pour réaliser une comparaison rigoureuse avec les cas hebdomadaires de choléra, il fallait que la série « plancton » soit calée sur les mêmes semaines que celle des cas de choléra. Les dates exactes étant fournies avec les séries « plancton », les statistiques hebdomadaires correspondant aux semaines « choléra » ont été recalculées. Comme plusieurs (ou aucune) mesures sont parfois faites chaque semaine, la valeur « plancton » a été calculée comme étant :

= = 7 1 7 1 j j j j

n

n

x

j avec :

xj valeur moyenne du jour j ;

nj le nombre de pixels mesurés le jour j.

Les écarts-types ont été recalculés sur le même principe.

L’examen des corrélations entre les différentes séries « plancton » a été possible en travaillant sur le logarithme des valeurs afin de limiter l’impact des grandes variations observées dans la série planctonique. Les corrélations entre les résidus des deux types de données ont été réalisées soit sans décalage, soit avec un décalage de temps. Dans le cas des analyses de corrélations avec décalage, l’analyse des corrélations a été réalisée en décalant à chaque itération la série « choléra » d’une semaine. Pour un temps t de la série « plancton », on regarde donc le nombre de cas de choléra au temps t+1, t+2, t+3, etc.… jusqu’à t+26 (t + 26 semaines = t + 6 mois) de la série choléra.

La métastabilité et l’endémicité, comme modes de maintien du choléra en zone lacustre. La métastabilité a été étudiée à trois échelles spatiales et temporelles emboîtées: - d’abord annuellement au niveau de l’ensemble de la zone des Grands Lacs africains,

- puis de façon hebdomadaire au niveau des régions lacustres de l’est de la RDCm - puis de façon hebdomadaire au niveau des deux territoires lacustres du Katanga : les zones de santé bordant les lacs centraux du Katanga (Bukama, Butumba, Kinkondja, Kabondo-dianda, Malemba Nkulu, Mulongo, Mukanga) et les 18 aires de santé des zones de santé de Kalemie et Nyemba composant la ville de Kalemie.

III. Déclinaison de ces études en plan opérationnel de santé publique :

Le plan de mise en place du projet d’élimination du choléra en RDC

Les résultats scientifiques mis en évidence dans cette étude ont ensuite été déclinés en un projet opérationnel visant à lutter plus efficacement contre le choléra en RDC. Il s’agissait à partir des résultats obtenus dans ce travail, de proposer une

nouvelle approche de lutte contre le choléra en République Démocratique du Congo. La mise en oeuvre de cette nouvelle approche est passée par plusieurs étapes dont :

- le renforcement et l’ajustement du système de surveillance épidémiologique ; - l’élaboration et la validation par le ministère de la Santé Publique d’une

nouvelle approche de lutte de lutte contre le choléra ;

- l’élaboration d’un plan de mise en oeuvre du nouveau projet ;

- et enfin le lancement de la phase pilote de ce projet de lutte contre le choléra.